Sommes-nous tous racistes ?
86 pages
Français

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Sommes-nous tous racistes ? , livre ebook

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Description

Étude de l'influence des facteurs psychologiques dans la perception du racisme.

« Je sais que je suis raciste, peut-être même envers plusieurs groupes. Je le regrette ; je préférerais dire que je ne suis pas d’accord avec certains groupes et, pourtant, il m’arrive d’avoir des accès jubilatoires quand des ennuis arrivent à un des groupes vis-à-vis desquels je me considère raciste. Je sais aussi que je ne voterais jamais pour un parti, nationaliste par exemple, qui aurait le moindre relent raciste. Je suis contre le racisme. Je sais encore que je ne suis pas excentrique ; je me considère dans la moyenne des gens. Je suis également un scientifique et non un rêveur. Mes convictions que le racisme est quasi universel sont donc basées sur une interprétation de recherches fiables et cohérentes. Cette interprétation n’est pas farfelue, même si nombre de collègues ne l’acceptent pas publiquement. Comme mes collègues, j’espère la disparition du racisme, mais nous différons sur les moyens à employer. J’écris ce livre avec la conviction que les conséquences les plus néfastes du racisme disparaîtront ou diminueront si l’on accepte tout d’abord ce côté nauséabond de notre personne. Se battre contre ce que l’on ignore ou occulte est totalement vain. Améliorer ses faiblesses commande qu’à tout le moins on soit conscient de ses déficiences ».

Cet ouvrage de référence étudie l'ascendance de la psychologie sociale et culturelle dans la formation d'un racisme inconscient.

CE QU'EN PENSE LA CRITIQUE

Face au "psychologiquement correct", le je-ne-suis-pas-raciste, l’auteur propose de reconnaître d’abord la part de comportements racistes que nous manifestons consciemment ou pas, condition nécessaire [...] pour lutter contre le rejet des autres. – Aide-Mémoire

D’un esprit résolument pédagogique, clair et concis, sans ton moralisateur, pour ceux qui souhaitent se faire une idée des mécanismes fondamentaux du racisme, cet écrit constitue une belle entrée en matière. – Abdelatif Er-rafiy, Cerveau&Psycho, n°52

Définition, préjugés, discriminations, stéréotypes, déshumanisation, non-dits...forment la trame de cet ouvrage dont les nombreux exemples invitent le lecteur à une mise en perspective personnelle et sociale. – Psychologies Magazine

À PROPOS DE L'AUTEUR

Jacques-Philippe Leyens est Professeur émérite de l’UCL à Louvain-la-Neuve. Il a reçu en 2002 la plus importante distinction européenne en psychologie sociale, le prix Henri Tajfel, pour la qualité de ses travaux et sa contribution à la discipline. Il a notamment publié aux éditions Mardaga Psychologie sociale et Sommes-nous tous des psychologues ?


Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 10 juin 2014
Nombre de lectures 1
EAN13 9782804702281
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,1100€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Tout peut tre un alibi et rien de l aveuglement Jph. toute ma famille, de plus en plus grande
Pr face
Assaad E. Azzi
Il suffit de regarder l volution des soci t s humaines pour remarquer que l id e de l galit entre les tres humains est apparue r cemment, apr s des mill naires de pers cutions, d esclavage et de guerres. Pourtant, au d but de ce si cle, nous continuons observer travers le monde de nombreuses manifestations de comportements exprimant la haine, le m pris ou le manque de respect entre groupes. Paradoxalement, nous observons en m me temps un foisonnement de lois anti-discrimination dans un nombre certes limit mais croissant de pays. On peut se demander pourquoi nous avons besoin de ces lois. Le livre de Jacques-Philippe Leyens nous apporte des l ments de r ponse.
Il est vident que malgr l mergence de la notion des droits de l homme - et notamment de l galit entre les tres humains quelles que soient leurs appartenances sociales -, cette galit n est pas encore un guide pour les comportements intergroupes. Les st r otypes, les pr jug s, la discrimination et le racisme gouvernent souvent nos comportements envers les membres d autres groupes, et ce notre insu et malgr notre sinc re rejet juridique et moral de ce type de comportement. Que faut-il faire pour radiquer le racisme ou tout au moins att nuer ses cons quences sur les relations intergroupes ? La r ponse, simple, propos e par Jacques-Philippe Leyens est qu il faut en premier lieu accepter de reconna tre la r alit de ce ph nom ne, une r alit bien tay e par les recherches en psychologie sociale depuis quelques d cennies. La reconnaissance de cette r alit d pend bien s r de l interpr tation des donn es issues de ces recherches et c est l l enjeu principal de l argument pr sent par l auteur.
C est avec un dosage quilibr de sagesse et de provocation que Jacques-Philippe Leyens nous livre son message sur la r alit quotidienne et banale du racisme. La sagesse mane de l ancrage scientifique imperturbable de l auteur. De nombreuses exp riences classiques et r centes de la psychologie sociale sont revisit es pour nourrir l argument. l instar d un autre livre de l auteur ( Sommes-nous tous psychologues ? ), Sommes-nous tous racistes ? nous fait voyager travers les exp riences les plus int ressantes de la discipline pour finir par r pondre positivement la question pos e par le titre.
Toutefois, faute de lire l ouvrage dans son int gralit et d y voir les nuances, le lecteur risque de ne sentir que la provocation. La raison en est simple. Accepter que le racisme soit une manifestation quotidienne et banale de certains processus psychologiques et sociaux, c est aussi admettre que nous sommes tous racistes . Les nombreuses anecdotes et illustrations pr sent es dans ce livre augmentent cet effet de provocation. Pourtant, nombreuses sont aussi les nuances, qui sont non seulement fond es sur l ancrage scientifique de l auteur ou sur une strat gie discursive de sa part, mais refl tent selon moi une certaine conviction scientifique, et ce malgr la force de la provocation, qu en fait " quiconque est susceptible d tre raciste , qu une s rie de facteurs facilite le glissement dans un comportement raciste, que les biais identitaires peuvent d raper , etc. On ne peut qu entrevoir l argument sousjacent l argument principal (nous sommes tous racistes) qui est : dans certaines conditions , m me lorsque nous essayons de contr ler notre comportement, celui-ci est assujetti des processus et influences qui pourraient le rendre raciste.
Cet quilibre entre sagesse et provocation se retrouve aussi dans l attaque presque taquine que l auteur adresse la color-blindness (la c cit aux diff rences) et travers celle-ci, sa discipline, la psychologie sociale, qui il reproche de s tre conform e l id ologie du politiquement correct en se faisant l avocate de la color-blindness contre la color-consciousness (la conscience des diff rences). Malgr l apparente et sinc re identification de l auteur avec cette derni re th orie, on devine, travers les anecdotes et certaines critiques directes, un ton de reproche. Dans un sens, l auteur semble presque dire que cette attitude " morale de la discipline est un handicap pour sa capacit expliquer la " r alit et surtout trouver des solutions raisonnables et r alisables aux probl mes sociaux engendr s par le racisme quotidien. Je pense que ce reproche devrait tre pris au s rieux et g n ralis aux autres sciences humaines qui s int ressent la probl matique des relations intergroupes, interculturelles et internationales.
Dans un livre simple, profond et provocateur, Jacques-Philippe Leyens nous livre le fruit d une vie de r flexion la fois personnelle et scientifique. L l gance de l argument scientifique provient non seulement de son ancrage dans les donn es empiriques, mais aussi par une logique th orique rigoureuse qui l am ne interpr ter ces donn es d une mani re diff rente, nouvelle et parfois en contradiction avec les interpr tations qui ont merg et domin dans la discipline. Cette l gance est pic e par les anecdotes qui interpellent et qui sont utilis es par l auteur pour nous rappeler que les donn es scientifiques prennent leur sens principalement de l interpr tation qu on en fait. Ceci est heureux car rien n est perdu : m me lorsqu une discipline " erre dans ses interpr tations de ses donn es, il est toujours possible de revisiter celles-ci et de tenter de redresser le tir.
Assaad E. Azzi est Professeur et membre de l unit de psychologie sociale l Universit Libre de Bruxelles, en Belgique .
Introduction
Je sais que je suis raciste, peut- tre m me envers plusieurs groupes. Je le regrette ; je pr f rerais dire que je ne suis pas d accord avec certains groupes et, pourtant, il m arrive d avoir des acc s jubilatoires quand des ennuis arrivent un des groupes vis- -vis desquels je me consid re raciste. Je sais aussi que je ne voterais jamais pour un parti, nationaliste par exemple, qui aurait le moindre relent raciste. Je suis contre le racisme. Je sais encore que je ne suis pas excentrique ; je me consid re dans la moyenne des gens. Je suis galement un scientifique et non un r veur. Mes convictions que le racisme est quasi universel sont donc bas es sur une interpr tation de recherches fiables et coh rentes. Cette interpr tation n est pas farfelue, m me si nombre de coll gues ne l acceptent pas publiquement. Comme la toute grande majorit d entre eux, j esp re la disparition du racisme, mais nous diff rons sur les moyens employer.
J cris ce livre avec la conviction que les cons quences les plus n fastes du racisme dispara tront ou diminueront si l on prend d abord toute la mesure de ce c t naus abond de notre personne. Se battre contre ce que l on ignore ou occulte est totalement vain. Am liorer ses faiblesses commande qu tout le moins on soit conscient de ses d ficiences.

Le premier chapitre du livre d bute par un contre-exemple. Selon Goldhagen, l antis mitisme des nazis tait une croyance mill naire qui touchait tous les Allemands et qui leur tait d ailleurs sp cifique 1 . Selon lui, il aura suffi cependant de quelques ann es de d mocratie et la traduction de son livre en allemand pour supprimer tout racisme ! Je me sers de cette anecdote invraisemblable pour plaider que tous les groupes, et donc toutes les cibles, sont susceptibles d tre racistes. Le racisme tel que je l entends d passe de tr s loin l tymologie du mot, qui limite son emploi des ethnies, des " races . Ce qui est important dans le ph nom ne, c est que c est l ensemble du groupe qui est mis en cause. On en veut au membre X du simple fait qu il appartient au groupe X qui est coupable d entra ner la " Xphobie ou la " Xphilie , quelles que soient celles-ci.
Le deuxi me chapitre illustre des exp riences c l bres et importantes pour la compr hension du racisme. On y montre notamment que l amour prouv pour le groupe d appartenance ne signifie par pour autant la haine envers les autres groupes. J en profite pour exposer une s rie de conditions qui m nent des conflits intergroupes. Je mets galement en exergue que notre but premier est de prot ger notre groupe d appartenance, ce qui est remarquable. Tout aussi remarquable : les ph nom nes qui rendent compte de cette volont de protection et du racisme en g n ral sont des processus normaux qui rel vent d une psychologie ordinaire.
Le troisi me chapitre est important. Il commence avec la remarque de Myrdal 2 , l auteur du Dilemme am ricain , qui sugg re que les probl mes de la soci t am ricaine sont davantage ceux des Blancs que ceux des Noirs. J y discute longuement l antagonisme qui existe entre " color-blind et " color-conscious . tre tout fait color-conscious signifie non seulement que l on accepte qu il y ait des diff rences entre groupes, mais qu on les accepte pour autant que ce soit conforme notre morale. On est donc soit pour l int gration, soit pour le racisme explicite. tre color-blind signifie soit que la minorit doit s assimiler la majorit - ce qui est une r action raciste -, soit que tous les individus, quels que soient leurs groupes d appartenance, sont gaux - une r action non-raciste mais parfois utopique ou probl matique.
Les st r otypes sont les ingr dients probablement les plus tudi s au niveau du racisme. J y ai d ailleurs consacr deux chapitres. Pour des raisons qui me semblent fragiles, les st r otypes sont les plus mal aim s des concepts issus de la psychologie sociale. Si vous n en tes pas convaincu(e), dites votre petit(e) ami(e) qu il ou elle est l incarnation des st r otypes des " X ! Apr s avoir num r les reproches que l on entend le plus souvent propos des st r otypes, je prends r solument leur d fense. Il se fait que j tais un jeune psychologue ennemi des st r otypes 3 . J ai volu parce que je suis certain qu ils sont indispensables dans la vie quotidienne et que je sui

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