L essentiel du Cameroun numéro 253
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L'essentiel du Cameroun numéro 253 , magazine presse

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Date de parution 14 juillet 2019
Langue Français
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DU CAMEROUN
Directeur de la publication: Antoine WONGO AHANDA Bi hebdomadaire d’information et d’analyseN°253 lundi 15 juillet 2019 Recépissé de déclaration N° 083/RDPOP/JO5/SAAJP VIVRE ENSEMBLE Le Cameroun a peur. Depuis quelques semaines, le Cameroun a peur de lui-même. Ce n’est pas un ennemi de l’ex-térieur qui nous menace, mais les démons des préjugés eth-niques et du tribalisme. Partie des réseaux sociaux, la vague de l’intolérance, de la stigmatisation de certaines eth-nies et les appels au génocide d’autres tribus submerge dés-ormais l’espace public. Mais dans le fond, à observer le regain du communautarisme et du repli identitaire dans le société camerounaise, on peut s’interroger. Les Camerounais ne sont-ils pas finalement tous tribalistes ? Lire notre dossier Pp.4-7 Sommes-nous
FINANCES FÉCAFOOTAMBACAM-PARIS La dette qui Le pillage de La justice inerquiète P.10 Tombi à Roko poursuittrimestre 2019, elle s’estA la fin du 1 L’ancien président de la Fécafoot vient établie àmilliards soit7 557 35,2% du d’être suspendu à vie de toute activité détournement de fonds…P.11la BASAutonome d’Amortissement (CAA). PIB selon les données de la Caisse relative au football pour des faits de P.3 CAN FÉMININE DE VOLLEY-BALLLes Lionnes championnes d’Afrique
ÉCHOS D’ÉTOUDI POLITIQUE/ ÉCONOMIE/ MONDE/ SOCIAL UNIVERSITÉS D’ÉTAT De nouveaux responsables nommés e président de la République a signé le 11 juillet dernier deux L décrets portant nominations du recteur de l’université de Douala et des responsables dans certaines uni-versités d’Etat. Ainsi, le Pr Ondoa Magloire a été nommé recteur de l’université de Douala, tandis que le Pr Chumbow Beban Sammy est désor-mais pro-Chancellor de l’université de Bamenda. Des présidents de conseil d’administration ont également été nommés : Pr Ndembiyembe Paul Célestin (université de Dschang), Abdoulaye Babale (université de Maroua), Aboubakar Sarky (univer-Aboubakar Sarky sité de Ngaoundéré) et Mme MengueAbdoulaye BabalePr Chumbow Beban Sammy Pca de l’Université de Ngaoundéré Zomo née Ntyam Ondo Suzanne (uni-Pca de l’Université de MarouaPro-Chancellor de l’Université de Bamenda versité de Yaoundé 1). Mme Mengue Zomo est magistrat hors hiérarchie à la Cour suprême et avait été élue juge de la Cour africaine des droits de l’homme et des peuples. Ancien ministre, l’actuel président du conseil d’administration de l’univer-sité de Maroua, Abdoulaye Babale, directeur général des Elections. Un autre ancien ministre, Aboubakar Sarky a également été nommé comme Pca d’université. Les autres promus sont tous des professeurs d’université (Magloire Ondoa, Paul Célestin Ndembiyembe et Chumbow Beban Sammy). Mme Mengue Zomo née Ntyam Pr Ndembiyembe Paul CélestinPr Ondoa Magloire Pca de l’Université de Yaoundé 1 Pca de l’Université de Dschang Recteur de l’Université de Douala HYDROCARBURES L’Etat seul actionnaire de la SNH A la faveur d’un décret signé le 09 juillet dernier par le président de la République du Cameroun Paul Biya, la Société nationale des hydrocarbures (SNH) est transformée en société à capital public. Blaise NnangSNH en dehors de l’Etat, mais le décret de qui lui revient en tant qu’investisseur. Elletravaille en association avec des compa- Paul Biya subodore que l’Etat n’était pas gnies pétrolières internationales, veillant fait en outre du trading pour les associés de jusque-là l’unique actionnaire de cette notamment au respect de tous les textes la SNH qui en font la demande. Les prix de société, comme c’est désormais le cas. règlementaires ainsi qu’à la maîtrise des vente des bruts camerounais sont fixés par a Société nationale des hydrocarbures Mais, les missions de la SNH quant à elles coûts d’exploitation et de production. La rapport au Brent Daté, brut de référence du (SNH) du Cameroun change donc de Ltion du champ Mvia qu’elle opère depuis de marché, ces prix présentent une décotegarde sa mission première de gérer les inté- restent presqu’inchangées. Ainsi, la SNH SNH est en outre, avec la mise en produc- marché londonien. Suivant les conditions statut. L’on apprend par un décret présidentiel signé ce 09 juillet qu’elle est« rêts de l’Etat dans le secteur pétrolier et 2009, un opérateur pétrolier à part entière. ou une surcote qui reflète la différence de transformée en Société à capital public, ayant gazier. A ce titre, elle assure la promotion, le La SNH commercialise sur le marché inter- qualité par rapport au Brent, le coût du l’Etat comme seul actionnaire ». Certes, il n’est développement et le suivi des activités national, par le biais de contrats, la part de transport jusqu’aux marchés cibles, la pas du tout aisé de dire avec exactitude qui pétrolières et gazières sur l’ensemble du ter- la production nationale de pétrole brut qui demande conjoncturelle pour ce type de détenait des actions dans le capital de la ritoire national. Dans ce cadre, l’entreprise revient à l’Etat, ainsi que la sienne propre, brut, etc.
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CAMERS.A.R.LMEDIAS
IMMEUBLE SOCIETE GENERALE CAMEROUN Carrefour des carreaux B.P : 1260 Yaoundé Contact : 655 76 80 94 essentielducameroun@yahoo.com www.camermedias.com
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N°253 lundi 15 juillet 2019 - L’ESSENTIEL DU CAMEROUN
NjAohg,meNdoAmbodoMuo-dAoz,iz,FrRaondcioslpNhgTuaénlgé,a,MMearctheideusNBaetlheahneakëal, ANnjnoegt,tNeoOmliongMao,dBo,élFirsaencHisiolN,gNuaéltéh,alNieathAahliaendAah,aNndaadège NRyeelmecetcukre: Lionel Owona Relecture: Lionel Owona W bmastercis Ahanda: Jean-Fra WCeobmmaesrtceira:lJeetaMn-aFrrkaenticnisg:AhRaongdear Ngonda Yusi Commercial et Marketing: Roger Ngonda Yusi Souti n techniqueNdas bou: Thomas Aurélie SeotutBioernistMecahnndiaquNeko:dTohomas Aurélien Ndassibou, Boris MSatnadgaiaiNrkeosd:oeMteArcliceedeTshèBcelleeBhealkla, Alice Thècle Balla, StDaégsiiariéresTr:éRsorseMBbeortuilnleé,MSbanmgi,raAtronuauHdaEmvaindao,u,CaRmoilsle OBliveiratilAleyiMssbiang Conception Graphique: Conception Graphique: LaLuaruernetntAABBAAHH©©CCRREEATAITVIVEETTHIHNINKK(+(+333778630195253275)) MPircohdelucMtiboilnla:Eric Azegue PIromdpurectsisosnio:nE:riScOAPzEeCgAueMTirage: 4000 exemplMaires Impresssion: SOPECA TiDriasgtreib:u4ti0o0n0:eExriecmApzleaigrueesDihsttrpibs:u//tiwonw:wE.friaceAbzoeogku.ceo, Jmo/sEespshenNtkieolCmaemdoeroun https://www.facebook.com/EssentielCameroun
INFOS DE LA SEMAINE POLITIQUE/ ÉCONOMIE/ MONDE/ SOCIAL SACCAGE DE L’AMBACAM PARIS Les auteurs devant la justice française Les auteurs du saccage de à Paris qui ont saccagé les locaux de l’ambassade du Cameroun à Paris ont été identifiés et la procédure judiciaire engagée à leur en-contre est lancée. C.Mdocuments volés à l’ambassade. Quant aux passeports déjà établis, ils contac-taient les victimes de documents volés avec la promesse de les aider à les retrou-ors du saccage de l’ambassade du ver contre rémunération en liquide. Cameroun à Paris, les activistes de L Après avoir réuni toutes les preuves com-la brigade anti-sardinards avaient promettantes contre les casseurs de la profité de l’occasion pour détruire le BAS, l’AmbaCam Paris a déposé une mobilier, soutirer et emporter une cen-plainte. C’est ce qui explique la convoca-taine de passeports établis et vierges, des tion de ces deux têtes de fil le 11 juillet actes de naissance, des timbres fiscaux , devant le juge pénal pour qu’ils répon-l’argent, les diplômes, autres documents dent de leurs actes de vol avec effraction, officiels et objets précieux. recel et vente de documents officiels en C’est grâce aux caméras de surveillance bandes organisées. de l’ambassade que les auteurs Wanto, La preuve que si la France est un pays Tchapt-chet, Max Senior Ivoire et les des libertés, elle n’est pas la terre de l’im-autres ont été identifiés. punité. Les membres du BAS ayant fait partie du L’un des meneurs de l’assaut sur l’am-commando du 26 janvier à l’AmbaCam bassade le 26 janvier dernier, Robert Paris auraient par la suite mis en place un Waffo Wanto, surnommé « général vaste de réseau de vente illicite desdits Wanto » s’est rendu au premier district documents officiels sur le marché noir de police judiciaire de la direction régio-des Camerounais sans-papiers. nale de la police judiciaire à Paris le 11 Organisés en bande, certains avaient juillet 2019. L’ouverture d’un feuilleton pour rôle de trouver les clients pour les judiciaire.
APPEL AU GÉNOCIDE DE NGANANG La pétition qui condamne
L’initiative du Pr Antoinette Carole Grace Mbarga est destinée aux Nations et aux universités dans lesquelles intervient Patrice Nganang comme l’enseignant.
C.M.
’intitulé de la pétition est clair :« Chers Professeur Patrice Nganang, le monde est L contre vos appels au génocide au Cameroun. » Le 05 juillet 2019 en effet, Patrice Nganang, connu comme un farouche oppo-sant au régime en place à Yaoundé, multiplie des provocations et joue parfois avec le feu.
Retranché dans un« paradis »aux États-Unis d’Amérique, pays qui lui a par ailleurs offert la nationalité, il veut mettre le feu aux poudres afin d’embraser le Cameroun. Mais dans la même situation, avec le même statut, dans le même pays, il a en face une dame, de son rang, Professeur Antoinette Carole Grace Mbarga, éducatrice et activiste communautaire d’origine came-rounaise, également installée aux États-Unis. Dans sa démarche visant à contrer l’appel
au génocide bulu au Cameroun, elle veut surtout présenter aux yeux du monde l’état d’esprit de Patrice Nganang qui côtoient les étudiants dans les campus et les autres citoyens américains dans des lieux publics. L’auteur de cette pétition invite les citoyens du monde à la signer. Pr Carole Grace Mbarga avance quelques raisons :« en signant cette pétition, nous citoyens du monde, voulons envoyer un message fort d’espoir et d’amour au peuple camerounais, alors que nous
sommes solidaires des objectifs de leur commu-nauté, qui est de préserver la paix et l’unité », souligne l’activiste camerounaise mal connue du grand public. « Nous renouvelons notre engagement de pren-dre position contre la cyberinti-midation, le cyberterrorisme et la xénophobie…Nous rejetons fermement les idées de génocides de masse et continuerons à œuvrer de concert pour trouver des solutions durables au règlement des conflits en ces temps difficiles. »
MRC 39 militants du parti libérés Arrêtés fin janvier à la suite d'une manifestation, ces militants ont retrouvé la liberté dans la nuit de13 juillet. B.N.organisées dans plusieurs villes du bunal militaire de Yaoundé pour y être un document judiciaire,« avoir commis les Cameroun le 26 janvier 2019. En février, le jugées. La date du procès n'est pas encorefaits d’insurection, hostilité contre la patrie, président du MRC et plusieurs militants ont connue.rébellion, réunion et manifestation, attroupe-été présentés devant le tribunal militaire de Plusieurs charges pèsent toujours contre lement à caractère politique, vompliccité d’oou-armi les militants libérés de la prison Yaoundé, où une information judiciaire a président du MRC Kamto Maurice et plu-trage au président de la République, complicité centrale de Yaoundé, le président du P été ouverte à leur encontre. Le président du sieurs autres de militants et sympathisantsde dégradation des biens publics, entre autres ». Mouvement pour la renaissance du MRC, Maurice Kamto, et les autres respon- de son parti : Dzongang Albert, Penda Il faut rappeler que leurs avocats avaient Cameroun (MRC) Maurice Kamto et les sables du parti arrêtés en janvier sont, eux, Ekoka Christian, Djamen Célestin, Abe Abe saisi début avril dernier le groupe de travail autres responsables de ce parti arrêtés à maintenus en détention. Selon leurs avo- Gaston (Valsero), Fogue Tedom Alain, sur la détention arbitraire des Nations leurs côtés n’en font pas partie. Maurice cats, Maurice Kamto et 103 autres per- Kingue Paul Eric et Ndocki Michèle Sonia unies, dénonçant leur incarcération« arbi-Kamto a été arrêté, ainsi qu’environ 150 sonnes doivent être renvoyées devant le tri- Martine. Ces derniers sont reconnus, selontraire ». personnes, à la suite des manifestations
