Usages sociaux de la déviance
235 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Usages sociaux de la déviance , livre ebook

-

235 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Description

Les habitants de la cité de la Castellane, à Marseille, entretiennent une relation singulière avec leur centre social et leur école. Mais, depuis le début des années 90, ce lien est affecté par la stigmatisation qui pèse sur cette population. Qu'en est-il du quotidien ordinaire des habitants de la cité ? L'ouvrage restitue une enquête minutieuse et au plus près de la vie quotidienne des principaux concernés, adolescents et jeunes adultes en particulier, habitants et travailleurs sociaux.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 mars 2011
Nombre de lectures 30
EAN13 9782296453586
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,1000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

U SAGES SOCIAUX DE LA DÉVIANCE

Habiter la Castellane
sous le regard de l’institution
Habitat et sociétés
Collection dirigée par Claire Lévy-Vroelant

Les recherches sur l’habitat se sont multipliées dans le monde depuis la Seconde Guerre mondiale, dans les sciences sociales et en architecture, comme dans les sciences pour l’ingénieur. Cet intérêt pour l’habitat est lié à l’augmentation des populations citadines, d’abord dans les pays industrialisés et aujourd’hui dans les pays en développement, à des changements dans la structure des familles, à la montée historique de la privatisation mais aussi aux politiques sociales de l’habitat et à l’évolution des techniques et des modalités de construction et de conception. On doit attendre de ces recherches qu’elles contribuent à l’élaboration de solutions techniques, sociales et culturelles plus adaptées à la demande des habitants. Une partie importante de travaux réalisés ou en cours reste cependant mal connue, peu diffusée ou dispersée. L’objectif de cette collection est l’édition de recherches sur l’habitat au sens large (logements, équipements, architecture, espaces publics appropriés) et la réédition de textes importants écrits dans les dernières années, en France et à l’étranger, afin de constituer une collection d’ouvrages de référence pour les étudiants, les chercheurs et les professionnels.


Dernières parutions

J LE TELLIER, A. IRAKI, Politique d’habitat social au Maghreb et au Sénégal , 2009.
N. HOUARD, Droit au logement et mixité. Les contradictions du logement social , 2009.
E. KALFF et L. LEMAITRE, Le logement insalubre et l’hygiénisation de la vie quotidienne. Paris (1830-1990) , 2008.
V. LAFLAMME, C. LEVY-VROELANT, D. ROBERTSON et J. SMYTH (sous la dir.), Aux marges du palais. Héritages et perspectives du logement précaire en Europe, 2007.
V. LAFLAMME, Vivre en ville et prendre pension à Québec (XIX e -XX e siècles), 2007.
J.P. LEVY et F. DUREAU (eds.), L’accès à la ville , 2002.
H. RAYMOND, Paroles d’habitants : une méthode d’analyse , 2001.
N. HAUMONT, Les pavillonnaires , 2001.
M.-G. DEZES, La politique pavillonnaire , 2001.
P. LASSAVE et A. HAUmOnT, Mobilités spatiales , 2001.
C. LEVY VROELANT (ed.), Logements de passage , 2000.
Nadine ROUDIL


U SAGES SOCIAUX DE LA DÉVIANCE


Habiter la Castellane

sous le regard de l’institution


Préface de Jean-Pierre Lévy


L’H ARMATTAN
© L’H ARMATTAN , 2010
5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris

