EDF H&F 6 Bien respirer en Métropole
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Bien respirer en métropole PARIS, LE 6 MARS 2018 2 Dans la suite de 3 > notre dernìre matińe, «Relever les d́is 4&5 de la ḿtropole ŕsiliente », qui s’est tenueen mars 2017,Grand Paris Histoires et Futurs poursuit sa qûte du mieux vivre ensemble en appro 6 fondissant un des vec 7 teurs essentiels de la ŕsilience du Grand Paris : 8 PHILIPPE SERIEYS l’atmosph̀re des villes. 9 Objet d’actualit́ politique de premier plan, l’air que nous respirons est le luide vi 10 tal par excellence. Si ses impacts ́pid́miologiques se font chaque jour plus pŕcis 11 et inquítants, il demeure par nature un bien commun de ŕf́rence, non exclusif et pourtant rival, selon les endroits ò l’on vit. Il donne lieu ̀ de multiples innovations dans le domaine de sa puriication, de la mesure de ses composantes, des modalit́s de sa difusion. Cette matińe du 6 mars vise ̀ explorer ce th̀me dans notre esprit habituel : au t́moignage d’initiatives, de pratiques, d’interpellations, 12 viendront faire ́cho les mises en perspectives du prospectiviste hierry Gaudin et de l’historien Alain Beltran. Livier Vennin « Aulieu de s’ingénier à tuer les microbes dans les plaies, ne serait-il pas plus raisonnable de ne pas en introduire?

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Publié le 29 août 2018
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Licence : Tous droits réservés
Langue Français
Poids de l'ouvrage 10 Mo

Extrait

Bienrespirerenmétropole
PARIS, LE 6 MARS 2018  2 Dans a suîte de  3 >notre dernîre ma-tîńe, « Reever es d́Is 4&5 de a ḿtropoe ŕsî-îente », quî s’est tenue en mars 2017,Grand ParisHistoires et Futurs pour-suît sa qûte du mîeux vîvre ensembe en appro- 6 ondîssant un des vec- 7 teurs essentîes de a ŕ-sîîence du Grand Parîs :  8 PHILIPPE SERIEYS ’atmospre des vîes.  9 Objet d’actuaît́ poîtîque de premîer pan, ’aîr que nous respîrons est e luîde vî- 10 ta par exceence. Sî ses împacts ́pîd́mîoogîques se ont caque jour pus pŕcîs  11 et înquî́tants, î demeure par nature un bîen commun de ŕ́rence, non excusî et pourtant rîva, seon es endroîts o ’on vît. ï donne îeu ̀ de mutîpes înno-vatîons dans e domaîne de sa purîIcatîon, de a mesure de ses composantes, des modaît́s de sa dîfusîon. Cette matîńe du 6 mars vîse ̀ exporer ce tme dans notre esprît abîtue : au t́moîgnage d’înîtîatîves, de pratîques, d’înterpeatîons,  12 vîendront aîre ́co es mîses en perspectîves du prospectîvîste hîerry Gaudîn et de ’îstorîen Aaîn Betran. Livier Vennin
« Au lieu de s’ingénier à tuer les microbes dans les plaies, ne seraitil pas plus raisonnable de ne pas en introduire ? » Louis Pasteur
En partenariat avec
Une prise de conscience largement partagée Catherine Lescure Retour sur la résilience Pollution atmosphérique : des fumées qui empestent aux particules fines Alain Beltran
SYNTHÈSE DES DÉBATS
Les enjeux d’une problématique complexe La révolution hospitalière du « presque tout dans la chambre » Il faut mo-dé-li-ser Diya One, le robot qui « répare » l’air Dalkia, acteur de la qualité de l’air Un problème : le chauffage des bâtiments / Une solution : le réseau de chaleur
De la démocratisation des salles blanches Thierry Gaudin
PROCHAIN ÉVÉNEMENT
2 octobre 2018 SMART CITIES, AVATAR CONTEMPORAIN DE LA CITÉ IDÉALE ? Pour recevoir une invitation : livier.vennin@edf.fr
2
INTRODUCTIONS..
ABACAPRESS/SANDRINE ROUDEIX
CATHERINE LESCURE Déléguée régionale Île-de-France EDF
Permettez-moî d’abord de re-> mercîer e proesseur Maurîce Mîmoun, aînsî que tous es înter-venants de cette matîńe pour eur dîsponîbîît́ et eur engagement en aveur d’un combat sînguîer et ńanmoîns coectî quî est devenu essentîe dans notre ḿtropoe : ceuî de a quaît́ de ’aîr. L’an der-nîer, ors de notre pŕćdente matî-
Une prise de conscience largement partagée
quaîîer ces ́v́nements : « ’aîr-pocaypse ». Cea veut tout dîre. Sujet d́sormaîs au cœur de ’ac-tîon de tous es ́us, a quaît́ de ’aîr donne îeu en France ̀ me-sure, cîrage et objectî. À a d́-́gatîon ŕgîonae Îe-de-France d’EDF, nous observons m̂me que es Pans Cîmat, Aîr et Énergîe des coectîvît́s tendent ̀ devenîr des
Nous observons que les Plans Climat, Air et Énergie des collectivités tendent à devenir des Plans Air, Climat, et Énergie.
