Discours de la Grande chancelière de Côte d Ivoire, Henriette Diabaté, à l occasion de l hommage posthume à Jean Hélène, le 21 octobre 2013
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Discours de la Grande chancelière de Côte d'Ivoire, Henriette Diabaté, à l'occasion de l'hommage posthume à Jean Hélène, le 21 octobre 2013

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1 Cérémonie d’Hommage à Jean Hélène Décoration à titre posthume 21 octobre 2013 Les distinctions à titre posthume sont, pour ceux qui en ont la charge, des moments délicats. En effet, elles tombent souvent sous le coup des réflexions de ceux qui pensent : « il fallait le faire avant sa mort !». Si pour les seniors cette remarque sonne juste, pour une personnalité comme Christian BALDENSPERGER dit Jean Hélène, disparu à 50 ans, dans les circonstances effroyables que l’on sait, cette réflexion perd de sa pertinence. Lorsqu’en octobre 2003, survint sa mort brutale, dans la République tourmentée dans laquelle nous vivions alors, la société toute entière était partagée. D’une part, la stupeur et l’incrédulité ; d’autre part, la tentation de passer ce crime en pertes-et profits. Le dialogue politique restait difficile, la cohabitation des populations compliquée. La méfiance avait infiltré les relations sociales. Dans ces conditions de grande tension, qui pouvait lever le petit doigt pour suggérer une médaille pour Jean Hélène ? Qui pouvait y penser et qui pouvait le réclamer ? Heureusement, les temps ont changé. Aujourd’hui, c’est possible de saluer la mémoire, le combat de Jean Hélène. C’est possible de lui rendre hommage et de rappeler les valeurs et les vertus dont sa vie fut l’illustration ininterrompue. Encore fallait-il que quelqu’un en prenne l’initiative. C’est le lieu de féliciter Mme Le Ministre de la Communication, Mme Affoussata Lamine Bamba.

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Publié le 25 octobre 2013
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Langue Français

Extrait

1
Cérémonie d’Hommage à Jean Hélène Décoration à titre posthume
21 octobre 2013
Les distinctions à titre posthume sont, pour ceux qui en ont la charge, des moments délicats. En
effet, elles tombent souvent sous le coup des réflexions de ceux qui pensent :« il fallait le faire
avant sa mort !seniors cette remarque sonne juste, pour une personnalité comme». Si pour les
Christian BALDENSPERGER dit Jean Hélène, disparu à 50 ans, dans les circonstances
effroyables que l’on sait, cette réflexion perd de sa pertinence.
Lorsqu’en octobre 2003, survint sa mort brutale, dans la République tourmentée dans laquelle
nous vivions alors, la société toute entière était partagée. D’une part, la stupeur et l’incrédulité ;
d’autre part, la tentation de passer ce crime en perteset profits.
Le dialogue politique restait difficile, la cohabitation des populations compliquée. La méfiance
avait infiltré les relations sociales.
Dans ces conditions de grande tension, qui pouvait lever le petit doigt pour suggérer une
médaille pour Jean Hélène ? Qui pouvait y penser et qui pouvait le réclamer ?
Heureusement, les temps ont changé. Aujourd’hui, c’est possible de saluer la mémoire, le
combat de Jean Hélène. C’est possible de lui rendre hommage et de rappeler les valeurs et les
vertus dont sa vie fut l’illustration ininterrompue.
Encore fallaitil que quelqu’un en prenne l’initiative.
C’est le lieu de féliciter Mme Le Ministre de la Communication, Mme Affoussata Lamine
Bamba.
Ce faisant, elle démontre le grand cas qu’elle fait des conditions d’exercice du métier de
journaliste, et elle nous invite au nécessaire travail de mémoire, sans lequel les processus
d’apaisement des cœurs et des esprits se condamnent à traîner en longueur.
Mesdames et messieurs,
Quand Jean Hélène arrivait à Abidjan, il était, pour ainsi dire déjà connu; même si, en bon
journaliste de radio, son visage restait méconnu.
En effet, les interventions remarquées de Jean Hélène à Mogadiscio en Somalie, à Kigali au
Rwanda, à Libreville au Gabon et j’en passe, nous avait rendu sa voix familière avant son arrivée
en Côte d’Ivoire.
Jean Hélène n’était ni arbitre, ni juge de touche, mais plutôt un catalyseur, un homme de terrain,
remarquable par son professionnalisme et sa discrétion, un journaliste soucieux de couvrir, au
plus près, les évènements qui, de jour en jour, défiguraient notre pays.
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C’est à cette fin, qu’il donnait la parole aux différentes parties prenantes au conflit, pour
aménager une place au débat et à la parole désarmée. Il faisait parler les gens dans la mêlée ;
mais lui, parlait toujours au dessus de la mêlée, sans passion, avec une lucidité brûlante. C’était
un révélateur des tensions qu’il rendait audibles.
Comme une torche toujours allumée, ses reportages révélaient la profondeur de la crise
ivoirienne.
On peut se demander si dans cette situation d’impasse et de danger, il était vraiment nécessaire
d’agir comme il l’a fait ? Et si dans un tel contexte, le métier de journaliste garde encore un
sens ? La réponse de Jean Hélène, est «oui»,bien sûr.
Lui qui a fait Rwanda 1994 aurait pu dire en connaissance de cause : «c’est sur les ondes des
radios et des télévisions que poussent et prolifèrent les armes de la haine ; et le traitement
équitable de la parole des protagonistes d’une crise, par la radio et la télévision, peut aider à les
apaiser
Oui, parce que la confrontation équitable des idées, sur le même organe, en l’occurrence Radio
France Internationale, redonnait l’initiative au débat, et par conséquent, repoussait le temps de la
violence et de la brutalité.
Assurément, Jean Hélène était courageux. Il a dépassé nos peurs, sans jamais reculer devant les
probabilités d’échec. Il a développé un sens aigu de l’unité du monde, qui a besoin de l’action de
chacun des hommes et de chacune des femmes pour garder ouvertes les perspectives vers
l’apaisement et la justice.
* * * Puisse l’exemplarité de son professionnalisme et de son courage nourrir nos démarches ; de sorte
que, sur le chemin de l’épreuve du devoir d’informer, les journalistes de Côte d’Ivoire et
d’ailleurs, retrouvent le sens de la noblesse de ce métier, si beau et si sensible à la fois.
Puisse la célébration de la mémoire de Jean Hélène nous inspirer tous, afin que l’histoire ne se
répète pas et que chacun de nous veille à ce que la facilité de tuer ne l’emporte plus sur le
devoir et la liberté d’informer, et de former les consciences.
Je vous remercie.
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