Commentaires sur l article de D. Martimort etJ.-C. Rochet   - article ; n°3 ; vol.14, pg 79-90
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Commentaires sur l'article de D. Martimort etJ.-C. Rochet - article ; n°3 ; vol.14, pg 79-90

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Description

Revue française d'économie - Année 1999 - Volume 14 - Numéro 3 - Pages 79-90
12 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1999
Nombre de lectures 7
Langue Français

Extrait

Antoine Faure-Grimaud
Alain Quinet
Commentaires sur l'article de D. Martimort etJ.-C. Rochet
In: Revue française d'économie. Volume 14 N°3, 1999. pp. 79-90.
Citer ce document / Cite this document :
Faure-Grimaud Antoine, Quinet Alain. Commentaires sur l'article de D. Martimort etJ.-C. Rochet . In: Revue française
d'économie. Volume 14 N°3, 1999. pp. 79-90.
doi : 10.3406/rfeco.1999.1087
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rfeco_0769-0479_1999_num_14_3_1087Antoine
FAURE-GRIMAUD
Alain
•UINET
Commentaires sur
« le partage public-privé
dans le financement
de Г économie »
de D. Martimort
et J.-C. Rochet
Commentaire
de Antoine Faure-Grimaud
L'article de D. Martimort et J.-C. Rochet offre plusieurs contri
butions : d'une part une synthèse de résultats existants ; d'autre
part certains apports originaux. Cette richesse ne facilite pas le
travail du rapporteur et je me cantonnerai ici à une discussion Antoine Faure-Grimaud, Alain Quinet 80
en deux temps où je m'efforcerai tout d'abord de rendre le plus
explicite possible ce qui me semble être le fil conducteur de l'ar
ticle ; puis je procéderai à une discussion plus détaillée de deux
thèmes qui me semblent particulièrement intéressants.
Le point de départ de l'analyse est un résultat de neutralité
(attribué à Sappington et Stiglitz [1987]) : lorsque l'Etat est
benevolent, i.e. cherche à maximiser le bien-être social, et dis
pose de possibilités contractuelles riches, dans un sens précisé ci-
dessous, un financement public de l'économie est au moins aussi
efficace qu'un privé. L'argumentation soutenant
ce résultat n'est pas sans rappeler la controverse Hayeck/Lange
relative à la comparaison de l'efficacité d'un système de marché
avec celle d'une économie centralisée : si l'Etat le veut (benevol
ence) et si l'Etat le peut (possibilités contractuelles riches), n'im
porte quelle allocation des ressources réalisable par un financ
ement privé peut être reproduite à Г identique par un système
public. Ce résultat reste vrai en présence d'asymétries informat
ionnelles lorsque l'Etat s'engage sur un schéma de rémunération
des agents privés qui les amènent à internaliser les conséquences
sociales de leurs décisions (à la Loeb-Magat [1979]). L'Etat peut
ex ante procéder à une mise à l'enchère de ces schémas incitatifs
pour atteindre une redistribution des rentes socialement désirable.
Si l'Etat ne peut pas faire pire dans ces conditions qu'un
agent privé, peut-on avancer des arguments en faveur d'une
dominance stricte ? La première partie de l'article, reprenant
Arrow et Lind [1970], nous amène à penser que tel est le cas.
Dans l'hypothèse de marchés financiers complets, le taux de re
ndement requis pour financer un projet ne dépend pas des carac
téristiques de l'investisseur. De façon intéressante, l'article déve
loppe ici une analogie avec le résultat d'indétermination de
Modigliani et Miller [1958] qui montre que la valeur d'une
entreprise est indépendante de sa structure financière (dans un
monde sans taxe ni coût de banqueroute). Notons que si l'ana
logie est correcte, elle pourrait être étendue à la proposition 2 de
Modigliani et Miller montrant que cette indétermination est
compatible avec des différences de taux de rendement sur actions
et sur dette relativement élevées : le même type d'arguments Antoine Faure-Grimaud, Alain Quinet 81
pourrait-il réconcilier l'observation que l'Etat est à même d'em
prunter dans des conditions significativement plus favorables
que le secteur privé, avec la possibilité que l'identité du finan
cier soit sans conséquence réelle dans un cadre de marchés comp
lets ? En revanche lorsque les marchés sont incomplets, l'Etat
par sa taille est capable d'atteindre une meilleure diversification
des risques, de sorte qu'il dispose ici d'un avantage réel dans le
financement de l'économie par rapport à des agents privés moins
bien diversifiés. Un deuxième argument, maintenant spécifique
à la nature de l'Etat, est qu'il peut aussi diluer les risques entre
un grand nombre de « petits porteurs ». La prime de risque
demandée par chaque individu décroît lorsque un risque est sup
porté par n individus à un taux plus rapide que la croissance du
nombre d'individus : la prime de risque totale tend alors vers zéro.
Cette première partie est un cadre de référence. Comme
l'analyse de Modigliani et Miller, elle repose sur l'hypothèse que
les variables réelles (les cash-flows futurs des projects considérés,
les décisions futures à prendre concernant ces projects) sont exo
gènes. Elle suppose donc que les relations contractuelles entre tous
les agents économiques ne dépendent pas de leur identité, pri
vée ou publique, et ignore les problèmes d'incitations. L'analyse
proposée par Martimort et Rochet va ensuite identifier quatre fac
teurs qui limitent la capacité de l'Etat à reproduire l'allocation
privée et qui invalident le résultat de neutralité :
• l'Etat ou ses représentants ont des objectifs différents de la
maximisation du bien être social ;
• l'Etat ou ses ne peuvent s'engager à une date
donnée sur les décisions à prendre dans le futur ;
• l'Etat n'est pas un bloc monolithique mais est composé d'une
multitude de différentes autorités de tutelles ;
• l'Etat doit déléguer une partie de son autorité à des représen
tants qui eux sont à même de contracter avec les agents écono
miques.
Il me semble en fait que les quatre cas évoqués ici pro
cèdent tous d'une logique plus générale, à savoir qu'ils peuvent
tous être vus comme des cas particuliers de contrats incomplets : 82 Antoine Faure-Grimaud, Alain Quinet
• que l'Etat n'ait pas un objectif de maximisation du bien-être
social ne devient un problème que lorsqu'il est impossible d'écrire
un contrat (une constitution) qui l'inciterait à adopter un tel objec-
tif;
• un problème d'engagement équivaut à une incapacité à écrire
des contrats qui inciteraient les futures "incarnations" de l'Etat
à se comporter d'une manière optimale d'un point de vue pré
sent ;
• l'existence de multiples autorités de tutelles ne présenterait pas
de difficulté s'il était possible d'écrire un grand contrat qui les
inciterait à se comporter d'une manière collectivement optimale
(i.e. qui passe par l'internalisation des externalités entre ces
agences) ;
• enfin, une situation de délégation fait nécessairement référence
à un cas où l'Etat ne peut contracter directement avec un agent
économique mais doit passer par un intermédiaire.
Avec cette perspective d'incomplétude des contrats, une
leçon émerge : ces situations créent un double problème incitat
if. En plus des désormais bien reconnus coûts d'agence, prove
nant de la nécessité de donner des incitations au niveau inférieur
de la hiérarchie, il apparaît des coûts isomorphiques à ces der
niers au niveau des principaux. Ils correspondent à ce que Mar-
timort et Rochet appellent ici des « coûts de transactions ». Il y
a alors une balance à trouver pour donner de bonnes incitations
à tous les niveaux hiérarchiques de la relation principal-agent.
Cette observation appelle à une comparaison de différentes struc
tures hiérarchiques car la caractérisation du système optimal, ici
de financement, dépendra de la capacité de ce à alléger
les contraintes incitatives dans la relation principal-agent. La
mesure dans laquelle ces coûts incitatifs peuvent être réduits
dépend des données institutionnelles, ce qui justifie une analyse
comparative des systèmes de financement privé et public en ces
termes.
Une grille de lecture thématique de l'article illustre l'i
mportance de cette leçon. C'est ce que font les auteurs dans la
seconde partie de leur étude et je me contenterai ici de relever
deux thèmes abordés par Martimort et Rochet : un premier où Antoine

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