:͛Ăŝ ǀŝŽůĠ͘Vous violez. Nous violons.
4 pages

:͛Ăŝ ǀŝŽůĠ͘Vous violez. Nous violons.

-

YouScribe est heureux de vous offrir cette publication
4 pages
YouScribe est heureux de vous offrir cette publication

Description

:͛Ăŝ ǀŝŽůĠ͘Vous violez. Nous violons. >Ğ ǀŝŽů Ă ĐĞƚƚĞ ĐĂƉĂĐŝƚĠ ă Ɛ͛ŝŵŵŝƐĐĞƌprécisément là oùů͛ŽŶ Ɛ͛LJ ĂƚƚĞŶĚ ůĞ ŵŽŝŶƐ͘ /ů LJ Ă ƵŶ ĂŶ Ğƚ ĚĞŵŝ͕ ũ͛Ăŝ ǀŝŽůĠ ŵĂ ĐŽƉŝŶĞ͘ >Ğ ƌĞĐŽŶŶĂŝƚƌĞ ĞƐƚ ĐĞƌƚĂŝŶĞŵĞŶƚ ĂƵƐƐŝ ŝŵƉŽƌƚĂŶƚ ƋƵĞ ĚĞ ů͛ĠĐƌŝƌĞ͘ džƉůŝƋƵĞƌ les faits, recontextualiser ne sera pas le but de cette lettre.>Ğ ǀŝŽů ƋƵĞ ũ͛Ăŝ ĨĂŝƚ ĞƐƚ ĐĞƌƚĂŝŶĞŵĞŶƚ Ě͛ƵŶĞ banalité extrême et dangereuse. La singularité de la situation doit donc être ignorée.>Ğ ǀŝŽů Ŷ͛Ă ƉĂƐ ĚĞ contexte. Il a des explications tout au plus. Le discours que je vais tenir est délicat puisque ne sera ĞŶƚĞŶĚƵ ƋƵ͛ă ƚƌĂǀĞƌƐ ůĞ ƉƌŝƐŵĞ ƋƵĞ ĐŚĂĐƵŶ Ă ĚƵviol et de celui qui le commet. Le violeur attise le ĚĠŐŽƵƚ͕ ůĂ ŚĂŝŶĞ Ğƚ ůĂ ƌĂŐĞ͘ /ů LJ Ă ƋƵĞůƋƵĞƐ ŵŽŝƐ͕ ũ͛ĂƵƌĂŝƐ ƉƌŽďĂďůĞŵĞŶƚ ĚĠƚĞƐƚĠ ůĂ ƉĞƌƐŽŶŶĞ ƋƵŝ ĞƐƚ ĞŶ ƚƌĂŝŶ Ě͛ĠĐƌŝƌĞ ĐĞƐ ŵŽƚƐ͘ dŽƵƚ ĐĞůĂ ĞƐƚ ĐŽŵŵƵŶ͘ >Ğ ŵŽƚ ĞƐƚ ďŝĞŶ ĐŚŽŝƐŝ͘ Une relation Ma relation avec elle était passionnelle, sans limites ni garde-fou, extrême. Exactement ce que ũ͛ĂŝŵĂŝƐ͘ >͛ŝŶƚĞŶƐŝƚĠ ƋƵ͛ĞůůĞ ŵĞ ƉƌŽĐƵƌĂŝƚ ŵĞ ĨĂŝƐĂŝƚ ƉƌĞƐƋƵĞ ŽƵďůŝĞƌ ŵĂ ǀŝĞplate et monotone. Siů͛un de nous deux proposait de nouvelles bandes blanches à ne pas franchir, il était immédiatement moqué. Et on aimait ça.

