Un crépuscule pour Onfray
274 pages
Français

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Un crépuscule pour Onfray , livre ebook

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Description

Voici une réponse sans a priori mais sans concessions à l'essai de Michel Onfray sur l'oeuvre de Freud : l'auteur répond point par point à ses critiques. Le texte de M. Onfray n'étudie que la partie théorique de la psychanalyse en faisant l'impasse sur sa pratique. Ceci pousse l'auteur à débusquer tout un pan de l'activité théorique du psychanalyste : chaque séance doit être soutenue par une visée théorique. Chaque séance apprend quelque chose au psychanalyste.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 octobre 2011
Nombre de lectures 27
EAN13 9782296464940
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,1000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

UN CRÉPUSCULE POUR ONFRAY
© L’Harmattan, 2011 5-7, rue de l’École-polytechnique ; 75005 Paris
http://www.librairieharmattan.com diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr
ISBN : 978-2-296-55105-3 EAN : 9782296551053
Guy LAVAL
UN CRÉPUSCULE POUR ONFRAY
Minutes de l’interrogatoire du contempteur de Freud
PsychanalyseetCivilisations Collection dirigée par Jean Nadal
L'histoire de la découverte de la psychanalyse témoigne que démarche clinique et théorie issues de champs voisins ont concouru, par étayage réciproque à élaborer le concept d'inconscient, à éclairer les rapports entre pathologie et société et à reconsidérer les liens entre le malaise du sujet singulier et celui de la civilisation. Dans cette perspective, la collectionPsychanalyse et Civilisationstend à promouvoir cette ouverture nécessaire pour maintenir en éveil la créativité que Freud y a trouvée pour étayer, repenser et élargir la théorie. Ouverture indispensable aussi pour éviter l'enfermement dans une attitude solipsiste, qui en voulant protéger un territoire et préserver une identité, coupe en réalité la recherche psychanalytique de ses racines les plus profondes.
Dernièresparutions
Jean-Michel PORRET,Les modes d’organisation du transfert, 2011. Richard ABIBON,Scène Primitive,2011. Marie-Noël GODET,De la réglementation du titre de psychothérapeute. La santé mentale, une affaire d’État, 2011. M.-L. DIMON,Psychanalyse et empathie, 2011. Roland BRUNNER,Freud et Rome, 2011. Renaud DE PORTZAMPARC,La Folie d’Artaud, 2011. Harry STROEKEN,Rêves et rêveries, 2010 Madeleine GUIFFES,Lier, délier, la parole et l’écrit, 2010. Prado de OLIVEIRA, Les meilleurs amis de la psychanalyse, 2010. J.-L. SUDRES (dir.),Exclusions et art-thérapie, 2010. Albert LE DORZE,Humanisme et psy : la rupture ?,2010. Édouard de PERROT,Cent milliards de neurones en quête d’auteur. Aux origines de la pensée, 2010. Jean-Paul DESCOMBEY,Robert Schumann. Quand la musique œuvre contre la douleur. Une approche psychanalytique, 2010. Serafino MALAGUERNA,L’Anorexie face au miroir. Le déclin de la fonction paternelle, 2010. Larissa SOARES ORNELLAS FARIAS,La mélancolie au féminin.Les rapports mère-fille en lumière, 2009.