ńeGrand Paris Histoires et Futurs, nous avîons pour tme a vîe ŕ-sîîente, et avîons, ̀ cette occasîon, d́j̀ esquîsś e sujet de a quaît́ de ’aîr avec Śbastîen Maîre, aut responsabe ̀ a ŕsîîence ̀ a Maîrîe de Parîs. Aujourd’uî, nous aons donc ’aborder de manîre sṕcîîque.
« AIRPOCALYSE » La quaît́ de ’aîr est devenue un enjeu pour toutes es grandes ḿ-tropoes. En Cîne par exempe, es ́pîsodes ŕcurrents de pou-tîon urbaîne n’ont rîen ̀ envîer au « smog » ondonîen de 1952 sur eque revîendra ’îstorîen Aaîn Betran. D’aîeurs, es Cînoîs ont trouv́ un nom ́vocateur pour
Pans Aîr, Cîmat, et Énergîe tant a questîon est crucîae pour es cîtoyens comme pour es ́us quî sont en responsabîît́. On constate aussî, ors des pîcs de caeur, ̀ que poînt î exîste des eets d’em-baement entre augmentatîon de a temṕrature et augmentatîon de a poutîon atmosp́rîque.
LES SOLUTIONS VONT ÉMERGER Tout cecî mîîte bîen ́vîdemment pour une actîon orte en aveur d’une ́conomîe d́carbońe ; pour e rempacement des v́î-cues termîques par des v́î-cues propres, en partîcuîer des v́îcues ́ectrîques, sujet cer ̀ EDF ; pour e rempacement des
systmes de cauage urbaîn, en partîcuîer e ue, maîs aus-sî e boîs, par des systmes pus modernes et moîns ́metteurs de CO , comme e gaz ou es pompes 2 ̀ caeur ; enîn, pour accrotre a perormance ́nerǵtîque, autre domaîne sur eque EDF a d́ve-opṕ des comṕtences reconnues vîa son rôe d’expoîtant îndustrîe responsabe. Ces comṕtences, nous es mettons aujourd’uî ̀ dîsposîtîon des vîes, des orga-nîsmes tes que Aîrparî ou des aboratoîres de recerce tes
La ville de Shanghai envahie par la pollution.
que e Centre d’Enseîgnement et de Recerce en Envîronnement Atmosp́rîque (CEREA), aîn de comp́ter es outîs de mesure et de mutuaîser es savoîrs. Sî a questîon de a quaît́ de ’aîr tend ̀ devenîr une prob́matîque grave et compexe, je suîs, pour ma part, ŕsoument optîmîste, car convaîncue que, a prîse de conscîence ́tant aujourd’uî ar-gement partaǵe, es soutîons tecnoogîques vont pouvoîr do-ŕnavant ́merger et es mentaît́s ́vouer.n
Airlab, nouvel écosystème de la qualité de l’air Avec neuf autres partenaires fondateurs, EDF s’est associée à Airparif pour créer, en 2017, Airlab, accélérateur de solutions inno-vantes pour la qualité de l’air. Airlab rassemble une communauté qui s’engage pour améliorer la qualité de l’air. Qu’il s’agisse de grandes entreprises, de PME, de start-ups, d’instituts de recherche, de col-lectivités ou même de citoyens, chacun peut y apporter des idées, des compétences, des ressources et des moyens. Quatre piliers thématiques soutiennent l’action d’Airlab. Tout d’abord, l’évaluation des projets qui s’appuie sur l’expertise d’Airparif en la matière pour mesurer quantitativement l’impact des solutions proposées. Ensuite, l’accès privilégié à des terrains d’expérimentation pour mener des opérations grandeur nature sur des bâtiments, des quartiers, voire des communes. Le partage des données est aussi un enjeu majeur pour toute innovation dans ce domaine et Airlab ambitionne de deve-nir un carrefour majeur de l’accès aux données utiles pour la qualité de l’air. Enfin, Airlab s’inscrit dans un schéma d’innovation ouverte : une approche collaborative qui repose sur l’échange de moyens, de savoirs, de savoir-faire et d’informations. Les partenaires fondateurs d’Airlab: Région Île-de-France, Mairie de Paris, Métropole du Grand Paris, Préfecture d’Île-de-France, Île-de-France Mobilités, SNCF Logistics, Veolia, Icade, Air Liquide, EDF, Engie.
PETER DOWLEY/FLICKR
Lors de la matinée du 2 mars 2017 au siège d’EDF.