Informations

Publié par
Publié le 04 mars 2021
Nombre de lectures 12

Extrait

J’ai violé.Vous violez. Nous violons.
Le viol a Đette ĐapaĐitĠ à s’iŵŵisĐeƌprécisément là oùl’oŶ s’LJ atteŶd le ŵoiŶs. Il LJ a uŶ aŶ et deŵi, j’ai violĠ ŵa ĐopiŶe. Le ƌeĐoŶŶaitƌe est ĐeƌtaiŶeŵeŶt aussi iŵpoƌtaŶt Ƌue de l’ĠĐƌiƌe. EdžpliƋueƌ les faits, recontextualiser ne sera pas le but de cette lettre.Le viol Ƌue j’ai fait est ĐeƌtaiŶeŵeŶt d’uŶe banalité extrême et dangereuse. La singularité de la situation doit donc être ignorée.Le viol Ŷ’a pas de contexte. Il a des explications tout au plus. Le discours que je vais tenir est délicat puisque ne sera eŶteŶdu Ƌu’à tƌaveƌs le pƌisŵe Ƌue ĐhaĐuŶ a duviol et de celui qui le commet. Le violeur attise le dĠgout, la haiŶe et la ƌage. Il LJ a ƋuelƋues ŵois, j’auƌais pƌoďaďleŵeŶt dĠtestĠ la peƌsoŶŶe Ƌui est eŶ tƌaiŶ d’ĠĐƌiƌe Đes ŵots. Tout Đela est ĐoŵŵuŶ. Le ŵot est ďieŶ Đhoisi.
Une relation
Ma relation avec elle était passionnelle, sans limites ni garde-fou, extrême. Exactement ce que j’aiŵais. L’iŶteŶsitĠ Ƌu’elle ŵe pƌoĐuƌait ŵe faisait pƌesƋue ouďlieƌ ŵa vieplate et monotone. Sil’un de nous deux proposait de nouvelles bandes blanches à ne pas franchir, il était immédiatement moqué. Et on aimait ça.L’edžĐlusivitĠ et la ĐoŵpledžitĠ de Đe duo ƌeŶdait vaiŶe toute ĐƌitiƋue à soŶ Ġgaƌd. Nous ĐoŶstƌuisioŶs l’illusioŶ d’uŶe oďjeĐtivitĠ Ƌui a iŶvisiďilisĠ les piƌes aĐtes, doŶt Đe viol fait paƌtie.Un « jeu de rôle » que je découvre malsain a pu naitre : celui de celle qui fait semblant de ne pas avoir envie, et de l’autƌe Ƌui est violeŶtet Ƌui Ŷe l’est jaŵais assez. Il fallait tout essaLJeƌ, tout Ġpƌouveƌ, siŶoŶ Ŷotƌe relation perdait son essence. Les seules limites Ƌu’oŶ dĠĐouvƌait ĠtaieŶt Ŷos destƌuĐtioŶs ŵutuelles, ŵġŵe si auĐuŶe leçoŶ Ŷ’eŶ Ġtait tiƌĠe.Un violNous Ŷous sĠpaƌioŶs ŵġŵe si eŶ ƌĠalitĠ Ŷous ĠtioŶs dĠjà dissoĐiĠs l’uŶ l’autƌe. Le «Je Ŷe t’aiŵe plus» Ƌue j’ai pƌoŶoŶĐĠ Ŷ’Ġtait pas eŶteŶducomme il était dit, Ŷ’Ġtait pas ditcomme il était pensé et Ŷ’Ġtait pas peŶsĠcomme il était ressenti.Tous deudž sidĠƌĠs de la peƌte d’uŶe paƌtie de Ŷotƌe vie, Ŷous voguions éperdument dans les derniers instants de notre histoire ensemble. Nous nous bagarrions une ultimefois suƌ le lit, Đoŵŵe pouƌ Ġpƌouveƌ eŶĐoƌe le ĐoŶtaĐt puissaŶt et ƌavageuƌ de l’autƌe suƌ Ŷotƌe corps. Elle, puis moi, sentait une ragepƌofoŶde, ƌeŶdue edžpliĐite paƌ la violeŶĐe Ƌue l’oŶ se poƌtait. J’ai perdu le contrôle. Pourtant calme de nature,j’ai seŶti uŶe ĐasĐade de ƌage se dĠveƌseƌ eŶ ŵoi. De plus eŶ plus violeŶĐe. De plus eŶ plus d’iŶteŶsitĠ. De ŵoiŶs eŶ ŵoiŶs de ĐoŶsidĠƌatioŶ de l’autƌe. Je Ŷ’ai ƌapideŵeŶt plus edžistĠ Ƌue paƌ les ĠŵotioŶs edžtƌġŵes et ƌaƌes Ƌue j’Ġpƌouvais. Elle, Đoŵŵe ŵoƌte, s’effaçait leŶteŵeŶt daŶs ŵoŶ ƌegaƌd deveŶuprimal et animal.J’ai violĠ.
Des questionnements stériles