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DOSSIER POLITIQUE/ ÉCONOMIE/ MONDE/ SOCIAL MONTÉE DU TRIBALISME L’Unité nationale en déconstruction avancée Le repli identitaire consacre la montée du tribalisme avant qu’il ne soit trop tard ? De quels moyens dis-au Cameroun. Et le discours de haine qui s’en suit pose-t-on pour adresser ce problème et pour quelle dans les médias et amplifié par les réseaux sociaux efficacité ? A ces questions et à bien d’autres, inquiète autant qu’il déconcerte. Comment expliquerL’essentiel du Camerountente d’apporter quelques cette montée dangereuse du tribalisme ? Quels sont éléments de réponse en s’appuyant sur les faits et des les architectes de ce phénomène ? Quels sont leurs analyses. méthodes et comment barrer la route à ce phénomène Christophe Mvondo
e repli identitaire se cristallise. Le discours de haine détient la palme paLsses-d’armes et l’invective règnent en d’or sur les réseaux sociaux où des maître et venant parfois des profils les plus insoupçonnés : des PHD, des pro-fils de professeurs des universités, des personnalités politiques connus ou res-pectés. Ils déversent tous leur bile face à l’arrogance des uns et des autres, face à ce qu’ils considèrent à tort ou à raison comme de l’injustice, de la provocation, etc. Les uns sont présentés comme les tenants du pouvoir politique qu’ils n’en-tendent pas lâcher, les autres le rappel-lent à qui veut l’entendre, qu’ils détien-nent le pouvoir économique qu’il faut combiner avec le pouvoir politique pour un exercice total du pouvoir au Cameroun. Pour ces derniers et leurs attaches dans la diaspora, l’élection pré-sidentielle du 7 octobre 2019 était une rampe de lancement, le moment de réa-liser ce rêve, peu importe le résultat des urnes. Du coup, tous ceux qui n’ont pas cru devoir donner leurs suffrages au candidat de leur choix sont pris à partie, pourchassé avec une extrême violence. Le contentieux post électoral a donné lieu à des joutes politiques qui a ramené les Camerounais à la tribu devant le Conseil constitutionnel au point de sus-citer des interrogations. Ce discours a excité des masses, donné des idées aux suiveurs, mettant à mal des idéaux d’unité et d’intégration nationales dont la construction, initiée par les pères de nation et de l’indépendance du Cameroun, n’est pas encore achevée. Les hommes politiques, comme en 1992, tentent encore de mettre à mal l’unité nationale. Des exactions inacceptables ont été commises dans plusieurs com-munautés, causant des décès de citoyens et mêmes des autorités administratives. Des représailles ont failli embraser notre cher et beau pays. Mais le gouverne-ment a tenu bon en enrayant toutes les velléités manifestées. Le Camerounais de l’Ouest, de l’Extrême-nord, du Littoral, du Sud-ouest, vit en bon harmonie aujourd’hui avec ses concitoyens du Sud, de l’Est où les liens se sont solidifiés et ceux dits allogènes parfaitement intégrés au sein des communautés d’accueil avec qui ils ne forment plus qu’une seule et même famille. Les mariages intertribaux qui
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s’en suivent sont le ciment de cette unité qui développe les liens de sang entre les Camerounais du Nord au Sud et de l’Est à l’Ouest, jusqu’à ce que des politiciens, avides de popularité et démunis d’argu-ments politiques viennent rappeler aux uns qu’ils ne sont pas chez eux, et aux autres qu’ils se font envahir. La graine de la haine et semée. La méfiance germe, le discours change. L’élection présidentielle d’octobre 2018 a exacerbé le phénomène. Alors qu’on croyait encore aux bonnes blagues et provocations auxquelles les Camerounais se livrent si souvent, on a vite compris que les termes Tontinards et Sardinards ne relevaient plus de la blague mais à une véritable ingénierie de combat qui a identifié ses cibles et préparé une « guerre » dont les première répercussions surprennent le Camerounais ordinaire. Pourchasser ceux qui soutiennent le régime, c’est un combat. Mais on a aussi vu certains sou-tiens du régime séjourner en Europe sans être inquiétés par une certaine bri-gade. Un « bannissement sélectif » qui fait craindre que l’unité nationale qui est le ciment de notre nation soit en décons-truction avancée.
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DOSSIER POLITIQUE/ ÉCONOMIE/ MONDE/ SOCIAL MONTÉE DU TRIBALISME ACTES DE TRIBALISME On flirte avec la ligne rouge au Cameroun Le repli identitaire était jusque-là exacerbé par des acteurs politiques pour leurs intérêts égoïstes, mais l’appel de Patrice Nganang pour le génocide des Bulu est un cap inquiétant jamais atteint au Cameroun. Blaise Nnangregroupement de certaines ethniess’en séparer « froidement », de même que les enfants issus de ces dans des endroits bien précis dans unions. Il s’agit tout simplement là les villes camerounaises, qui sont d’un appel au génocide d’une ethnie également des manifestations du tri-a condamnation publique par une autre, un niveau de repli balisme. On rencontre ainsi assez quasi unanime de l’appel de L identitaire jamais atteint au souvent des appellations comme Patrice Nganang est à la Cameroun. quartiers « Bamiléké, Haoussa, mesure de l’inquiétude suscitée par Si l’appel de Patrice Nganang a Ewondo, Bassa », etc. A ces regrou-les propos de ce dernier. Ce citoyen atteint le seuil de l’intolérable, il reste pements ethniques, on peut adjoin-américain d’origine camerounaise que le tribalisme a presque toujours dre les associations à caractère tribal, s’était jusque-là illustré par des été présent, même de manière sour- les comités de développement des déclarations à la limite de l’accepta-dine, dans les habitudes des ressortissants de telle ou telle com-ble sur le Cameroun. Mais il y a peu Camerounais. Cet obstacle à l’unité munauté, etc. de temps, il est sans doute allé trop nationale, tant réclamée dans les dis- Une autre manifestation du repli loin dans ses diatribes contre son cours officiels des acteurs politiques identitaire au Cameroun, c’est à tra-pays d’origine. Dans une vidéo au Cameroun, s’est pourtant assez vers les recrutements dans des admi-d’une quinzaine de minutes diffusée souvent manifesté dans les résultats nistrations tant publiques que pri-sur les réseaux sociaux, il appelle des consultations électorales. Les vées. L’origine tribale étant souvent clairement l’une des communautés bassins électoraux des différents can- le critère de sélection au détriment du Cameroun, notamment celle didats ayant pour le moins une de la qualification. Il n’est donc sou-dont il appartient, plus connue sous connotation tribale. Toute chose qui vent pas surprenant que le dialecte l’appellation de l’ethnie « Bamiléké constitue un handicap pour ceux d’un ministre ou d’un directeur », de la région de l’Ouest du veulent briguer la magistrature général remplace les langues offi-Cameroun à se mobiliser afin de se suprême car, il est tout à fait illusoire cielles. Cette manifestation de triba-défendre pour éliminer une autre, de prétendre diriger le Cameroun lisme est très souvent caractérisée notamment les « Bulu » qui sont au sur la seule base tribale, le par les célébrations organisées au Sud du pays. Plus grave, il appelle Cameroun étant constitué d’un village par des responsables venant ceux de ses « frères » ayant épousé microcosme d’ethnies. Non moins de bénéficier d’un décret ou d’une des femmes ou des hommes issus de négligeable également, c’est le nomination. l’ethnie qu’il veut voir exterminée à
RÉACTIONS
Robert Bapooh Lipot Député UPC
C’est avec stupéfaction que nous avons suivi cet appel d’extrême gravité faisant l’apologie et même appelant carrément au génocide d’une communauté camerou-naise par une autre. Nous condamnons cette énième dérive venant de ce monsieur… Le gouvernement de la République doit prendre les mesures nécessaires pour que des dérives aussi graves puissent être portées devant les juridictions nationales et internationales.
