Communiqué de presse. Jeudi 23 février 2012. Encore une loi pour les chasseurs ! Le jeudi 23 février, les députés ont adopté définitivement le projet de loi ...
Communiqué de presse
Jeudi 23 février 2012
Encore une loi pour les chasseurs !
Le jeudi 23 février, les députés ont adopté définitivement le projet de loi portant
diverses dispositions d’ordre cynégétique.
Nicolas Sarkozy s’était engagé à ce qu’une loi sur la chasse, la cinquième en douze
ans, soit adoptée avant la fin de la session parlementaire. Cette loi, rédigée sur
mesure pour flatter le monde de la chasse, s’ajoute à un ensemble de mesures
réglementaires déjà concédées aux chasseurs le 31 janvier dernier. Que de cadeaux
offerts aux chasseurs en cette période pré-électorale !
France Nature Environnement, la Ligue ROC, la Ligue pour la Protection des Oiseaux
s’insurgent contre les dispositions prévues, notamment sur les points suivants :
- la mise en place d’une exonération fiscale pour les propriétaires d’installations de
chasse
Les installations de chasse, à partir desquelles se pratique la chasse au gibier d’eau,
peuvent constituer une mine d’or pour leurs propriétaires. Elles peuvent se louer plus de
200 € la nuit et se vendre jusqu’à 250 000 €. Les propriétaires ne sont nullement imposés
sur ces transactions, qui ne sont pas déclarées au fisc. Ainsi, il peut être plus rentable et
plus simple de louer une installation de chasse qu’un studio à Paris ! Or, plutôt que
d’appliquer une fiscalité à ces installations, le Gouvernement choisit de les exonérer de
taxe foncière. Quand il s’agit de chasse, la chasse aux niches fiscales n’est pas d’actualité !
- les risques de pression sur le droit d’opposition à la chasse
La Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) a reconnu en 1999 le droit pour tout
propriétaire de s’opposer à la chasse sur son territoire. Cela ne signifie nullement que le
propriétaire opposé à la chasse sur son fonds est exempt de responsabilité en cas de
prolifération de gibier sur son fonds à l’origine de dégâts agricoles : sa responsabilité
financière peut être engagée et par ailleurs il doit se soumettre à d’éventuelles battues
administratives décrétées par le préfet.
Le dispositif proposé par la loi confère aux chasseurs la possibilité de demander au préfet
d’imposer un prélèvement d’animaux à des propriétaires opposés à la chasse. Une telle
disposition risque d’accroître les pressions qui sont déjà exercées aujourd’hui sur ces
propriétaires, dont certains font parfois l’objet d’intimidations. Les associations craignent,
avec le dispositif proposé, des dérives et la remise en cause du principe d’opposition de
conscience reconnu par la CEDH
- la confiscation de la faune sauvage par les seuls chasseurs
Avec cette loi, les chasseurs s’auto-érigent comme les seuls dépositaires de la faune
sauvage. Les exemples sont nombreux : - en matière de gestion des dégâts de gibier, le dispositif est confisqué au profit des
seuls chasseurs et des agriculteurs, le recueil de l’avis des autres parties prenantes
n’étant même pas prévu !
- le ministère de l’écologie perd la possibilité de mettre en place de sa propre initiative
un prélèvement maximal autorisé (PMA), dont les chasseurs deviennent les seuls
initiateurs. Imaginerait-on que les limitations de vitesse soient définies par les seuls
automobilistes ?
- les chasseurs gardent la main sur la création des réserves de chasse. La proposition
du rapporteur Jérôme Bignon de restaurer le droit d’initiative du préfet a été
repoussée.
A une époque où tous les acteurs saluent et pratiquent le dialogue des parties prenantes,
les chasseurs, tellement peu assurés de la justesse de leur point de vue, préfèrent
empêcher ce dialogue.
Enfin, par cette loi les chasseurs s’auto proclament gestionnaire de la biodiversité, pourtant
aucune des dispositions du texte ne va dans ce sens. France Nature Environnement, la
Ligue ROC, la Ligue pour la Protection des Oiseaux dénoncent un nouveau cadeau fait aux
chasseurs, au mépris des questions de biodiversité et des principes de gouvernance mis
en place suite au Grenelle.