Apƌğs Đe viol, j’ai ĐoŶfiĠ ŵes ƋuestioŶŶeŵeŶts à uŶ aŵi. UŶ seul. D’autƌe paƌt, apƌğs Đoup, j’auƌais ŵal vu Đet aŵi ŵe diƌe Ƌue oui, j’avaisviolé. La question restait donc en suspens, immobilisée paƌ le fait de Ŷe pas eŶ paƌleƌ aveĐ la viĐtiŵe Ƌui Ŷ’est autƌe Ƌue la peƌsoŶŶe doŶt j’ai ĠtĠ le plus pƌoĐhe daŶs ŵa vie. C’Ġtait soŵďƌe et flou. UŶ autƌe passage de Ŷotƌe ƌelatioŶ Ƌui Ŷous ĠĐhappaità tous les deux, certainement par des mécanismes psychologiques différents.
EŶfeƌŵĠ daŶs l’illusioŶ d’ġtƌe oďjeĐtif suƌ Đe viol Ƌue je Ŷe savais pas affiƌŵeƌ Đoŵŵe tel, je Ŷ’ai pas ĐoŶsidĠƌĠ eŶ paƌleƌ à d’autƌes aŵis,àŵes paƌeŶts, ŵes fƌğƌes et sœuƌs ŵais surtout à des professionnels. Mon intérêt pour les questions de genres, de sexualités, de masculinités ou encore de dominationsŶ’a pas suffi à ŵe ƌeŵettƌe ƌĠelleŵeŶt eŶ ƋuestioŶ puisƋue le violeuƌ, Đ’est l’autƌe. C’est au ŵieudž Đe ƌĠalisateuƌ Ƌu’oŶ adŵirait, le prof de sport de notre frère, ce cousin éloigné mais jamais soi. Jamais.EŶ l’oĐĐuƌƌeŶĐe, Đ’est ŵoi.Identification
Aujouƌd’hui, je le ƌeĐoŶŶais. Mais ça Ŷ’est ĐeƌtaiŶeŵeŶt pas gƌâĐe à ŵoi. Seule la viĐtiŵe a pu ŵ’ouvƌiƌ les LJeudž. DoŶĐ oui je leƌeĐoŶŶais. Oui j’ai uŶe ƌage eŶveƌs ŵoi-même. Oui je me sens sale. Oui je ƌessasse Đes souveŶiƌs paƌtielleŵeŶt dĠtƌuits paƌ le tƌauŵatisŵe de ŵ’ġtƌe dissoĐiĠ. Oui je pleuƌe d’avoiƌ dĠtƌuit uŶe paƌtie de la vie de Đelle Ƌue j’aiŵais le plus. Mais tout cela est incomparable à Ƌu’elle ƌesseŶt.
Parole de violé
CeƌtaiŶs le saveŶt, d’autƌes s’eŶ douteŶt et les deƌŶieƌs l’igŶoƌaieŶt. J’ai ĠtĠ aďusĠ paƌ uŶ pédophile pendant deux ans de mes années au collège. Ilŵ’a violĠ, daŶs les gestes phLJsiƋues, daŶs mon innoĐeŶĐe ŵais aussi et suƌtout daŶs ŵoŶ ġtƌe. Il ŵ’a ŵaŶipulĠ, appƌis à ŵeŶtiƌ, à ĐaĐheƌ, à ŵe figeƌ. Appƌis aussi à Ŷe pas peƌĐevoiƌ Đe Ƌui ƌessoƌt de l’aŶoƌŵalitĠ.Ces mensonges qui ont été mon quotidien pendant desaŶŶĠes, je les ai aĐĐeptĠs, j’ai gƌaŶdi aveĐ. Je diƌais ŵġŵe Ƌu’ils ŵ’oŶt fait gƌaŶdiƌ de foƌĐe. Ils oŶt ŵaƌƋuĠ au feutƌe iŶdĠlĠďile la ŵaŶiğƌe doŶt j’eŶvisage ŵoŶ Đoƌps, les autƌes et doŶt j’Ġvolue eŶ soĐiĠtĠ.Le traumatisé voit parfois ses émotions atrophiées, bridées et soumises à un voile de honte et de culpabilité que le temps ne guéri pas toujours.
 «UŶe viĐtiŵe d’agƌessioŶ a plus derisque de devenir agresseur un jour». Cette phƌase ŵ’a ĠtĠ ƌĠpĠtĠe des dizaiŶes de fois. J’Ġtais iŶĐapaďle de l’eŶteŶdƌe. Je la ƌejetais Đoŵŵe j’ai ƌejetĠ lespƌopositioŶs d’aides psLJĐhiatƌiƋue. Seules ŵoŶ sileŶĐe et ŵa solitude pouvaieŶt ŵe ĐoŵpƌeŶdƌe et ŵ’aideƌ. UŶ ƌeŵoƌd, paƌ dĠfiŶitioŶ, ŵoƌd deudž fois.Deux fois: Đ’est tƌop. L’eƌƌeuƌ de ŵe seŶtiƌ plus foƌt Ƌue les dLJŶaŵiƋues psLJĐhologiƋues Ƌui ŵ’oŶt façoŶŶées ne se reproduira pas. Me soigner  Par mon histoire, sa singularité et sa complexité, je suis habité par une atmosphère informe et muette de rages, de colères, de douleurs et de souffrances. J’ai loŶgteŵps laissĠ pousseƌ Đette gƌaiŶe de destruction parŵa ĐuƌiositĠ daŶgeƌeuse pouƌ elle. L’adolesĐeŶt iŵpeƌsoŶŶel Ƌue j’Ġtais avait eŶfiŶ quelque chose qui le différenciait des autres: uŶ ŵoŶde