Jean Simon Ongola Député RDPC)
Les appels au génocide de M. Nganang relèvent de ce qu’il peut être convenu d’appeler une véritable pathologie psychiatrique et méritent d’être considérés comme tel dans le contexte actuel. Tous ceux qui, dans l’histoire, se sont aventurés dans cette entreprise, ont été condamnés par la communauté internatio-nale. Le principe de précaution exige que des procédures judi-ciaires assignent à titre préventif M. Nganang en justice dans son lieu de résidence.
Marianne Simon-Ekanè, Secrétaire nationale chargée des Relations avec l’extérieur au Manidem « Les appels au meurtre lancés par ce monsieur sont inac-ceptables, dangereux, et doivent être condamnés par tous. Car il existera toujours des esprits faibles ou égarés pour les prendre à la lettre. Cette haine de l’autre nous renseigne sur son insatisfaction de sa propre condition, et il veut en faire une insatisfaction globale de toute une tribu dont il n’est nullement le représentant, et qui ne lui a rien demandé.... »
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Lazare Soub Député MRC
Ce n’est pas une bonne chose pour notre pays. Savent-ils ce que signifie un génocide? C’est la guerre sans partie, la haine totale. Cela m’indigne. Le Cameroun a besoin de paix. Quelques soient les dif-ficultés, on ne peut pas aller jusqu’à faire appel au génocide.
Pierre Laoussou Député MDR
Je m’oppose farouchement à tous ceux qui appellent à la haine, au génocide et toute attitude qui vise le repli identitaire. Au Cameroun, nous avons une foultitude de tribus et c’est un avantage parce que c’est une richesse.
Dr Jean Paul Mbia Politologue
« Mon collègue Patrice Nganang est un schizophrène mû par des relents pré-terroristes. Animé par une névrose obsessionnelle, il a structuré un combat qui ne peut prospérer dans un périmètre national où les valeurs républicaines de paix sociale et de cohésion nationale (au sens de Ernest Renan qui objecte de la nécessaire appartenance à un sentiment commun, des us et coutumes et institutions identiques) sont consensuellement acceptées par des voies électorales et référen-daires (1972), et ce dans une ligne de concaténation…». 5
DOSSIER POLITIQUE/ ÉCONOMIE/ MONDE/ SOCIAL MONTÉE DU TRIBALISME RÉSEAUX SOCIAUX L’amplificateur du discours haineux
Ces plateformes numériques servent de terrain d’expression d’un discours ethnique, d’un repli identitaire et d’une montée en puissance du tribalisme au Cameroun.