INTRODUCTION
Le fait que Michel Onfray se soit manifestement mis dans la peau d’un juge d’instruction qui n’instruit qu’à charge, et non, comme l’impliquent les règles et l’éthique de la profession, également à décharge, n’invalide pas par principe sa critique de la psychanalyse. Cette charge est dans le ton, toujours incisif, polémique, dans une volonté sans cesse affirmée jusqu’à l’insulte de provoquer le crépuscule qu’il souhaite à cette idole, semblable ainsi à ces saints de l’hagiographie religieuse qui traitaient les représentations figurées des dieux des autres religions d’idoles de bois, les renversaient ou les brûlaient, ne respectant pas les populations qui s’étaient donné ces dieux ; en revanche, le dieu de ces évangélisateurs, qui lui, et lui seul était vrai, allait leur montrer « de quel bois il se chauffe ». Onfray le montre tout de suite dans la mesure où il pratique d’emblée la destruction de l’idole sans respecter les règles de la critique rationnelle, sans cesse dans la polémique qui devient même surréaliste lorsqu’il condamne comme « peu glorieux » les amours de Freud et de Minna, la sœur de sa femme. On sent qu’il est pressé. Cela ne nous dispense pas de répondre sur le fond, même si nous trouvons la forme excessive : notre position de principe préalable est de considérer M. Onfray comme « présumé innocent ». Nous dérober serait une fuite : nous devons donc nous placer sur le plan épistémologique. Prétendre que le mélange des genres (épistémologie et polémique) nous dispense de discuter ses arguments, c’est nous placer au-dessus de toute critique, c’est revendiquer un détestable statut d’extra-territorialité, comme le font toujours les gens qui veulent le bien de leurs semblables. Nous avons connu cela avec le communisme qui considérait toute critique à son égard comme malveillante, ou plutôt comme sacrilège. Quant à la religion, elle menace le critique des foudres de l’enfer... ou des bombes. Si l’on excepte les réactions à chaud d’universitaires certes respectables, mais qui ne pratiquent pas la psychanalyse à plein temps (car comment dans ce cas, pourrait-on lire un pavé de 600 pages serrées, réfléchir sérieusement dessus, et écrire un
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article pertinent, ce en moins d’une semaine ?), il n’y a pas eu de travail de fond sur ce livre de la part de psychanalystes praticiens.Il faut à ceux qui vivent de la psychanalyse (je le précise carMichelOnfray ne comprend pas qu’on gagne sa vie en pratiquant la psychanalyse) suffisamment de temps pour donner une réponse à cette critique de leur instrument théorique etpratique.Il est dommage pour son propos queM.Onfray n’ait pas fait d’enquête pour savoir comment se pratique la psychanalyse de nos jours, cent à cent vingt ans après la période qu’il examine. J’ai donc attendu les vacances d’été pour lire ce livre épais et lui faire une éventuelle réponse.Je ne me suis pas laissé abuser par la forme, je l’ai lu sansa priori, car je sais combien il y a à redire sur la pratique des cures et sur les théories qui s’imposent aujourd’hui, de même que sur le fonctionnement des sociétés psychanalytiques et des "autorités" freudiennes.Je vais même plus loin : nous avons besoin de critiques sous peine de « mariner dans notre jus ».Je pensais sincèrement que je pourrais apprendre quelque chose de cette lecture.Je n’ai pas la religion des sociétés de psychanalyse (même si j’en ai fait partie jusqu’à une date récente), et je me sens tout à fait libre par rapport aux "hagiographes" que vilipendeMichelOnfray.J’ai été frappé par le manque d’intérêt de mes confrères pour un livre qui entend bien pulvériser la psychanalyse, leur gagne-pain, écrit par le philosophe français le plus en vogue, dont les livres ont des tirages considérables. Tous me disent que ce livre est nul et qu’il est idiot de perdre son temps à le lire, encore plus à le commenter.Je pense au contraire qu’il est toujours instructif de tenir compte de l’opinion de ceux qui ne pensent pas comme nous, même dans le cas où le livre est loin d’être un chef-d’œuvre : ils peuvent nous faire des critiques pertinentes, et leurs erreurs mêmes peuvent nous instruire ; et d’ailleurs, le livre deM.Onfray soulève des points intéressants qui ne scandalisent que ceux qui n’en saisissent pas la légitimité ; en outre, ce livre, comme tous les livres de cet auteur, sera lu par énormément de gens, dont certains n’auront pas tous les éléments pour en faire une lecture critique. Car l’auteur a toujours un tour d’avance et bénéficie de sources ou de renseignements, soit qu’ils auront de la peine à trouver s’ils les
