abécédaire V carrée
30 pages
Français
YouScribe est heureux de vous offrir cette publication
30 pages
Français
YouScribe est heureux de vous offrir cette publication

Description

Dans tous les domaines, les grands "machins" ont conduit trop souvent à des désastres. Les thèses, traités et autres sommes consacrés à l'environnement découragent aussi.
Ce "Petit abécédaire pour l'environnement" est estampillé "illustré, critique et poétique".
Le lecteur jugera, bien sûr !
Extrait disponible sur le site Youscribe.

Sujets

Informations

Publié par
Publié le 05 octobre 2019
Nombre de lectures 2
Langue Français
Poids de l'ouvrage 4 Mo

Extrait

Les pays qui n’ont plus de légende sont condamnés à mourir de froid. Patrice de la Tour du Pin(1911- 1975)Ce petit livre s’adresse aux curieux pressés, aux citoyens pas tristes, aux poètes redescendus sur terre, et bien sûr à tous les soucieux de l’état du globe. Comme vous avez pu le constater en vous acquittant d’un prix modique, ce n’est pas un traité d’écologie ; je ne suis pas diplômé en la matière. Le mariage du texte et de la photographie a paru convenir pour faire ensemble ce petit bout de chemin.Je vous souhaite un agréable moment.
Avant propos Rédiger un dictionnaire n’est pas mince affaire. Mais l’entreprise, souvent collective, est balisée, carrée. Au minimum une logique forte (littéraire, technique, scientifique...) préside au choix des termes passés au bistouri. Abécédaire ; cadre étroit de 26lettres - mots pour présenter les grandes tensions ou enjeux de l’environnement, et aussi la petite marge de manœuvre dont nous disposons. Sans conduire à des choix cornéliens, des interrogations s’élèvent. Logiquement Poubelle est abordé à la rubriqueAbandon,ceaussiqui permet d’aller encore plus loin queDéchets. Mais pour la lettre T ? A la place deTourisme,pouvaient convenir : Taylorisme, Technique, Tour(urbanisme délirant), Temps, Terre… etc . La présentation de plus en plus fréquente du remède « tourisme » commelapanacée face à la crise,lasolution miracle pour créer des emplois (qui seraient « propres » !), justifie un minimum de questionnements. Et puis, tout simplement, il a fallu tenir compte de la possibilité ou non d’illustrer visuellement chaque rubrique, de façon agréable, si possible efficace et poétique.
Pour chaque entrée, un diptyque ouvre le propos et la réflexion, le plus largement possible, grâce à deux images volontairement ambiguës. Soyons clairs : ce petit livre n’est pas un outil de travail. Il n’a d’ambition que de sensibiliser le plus grand nombre aux multiples passerelles qui existent, mais qu’il faut développer, entre les différentes approches économiques et techniques, culturelles et sociales de l’environnement. Pour mieux renforcer ces passerelles, ces questionnements, les 26 termes qui ont finalement été retenus sont majoritairement ceux du langage quotidien. Pour la lettre B le termebesoins, issu du langage économique s’il en est, aurait pu fournir un bon développement, mais trop éloigné du visuel et du matériel quotidien. En définitive, nous n’avons pas le choix. Il nous faut et surtout il nous faudra de plus en plus aimerl’usé, lefragile, lemodeste; ils ont une histoire. Au delà de la matière, pour respecter la nature, les hommes n’ont ils pas d’abord besoin de légendes ?* La collection des diptyques «Hémisphères »comprend environ deux cents titres.
Abandon
Abandonné, l’objet devient déchet. Quelle déchéance ! L’enterrement des morts est l’une des premières traces de civilisation. La cuisinière ci-contre n’avait plus ni famille, ni amis. Décidément, ce jour là, le petit tour en forêt est devenu sinistre. Même enchaînement fatal pour l’abandon des lieux ou des êtres qui conduit à la multiplication des villes abandonnées* ? Conflits, aléas de l’industrie ou du climat ont souvent fait fuir les citadins. Mais les cataclysmes ont bon dos. Les coups de projecteur de l’actualité sur une vedette, un dentifrice ou un gagnant du loto détournent les regards du quotidien, jugé trop banal et lassant. On zappe et puis…poubelle ! Et, pour un temps, ces villes fantômes* redeviennent l’objet de belles destinations touristiques sinon voyeuristes. * l'historien D.Fitzgerald du Kansas en dénombre environ six mille aux Etats Unis.
Combien de projets pharaoniques, délirants de mégalomanie, menés tambour battant ? Puis une spirale de lassitude, de démission, de fuite. Alors ? Pas de changement depuis Attila ?
Morte à petit feu. Les gratins seront doucement rouillés, les poulets ne seront plus dorés.
