Un regard social

Xavier Griache, Albertine Gentou

Description

Dans un réfectoire d'un Accueil de jour, une population hétéroclite prend son petit déjeuner. Hommes et femmes, chômeurs, sans domicile fixe, toxicomanes, tous dans la détresse, ils viennent là chercher de la chaleur humaine, un geste de compassion pour défier les matins blêmes. Il suffirait d'éveiller en chaque citoyen un regard social afin que la situation change à un niveau individuel mais aussi collectif.

Sujets

• Travail social

Informations

• Publié par: L'Harmattan
• Date de parution: 01 septembre 2007
• Nombre de lectures: 68
• EAN13: 9782296643802
• Langue: Français

Extrait

Première partie

T ABLE DES M ATIERES

Albertine Gentou : Portrait d’un urgentiste social...................................

Deuxième partie :

Xavier Griache : Carnets d’un urgentiste social ..................................

Remerciements ........................................................

9

23

114

P ORTRAIT D ’ UN URGENTISTE SOCIAL A LBERTINE G ENTOU

Pays des droits de l’homme et des protections sociales, souvent citée en référence, la France peine à e passer le cap du III millénaire et à se projeter vers l’avenir. Dur constat, diront certains. Sans doute. Lorsque j’évoque l’avenir, je pense à une société nouvelle où le matérialisme serait vécu différemment ; de nouvelles règles instaureraient une autre hygiène de vie inhérente au travail, à la répartition du temps ouvré et chômé, à l’intégration de chaque citoyen dans un projet national, tout cela afin d’endiguer la politique de la misère, donner une nouvelle espérance de vie, de survie, pour les laissés- pour-compte, les oubliés du bord de la route, dont le nombre ne cesse d’augmenter depuis l’industrialisation au e XIX siècle et la mondialisation au siècle suivant. Des mots, de l’utopie, argumenteront les sceptiques. Et pourtant… A l’heure des résultats électoraux, nul ne peut le nier : les Français aspirent tous à la rupture avec l’ancien système et les vieux schémas. Mon intention, cependant, n’est pas de débattre d’idéologie. Mes observations ne souhaitent s’inspirer que d’un regard humaniste sur notre environnement. Sous couvert de progressisme, nous ne pouvons occulter que notre pays traverse – depuis quelques décennies déjà – une situation de crises : crise des banlieues, crise du chômage, crise de la jeunesse, crise des seniors, crise de l’espérance. Longtemps l’attitude de l’autruche, qui préfère se cacher la tête sous le sable plutôt que d’admettre la réalité, fut de mise. Mais nous ne pouvons plus nous le permettre.

9

Il s’agit dorénavant de prendre les problèmes à bras-le- corps, si je puis dire. Les solutions viendront après les prises de conscience, un bilan honnête, sincère et désintéressé, politiquement s’entend. Il ne s’agit pas d’avoir la prétention de refaire ici le monde en un chapitre, il importe de faire l’éloge des personnes qui oeuvrent pour le bien des autres et dont l’expérience nourrit un courant positif. Les petits ruisseaux font les grandes rivières, affirme un dicton populaire. Espérons que les bonnes actions ajoutées les unes aux autres transforment notre quotidien. De fait, j’en ai l’intime conviction. Le changement d’état d’esprit de certains peut entraîner celui d’une majorité. Mais comment ? En transformant nos réflexes, nos pensées et nos modes de fonctionnement, en nous tournant vers les autres. Parlons d’amour ! L’amour ? Parfaitement. Une notion qui n’intervient pas dans les débats politiques. Et pourtant… Impulsion de vie dans le cœur des hommes, l’amour demeure l’unique motivation, la seule ressource qui subsiste quand il n’y a plus rien, ou si peu de moyens, pour défier l’absurdité. Ça n’a aucun sens ? Mais que fit parmi tant d’autres l’abbé Pierre ? Si ce n’est aimer et montrer l’exemple. C’est son modèle que suivent désormais dans les associations nombre d’hommes et de femmes touchés par la détresse de leurs semblables, ici et ailleurs, sur d’autres continents. Pour ma part, interpellée par la disparition de cet homme d’exception, je pensais rédiger la biographie d’un de ses héritiers quand j’ai croisé Xavier Griache, éducateur spécialisé depuis une dizaine d’années, confronté à l’urgence sociale. Une fois la confiance installée entre nous, ce quadragénaire, qui ne prétend pas au titre de héros, m’a

10