http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr

ISBN : 978-2-296-12749-4
EAN : 9782296127494

Fabrication numérique : Actissia Services, 2012
Préface
Dans « La sociologie est un sport de combat » {1} , Pierre Carles suit Pierre Bourdieu lors d’une conférence-débat à la cité du Val Fourré à Mantes la Jolie. Il nous montre le sociologue emprunté, face à des travailleurs sociaux venus visiblement « régler leur compte ». Les échanges sont houleux, voire agressifs. Pierre Bourdieu, en réponse à un intervenant assimilant les sociologues à des « psychiatres de banlieue », refuse avec véhémence d’être confondu avec certains des ses confrères qui, dit-il, apportent par leurs études un soutien à la mise en œuvre des politiques publiques dans les quartiers sensibles, allant même jusqu’à les traiter de « jaunes » contribuant à l’instauration d’une « police symbolique ». Le débat se clôt sur ces propos péremptoires : « Je sais des choses (…). Je pourrais vous en dire qui vous apprendraient sur vous-mêmes ! ».
Cette scène m’a suffisamment frappé pour, qu’à mon corps défendant, elle constitue une toile de fond permanente et parfois même dérangeante de ma lecture d’un ouvrage portant sur La Castellane, cité ô combien emblématique des « quartiers Nord » de Marseille. Rapidement, une première explication de mes égarements, simple, logique et tellement évidente s’est imposée à moi. Je les attribuais à la similitude des deux contextes. Qu’y-a-t-il de si différents entre deux quartiers sensibles ? Ne relèvent-ils pas d’une même approche publique, dans leur médiatisation et leurs « traitements » politiques ? Finalement les travailleurs sociaux de La Castellane auraient pu tenir le même discours que ceux du Val Fourré et Pierre Bourdieu leur aurait sans doute fourni les mêmes réponses.
Mais les digressions de ma pensée ne venaient pas de là. La véritable cause tenait au fait que cet ouvrage constitue un démenti formel à ceux qui pensent qu’il n’existerait que des sociologues urbains ayant pour objectif d’éliminer « les maux » qu’une société dominante voudrait voir effacer de son paysage ; tout autant qu’il répond à ceux qui croient que leur apport heuristique, aussi important et fondamental soit-il, leur donne autorité sur la connaissance pratique que se construisent au quotidien les acteurs de terrain.
Aux antipodes du sociologue donneur de leçon, à l’opposé d’une démarche idéologique à vocation opératoire, Nadine Roudil choisit d’observer avec finesse et humilité la vie quotidienne des acteurs d’une cité sensible : les habitants jeunes et moins jeunes, les travailleurs sociaux et les enseignants en premier lieu. En structurant sa démarche autour de trois concepts fondamentaux : le stigmate, la norme et la déviance, elle parvient à saisir les mises en jeu et les relations complexes qu’entretiennent les trois acteurs essentiels de son cadre d’observation : la cité en tant qu’espace social, les habitants et l’institution. Elle nous entraine ainsi dans un voyage « goffmanien » passionnant au cœur de La Castellane : dans les déambulations de citadins aguerris à la pratique de territoires plus ou moins dangereux ou sécurisants ; dans le collège du quartier où les élèves apprennent à contourner des règlements plus ou moins stricts ; dans les réunions conflictuelles du centre d’Action Sociale révélatrices des normes locales instituées par les jeunes du quartier ; et même dans les séjours des adolescents en dehors de la cité, où les usages de La Castellane tentent d’être reproduits dans un contexte moins favorable.
Au terme de ce périple sociologique tout autant que littéraire, le lecteur dérouté se demandera sans doute ce que signifie réellement la déviance. Les jeunes des quartiers populaires sont-ils tous des déviants potentiels, comme pourraient parfois le laisser croire certains traitements systématiques les englobant dans une « classe dangereuse » ? Où ne sommes nous pas tous déviants par rapport « aux autres » ? Et, dans ce cas, quelle peut être la légitimité d’une institution, même reconnue socialement, à imposer une normalisation de ce qu’elle auto-érige en déviance ?
Nadine Roudil n’est certes pas la première à s’attaquer à ces questions. On sait depuis l’ouvrage fameux d’Howard Becker {2} sur les musiciens de jazz et les fumeurs de marijuana que la déviance est une réponse sociale aux tentatives de normalisation « d’entrepreneurs de morale ». Dans cette lignée, l’ouvrage confirme que ces « entrepreneurs » se recrutent autant parmi les membres des institutions normalisatrices (ici l’école en premier chef), que parmi les déviants en quête de domination par l’imposition de « contre normes ». On le voit, en s’inscrivant dans le prolongement des cadres méthodologiques de « l’interactionnisme symbolique » – ce qu’elle revendique – Nadine Roudil ne s’arrête pas, comme le font beaucoup de travaux portant sur des sites similaires, à une description des facteurs des stigmates : conditions sociales et économiques, structures démographiques, nationalités diverses et nombreuses des habitants, ou bien encore mise en place d’une politique de la ville labellisant durablement espace et habitants. Elle la dépasse par une analyse de ce que, dans un tel contexte, la dualité entre la norme et la déviance peut produire sur les rapports sociaux, le rapport au cadre de vie, ou tout simplement les projections sur l’avenir d’adultes en construction.
Pas d’angélisme donc. Si Nadine Roudil nous fait voir l’existence d’un réel attachement à La Castellane « village où tout le monde se connaît », el

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents