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Après les émeutes de mai 1991 à Bruxelles entre des jeunes des ...

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1
Après les émeutes de mai 1991 à Bruxelles entre des jeunes des quartiers à forte population marocaine et
les forces de l'ordre et durant la période électorale précédant le scrutin législatif de novembre de la même année, le
débat sur la "sécurité" dans les grandes villes s'est rallumé: à certains égards, il dure encore. Une certaine opinion
belge n'hésite pas à stigmatiser de manière récurrente (dans un but xénophobe ou à des fins électoraux) les soi-disant
penchants délinquants
des jeunes issus de l'immigration musulmane et particulièrement marocaine. Plus que jamais
l'étranger préserve sa malheureuse vocation de bouc émissaire. Dans ce contexte, il est opportun de revenir sur les
causes de la délinquance juvénile en milieu socio-économique défavorisé (donc également en milieu immigré), et de
préciser les réserves à formuler en ce qui concerne la mesure du volume de délinquance attribuée aux jeunes issus de
l'immigration.
DES FAITS BRUTS
Les taux d'étrangers dans la population carcérale étaient de 32,7% en Belgique en 1988, et de 27,5% en
1986 en France (1). Ce sont des proportions bien supérieures aux taux d'étrangers dans les populations française et
belge. Cependant, en partant simplement de ces données apparentes, rien n'est plus démagogique que de conclure à
une réelle sur-représentation des immigrés et particulièrement des jeunes d'origine musulmane dans le phénomène
général de la délinquance. La population carcérale est, dans sa grande majorité, jeune (moins de 30 ans), masculine,
peu scolarisée et professionnellement peu qualifiée; ce qui est, proportionnellement, plus souvent le cas des
immigrés d'origine marocaine ou turque (2), que des autochtones. Déjà, selon le profil sociologique, la probabilité
pour un immigré de se retrouver en prison est donc plus élevée que pour un autochtone...
Dans l'explication de l'importance du nombre d'immigrés arrêtés ou emprisonnés, il faut prendre en compte,
en outre, des facteurs tels le "délit de faciès" ou la présomption de délit qui peuvent apparaître dans le traitement
juridique. Ces faits peuvent augmenter de manière non négligeable les chances d'un délinquant marocain ou turc de
se faire appréhender, puis de se retrouver en détention préventive et, enfin, de se voir condamné à la prison là où,
pour un délit comparable, un autochtone pourra éventuellement bénéficier d'un non-lieu ou de mesures alternatives à
la privation de liberté (G. KELLENS, 1988).
Selon des auteurs tels J. COSTA-LASCOUX (1985), M. LLAUMET (1984) et I. POULET (1990), la
détention préventive est plus longue dans le cas de la délinquance des jeunes d'origine étrangère. Pour des délits
comparables, les autochtones sont condamnés à des peines ou à des mesures de rééducation plus clémentes que les
délinquants marocains ou turcs. Enfin, les autochtones se présentent plus régulièrement aux convocations policières
ou aux audiences judiciaires; ce qui n'est pas toujours le cas des délinquants d'origine marocaine ou turque et ceci
constitue une circonstance aggravante en leur défaveur. Il en va bien sûr de même de la rébellions contre les forces
de l'ordre. Or, depuis les émeutes demai 1991 à Bruxelles, les jeunes Marocains se rebellent davantage contre les
contrôles fréquents et parfois injustifiés de la Police ou de la Gendarmerie(3).
QUELLE EST LA SPECIFICITE DE LA DELINQUANCE
DES JEUNES MAROCAINS ?
Rares sont les données statistiques complètes et fiables sur la délinquance des immigrés. En élaborant une
synthèse des données et études principales publiées depuis 1983 sur la délinquance enregistrée et les délinquants
poursuivis en Belgique, et dans certains pays voisins (4), il est possible de montrer que les délinquants issus de
l'immigration musulmane sont plus jeunes et regroupent plus largement des hommes que les délinquants
autochtones. Par exemple, l'étude de A. BASTENIER (1990) rapporte qu'en 1986, 70% des délinquants issus de
PETITE DELINQUANCE ET JEUNES
ISSUS DE L'IMMIGRATION MAROCAINE:
CRIMINALITE JUVENILE COMME RECHERCHE
IDENTITAIRE ET REACTION A L'EXCLUSION SOCIALE
U r a l M A N Ç O
Communication présentée lors de la
PREMIERE RENCONTRE SCIENTIFIQUE INTER-UNIVERSITAIRE
BELGO-MAROCAINE
Université Mohammed V, Rabat
7-9 Avril 1993
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