«La ŕsîîence urbaîne peut > ̂tre consîd́ŕe comme a ca-pacît́ de a vîe ̀ absorber une perturbatîon puîs ̀ ŕcuṕrer ses onctîons ̀ a suîte de cee-cî.» Tee est a d́înîtîon, cît́e par ïsabee Baraud-Seraty, consu-tante en ́conomîe urbaîne, îssue d’une ́tude ŕaîśe en 2012 par pusîeurs cerceurs de ’Écoe des înǵnîeurs de a Vîe de Parîs (EïVP) et întîtu́e « La ŕsîîence urbaîne: un nouveau concept oṕ-ratîonne vecteur de durabîît́ ur-baîne ? » Seon cette m̂me ́tude, e processus ŕsîîent se base sur troîs evîers : a capacît́ de ŕsîs-tance et d’absorptîon d’une pertur-batîon ; a strat́gîe organîsatîon-nee quî permet d’oṕrer e retour ̀ a normae ; a capacît́ ̀ onc-tîonner en mode d́grad́ durant e temps que prend ce retour ̀ a nor-mae. Touteoîs, Śbastîen Maîre, Cîe Resîîence Oîcer ̀ a Vîe de Parîs, consîdre cette d́înîtîon comme însuîsante et propose putôt de penser es crîses comme autant d’opportunît́s. « Aînsî, e propos de a ŕsîîence urbaîne ne seraît pas de revenîr ̀ ’́tat înîtîa, maîs de se servîr de a crîse pour
Retour sur la résilience
Le 2 mars 2017, la matinéeGrand Paris Histoires et Futursavait pour thé matique la résilience urbaine, sujet proche de la qualité de l’air. C’est pour quoi nous en donnons ici une très brève synthèse.
parvenîr ̀ un ́tat pus robuste, quî saura aîre ace au m̂me type de coc ou de crîse.»
IDENTIFIER LES RISQUES L’un des enjeux de a ŕsîîence urbaîne consîste ̀ îdentîîer es rîsques quî psent sur es vîes. On peut es casser en deux grandes cat́gorîes : es cocs et es crîses cronîques. On întgrera dans a premîre es catastropes na-turees (înondatîons, temp̂tes, śîsmes, avaances…), es cocs sanîtaîres (pand́mîes), es accî-dents îndustrîes (Seveso, AZF) et es dysonctîonnements (pannes d’́ectrîcît́) ; on trouve dans a se-conde es ṕnurîes, a poutîon de ’aîr, ’usure des înrastructures, es mîgratîons ou encore es îńgaît́s socîaes. Les rîsques peuvent aus-sî canger de nature. Par exempe, es canîcues quî devraîent întensî-îer eurs apparîtîons avec e can-gement cîmatîque. ïs peuvent m̂me devenîr quasî permanents, comme es attentats, ce quî obîge ̀ de nouvees protectîons. dîrec-teur d’Enedîs Parîs, Érîc Saomon expîque : « ï y a 20 ou 30 ans, un poste source dans Parîs - objet
Son ondateur, Tîmot́ Goupî nous en expîque brîvement e prîncîpe : « SAFER est une pate-orme web bîg data quî întgre un maxîmum de donńes reatîves au rîsque nature pour en orîr une cartograpîe sîmpe. SAFER agît comme systme d’aerte, aîde ̀ pŕvoîr es actîons quî vont per-mettre d’endîguer e rîsque, contrî-bue ̀ ’organîsatîon des secours durant a crîse et agît comme sys-tme de pŕventîon auprs des cî-toyens en utîîsant ’ensembe des moyens de communîcatîon dîspo-nîbes dans a vîe.»
