Aux origines de l’antiracisme
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Aux origines de l’antiracisme

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1 Extrait de la publication Presentation de l’editeur A la fin des annees 1920 naıt la premiere organisation antiraciste francaise, la Ligue internationale contre l’antisemitisme (LICA, actuelle LICRA). Ciblant d’abord les manifestations antijuives qui surviennent en Europe centrale et orientale, elle doit tres vite affronter la resurgence de l’antisemitisme dans une France ou on le croyait a tort eteint, et faire face a un defi sans precedent, le national-socialisme. Dans le contexte tourmente des annees 1930, les militants de la LICA inventent une doctrine et se dotent de moyens d’action. A cote des bataillesrangeescontreleursadversaires,duboycottagedesdictatures et d’une propagande vehemente, ils definissent un projet politique visant a donner une dimension institutionnelle a l’antiracisme dans la France republicaine. S’appuyant sur des fonds d’archives inedits et considerables – dont les archives de la LICA rapatriees de Moscou au debut des annees 2000 –, EmmanuelDebonoretracel’histoiredespionniersdumilitantismeanti- racisteenFrance,avantqueladefaitede1940neplongeleuridealdans les tenebres. Il met en lumiere l’attitude des pouvoirs publics, celle des elites politiques et intellectuelles, en metropole comme en Afrique du Nord, face a des demonstrations de haine souvent minimisees. Docteurenhistoiredel’IEPdeParis,EmmanuelDebonotravaillesurles racismes et les antiracismes dans la France contemporaine.

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Langue Français

Extrait

Extrait de la publication

Pr ´esentation de l’ ´editeur

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Alafindesanne´es1920naˆıtlapremi`ereorganisation
antiracistefran¸caise,laLigueinternationalecontre
l’antis´emitisme(LICA,actuelleLICRA).Ciblant
d’abord les manifestations antijuives qui surviennent
en Europe centrale et orientale, elle doit tre`s vite
affronterlar´esurgencedel’antis´emitismedansune
France o `u on le croyait a`tort ´eteint,et faire face`a un
d ´efi sans pre´ ce´ dent, le national-socialisme.
Dans le contexte tourment ´e des ann ´ees 1930, les militants de la LICA
`
inventent une doctrine et se dotent de moyens d’action. A coˆte´ des
batailles rang ´ees contre leurs adversaires, du boycottage des dictatures
etd’unepropagandev´ehe´mente,ilsd´efinissentunprojetpolitique
visant`adonnerunedimensioninstitutionnelle`al’antiracismedansla
France r ´epublicaine.
S’appuyant sur des fonds d’archives in´edits et conside´rables – dont les
archives de la LICA rapatrie´ es de Moscou au d ´ebut des anne´ es 2000 –,
Emmanuel Debono retrace l’histoire des pionniers du militantisme anti-
raciste en France, avant que la d ´efaite de 1940 ne plonge leur ide´ al dans
les t´ene` bres.Il met en lumie`re l’attitude des pouvoirs publics, celle des
´elitespolitiquesetintellectuelles,enm´etropolecommeenAfriquedu
Nord,face`adesd´emonstrationsdehainesouventminimise´es.

Docteur en histoire de l’IEP de Paris, Emmanuel Debono travaille sur les
racismes et les antiracismes dans la France contemporaine.

Extrait de la publication

Emmanuel Debono

Aux origines de l’antiracisme
La LICA (1927-1940)

CNRSE´DITIONS
15, rue Malebranche – 75005 Paris

Collection «Seconde Guerre mondiale»

´
’CNRS EDITIONS, Paris, 2012
ISBN :978-2-271-07295-5

Extrait de la publication

Extrait de la publication

`
A Clotilde,
Cle´ ment et Victoire

Extrait de la publication

Pre´face

C’est a`un sujet d´elicat, mais essentiel`a la compre´hension de la
soci ´ete´franc¸ aisede l’entre-deux-guerres, qu’Emmanuel Debono a
consacre´sesrecherches.Carcelivrevabienau-del`adel’histoirede
la LICA, qui est certes une organisation originale qui n’avait fait
jusqu’alorsl’objetd’aucune´etudescientifiqueetquin’apparaissait
qu’en filigrane dans les travaux consacr´es `ala France des anne´es
trente. Sans doute l’auteur examine-t-il avec une grande pre´cision les
conditions de naissance, l’organisation, les objectifs, l’action de la
LICAetdesesprincipauxdirigeants.Maislev´eritablesujetdece
livrer´esidedansl’apportinappr´eciablequeconstituesacontribution
`a la connaissance d’une des questions majeures qui se posent`a la
France a`la veille de la Seconde Guerre mondiale, celle de l’anti-
s ´emitisme,e´ clairantdu meˆme coup l’attitude de la soci´et ´efranc¸ aise
face aux lois d’exclusion de Vichy.
Sil’histoiredelaLICAs’estlongtempsre´duite`adeschroniques
comme´ moratives,c’est en tre`s grande partie faute de possibilite´de
recours `ades sources fiables, en particulier a`un fonds d’archives de
l’organisation. Saisi par les Allemands lors de leur entre´ e dans Paris en
1940,tombe´auxmainsdesSovi´etiqueslorsdelaprisedeBerlinen
1945, ce fonds n’a regagne´la France qu’au d ´ebut de l’anne´ e 2000 pour
ˆetre mis a`la disposition des chercheurs au M ´emorial de la Shoah. En
sonabsence,lesrarese´tudes´evoquantl’histoiredelaLICAreposaient
sur la collection du p´eriodique e´dite´ parelle,Le Droit de vivre, four-
nissant des renseignements utiles sur la vie et les activite´ s de la Ligue,
mais ´evidemmentinsuffisants pour nourrir l’approche critique ne´ces-
saire a`un travail historique de caract `ere scientifique. Si c’est la chance
d’EmmanuelDebonod’avoireuacc`esauxarchivesdelaLICAreve-
nues en France, c’est son m ´erite d’avoir su ante´ rieurement tirer tout le
parti possible des sources disponibles au sein des archives publiques
(des Archives nationales aux archives d’outre-mer en passant par les
Archivesd´epartementalesetcellesdelaPr´efecturedepolice),d’avoir
proc ´ed ´ea` unde´ pouillementexhaustif et critique duDroit de vivreet

Extrait de la publication

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Aux origines de l’antiracisme. La LICA (1927-1940)

d’avoir pu ensuite comple´ter sa documentation par les fonds de la
LICA avant de confronter le re´sultat de ses recherches`a une tre`s
abondante bibliographie. Cette impeccable rigueur me´thodologique
conf `eretoute sa fiabilite´a` unouvrage qui constitue un apport de
grandequalite´`alaconnaissancehistoriquedelape´riode.
Le premier´el ´ementde cet apport historiographique re´side dans
l’e´ clairagefourni sur le phe´nom `enede l’antise´mitisme dans la France
del’entre-deux-guerres,vu`atraversleprisme(parfoisgrossissant)dela
LICA, organisation dont la raison d’ˆetre est pr´ecis ´ementde lutter
contre lui. Bien entendu, on n’y trouvera gue`re de r´ev ´elationfracas-
sante,lediscoursantis´emiteayantdelonguedate´ete´analyse´`atravers
les d ´eclarations des professionnels de l’antise´ mitisme dans la presse et
dans les milieux politiques. L’int´ereˆ tdu travail d’Emmanuel Debono
estailleurs,dansler´ecitconcretdesmanifestationsd’antis´emitisme,
ve´ cues au quotidien, telles que les rapporte l’organisation et que l’au-
teur confronte avec ce qu’en disent les rapports de police. Cet aspect
de l’apport de l’ouvrage conduit a`toute une s ´erie de conclusions r ´ev ´e-
latrices. D’abord le fait que l’antise´mitisme est un ph´enom `enelatent
et permanent de la soci´et ´efranc¸ aise.Il connaˆıt certes des pousse´es
paroxystiques `ala fin des anne´es trente, mais, mˆeme aux pe´riodes de
relatif apaisement, il ne disparaıˆt jamais totalement. Ensuite, cet anti-
s ´emitismereveˆ tdes formes diverses, allant des groupuscules radicaux
dont l’antis ´emitisme est la raison d’ ˆetre (le Rassemblement antijuif par
exemple) ou dont il constitue un e´l ´ementconsubstantiel de la culture
politique (comme c’est le cas de l’Action fran ¸caise) jusqu’aux diverses
stratesdelasocie´t´efranc¸aisequi,enp´eriodenormale,nesesoucient
gue` re des Juifs ou du judaı¨ sme dont elles ignorent a`peu pre` s tout, mais
quisontprˆetes`averserdanslajude´ophobiede`slorsqu’ellesadhe`rent
aux explications simplistes selon lesquelles les Juifs sont responsables
des difficulte´s qu’elles connaissent (les commerc¸ants touche´s par la
crise, les ouvriers atteints par le choˆ mage) ou des pe´ rils qu’elles redou-
tent (les pacifistes convaincus que les Juifs entendent lancer la France
dans une guerre contre l’Allemagne nazie pour sauver leurs coreligion-
naires allemands). Mais cette extension des sentiments jude´ophobes,
exprim ´es par des petits groupes tr `es minoritaires, a`de larges strates de
la socie´t ´en’est possible que parce qu’il existe au sein de ces dernie`res
uneprofondeconvictiondel’alt´erite´desJuifs,quinesauraientˆetre
desFran¸caistout`afaitcommelesautresparrapport`alanormalit´e
suppose´ ede l’identit´e nationale, fonde´e sur l’appartenance sociolo-
gique au christianisme, meˆme lorsque ceux qui partagent ce pr´ejug ´e
sont d´etache´ sde toute foi religieuse. Et cette vision de l’alte´rite´ estle
terreau sur lequel prospe`re un antise´mitisme plus ou moins avoue´,

Extrait de la publication

Pre´face

7

d’ailleurs moins religieux que xe´ nophobe, dans la mesure o `u il vise des
femmes et des hommes tenus pour de semi-e´ trangers.
Or,EmmanuelDebonomontrequecespousse´esantis´emites
atteignent un pays qui fait profession de conside´rer tous ses citoyens
comme ´egaux,quelles que soient leur religion, leurs ascendances,
leurs opinions. D’o`u la sous-e´valuation permanente et frappante de
l’antis ´emitisme de la part des pouvoirs publics, la minoration syste´ ma-
tique des innombrables incidents (violences, agressions verbales ou
physiques,attitudesdiscriminatoires),lamultiplicationdesd´eclara-
tions le&#

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