Une anthropologie du tatouage contemporain
178 pages
Français

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Une anthropologie du tatouage contemporain , livre ebook

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178 pages
Français

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Description

Le tatouage connaît un vif succès dans notre société. Engagement à vie, il n'autorise guère de retour en arrière. Tour à tour, le tatouage se cache, se dévoile ou s'exhibe. Mais lorsqu'on le montre, que montre-t-on, et que démontre-t-on ? Ces pages le disent bien : c'est une partie de leur identité que les "porteurs d'encres" arborent à fleur de peau. Donnant la parole à tatoueurs et tatoués, cet ouvrage analyse finement cette pratique ancestrale longtemps marginale.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 février 2013
Nombre de lectures 87
EAN13 9782296516694
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0700€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
4e de couverture
Collection Des hauts et Débats
Collection Des Hauts et Débats ,
dirigée par Pascal LARDELLIER,
Professeur à l’Université de Bourgogne
Contact : pascal.lardellier@u-bourgogne.fr

Comité éditorial :

Françoise Albertini, maître de conférences (HDR), sciences de l’information-communication, Université Pasquale-Paoli, Corte,
Claude Javeau, Professeur émérite, sociologie, Université libre de Bruxelles,
Luana Quattrocelli, maître de conférences, grec ancien, Université de Strasbourg,
Michel Melot, ancien directeur du Conseil supérieur des Bibliothèques et de l’Inventaire,
Adrian Mihalache, Professeur, culture et littérature, Université Polytechnique de Bucarest.

Titres parus ou à paraître :

Serge Chaumier, L’inculture pour tous. La nouvelle Utopie des politiques culturelles (2010)
Sarah Finger et Michel Moatti, L’Effet-médias. Pour une sociologie critique de l’information (2010)
Arnaud Sabatier, Critique de la rationalité administrative. Pour une pensée de l’accueil (2011)
Claude Javeau, Trois éloges à contre-courant (2011)
Christophe Dargère, Inconcevable critique du travail (2012)
Anne Van Haecht, Crise de l’école, école de la crise (2012)
Daniel Moatti, Le Débat confisqué : L’école entre Pédagogues et Républicains (2013)
Titre
Élise Müller



Une anthropologie du tatouage contemporain

Parcours de porteurs d’encres


Préface de David Le Breton
Postface de Pascal Tourain
Copyright

© L’HARMATTAN, 2013
5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris

http://www.librairieharmattan.com
diffusion.ha rmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr

EAN Epub : 978-2-336-28889-5
« La pensée de l’Autre, c’est la générosité morale qui m’inclinerait à accepter le principe d’altérité, à concevoir que le monde n’est pas fait d’un seul bloc et qu’il n’est pas qu’une vérité, la mienne. »

Edouard Glissant, Poétique de la Relation
Remerciements
En premier lieu, je souhaite dire ma gratitude à David Le Breton et à Pascal Lardellier pour la confiance qu’ils m’ont toujours accordée. Merci à eux de m’avoir si généreusement guidée.

Merci à mes amis et à ma famille, et en particulier à ma mère, Cathy, à Raymond, à Marilyne et à Pascal Tourain, que ce livre m’a permis de mieux connaître.

Merci aux tatoueurs pour leur accueil chaleureux. Et, bien-entendu, un immense merci à tous les « porteurs d’encres » qui ont accepté de répondre à mes multiples questions et, de fait, de partager avec moi une part de leur intimité.
Préface
« Peau d’encre »

Le tatouage est une marque corporelle courante dans les sociétés humaines. Il consiste dans l’inscription durable ou définitive de signes sur la peau à travers l’injection d’encre dans le derme. Longtemps cantonné à la marginalité, les années soixante voient un essor régulier du tatouage dans un contexte d’opposition à la guerre du Vietnam, de lutte pour les Droits Civiques, de libération des femmes, des homosexuels, de la libération sexuelle, etc. Le tatouage était plutôt masculin, populaire, machiste, souvent agressif ou scatologique, relevant plutôt de la bande dessinée, il devient ces années-là un art corporel à part entière avec l’arrivée d’une nouvelle génération de tatoueurs. Il s’ouvre définitivement aux femmes sans ternir leur réputation. Ce ne sont plus les seuls biceps ou les torses des hommes qui sont privilégiés mais maints autres endroits du corps.