LA RÉSILIENCE NOUS CONCERNE TOUS Dans e contexte actue - et SAFER ’îustre bîen -, a questîon de a ŕsîîence tend ̀ devenîr une ques-tîon de donńes. Sî ’on observe ce quî se passe avec es înrastruc-tures, on constate que cees-cî se d́doubent par des pateormes de donńes. Pour Érîc Sao-mon, e ŕseau ́ectrîque montre PHILIPPE SERIEYS ’exempe par sa acut́ ̀ s’adap-autement tecnîque, maîs înt́- ter : « Un ŕseau quî s’adapte, c’est gŕ arcîtecturaement - ́taît une un ŕseau capabe d’antîcîper ses source de îert́ et nous ́tîons ̀ pannes. C’est ce que nous appe-deux doîgts de e aîre vîsîter. Au- ons ’autocîcatrîsatîon. En cea, jourd’uî î est devenu une cîbe. es smartgrîds nous rendent un îer Nous avons donc entreprîs avec servîce puîsqu’îs nous permettent Googe de retîrer toute îdentîîca- d’antîcîper une panne ou de ŕagîr tîon de ces postes sources sur ïn- îmḿdîatement pour que e ŕ-ternet.»seau revîenne ̀ son ́tat înîtîa.»Les smartgrîds, et pus ǵńrae-COMMUNIQUERment, es nouvees tecnoogîes Autre enjeu î́ ̀ a ŕsîîence : a ont aît surgîr un certaîn nombre communîcatîon. En eet, a ŕsî- d’entrants dans a abrîque ur-îence ne sauraît ̂tre correctement baîne. Une nouvee cartograpîe assîmî́e sans prendre en compte des acteurs de a ŕsîîence prend toutes es înterd́pendances. C’est aînsî orme, avec en son centre une partîcuîrement crîtîque en ce îgure îńdîte : ’agŕgateur urbaîn, quî concerne e ŕseau ́ectrîque înterace oṕratîonnee entre es comme e d́montre Carmen Mu- grands acteurs (servîces de ’État, noz, dîrectrîce ǵńrae de Cî- coectîvît́s, grandes entreprîses, teum : «oṕrateurs pubîcs et prîv́s, etc.)J’aî ǵŕ suîsamment de crîses pour savoîr qu’avec des pro- et es usagers, agîssant ̀ travers des bmes ́ectrîques, tout dysonc- pateormes nuḿrîques. Quî pus tîonneest, a ŕsîîence urbaîne concerne: es ŕseaux de t́́com- munîcatîon, es systmes d’eau, es tous es sujets du d́veoppement pompes de reevage. Tout est y- terrîtorîa, pas unîquement a ges-per connect́.»de crîse ou e management des En conśquence, tîon tous es acteurs doîvent pouvoîr rîsques, ce quî împîque ̀ a oîs de communîquer et s’́canger des nombreuses înterd́pendances et înormatîons îabes. C’est en par- a mîse en jeu d’acteurs que ’on ne tîe ’objectî de SAFER, outî d’aîde soupçonne pas orćment. Au pre-̀ a gestîon des rîsques natures. mîer rang desques es cîtoyens.n
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HISTOIRES..
Pollution atmosphérique : des fumées qui empestent aux particules fines
PHILIPPE SERIEYS
ALAIN BELTRAN Directeur de recherche au CNRS (unité mixte Sorbonne-Irice), président du Comité de l’histoire de l’électricité et de l’énergie.
Le mot « poutîon » date du > e Xïï sîce, ́poque o î pou-vaît avoîr un sens bîen dî́rent de ceuî d’aujourd’uî, notamment parce qu’î ́taît î́ ̀ a reîgîon. Magŕ tout, ds e Moyen Âge, on trouve trace d’́́ments îstorîques que ’on peut rapporter ̀ des ormes de poutîon. ï en est une pus par-tîcuîrement quî ́taît consîd́ŕe ̀ ’́poque comme un v́rîtabe ́au pour a vîe ḿd́vîae : a poutîon î́e aux odeurs. Ee ́taît d’orîgîne umaîne, anîmae ou en îen avec certaînes actîvît́s quî utî-îsaîent e pomb, e mercure ou e carbon de boîs. Des procs ́taîent întent́s par des partîcuîers contre des voîsîns juǵs nauśabonds. Au e XV sîce, des ́dîts royaux ordon-nrent aînsî ̀ des « îndustrîes » de quîtter es vîes pour aer s’́tabîr pus oîn, soutîon quî sera d’aî-eurs empoýe durant pusîeurs sîces.
L’ENFER SUR TERRE Oṕrons un saut dans e temps e pour nous retrouver au XVïï sîce en Angeterre. À cette ́poque, e carbon quî y ́taît utîîś ́taît un carbon de mer, « seacoa » en angaîs. Un certaîn Jon Eveyn (1620-1706) ́crîvît un ouvrage en 1661 baptîśFumifugium quî s’adressaît au roî et au Parement pour d́noncer es uḿes quî em-pestaîent es vîes.Fumifugiumest souvent cît́ comme un îvre pŕ-curseur de a prîse de conscîence par rapport ̀ a poutîon. En voîcî un extraît : « Un nuage de carbon de mer aît ressember ̀ ’ener sur Terre comme un vocan par un jour de brouîard. Cette uḿe
pestîentîee quî corrode m̂me e er et quî pourrît tout ce quî bouge saîsît es poumons de tous es a-bîtants, ce quî aît que a toux et a consomptîon n’́pargnent per-sonne. » Cînq ans pus tard, en 1666, Londres sera e t́âtre d’un îmmense încendîe quî ravagera a vîe. Eveyn sugǵrera d’en proî-ter pour construîre autrement a cît́ et, comme î ́taît ortîcuteur de proessîon, proposera a panta-tîon d’une grande aîe aromatîque tout autour de Londres.
