Suzanne Buisson
228 pages
Français

Suzanne Buisson , livre ebook

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228 pages
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Description

Suzanne Levy-Buisson, dont ce livre est la première biographie, est une figure méconnue mais centrale du féminisme socialiste français. Son combat demeure exemplaire et nous pose des questions toujours actuelles, sur l'inégalité et l'injustice sociale ; son destin nous interroge sur l'idéal social qui demeure à réaliser dans l'harmonie de la Cité humaine.

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Informations

Publié par
Date de parution 07 décembre 2018
Nombre de lectures 2
EAN13 9782140107344
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

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Extrait

GérardDASILVA
SUZANNE BUISSON SOCIALISTE, FÉMINISTE, RÉSISTANTE
SUZANNE BUISSONSOCIALISTE,FÉMINISTE,RÉSISTANTE
MOUVEMENT SOCIAL ET LAÏCITÉ
Collection fondée par Marc Blondel
Volumes publiés :
Gérard da Silva :Histoire de la CGT FO et de son UD de Paris, 1895-2009, 2009
Jean-Marc Schiappa :Une histoire de la Libre Pensée, 2011
e Pour la défense de la Révolution françaiseanniversaire, 1789-2009, 220 (dir : J-M Schiappa), 2012
Gérard da Silva :Histoire de la Fédération des Employés et Cadres, 1893-2013, 2013
Gérard da Silva :Léon Jouhaux, une vie de combat pour le syndicalisme libre et indépendant, 2014
Gérard da Silva : Georges Buisson, père de la Sécurité sociale, 2016
Louis Couturier : Les Libres Penseurs et leurs Internationales, 2018
Gérard da Silva
Suzanne Buisson Socialiste, Féministe, Résistante
© L’Harmattan, 2018 5-7, rue de l’École-Polytechnique, 75005 Parishttp://www.editions-harmattan.fr ISBN : 978-2-343-16035-1 EAN : 9782343160351
Introduction
1 « Chaque femme porte la forme entière de l’humaine condition ». Tel est le propos de ce livre. La figure de Suzanne Levy, veuve de Charles Gibault puis épouse de Georges Buisson, militante politique, féministe dès l’âge de 16 ans, principale responsable durant les années 1930 du Conseil National des Femmes Socialistes, avant de devenir cofondatrice et responsable du réseau de résistance, en zone Sud, du Parti socialiste, après quelques hommages immédiats, est tombée dans l’oubli. Le présent livre est, sans doute, un hommage et une biographie essentiellement politique, faute, de surcroit, d’archives privées et familiales. N’étant nullement une figure centrale durant les premières décennies de sa vie, il n’est possible de restituer son parcours que par les débats politiques et féministes, dans le cadre d’abord socialiste. Il est nécessaire, aussi et préalablement, de restituer l’histoire du féminisme politique, à compter des années 1830, afin de mieux comprendre le type d’engagement qui va animer la jeune Suzanne Levy, dès 1899. Puis sont restitués les débats divergents, dans le cadre de la guerre, comme au moment de la crise interne au Parti socialiste, qui conduit à la création du Parti communiste. A fortiori pour les années 1930 car, si Suzanne Buisson est devenue la principale figure féminine et féministe du Parti, elle est en premier lieu en butte, pour cette raison, à une opposition masculine organisée à l’égalité des droits, au sein dudit Parti, surtout à partir de 1935. Il a fallu, également, séparer la militante politique et socialiste de la militante féministe et socialiste, pour des raisons de clarté d’exposé et éviter des redites. Ce qui est particulièrement net, à compter de 1913, avec le journal
1 Montaigne,Essais, Livre III, chapitre II, p.782, Pléiade, 1980 (la phrase de Montaigne est « chaque homme… ») 5
l’Equité, puis avec le Groupe des Femmes Socialistes durant les années 1920, sous la direction de Louise Saumoneau, avec Suzanne Buisson, enfin, et surtout, avec le Conseil national des femmes dirigé par Buisson. Au sein même du GFS et du CNFS, une ligne de partage est constante entre la tendance Saumoneau, pour laquelle la cause des femmes est réductible à celle de l’émancipation du prolétariat ou, durant les années 1930, n’est pas prioritaire (mais la lutte pour la paix contre le fascisme). Et la tendance qu’incarne Buisson, favorable à « l’égalité complète » entre hommes et femmes, à l’indépendance des femmes par le salariat (et non la femme payée pour rester au foyer) et qui fait passer le groupe de 100 à 10 000, de 1930 à 1938. Révélateurs sont les débats, ici restitués, sur le vote des femmes en 1936 et la fin partielle de l’incapacité civile de la femme mariée, en 1938. Cette tendance, qui a le soutien de socialistes comme Bracke et Blum, se retrouve mise en minorité, après les accords de Munich, et Buisson est exclue du Conseil national des femmes socialistes en juin 1939, par le groupe des femmes (encadrées d’hommes de l’appareil, il est vrai) qui considère comme secondaire la question de l’égalité. Enfin, est restituée la geste de Suzanne Buisson, de juillet 1940 à juillet 1944 et sa mort à Auschwitz, dans l’avant dernier convoi, par rares témoignages superposés et avec mise en valeur des témoignages, plus rares encore, d’une des figures majeures, et effacée des mémoires, de la Résistance. Je remercie la famille Peskine pour les souvenirs familiaux et, spécialement, Jeanne Coadou Capocci, fille d’Oreste Capocci, pour sa remémoration ultime de Suzanne Buisson, quelques mois avant sa disparition, en 2017, à 97 ans.
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PREMIERE PARTIE Le féminisme politique depuis 1830 et la jeune Suzanne Levy « C’est pour que nos enfants, des pierres, voient éclore Le lys de la bonté qui les rendra meilleurs, Que sur des seuils fleuris ils regardent l’aurore 2 Et que leur vin du soir n’ait pas le goût des pleurs » Suzanne Levy est née à Paris, le 19 septembre 1883, e 3 dans le 9 arrondissement . Elle est déclarée le 22 septembre et l’acte de naissance 1696 indique qu’elle est la fille de Julie Bloch, 23 ans, sans profession et d’Eugène Levy, 25 ans, négociant. Tous deux résident au 23, rue Bellefond. La fiche d’état civil précise qu’ils sont tous deux employés de commerce. Il est fait mention de son premier mariage, le 23 e février 1905, avec Charles Gibault, à la mairie du 2 arrondissement (le document d’état civil précisant qu’elle est « fille unique »). Elle donne naissance, le 5 décembre 1913, à 4 Paris, à son second enfant, Huguette Gibault . Devenue veuve, Gibault étant mort victime de la Première guerre mondiale, elle se remarie, le 23 mars 1926, e avec Georges Buisson, en la mairie du 18 arrondissement. Suzanne Levy – Buisson fut, dès sa jeunesse et toute sa vie, une militante socialiste et féministe : «j'avais seize ans…Mes parents quittèrent Dijon pour venir à Paris. Je lisais l'Aurore et j'avais entendu Viviani dans un meeting. Dès mon arrivée, je fréquentai une
2 Maurice Magre, Travail, inLe Poème de la Jeunesse(poème lu par Suzanne) 3 e Et non dans le 19 comme il est généralement et par erreur indiqué. 4  laquelle épousera Salomon (Simon) Peskine et décédera le 13 juillet 1989 sans descendance. Suzanne Buisson avait perdu une première fillette, Michelle. Salomon Peskine est le fils de Jacques Peskine, un des leaders du Bund, lequel, comme Suzanne, ne reviendra pas de déportation. 7
université populaire : le Réveil du premier et du deuxième arrondissement. C'était dans la rue Marie-Stuart. Je revois encore la boutique tendue de papier rouge. Albert Thomas vint y faire des conférences. Parmi les camarades de l'Université populaire, ii y avait un des frères d’Allemane. Il y avait aussi Georges Weil, le futur député d'Alsace, et notre camarade Goudchaux Brunschvicg, de la dixième section. Un jour, ils formèrent un groupe du Parti Ouvrier Socialiste Révolutionnaire. J'y adhérai.»  Tel est le récit que Suzanne Buisson fait des débuts 5 de sa vie militante, pour lePopulaire7 septembre 1932  du . Le P.O.S.R., fondé en 1890, autour de Jean Allemane et avec 6 Lucien Herr est favorable à la grève générale pour faire aboutir ses revendications. Son « programme législatif », adopté lors du congrès de Saint Quentin, en 1892, déclare : «1° Que le but final qu’il poursuit est l’émancipation complète de tous les êtres humains, sans distinction de sexe, de race et de nationalité…3° que pour marcher dans cette voie, il est nécessaire de maintenir, par le fait historique de la distinction de classes, un parti politique distinct en face des diverses nuances des partis politiques 7 bourgeois. »  Le Parti est également sensible à la cause des femmes et le programme législatif adopté lors de son congrès de 1892, à Saint Quentin, indiquait en son article 13, « à travail égal, salaire égal pour les travailleurs des deux sexes », et le Programme municipal du POSR, en son article 5, « égalité civile et politique de la femme » ; ces deux documents étant repris et intégrés au compte-rendu du Congrès du Parti de septembre 1895, tenu à Paris (p.76 et p.79, imprimerie J.Allemane).Lors d’une enquête, en 1910, Allemane se dit bien favorable « à l’égalité politique et économique de la
5 Témoignage repris tel quel par l’auteur de l’article, Louis Lévy, dans ses Vieilles histoires socialistes, p.17 6  Mentor de Jaurès et de Blum à l’Ecole Normale Supérieure ; Blum lui dédie sonStendhal et le beylisme, publié en 1914. 7  Programme reproduit in Charnay,Les Allemanistes, pages 104-108, librairie Marcel Rivière, 1912 8
8 femme. » Programme que, peu ou prou, Suzanne Levy soutiendra toute sa vie. Si elle adhère en 1899, dès 1901 le Parti s’unit à la Fédération des travailleurs socialistes de France des partisans de Paul Brousse, plus pragmatique et réformiste, pour fonder le Parti socialiste français, en 1902, er autour des figures de Jaurès et Briand. L’article 1 du PSF donne le ton du programme qui retient, à nouveau, l’engagement de Suzanne Levy : «entente et action internationales des travailleurs ; organisation politique et économique du prolétariat en parti de classe pour la conquête du pouvoir et la socialisation des moyens de production et d’échange.» Le PSF se fond, en 1905 dans le Parti socialiste, dominé par la figure de Jaurès, en tant que Section française de l'Internationale ouvrière (SFIO). Présente dès la fondation, c’est le parti politique auquel Suzanne Levy va consacrer sa vie militante.Si ses activités initiales passent inaperçues, Suzanne, désormais épouse Gibault, n’en prend pas moins une place sensible, dès l’âge de 25 ans, au sein de la Fédération socialiste révolutionnaire de Seine et Oise, en laquelle Charles Gibault tient des responsabilités, étant secrétaire de la section de Meudon. Lors de la deuxième session du Congrès de la Fédération, tenue à Paris, salle Gaudouin, 35, rue Pastourelle, le dimanche 6 décembre 1908, Suzanne Gibault fait partie des élus de la Commission administrative de la Fédération (Humanité du 20 décembre 1908). L’Humanité du 20 décembre 1908 rend compte du Congrès de la Fédération de Seine et Oise, tenu le 6 décembre, et met en évidence que, parmi les 9 élus à la Commission Administrative, figure une seule femme, Suzanne Gibault. Suzanne Gibault accède rapidement à des responsabilités et devient secrétaire-adjointe de la Fédération, comme le confirmel’Humanité3 avril 1909. du Le congrès fédéral du 15 mars 1909 confirme Suzanne Gibault comme membre de la Commission Administrative.
8 er LaRevue, n°13, VIe série, 1 juillet 1910, p.447 9
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