Le tatouage est aujourd’hui investi comme signe d’embellissement du corps, il n’est plus nécessairement associé à la marginalité (à moins d’une volonté délibérée d’afficher des figures agressives ou obscènes, ce qui est nettement plus rare aujourd’hui). Le paradoxe du tatouage est de marquer le corps sans rémission et de devenir un signe d’identité. On se tatoue un motif à dix-huit ans mais on meurt à quatre-vingts. La métamorphose de l’apparence est inscrite une fois pour toute dans la chair, elle contribue au sentiment de soi de l’individu. Le tatouage se transforme en culture, et non plus en engouement provisoire. Cette passion envers le tatouage s’inscrit dans une ambiance sociale où le corps est perçu comme un élément de la construction de soi. Perçu comme inachevé et imparfait, l’individu se voue à la tâche de le prendre en mains et de l’ « améliorer » avec son style particulier. Dans ce beau livre, étayé par une solide étude de terrain auprès de personnes tatouées, Elise Müller rappelle les nombreuses raisons qui amènent au désir de se tatouer : esthétique, bien entendu, franchissement d’un passage, d’une période de l’existence, rassemblement de soi, création d’un mythe personnel, etc.

Les passions collectives pour les marques corporelles dépassent aujourd’hui largement le cercle de la jeunesse, mais elles touchent cependant avec force les jeunes générations. Cet attrait pour le corps remanié, décoré, n’est pas sans lien avec le surinvestissement du corps à cette période de l’existence, l’inquiétude face à un corps devenu enjeu fondamental de la relation à autrui dans ce souci de l’apparence qui hante souvent les jeunes dans le contexte contemporain. En se tatouant, en se perçant, en scarifiant son corps, le jeune en prend symboliquement possession, il le marque du sceau de son contrôle. Dans l’imaginaire d’un adolescent une aura de transgression subsiste qui lui donne, une fois tatoué, le sentiment de devenir enfin adulte. Les signes corporels sont investis avec fougue comme symbole d’une maturation personnelle et d’une attitude critique envers le reste de la société. Il s’agit de se poser en s’opposant tout en s’affiliant malgré tout à ceux qui sont dans une démarche similaire. Dans la société du look, il faut construire son image. A travers des motifs et des lieux du corps souvent différents, le tatouage confirme le garçon dans sa virilité, et la fille dans sa féminité.

La surface cutanée ainsi détachée rayonne d’une aura particulière. Erotisée, surinvestie, elle ajoute un supplément de sens et de jeu à la vie personnelle. Elle est souvent vécue comme la réappropriation d’un corps et d’un monde qui échappent, on y inscrit physiquement sa trace d’être, on prend possession de soi, on inscrit une limite (de sens et de fait), un signe qui restitue au sujet le sentiment de sa souveraineté personnelle. La marque est une limite symbolique dessinée sur la peau, elle fixe une butée dans la recherche de signification et d’identité. Elle est une sorte de signature de soi par laquelle l’individu s’affirme dans une identité choisie. Les longs témoignages recueillis par Elise Müller sont à ce propos révélateurs.

Touche d’originalité, ou vécue comme telle, le tatouage est aussi une forme de réconciliation, avec l’image d’un corps parfois déprécié et que ce supplément vient en quelque sorte corriger. Le tatouage enveloppe le corps de narcissisme. Autour de son motif l’image de soi se reconstruit de manière heureuse, il est perçu non seulement comme faisant intégralement partie du corps mais comme étant sa part la plus digne d’intérêt. Pour les jeunes générations il est un élément de choix pour apprivoiser le passage à l’âge adulte. Souvent associé à un talisman, à un bouclier contre les menaces de la vie courante, à une touche personnelle, il procure une force intérieure, une maturation.

A la fois objet privé et public, le tatouage est destiné à l’appréciation des autres, même s’il participe de l’intimité. Elément courant de la construction de soi dans un monde où il importe d’attirer l’œil avec un signifiant socialement porteur. Le répertoire de la séduction inclut désormais ces décorations cutanées qui participent de plus en plus à la mise en valeur de l’apparence. Moyens de sursignifier son corps et d’affirmer sa présence pour soi et pour les autres. Il participe à la constitution d’une géographie personnelle de la peau donnant le sentiment d’une singularisation. Le tatouage est aujourd’hui tombé dans le domaine public comme en attestent par exemple les comp

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