B outon(électrique)Alfred Sauvy (1898-1990) disait : « Le drame de l’électricité, c’est le bouton ! ». On pourrait transposer en « Loin des yeux, loin du cœur » ou « Passée la fête, adieu le saint », qui illustrent aussi cette terrible démission. Aux Etats Unis, au début des années 60, le psychologue Stanley Milgram (1933-1984) a étudié les effets de cette « distance » créée par le bouton, notamment les conditions et jusqu’à quel point des individus « normaux » pouvaient obéir -aveuglément - aux ordres les plus fous et torturer des patients par des décharges électriques. Il suffit de remplacer « patients » par « environnement » pour entrevoir le formidable destin poubelle de notre planète… grâce au bouton ! Son champ d’application est infini. A Noël, les télécommandes pour jouets émerveillent les enfants. Plus tragiquement, en appuyant sur le « bouton rouge », le chef des armées peut déclancher l’holocauste nucléaire.
2014 ; encore en service ! Avec un peu de patience, ou de doigté, pour que « fiat lux » ! Que de progrès depuis ce bouton de porcelaine « antédiluvien » ! Même lesinterrupteurs (remarquer la différence de terminologie !) à commande vocale deviennent lassants. Bien des parents « font la guerre » (ou faisaient ?) à leur progéniture pour « éteindre la lumière » derrière eux. Avec un contrôle parental adapté, ce ne sera plus nécessaire.
Compétition
Par « nature » l’homme communique, se compare. Langage, foi dans l’échange. Mais les standards de la communication / comparaison envahissent toutes les activités, bien au delà de la course à pieds. LeGuiness des records:des rubriques chaque année  ajoute Performances technologiques, agricoles, architecturales, amoureuses… Tout y passe. Premier, deuxième, troisième…On était alors heureux d’avoir participé. Chronomètres, caméras, lasers… Les outils de ce vaste brassage deviennent toujours plus sophistiqués.Trente cinq centième de seconde d’avance pour la formule 1sûr).(qui est rouge, bien Subrepticement, on est passés de l’ordinalaucardinal. Dix fois plus grand, 20 fois plus riches…cent fois plus bêtes ? Que de mesquineries. Les corporations et la multiplicité des unités de mesure expliquent ème en partie la faible concurrence jusqu’au XVIII siècle.
L’invention du système métrique et décimal donne un formidable coup d’accélérateur à la concurrence. Territoires etpopulations abandonnent les produits les moins efficaces et se spécialisent. Avec la révolution industrielle, le processus d’économie de marché commence et la classe ouvrière naissante est confrontée au chômage. La compétition est devenue globale, multiforme et permanente. Ravages. Fascination du « record », celui qui laisse des traces. Les malades, les marginaux et autres canards boiteux deviennent des exclus.
Droit
Proudhon criait « La propriété, c’est le vol » Ecrit ou coutumier, le droit forme l’ossature d’une société et permet sa durée. Famille, biens, commerce, expression, convictions (…), les étudiants en droit découvrent vite l’infinité de ses développements. Les sociétés traditionnelles étaient souvent coutumières et ème collectives. Mais au XIX siècle, dans les sociétés occidentales, l’Etat gendarme, grâce à de multiples Codes écrits, exacerbe le droit de propriété privée. Haies, barrières, murs, murailles…les paysages sont peu à peu déchiquetés… Immenses carrières qui dévorent les montagnes, percées de tunnels à péage, ponts orgueilleux… Les développements communautaires (collectivités locales, Europe…) n’ont pas altéré l’étendue du sacro-saint droit de propriété.
Terrains côtiers objets de toutes les convoitises. Pressions sur les élus pour les permis de construire. Spéculation aussi sur les terrains de montagne. Dans un pays, lorsqu’on commence à affirmer ledroit à la santé, le droit au logementprécisément parce que toutes les… c’est conditions (financières, culturelles…) nécessaires à la jouissance de cet état ne peuvent plus être réunies et garanties qu’un « Droit » est mis en avant. Mais un décret n’est pas une baguette magique.
Deux « écoles » de protection
EcranUn écran constitue uncadreest alors focalisée,. L’attention qui permet deprojeter des images (publicités futiles ou terribles vues de guerre…), il forme enfin uncachepar rapport aux jolies choses (?) qui sont derrière. Dès que nos bambins sont en âge de manier la souris, ils tombent et succombent à ce triple danger. A Noël 2013, plusieurs émissions très sérieuses abordaient gravement le sujet « A partir de quel âge peut-on offrir une tablette tactile à un petit ? ». De quoi en perdre le sommeil ! Minuscules, ou « murs d’images » géants, des dizaines, des centaines d’écrans nous poursuivent, du matin au soir. Applications infinies. Vous attendez à la poste ? Savourez ce merveilleux coucher de soleil à Tahiti sur écran plat ! Société schizophrène. Le métro ? Souriez ! Vous êtes filmés ! Vous roulez en voiture ? Ne proposez pas d’admirer lepaysage à vos petits passagers ! Installez-leur un écran, et hop !