LE NUAGE DE PARIS Sî ’on rancît a Mance, on trouve aussî queques textes înt́-e ressants sur a questîon au XVïïï sîce ; en partîcuîer ceuî pubî́ en 1763 par e ḿdecîn de Jean-Jacques Rousseau, Acîe-Guî-aume Le Begue de Prese, et quî s’appeeLe conservateur de la santé. ï s’agît avant tout d’un en-sembe de pŕconîsatîons d́î-vŕes pour aḿîorer a sant́ de tout ̀ cacun. Une page nous în-t́resse pus partîcuîrement quî cîte ’exempe de Parîs : « Parîs a un atmospre [atmospre est e de genre mascuîn au XVïïï sîce, NDLR] partîcuîer en tout temps, except́ pendant es grands vents. Cet atmospre est orḿ par un aîr rendu trs pesant par a quantî-t́ des corpuscues ou exaaîsons qu’î soutîent et que eur poîds em-p̂ce de s’́ever ort aut. C’est ce quî orme ce nuage dont Parîs parat couvert et enveopṕ dans e temps e pus sereîn orsqu’on re-garde cette vîe d’un peu oîn. ï ne aut pas cercer d’autres causes de a mauvaîse odeur quî rappe es ́trangers quî arrîvent et ceux quî y rentrent aprs avoîr ́t́ absents queque temps, des rougeurs et maux d’yeux qu’îs ́prouvent, du mauvaîs teînt ou de a coueur pâe et pomb́e des Parîsîens, de eur peu de vîgueur, de a ŕquence du scorbut, de a promptîtude avec aquee es caîrs crues se corrompent, es caîrs cuîtes se moîsîssent, es ́toes et es draps perdent eur ustre, e papîer et e în se jaunîssent, es maîsons neuves jaunîssent et se noîrcîssent, es ḿtaux poîs se ternîssent et se rouîent ! »
PLUIES ACIDES, FUMÉES D’USINE e Le XïX sîce est ceuî du pasteu-rîsme et de ’ygî́nîsme. Nous avons d́j̀ pu dîre ors de ces ma-
tîńes que a ŕorme urbaîne de Parîs sous Napo́on ïïï ut ŕaîśe dans un soucî de uîdît́ et d’une aḿîoratîon des condîtîons de vîe. À ’eure o e baron Haussmann quîttaît ses onctîons de pŕet de Parîs, un cîmîste ́cossaîs du nom de Robert Angus Smît pubîaît un îvre :Air and rain. The beginnings of a chemical climatology. Angus Smît ut e premîer ̀ ́tabîr un îen entre poutîon atmosp́rîque et puîes acîdes, et a ḿtodoo-gîe de son ouvrage ́taît extraor-dînaîrement avanće. ï y cîte a France comme un pays quî auraît d́j̀ prîs conscîence de ce p́no-mne ; touteoîs, î est înt́ressant de constater qu’î audra attendre presque un sîce pour que ces puîes acîdes devîennent un sujet d’înt́r̂t majeur. e  Les pŕoccupatîons du XïX sîce quant aux condîtîons atmos-p́rîques peuvent aussî ̂tre ob-serv́es dans e travaî d’un certaîn nombre d’îustrateurs et de des-sînateurs. L’un des pus ćbres d’entre eux est sans nu doute A-bert Robîda dont e îvreLa vie électriqueune vîsîon de ŕve ’avenîr pus proce de a dystopîe que de ’utopîe. Robîda y ́voque a poutîon bact́rîoogîque de ’eau quî extermîne es poîssons aînsî que a poutîon cîmîque de ’aîr due au carbon quî d́truît toute ’atmospre. Cette vîsîon aarmîste rejoînt es îmages que
Illustration d’Albert Robida dansLa vie électriquesur la pollution bactériologique.
nous pouvons avoîr en t̂te d’une partîe de a banîeue parîsîenne durant ’entre-deux-guerres, avec son paysage îndustrîe et ses u-ḿes d’usîne. ïmages quî sont, par certaîns côt́s, assez ausses sî ’on se ŕre ̀ d’autres potograpîes nous montrant une banîeue ar-boŕe, aîte d’espaces vîerges ou agrîcoes. La vîe de Montreuî en Seîne-Saînt-Denîs ne ut-ee pas ongtemps ŕput́e pour ses p̂ces ?
LE « SMOG » LONDONIEN : DES MILLIERS DE MORTS L’întense îndustrîaîsatîon du d́-e but du XX sîce en Europe a eu son prîx en vîes umaînes. Nous en avons un exempe avec ce quî se passa dans a va́e de a Meuse, en Begîque, au moîs de d́cembre 1930. Le manque de vent, ŕcur-rent en îver, y provoqua a massî-îcatîon de nuages d́́tres dans une ŕgîon domîńe par a sîd́-rurgîe et es centraes termîques au carbon. Vîngt personnes en moururent ; une catastrope quî a m̂me aît se d́pacer a reîne des Beges, Éîsabet de Bavîre. De a m̂me açon que es exposîons mortees de macînes ̀ vapeur ́taîent vues comme des accîdents îndustrîes, cette poutîon uneste de ’aîr ́taît consîd́ŕe comme une ataît́, une rançon ̀ payer au progrs.  Vîngt ans pus tard, un autre
ALBERT ROBIDA
Un policier britannique porte un masque durant le «smog» de 1952.