seĐƌet à Ƌui il Ŷ’a ouveƌt les poƌtes Ƌu’à uŶe seule personne: sa viĐtiŵe. C’Ġtait possiďle puisƋue Ŷous paƌtagions elle et moi cette fascination pour le sombre, le rejeté, le borderline. Seulement le problème a commencé à être identifié. Cette fascination a désormais laissé place au dégout. Je ne suis pas assez malade pour aimer ce qui détruit les peƌsoŶŶes Ƌue j’aime. Alors je vais me soigner. Entamer un travail psychologique bien sûr mais surtout changer.
Des déterminismes sociaux
La violence est acquise. Ellea uŶe souƌĐe. La ŵieŶŶe s’edžpliƋue eŶ paƌtie paƌ ŵoŶ histoiƌe ŵais aussi par mon éducation etpaƌ la soĐiĠtĠ daŶs laƋuelle j’ai gƌaŶdi. La ŵaŶiğƌe doŶt j’ai ĠtĠ soĐiaďilisĠ comme « homme» ŵ’a fait iŶtĠgƌeƌ des dLJŶaŵiƋues d’Ġtats et d’aĐtioŶsinconscientes qui, par définition, me sont profondément invisibles.Le façoŶŶage d’uŶhoŵŵe est paƌtout puisƋu’il est la Ŷoƌŵe. J’ai appƌis à pƌivilĠgieƌ ŵoŶ plaisiƌ au dĠpeŶd de Đelui des autƌes, à ġtƌe haďituĠ à des positioŶs de pouvoiƌ, à ďƌideƌ ŵes ĠŵotioŶs, à ŵasƋueƌ ŵes faiďlesses et ŵes diffiĐultĠs… La liste est loŶgue et Đ’est Đe Ƌui rend le combat immense. Ces déterminismes peuvent et doivent être identifiées mais déterminent aussi ce que je suis et ce que je fais.
Comment ai-je pu ŵe ĐoŶstƌuiƌe uŶ ƌĠĐit daŶs leƋuel il seŵďlait ĐohĠƌeŶt Ƌue Đe viol Ŷ’eŶ Ġtait pas un ? La culture duviol agit diƌeĐteŵeŶt suƌ ŵa ŵaŶiğƌe d’eŶvisageƌ les feŵŵes, leuƌs dĠsiƌs, le viol et les violeurs. Tout cela ne doit en aucun cas tendre vers de la justification ou pire, de la déresponsabilisation. La question est : comment tout faire pour que des actesĐoŵŵe Đelui Ƌue j’ai fait Ŷ’aieŶt plus jaŵais lieu? Les musées, livres et films regorgent de violences sexuelles qui ne sont pas
catégorisées comme telles.D’autƌe paƌt ƌğgŶe daŶs Ŷotƌe soĐiĠtĠ uŶe iŶvisiďilisatioŶ de Đes phĠŶoŵğŶes de violeŶĐes. L’huŵouƌ et les ƌĠaĐtioŶs Ƌu’il iŵpliƋue ŵasƋue paƌfois des ŶoƌŵalisatioŶs de crimes. Les remarques sexistes, homophobes, transphobes et plus généralement tous les jugements violents ou insultes entretiennent un schéma ignoble dans lequel le viol est compris. Soigner Je suis comme tout le monde ou presque.PuisƋue j’ai dĠtƌuit uŶe paƌtie de la vie d’uŶe feŵŵe, puisquune partie de ma vie a été détruite mais surtout puisque je ne veux plus que cela se reproduise : je souhaite une remise en question. Une remise en question individuelle et collective de ce qui fait que des violences comme celles-ci peuvent exister et peuvent passer inaperçues. Je ne souhaite à personne d’ġtƌe viĐtiŵe de Đe Ƌue j’ai fait et, paƌ pƌoloŶgeŵeŶt, de faiƌe Đe Ƌue j’ai fait. Cettehistoiƌe Ŷ’est pas de l’oƌdƌe du pƌivĠ et Ŷe doit pas le ƌesteƌ.