Un merveilleux paysage (tout en pixels) défile durant le voyage. Votre bout d’chou est à la crèche ? Pas d’inquiétude ! La dame de service veille…devant son écran ! Nous sommes trop souvent complices de ce qui n’est qu’un art du faire semblant, du toc, de la mise en scène. La « réalité virtuelle » a encore de beaux jours devant elle.
Ecran « ciel de lit » (zéro consommation)
F abriquer
Homo-faber*, lointain ancêtre, habile de tes mains, repose en paix; ne te retourne même pas dans ta tombe ! Au néolithique (- 6000 ans) tu ne t’es plus contenté de prélever de quoi vivre dans l’environnement. L’agriculture ouvre alors l’ère de l’économie (outils, investissements...), et aussi, à unfaible degré, celle de lacroissance. La saga de cette histoire ? Fabriques et machines à vapeur, usines fumantes, maintenant ateliers aseptisés des « zones d’activité », pétroliers géants sur tous les océans… Onn’arrête pas le progrès. Il y a parfois des quintes de toux, du chômage. Mais ça repart. Tout est à produire, à construire, à bâtir. Prométhée ouSisyphe ? Evoluant du simple au complexe, du naturel à l’artificiel, de lavaleur d’usageet non marchande au marketing publicitaire le plus sophistiqué, la fabrication de milliards de produits ou services dévore matières premières, énergie, espace.
Parallèlement, l’autoconsommation (donc autoproduction) a été peu a peu dévalorisée. Il faut « produire », travailler non seulement pour soi. Et la division dutravail s’amplifie, avec multiplicationdes échanges et transports. Combien de petites mains asiatiques assemblent et emballent-elles tous les jours des montagnes de tours Eiffel, de figurines du cinéma ou autres gadgets en plastique ? Alors ? Produire, consommer « local » ? Si possible… Mais quel niveau pour ce petit retour à l’autarcie ? La famille ? La commune ? La région? L’autarcie est-elle soluble dans la démocratie ? Lyon, « couloir de la chimie »
G aspiller
Moisson quotidienne de publicité dans la boite aux lettres Qui gaspille ? « L’Administration ! Les jeunes ! Les étrangers ! »…clament les bouches en chœur. Oui, l’enfer, c’est bien « les autres » (Sartre). Gaspiller quoi ? Le chauffage (cf. « chauffer les moineaux »), la nourriture, les deniers publics, l’espace… La liste est infinie. Quand ? Les lecteurs curieux se reporteront à la quête du « sens de la fête ». Terme flou, donc. Mais signe d’une remise en cause possible : Débauche ? Irresponsabilité ? Méchanceté ? L’expression anglaise « Dans le cochon tout est bon, sauf le cri ! » fournit une piste. L’animal est vu comme un bien économique, dont on va essayer de tirer parti au maximum. Une Néerlandaise(Christien Meindertsma) a minutieusement suivi l’abattage du porc N° 05049 et ses débouchés.
Conclusions : en plus de la charcuterie, elle a retrouvé pas moins de 185 débouchés ou produits (savon, béton cellulaire, valves cardiaques, papier photographique, chewing-gum, bière, beurre allégé (!), systèmes de freinage pour trains, filtres de cigarettes, carburant, porcelaine, pain, ou encore...steaks de boeuf recomposés ! ème La valorisation du 5 quartier porcin (abats) repose sur un savoir faire, un art séculaire « d’accommoder les restes », élaboré par des populations confrontées à des temps difficiles. Au Portugal, au Viêt Nam et sans doute ailleurs, on savoure de très bonnes soupes de pattes de poulets. Si lerécup’arta le vent en poupe, unart de la récup, (à préciser) serait peut-être encore plus porteur d’avenir pour l’environnement car il intervient en amont.Lyon Vaise,avril 2009. Démolitiondun immeubleflambantneuf
Habiter
De terre, de brique, de béton… Mais aussi : un toit, un chez soi, le sweet-home, une demeure, un domicile… Qu’il soit individuel ou collectif, l’histoire de l’habitat est écrite dans l’environnement. Et la comptine des trois petits cochons est un condensé de ces dimensions techniques et humaines. Nous conseillons à bien des adultes de la redécouvrir*. Lefoyerd’habitat d’une famille. Se mettre enlongtemps été le lieu  a ménage, vivre « à pot et à feu ». A l’opposé des peuples nomades, ces constructions perduraient d’une façon stable, sinon immuable. Tout change avec un horizon économique qui ne cesse de se rapprocher. Ladomusobjet de consommation. Dorénavant, devient la panoplie du « chez soi » intègre des éléments de confort (climatisation, jacuzzi..), de « simplification » (domotique et autres portails électriques …) et bien sûr des éléments de sécurité (« indispensables »).
* cf la vidéo «Cric crac… dans ma baraque ! »sur https://vimeo.com/32981480
Consommation de matériaux, d’espace, de migrations et déplacements, compétitions de voisinage pour la plus belle villa…s’enchaînent dans une ronde de crédits dont les impacts sur l’environnement ne sont pas finis. «Les oubliés » ème Lyon 6 , 2006, opération de rénovation urbaine
  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents