Vulnérabilité des enfants au Niger

Aboubacar Ismael Yenikoye

Description

Ce livre traite des résultats de deux enquêtes conduites sur les facteurs de vulnérabilité ainsi que leur incidence sur le vécu des enfants du Niger entre 1988 et 2009. Il apparaît que la majeure partie des enfants examinés est victime d'exploitation sous diverses formes que l'ouvrage met en évidence.

Sujets

• Sociologie, société et politique
• Éducation
• Sociologie
• Travail social

Informations

• Publié par: L'Harmattan
• Date de parution: 01 décembre 2011
• Nombre de lectures: 21
• EAN13: 9782296474604
• Langue: Français
• Poids de l'ouvrage: 2 Mo

Extrait

Vulnérabilité des enfants au Niger
Études Africaines
Collection dirigée par Denis Pryen et François Manga Akoa


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André-Hubert ONANA-MFEGE, Cameroun, Nigeria, ONU. Entre la force de la palabre et la primauté du droit , 2011.
Aboubacar Yenikoye Ismaël


Vulnérabilité des enfants au Niger


Enfants non scolarisés et enfants descolarisés


E TAT DES LIEUX ET PÉDAGOGIE DE PRISE EN CHARGE


L’H ARMATTAN
© L’H ARMATTAN , 2011
5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris

http://www.librairieharmattan.com
[e-mail]
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ISBN : 978-2-296-56262-2
EAN : 9782296562622

Fabrication numérique : Actissia Services, 2012
Avant Propos
Selon le Programme des Nations Unies pour le Développement : P.N.U.D, le Niger figure parmi les dix pays les plus pauvres du monde. On y relève les taux de scolarisation comptant parmi les plus faibles, mais également les plus forts taux de déperdition scolaire. A cet effet, le rendement du système éducatif interpelle, car sur 100 élèves inscrits au cours d’initiation, 36 seulement obtiennent le CFEPD {1} dont 24 sans redoublement.

L’évolution du taux brut de scolarisation au cours des dix dernières années montre cependant que de 1999 à 2009, des efforts importants ont été fournis, car la proportion d’enfants scolarisés est passée de 27% à 56,60%. Si ces chiffres mettent en évidence une disparité entre villes et campagnes, entre garçons et filles, ils mettent également en lumière l’effort important qui reste à fournir pour scolariser près de 50% d’enfants n’ayant pas encore accès à l’école.

Au total, si un enfant sur deux n’est pas scolarisé, si parmi les enfants scolarisés, deux sur trois sont en situation d’échec au terme des six premières années de scolarisation, on conçoit aisément que sur cent enfants en âge d’être scolarisés, 50 ne vont pas à l’école et des cinquante scolarisés, 18 seulement arrivent à passer le cap du CM2 {2} .

Ainsi donc, sur une cohorte de cent enfants en âge d’être scolarisés, 82 se retrouvent dans la rue au bout de six ans. Si la structure de la population fait ressortir que près de 47% de la population nigérienne a moins de 15 ans, sur une population estimée à plus de treize millions d’habitants, l’urgence apparaît quant à la nécessité d’une réflexion sur le système éducatif, l’offre d’éducation et d’une manière générale, le devenir de ces millions d’enfants confrontés à l’analphabétisme et à l’illettrisme.

Quel devenir la société nigérienne réserve-t-elle à ces 82% d’enfants non scolarisés et/ou en situation d’échec scolaire ? L’analyse de la situation sur le terrain a permis de mettre en évidence la situation de vulnérabilité de ces enfants. Elle fait ressortir que la majeure partie d’entre eux est victime d’exploitation et de trafics en tous genres. Quels sont ces trafics et quelles formes d’exploitations sanctionnent ces centaines de milliers d’enfants non scolarisés et en situation d’échec scolaire ?

Comment penser et mettre en œuvre un système éducatif qui prenne en compte la scolarisation de tous les enfants du pays et qui mette également en place des classes d’adaptation, des structures de mise à niveau pour cette importante masse d’enfants en situation d’échec scolaire ?

Analyser et comprendre la situation difficile que vivent ces milliers d’enfants non scolarisés et en situation d’échec scolaire, constitue assurément un fort plaidoyer pour la scolarisation universelle d’une part et la mise en œuvre d’un système pédagogique mettant tout à la fois l’accent sur l’offre et la qualité de la scolarisation d’autre part.

Le présent ouvrage rapporte les résultats de deux études conduites auprès d’enfants non scolarisés et en situation d’échec scolaire, avec un intervalle temporel de vingt années (la première date de l’année 1989 et la seconde de 2009).

Au cours de cette période, l’on était en droit d’attendre une amélioration significative de la situation des enfants déscolarisés et non scolarisés. Au contraire, l’on a relevé que la vulnérabilité des enfants reste une préoccupation majeure, car elle s’est manifestement accrue. Une telle situation interpelle les pouvoirs publics sur l’urgence de mettre en œuvre un système scolaire efficient, à la fois accessible à chaque enfant et leur garantissant les meilleures chances de succès.
LIVRE PREMIER Situation en 1988
1. Introduction
La situation des enfants dans le monde et en particulier dans les pays en voie de développement retient de plus en plus l’attention. Au Niger, cette problématique revêt un caractère préoccupant au regard du nombre sans cesse croissant d’enfants victimes :
de la crise économique et de la pauvreté ;
des nombreuses ruptures de foyers ;
de l’absence de scolarisation et de la forte déperdition scolaire, etc.

La liste n’est pas exhaustive et il faut sans doute déplorer que les conséquences des phénomènes suscités se chiffrent dans la majeure partie des cas en actes délictueux, en sujets marginaux ou marginalisés.

Nous allons dans les pages qui suivent examiner la situation des enfants en situation de vulnérabilité, victimes de trafics et d’exploitation en tous genres. Il convient dès l’abord de définir le concept de vulnérabilité.
1.1. Le concept de vulnérabilité des enfants
Pour la banque Mondiale « tous les enfants sont vulnérables de nature, mais certains sont plus vulnérables que d’autres. La vulnérabilité des enfants est une spirale descendante où chaque choc aboutit à un nouveau niveau de vulnérabilité, qui entraîne une série de nouveaux risques. En bas de cette spirale se trouvent les enfants qui vivent hors de la cellule familiale, ou dans des situations sévères d’abus familial et d’abandon ».

Ainsi donc, un enfant est vulnérable « s’il y a une forte probabilité que, comparé aux autres enfants dans le même pays ou région, un choc (par exemple : famine) aura un résultat négatif sur lui (par exemple : malnutrition) ». Au titre des facteurs de vulnérabilité on peut noter :

la mortalité infantile ;
un taux de vaccination bas, avec accès limité aux services de santé ;
un faible taux de scolarisation ;
un faible rendement scolaire avec des taux d’abandon et d’exclusion élevés ;
la maltraitance des enfants par la famille et/ou la communauté (harcèlement et violence) ;
l’exploitation économique et sexuelle des enfants etc. ;
le travail des enfants ;
le trafic et la traite des enfants, etc.

Qu’est ce que la traite des personnes ?
Dans la Convention Europol de 1995 « la traite des êtres humains est le fait de soumettre une personne au pouvoir réel et illégal d’autres personnes, en usant de violences ou de menaces ou en abusant d’un rapport d’autorité ou de manœuvres, en vue notamment de se livrer à l’exploitation de la prostitution d’autrui, à des formes d’exploitation et de violences sexuelles à l’égard des mineurs ou au commerce lié à l’abandon d’enfant ». D’autres tentatives de définition ont également cours.

Il faut note