Mercedes Beleheka
ui dira qu’il n’a pas encore été témoin d’une publication à carac-Q tère tribal, violent ou haineux sur les plateformes numériques ? certaine-ment aucun Camerounais. En effet au quotidien, les réseaux sociaux à l’instar de Facebook, WhatsApp ou encore Telegram servent de vitrine au discours haineux exprimés par de milliers de Camerounais. Certaines pages en ont d’ailleurs fait leur activité principale sur Facebook mais se réclament pourtant républicaines et patriotiques. Celles-ci sont suivies par des milliers d’internautes partisans et non partisans de ces pratiques. Chose curieuse quand on sait que la diversité culturelle, ethnique et tribale a toujours représentée une richesse pour le Cameroun. Conscient de ces dérives et de leur ampleur aussi bien sur les réseaux sociaux que sur les plateformes traditionnelles, l’organe de régulation des médias qu’est le Conseil national de la communication (CNC) a organisé en septembre dernier un séminaire à l’intention des profession-
nels des médias. « De plus en plus, l’on observe dans les médias, la publication d’informations et la diffusion de pro-grammes mettant en exergue des paroles haineuses et des propos incitant à la vio-lence. Comme conséquence de ce qui pré-cède, l’intolérance et le terrorisme s’acti-vent au quotidien à disséminer une nui-sance universelle, qui produit des dégâts incommensurables. Ce déferlement géné-ralisé de la haine trouve souvent un ter-rain d’expression dans les médias. Au Cameroun, tout l’espace médiatique est
concerné, qu’il s’agisse de l’audiovisuel, de la presse écrite ou de la cyberpresse où l’urgence est le plus signalée (…) Il s’avère indispensable de réduire le dis-cours de haine à sa plus simple expression dans les médias, dont la double fonction d’information et de reliance sociale doit privilégier les valeurs essentielles que sont la sincérité, l’objectivité, l’honnêteté et le patriotisme ». Neuf mois après ledit séminaire, le constat est clair : le Cameroun continue de faire face au regain de tribalisme marqué par
un discours de plus en plus ethnique et un repli identitaire sur les réseaux sociaux. Pour l’expert consultant en droit international des investissements, médias et Laws conseils, l'objectif ce cette montée du tribalisme sur ces plateformes numé-riques est de« positionner l'ethnie autant que possible au cœur de l'échiquier national pour profiter des meilleures positions de repré-sentation et bénéficier de la plus grosse part dans la redistribution des rentes issues du par-tage du gâteau national ».
PARTIS POLITIQUES De la régionalisation au tribalisme Les propos irresponsables de certains hommes politiques entretiennent la haine tribale qui se nourrit de la régionali-sation des partis politiques. Marc Moungaintellectuels faussaires, ils ont mis au même niveau leurs énoncés subjectifs et le discours scientifique, apportant une caution scienti-fique aux projets tribaux.« Le modèle de gou-u Cameroun, le tribalisme, phéno-vernance favorise insidieusement la montée du mène qui se vit de manière ouverte acteAurs publics. Généralement, les politi-permettent plus un brassage des populations », sentiment tribal. Les affectations par exemple ne ou subtile, est entretenu par certains estime le géo-stratège.« Nous ne sommes ciens sont sur la sellette, à travers leur dis-plus au niveau du tribalisme, nous sommes plus cours politique tribal. Il s’en suit une gestion proche d’un génocide », remarque pour sa part tribale et ethnique des formations poli-un observateur de la scène socio-politique tiques, voire, leur régionalisation avec pour du Cameroun qui a requis l’anonymat. idéologie, celle de la« tribu dominante ». Le tribalisme étant l'expression la plus Aujourd’hui, il s’avère urgent pour les pou-aboutie de la méconnaissance de l'autre voirs publics de prendre leurs responsabili-dans son altérité, même l’Eglise a quelque tés, face à ce phénomène qui est de nature à peu échoué. Elle a cessé d'être universelle désagréger le tissu social. L’on a en pour épouser des particularismes eth-mémoire les soubresauts des années 90, au niques, à l’exemple des paroisses dites moment où l’on observe le pouvoir amplifi-bamoun, bamileke ou bassa. Mais structu-cateur des réseaux sociaux. rellement, c'est bien le projet national qui a Selon le Dr Raoul Sumo Tayo, géo-stratège, échoué car l’on a naïvement cru que la « les chefs d'État successifs n'ont pas réussi à construction de la nation camerounaise promis permanent. appartenances primaires. Et le plus souvent, faire d'un tas un tout ». Bien plus, les élites pouvait faire l'économie de la phase eth- Il y a aussi l'épineuse question du partage les propos irresponsables des hommes poli-instrumentalisent l'ethnicité à des fins de nique. Aujourd'hui, l’on assiste à un retour des ressources matérielles et symboliques. tiques ne sont pas pour arranger les choses. captation du vote. Certains font de la mobi-du refoulé, à un déferlement d'arriérés his- Ainsi, les difficultés de la vie quotidienne lisation des appartenances primaires, un toriques. Et pourtant, la nation est un com- poussent les gens à se cramponner sur les fonds de commerce politique. Quant aux 66 N°253 lundi 15 juillet 2019 - L’ESSENTIEL DU CAMEROUN
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