ChaŶgeƌ les Đhoses Đ’est aussi ĐhaŶgeƌ soi-ŵġŵe et agiƌ. C’est pouƌƋuoi je ƌefuse Ƌue ŵoŶ récit se cantonne à mes proches. Il doit toucher les femmes et les hommes, les féministes et les autres, les violeuƌs Ƌui se ƌeĐoŶŶaisseŶt Đoŵŵe tel et les autƌes. Le viol Ŷ’est pas uŶe affaiƌe pƌivĠe et j’iŶvite celles et ceux qui lisent ces lignes à parler. Parler et écouter pour vaincre le doute, parler pour redécouvrir notre histoire, parler pour mettƌe fiŶ à Đela. Il est ŶĠĐessaiƌe d’Ġlaƌgiƌ soŶ Đhaŵp de partage pour tendre vers une objectivité qui ne soit ni sexuée ni genrée. Du silence peuvent naitre les piƌes edžĐuses, les piƌes dĠsiƌs et les piƌes ĐoŶĐeptioŶs d’autƌui.
Plus globalement, il est urgent de repenser les prismes de genres par lesquels nous sommes éduqués et nous éduquons. Certaines masculinités, certains mécanismes de groupe, certaines généralités, conscientes ou pas, jouent leur rôle dans la domination masculine et par prolongement dans les violences faites aux femmes.Les valeuƌs esseŶtielles d’eŵpathie, de ƌespeĐt, d’ouveƌtuƌe d’espƌit (souveŶt dĠĐƌites Đoŵŵe «doivent être des invariants deféminines ») l’eŶseigŶeŵeŶthuŵaiŶ. Ce Ŷ’est pas le Đaset Đ’est ĐƌiŵiŶel.Les ĠduĐatioŶs sedžuelles et soĐiales s’eŶtƌeŵġleŶt et doiventse faiƌe de ŵaŶiğƌe peƌŵaŶeŶte et adaptĠe depuis le plus jeuŶe âge. C’est uƌgeŶt.
La pƌeŵiğƌe Ġtape est de s’iŶfoƌŵeƌ des viols, des violeŶĐes, de leurs formes et de leurs sources tout en faisant cela avec la conviction que ces sujets nous concernent.S’ĠduƋueƌ doit eŶ paƌtie permettre de ne pas détruire.J’aiŵeƌais ġtƌe l’edžĐeptioŶ Ƌui ĐoŶfiƌŵecette règle. Je nous invite donc tous à nous pencher sur des témoignages, des écrits, des podcasts qui traitent beaucoup mieux que moi ces questions et qui surtout apportent des réponses.LiďĠƌeƌ l’ĠĐoute est aussi iŵpoƌtaŶt Ƌue libérer la parole. Il est primordial de créer des espaces dans lesquels des discussions sont encouragées.
Les ŵoŶstƌes Ŷ’edžisteŶt pas ou alors nous en sommes les créateurs. Tous. Parler de « criminels », de « violeurs », de « dérangés» Ŷe seƌt Ƌu’à se dĠŵaƌƋueƌ lâĐheŵeŶt des aĐtes violeŶts dont la source est le monde que nous avons créé et que nous entretenons chaque jour. Nous sommes tous ƌespoŶsaďles. Je suis ƌespoŶsaďle du viol Ƌue j’ai Đoŵŵis ŵais aussi de tous les autƌes. Toutes les violeŶĐes soŶt liĠes et le soŶt paƌ Ŷous. Ce disĐouƌs Ŷ’est pas fataliste ŵais dĠƌaŶge puisƋue Ŷous ramène à une même communauté humaine qui produit les pires actes. Nous avons le pouvoir de faire changer les choses.
Cet écritŶe ƌelate pas l’aŵpleuƌ de la ƌage Ƌue j’ai à la vue de Ŷotƌe passivitĠ aveugle. Je Ŷ’eŶ peux plus et je ne suis pas seul. Certain.e.s sont broyés silencieusement par un système que nous laissons croitre. Encore une fois je reconnais ce viol et ma responsabilité. Considérer cette lettre comme une évocation sans relativité de mes propres souffrances, de la victimisation ou encore de la déresponsabilisation vis-à-vis de déterminismes sociauxseƌait uŶ aveu d’ĠĐheĐ.Si les personnes qui
lisent cette lettre souhaitent en parler avec moi, je les accueillerai volontiers. Ecoutez-moi, écoutez-vous, écoutons-nous et avançons.
  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents