Tableaux de la vie malgache
242 pages
Français

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Tableaux de la vie malgache , livre ebook

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Description

L'état d'une société primitive telle que l'a croisée Robert Fernier (artiste peintre, 1895-1977) à Madagascar, est un document ethnographique rare. Le lecteur trouvera à travers ces lignes une description du Madagascar des années 50, de ses moeurs et de ses paysages, tels qu'ils ont été vus par un observateur métropolitain atttentif, mais malgré tout imprégné des préjugés de son époque.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 05 mai 2012
Nombre de lectures 26
EAN13 9782296491151
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,1000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Tableaux de la vie malgache

1952-1959
Robert Fernier


Tableaux de la vie malgache

1952-1959
Du même auteur

Le Patron du 10 (publié sous le pseudonyme Jean Lontrée), Editions Société des Editions Gauloises, 1931.

17 quai Malaquais , Editions Paris Publications, 1934.

Mémoires d’un tableau , Editions Paris Publications, 1936.

Gustave Courtois , Editions Robert Fernier, 1943.

Pontarlier sous la botte , Editions Faivre-Vernay, 1946.

La Chasse aux loups , Editions Faivre-Vernay, 1950.

Docteur Philippe Grenier , Editions Faivre-Vernay, 1955.

Le Doubs , Editions Glauser, 1960.

Gustave Courbet , Bibliothèque des Arts, 1969.

Le Feu de la Haine , Presses du Belvédère, 2005.

La Vie et l’oeuvre de Gustave Courbet. Catalogue raisonné. Paris, Lausanne, Fondation Wildenstein, La Bibliothèque des Arts, 1978. Tome I : 1819-1865 Peintures Tome II : Peintures 1866-1877. Dessins. Sculptures

Les Comores, récit de voyage , Association Robert Fernier, 2008.


© L’Harmattan, 2012
5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris

http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr

ISBN : 978-2-296-56989-8
EAN : 9782296569898

Fabrication numérique : Actissia Services, 2012
Avertissement
C’est en 1952 que Robert Fernier, artiste peintre et écrivain, jusque-là promoteur enthousiaste et à succès de l’âme et de l’histoire de sa Franche-Comté natale, découvre presque par hasard Madagascar. L’immédiat après-guerre étant une période plus difficile, il visite en 1949 l’Afrique du Nord et y découvre avec émerveillement une atmosphère, des couleurs et des lumières inconnues.
Enthousiasmé, il y retourne en 1952 se préparer aux concours du Salon de la France d’Outre-mer dotés d’une bourse pour séjourner dans le pays. Lorsqu’il revient, le 1 er Prix du Maroc a été déjà attribué. Il reste le Prix de Madagascar qu’il gagne.
Chaleureusement accueilli sur place, charmé par les paysages et les populations indigènes, son premier séjour durera finalement 18 mois grâce aux nombreuses expositions qu’il organise sur place et qui rencontrent un grand succès. Il n’aura de cesse ensuite que d’y retourner, ce qu’il fera en 1956 et 1958/59.
Le lecteur retrouvera à travers ces lignes une description du Madagascar des années 50, de ses mœurs et de ses paysages, tels qu’ils ont été vus par un observateur métropolitain attentif, mais malgré tout imprégné des préjugés de son époque.
Ce texte inédit, auquel l’auteur tenait beaucoup, et ses carnets de croquis d’où sont extraites les nombreuses illustrations ont été mis en forme par l’Association Robert Fernier qui s’est fixée pour objectif de maintenir vivante la mémoire et l’œuvre de peintre et d’écrivain de cet artiste franc-comtois.

Association Robert Fernier
www.robert-fernier.org
Avant-propos
Titulaire du prix de Madagascar, j’ai vécu, pendant dix-huit mois, le plus beau de mes rêves, réalisé le plus merveilleux des voyages. Arrivé à Tananarive, en décembre 1952, au moment où les jacarandas pleuraient la fin de leur apothéose, j’ai quitté cette ville en mai 1954, alors que les madagascariensis étalaient leurs fleurs écarlates et que les daturas sonnaient les cloches de l’hiver austral. Entre-temps, empruntant pour mes déplacements l’avion, le chemin de fer, le paquebot, l’automobile ou le camion, voire la pirogue à balancier, j’ai exploré les trois-quarts de la Grande-Ile.
Touriste désireux de compléter ma documentation, j’ai refait le voyage en 1956, puis en 1959, m’attardant cette fois dans le Sud, au milieu du peuple tandrouye, puis dans l’Ouest, en pays sakalave.
Les pages qui vont suivre ne s’inspirent que des observations que j’ai pu faire, des scènes dont je fus le témoin. Bien que l’évolution des mœurs, le progrès social, les travaux entrepris par l’Administration, et les ferments politiques qui travaillent les esprits donnent parfois à mon témoignage une valeur rétrospective. Je n’ai rien corrigé de mes premières observations, car que vaudrait un tableau, portrait ou paysage, qui serait sans cesse adapté à l’âge du modèle ou aux caprices des saisons ?
À 10’000 kilomètres de la métropole, je me suis senti bien souvent plus proche de la nature et de l’homme que dans mon propre pays. La chance a voulu que je me trouve associé à des cérémonies où l’âme du peuple malgache avait, malgré sa timidité vis-à-vis de l’étranger, des raisons de s’exprimer tout entière. Elle a voulu aussi que je bénéficie de la part du Haut-Commissariat de la République Française (en la personne de M. Robert Bargues), des chefs de Province, de Région ou de District, des directeurs d’agence de la Banque de Madagascar ou de la Compagnie Marseillaise, ou des colons auxquels je me suis présenté, de l’accueil le plus aimable, de l’hospitalité la plus généreuse.
Au seuil de ces tableaux de la vie malgache composés au jour le jour, parallèlement à ceux que je réalisais palette en main, il est de mon devoir d’exprimer à tous ceux qui, là-bas, m’ont honoré de leur amitié et de leur confiance, le témoignage de ma très vive gratitude.


ROBERT FERNIER.
1 Dépaysement
Gondwana, Lémurie, Ile Rouge, Grande Ile , ou plus simplement Madagascar, ces cinq appellations pour un seul continent, ces quatre syllabes aux sonorités graves désignent une terre lointaine dont l’évocation a nourri mes rêves de jeunesse, et voici que je lui découvre un visage différent de celui que lui prêtait mon imagination : magie du voyage ! Des lectures faites sur le bateau, des conversations échangées avec des administrateurs rejoignant leur poste ont fait naître en moi une immense curiosité, une boulimie de connaissances. Plongé dans un monde inconnu, j’ouvre des yeux émerveillés, je pose à mes nouveaux amis d’innombrables questions, ma vie d’artiste prend un sens nouveau, une direction imprévue.
Vingt et un jours de navigation ont permis à mes yeux de s’habituer à la lumière de plus en plus vive à mesure qu’on s’approche de l’Équateur, à mon corps de se faire de mieux en mieux à la chaleur tropicale. J’arrive à Madagascar en état de réceptivité absolue.
Je repasse dans ma mémoire les étapes de mon dépaysement : PORT-SAID , la ville bazar dont tous les magasins s’ouvrent à n’importe quelle heure du jour et de la nuit, dès qu’un bateau entre au port, la ville où tout s’achète bon marché – sans garantie de qualité – où, pour mieux plumer l’innocent passager, la pacotille s’installe à même le pont, où Galli-Galli-Galli, prestidigitateur de père en fils, la poitrine ornée d’une plaque comme les gardes-champêtres de nos campagnes françaises, fait étalage de sa science et nous remplit d’étonnement
DJIBOUTI , ville blanche aux portes d’un désert, où des voleurs innombrables, couverts par la mansuétude d’un magistrat, s’appliquent dans la rue et dans certaines boutiques à justifier leur solide réputation. Malgré l’avis qui figurait la veille de notre escale au menu du dîner, mettant chacun en garde contre l’audace des indigènes, un de mes compagnons de table, capitaine d’infanterie coloniale qui rejoignait Diego-Suarez, s’est trouvé, quoique en uniforme, délesté par un gamin plus agile qu’un singe de son appareil photographique qu’il tenait à la main.
Votre mésaventure me rappelle celle qui est arrivée à un fonctionnaire anglais qui allait à Maurice , lui dit notre maître d’hôtel pour le consoler. Celui-là portait des lunettes cerclées d’or, et tandis qu’au bras de son épouse il déambulait dans une rue surpeuplée, une ombre passa devant lui. Quand il ouvrit les yeux, ses lunettes s’étaient envolées. Que faire ? Ramené à sa myopie originelle, il ne lui restait qu’à retourner au bateau. Il n’avait pas fait cinquante pas qu’un gamin essoufflé le tirait par la manche et lui dit :
Monsieur, j’ai vu ton voleur, je lui ai couru après, je l’ai rattrapé. Je te rapporte tes lunettes .
L’Anglais surpris regarde l’enfant, prend les lunettes qu’il lui tend, les chausse, et ô miracle, s’aperçoit que ce sont bien les siennes. Ému, il met aussitôt la main à son portefeuille, en tire quelques billets, les offre au policier en herbe en les accompagnant de ces paroles : tu es un brave petit Somali, je te remercie, voici ta récompense .
A peine avait-il achevé son geste que les lunettes lui furent à nouveau arrachées du visage…
MOMBASA, où nous vîmes les premiers cocotiers, les premiers flamboyants, où nous mangeâmes nos premières mangues, où, faisant le change de nos francs métropolitains c

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