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cherchent, soit que, disciples de ce philosophe, ils préfèreront la cécité à la lucidité. Dés le début, Michel Onfray affirme que « la discipline [psychanalytique] rend compte de la totalité du monde, dans le moindre détail ». Outre que Freud écrit expressément le contraire (« La psychanalyse n’est pas une conception du monde »,Nouvelles conférences d’introduction à la psychanalyse), ce qui est clair mais insuffisant comme preuve, nous ne pourrons démontrer que la psychanalyse ne fonctionne pas ainsi, soit comme une idéologie, que si nous démontons les arguments de M. Onfray qui lui dénient la qualité de science. Notre tâche n’est pas de démontrer son statut de science, mais d’examiner la pertinence des critiques d’Onfray. D’ailleurs, d’excellents théoriciens se sont engagés sur le terrain de la scientificité de la psychanalyse, et ont conclu à sa validité (ainsi Paul Ricœur qui dans une conférence de 1985, démontre que la preuve en psychanalyse, prise au sens où l’on peut prendre cette notion pour une science de troisième niveau de complexité, n’est pas circulaire comme certains l’affirmaient à l’époque : ses contradicteurs acceptaient tout de même de "disputer" sur le fond, ce qui n’est pas le cas de M. Onfray qui, lui, évite la controverse argumentée ; et MichelleBertrand :Trois défis pour la psychanalyseDunod 2004).Àl’autre bout, celui de la pratique, M. Onfray conteste l’activité thérapeutique deFreud : «Freud affirme avoir soigné et guéri ces personnes ».Freud ne l’affirme pas aussi triomphalement, et dans un cas (Le président Schreiber), il ne l’affirme pas du tout puisqu’il nous précise qu’il analyse lesMémoiresde cette personne. Mais surtout, F; il s’agit des toutes premièresreud est tout à fait transparent analyses, il n’a pas la recette toute faite, il tâtonne, il nous montre ses difficultés, ses faiblesses ; il est un homme qui, même s’il s’attaque à, et fait tomber, bien des tabous, garde un certain nombre de préjugés de son époque ; il faut en tenir compte dans l’examen des balbutiements de la nouvelle science. Mais M. Onfray est impitoyable ; il n’a pas l’air de se rendre compte que la psychanalyse est une pratique très difficile, et qu’elle l’était encore plus en ces temps héroïques où il fallait tout inventer.
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Lorsqu’il écrit : « On pouvait lire Marx sans être marxiste… mais lire Freud ne laissait pas le choix d’être ou de ne pas être freudien, car la psychanalyse semblait une certitude universelle et définitive » (page 23), il donne à la psychanalyse le statut d’une idéologie. Si cela était vrai, cela suffirait à lui ôter le statut de science. La question ne doit pas être rejetée d’un haussement d’épaules dédaigneux : des tentatives ont été faites dans ce sens, elles ont même eu de grands succès ; notamment le freudo-marxisme qui, s’il a fait long feu depuis, a séduit bien des cercles intellectuels dans les années 1960-90 : il a même animé des groupes politiques, notamment dans les deux Allemagnes. Mais il faut reconnaître qu’aucune société de psychanalyse freudienne n’a cautionné cette idéologie, qu’au demeurant, si on lit son texte avec précision, M. Onfray trouve fort sympathique. Je ne vois pas le charme qui fait automatiquement devenir freudien tout lecteur de ses œuvres.Je ne pense pas queM. Onfray pourrait écrire que tout lecteur d’Einstein deviendrait automatiquement einsteinien.C’est exactement le même problème pour toute science : le profane ne la comprend pas d’emblée, car il n’est pas au niveau théorique qui lui permettrait de le faire et, soit de l’accepter, soit de la mettre en doute ; seul un savant du même domaine scientifique ou un épistémologue qui s’est sérieusement préparé à cet exercice sont à même de prendre position.Ce n’est pas parce que la psychanalyse est écrite dans la langue courante qu’il sera facile de la comprendre à livre ouvert.C’est certes plus facile que pour la chimie parce qu’il n’y a pas l’obstacle mathématique ; mais la psychanalyse est aussi très complexe, et la lecture à livre ouvert est source de contre-sens et de nombreuses erreurs.MaisM.Onfray pose d’emblée, avant d’avoir démontré quoi que ce soit, que la psychanalyse est une philosophie ; il le pose sans s’en rendre compte, avant même de l’affirmer répétitivement, en la mettant sur le même plan, en la comparant à la philosophie deMarx (je fais allusion aux thèses philosophiques et politiques deMarx, et non auCapital, partie prenante de l’économie politique qui fait partie, du moins partiellement – car certaines orientations théoriques fort prisées par les décideurs, et même dominantes comme le néolibéralisme, sont scientifiquement douteuses – du
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