́pîsode de poutîon aaît avoîr des conśquences bîen pîres. La vîe de Londres ́taît ŕput́e de-puîs ongtemps pour son « smog », ńoogîsme contractant es mots « smoke » (uḿe) et « og » (brouî-ard). Entre e 5 et e 9 d́cembre 1952, Londres ut envaîe par une brume brunâtre et ́paîsse. On n’y voyaît pas ̀ pus de 30 cm. En cause : a pŕsence d’un antî-cycone combîń au recours au cauage ̀ carbon pour utter contre e roîd. La « puŕe de poîs » ondonîenne ît aors de 4 000 ̀ 12 000 morts seon es sources ; une catastrope natîonae quî d́bar-rassa e « smog » de son aspect ok-orîque (e peîntre Caude Monet adoraît a umîre embruḿe de Londres, cauśe par a poutîon, ̀ a dî́rence de a umîre du mîdî de a France qu’î trouvaît pate et trîste) pour ’́tabîr comme d́înî-tîvement dangereux pour a sant́.
LÉGIFÉRER Sî es poutîons atmosp́rîques peuvent ̂tre consîd́ŕes comme ńastes pour ’̂tre umaîn, de quee manîre es gouvernements ont-îs agî ? Quee ́gîsatîon ont-îs produîte ? De ce poînt de vue, a France ut putôt en avance : e premîer d́cret sur es poutîons îndustrîees date en eet de 1810 et ut cŕ́ aprs cette adresse du mînîstre de ’ïnt́rîeur ̀ ’Aca-d́mîe des Scîences : « Le gouver-nement ne peut to́rer que pour ’avantage d’une îndustrîe tout un quartîer respîre un aîr înect. » Aînsî e d́cret a-t-î pu dîvîser es manuactures însaubres en troîs cat́gorîes : es ́tabîssements în-dustrîes qu’on ́oîgnaît des abî-tatîons ; ceux pour quî î pouvaît y avoîr dîscussîon ; et es ́tabîs-sements sans danger. À cet eet, un Corps des înspecteurs ut cŕ́,
maîs unîquement dans e d́parte-ment de a Seîne (80 communes ̀ ’́poque), sî bîen que e d́cret ut assez peu appîqú. Maîs î avaît eu e ḿrîte de poser une questîon împortante : cee de ’́quîîbre entre es înt́r̂ts de ’îndustrîe (quî sont ŕes, en termes de travaî et de rîcesse) et es înt́r̂ts gobaux d’une socî́t́ quî a e droît de res-pîrer un aîr saîn. Une nouvee oî sur es ́tabîssements dangereux, însaubres et încommodes ut vo-t́e en 1917, quî reprenaît a ́gîs-atîon de 1810. Puîs î y eut en 1932 a oî Morîzet sur a suppressîon des uḿes îndustrîees et, en-suîte, deux textes, en 1958 et 1961, sur a pŕventîon de a poutîon de ’aîr et a utte contre es poutîons atmosp́rîques et es odeurs. Sur e pan înternatîona, on observe
une reatîve concordance de dates avec d’autres ́gîsatîons d’autres pays. La premîre oî aḿrîcaîne d’împortance date de 1963 et a premîre con́rence des Natîons Unîes sur ’envîronnement eut îeu en 1972 ̀ Stockom, avec un accent port́ sur e probme des puîes acîdes. Cecî ́tant, sî on peut se ́îcîter d’un certaîn nombre de mesures, î aut aussî s’înterroger sur e temps quî a au pour par-venîr ̀ une prîse de conscîence.
COMPLEXITÉ, LOCAL ET GLOBAL On peut avancer au moîns cînq raîsons ̀ cette tardîve prîse de conscîence. La premîre est a grande compexît́ des p́no-mnes atmosp́rîques quî rend dîîcîes es expîcatîons et brouîe
Hors champ: « L’air de nos villes est un poison »
a d́cîsîon. La deuxîme est socî́-tae : sî nous assocîons acîement une cemîńe d’usîne quî ume ̀ queque cose de nocî, pendant ongtemps ce ut un symboe d’ac-tîvît́ et d’empoî oca. De açon sî-mîaîre, a notîon de scandae peut ee aussî ́vouer : aujourd’uî re-jeter des pouants dans une rîvîre est une abomînatîon, autreoîs cea vaaît mîeux que de es aîsser sur pace pour qu’îs empoîsonnent un quartîer. Cea rejoînt a notîon du rapport entre goba et oca : passer du oca au goba est non KEYSTONE seuement une questîon de me-sure, maîs aussî une questîon de mentaît́ ; î aut pouvoîr se dîre que d́pacer une poutîon ne a soutîonne pas. Enîn, ’îd́e a ongtemps persîst́ qu’î ́taît tout ̀ aît acceptabe qu’î exîste des banîeues îndustrîees subîssant a poutîon et des banîeues ŕsîden-tîees quî en sont ̀ ’abrî.  De nos jours, nous sommes pas-śs ̀ un nîveau de connaîssances sur a poutîon quî nous permet de prendre en compte, par exempe, es partîcues înes. Nous nous trouvons ace ̀ des probmes de pus en pus compexes, de pus en pus gobaux et de pus en pus înterconnect́s. Touteoîs, pour termîner sur une note posîtîve, je dîraîs que sî vous aez ̀ Londres aujourd’uî, î y a des cances que votre vîsîbîît́ soît suṕrîeurè 30 cm.n
Le 21 mars 1964, l’hebdomadaireParis Matchpublie un article du journaliste Marc Heimer titré « L’air de nos villes est un poi-son ». Le texte est une charge virulente contre le mode de vie des citadins, responsable de la pollution atmosphérique : « Les cheminées d’immeubles et d’usines, les automobiles : voilà dé-masqués les ennemis publics. » Marc Heimer donne des chiffres : « 3 millions de conduits en activité à Paris, 2 millions d’appareils de chauffage à combustion lente et 1 million de cuisinières » qui consomment du charbon, lequel libère du soufre. Selon le jour-naliste, le souffre et le gaz carbonique sont « responsables de l’encrassement des poumons des Parisiens, de la corrosion de leurs toitures et de l’assombrissement de leurs immeubles. » Et de poursuivre : « Cinq fois plus de pneumonies, quatre fois plus de tuberculoses, quatre fois plus de cancers du poumon dans les villes qu’à la campagne : tel est le résultat de la pollution de l’air. » Les citoyens les plus vulnérables sont les agents de la circulation qui, aux carrefours les plus embouteillés, doivent être relevés toutes les 2 heures. Et Marc Heimer de conclure que pour lutter contre cette pollution, il existerait deux solutions : utiliser des voitures électriques et planter des arbres dans Paris.
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SYNTHÈSE DES DÉBATS..
Les enjeux d’une problématique complexe
« Le soue c’est a vîe », nous > dît en pŕambue Érîc Moînî́, quî rappee aussî « qu’en 2050, pus de 75 % de a popuatîon mondîae vîvra en vîe et prîncîpaement dans une ḿtropoe. L’aîr que nous respîrons en vîe est dont un enjeu d’attractîvît́, d’acceptabîît́ pour es popuatîons et aussî un enjeu de sant́ pubîque. » Par aîeurs, a vîe est aîte en grande partîe de bâtîments ̀ ’înt́rîeur desques nous passons 90 % de notre temps. Les cîres ́vouent seon e type de bâtî, maîs une ŕcente ́tude de ’OMS nous apprend que ’aîr est deux ̀ cînq oîs pus poú ̀ ’înt́-rîeur qu’̀ ’ext́rîeur.
LE SYNDROME DU BÂTIMENT MALSAIN Cette d́gradatîon de a quaît́ de ’aîr înt́rîeur est un p́nomne mondîa. Dans es îmmeubes de bureaux, on saît qu’ee împacte es perormances cognîtîves, ŕ-duît a concentratîon, joue sur es capacît́s de productîon. Avec e aboratoîre Maako Ḿd́-rîc, Rames Caussy et sa socî́t́ Partnerîng procdent d’aîeurs ̀ des exṕrîmentatîons pour pou-voîr mettre ̀ jour des îndîcateurs de perormance sur cette questîon. Une mauvaîse quaît́ de ’aîr înt́-rîeur entrane des maadîes respî-ratoîres, des aergîes, de ’astme, voîre m̂me, seon Érîc Moîń, « ce qu’on appee e syndrome du bâtîment masaîn : des patoo-gîes înexpîqúes quî apparaîssent dans des bâtîments neus. » Ee ŕduît notre esṕrance de vîe et peut m̂me devenîr mortee. ï n’est qu’̀ se ŕ́rer îcî ̀ ’îmmense scandae de ’amîante, mat́rîau îsoant bon marc́, argement utî-îś dans ’îndustrîe et a construc-tîon jusqu’̀ son înterdîctîon compte, en 1997, et quî pourraît provoquer d’îcî ̀ 2050 entre 68 000 et 100 000 morts en France, seon es estîmatîons de ’ïnstîtut de veîe sanîtaîre (ïVS).
UN SUJET TECHNOLOGIQUE Cet enjeu de sant́ pubîque peut vîte devenîr aussî un enjeu ́co-nomîque. D́j̀, auxÉtats-Unîs, es d́penses de sant́ î́es ̀ a mau-vaîse quaît́ de ’aîr dans es bu-reaux sont estîḿes ̀ 145 mîîards
de doars. En France, seon une ́tude de cerceurs en sant́ pu-bîque du 15 d́cembre 2017 cît́e par Érîc Moînî́, î seraît possîbe de ŕduîre es coûts socî́taux en-gendŕs par une mauvaîse quaî-t́ de ’aîr de 53 mîîards d’euros sî notre pays respectaît es seuîs îx́s par ’Organîsatîon mondîae de a sant́ (OMS).  Par aîeurs, a prob́matîque de ’aîr înt́rîeur tend ̀ se com-pexîîer ds ors qu’ee aronte d’autres enjeux tout aussî ver-tueux. Aînsî, nous dît Maurîce Mî-moun, « dans un but d’eîcacît́ ́nerǵtîque, on îsoe es maîsons au poînt que ’aîr n’y est pus re-nouve́. » Les bâtîments, de pus en pus ́tances, abrîquent e-ectîvement un aîr vîcî́, maîs pour Rames Caussy, « es acteurs quî concourent ̀ d́grader ’aîr înt́-rîeur sont nombreux. En parcou-rant une dîzaîne de tses sur e sujet, j’en aî îst́ pus d’une qua-rantaîne : ’aîr ext́rîeur, e vent, ’anguatîon du bâtîment, son utîîsatîon, es mat́rîaux quî e
intervenants
MAURICE MIMOUN Chef du service de Chirurgie Plastique, Recon-structrice et Esthétique ; chef du centre de traitement des brûlés de l’Hôpital Saint-Louis
« Entrer dans une chambre de brûlé n’est pas anodin : chaque intrusion pourrait le tuer. »
PHILIPPE SERIEYS
RAMESH CAUSSY CEO de Partnering ; titulaire de la chaire d’ex-cellence industrielle Robo’Ethics de Grenoble INP « Pour Diya One, nous utilisons des algorithmes de programmation qui s’inspirent de mécanismes biologiques. »
PHILIPPE SERIEYS
ÉRIC MOLINIÉ Secrétaire général de Dalkia
« La qualité de l’air est un enjeu humain, un enjeu de société, un enjeu d’attractivité pour les métropoles, un enjeu de santé publique et un enjeu éthique. »
PHILIPPE SERIEYS
composent, sans compter es p́-nomnes quî produîsent d’autres p́nomnes, comme es convec-tîons quî cŕent des strates d’aîr. » La prob́matîque de ’aîr înt́rîeur devîent aînsî un sujet autement tecnoogîque, quî peut ́capper
au sens commun, d’autant pus qu’ee ́cappe aussî ̀ nos sens proprement dîts. C’est pourquoî Rames Caussy pense qu’î aut en « aḿîorer a perceptîon, apporter de ’înormatîon et de a compŕ-ensîon » sur ce sujet.n
Isolation d’un immeuble par sa façade.
CJP24
« Pour un grand brû́, ’aîr am-> bîant de sa cambre d’ôpîta est une questîon de vîe ou de mort. » Aînsî e proesseur Maurîce Mîmoun pose-t-î es enjeux de a quaît́ de ’aîr înt́rîeur du centre de grands brû́s qu’î dîrîge. En 2012, ’Assîs-tance Pubîque – Hôpîtaux de Parîs (APHP) înaugure ̀ ’ôpîta Saînt-Louîs ̀ Parîs un nouveau centre quî regroupe toute son actîvît́ de prîse en carge des brû́s adutes, centre totaement novateur qu’î a penś et conçu.
LA CHAMBRE, PRINCIPE MOTEUR DE LA CONSTRUCTION Habîtueement, es centres de brû-́s sont des endroîts erḿs, pour ́vîter e pus possîbe es înectîons bîen entendu, maîs aussî parce que « es brû́s sont un peu es ́preux modernes », nous dît Maurîce Mî-moun. Ce sont des patîents qu’î est dîîcîe de regarder. Et e centre est un endroît o î est aît trs caud, o es condîtîons de travaî sont com-pîqúes, o es ŕsutats en termes de gúrîson sont îngrats. En conce-vant e nouveau centre de ’ôpî-ta Saînt-Louîs, Maurîce Mîmoun a vouu aîre ́vouer totaement cette approce. Pour aḿîorer es condîtîons de travaî du person-ne, î a modîî́ es aḿnagements comme a cŕatîon d’un ́tage entî-rement d́dî́ ̀ a maîntenance ou a mîse en pace des consutatîons au rez-de-causśe. ï a aussî vouu en aîre un centre ouvert o entre a umîre, maîs aussî es vîsîteurs sans qu’î soît ńcessaîre qu’îs en-îent une tenue partîcuîre. En e-et, ors de a pase d’́aboratîon du centre, Maurîce Mîmoun a înverś a proposîtîon en ne partant pas du bâtîment, maîs de a cambre du brû́. Aînsî, ce n’est pas e bâtîment quî est prot́ǵ, maîs a cambre ee-m̂me. Maîs ̀ n’est pas encore a pus grande înnovatîon.
L’ENNEMIE : L’INFECTION « Seon moî, ’ôpîta va ́vouer de deux manîres dans es procaînes anńes, expîque Maurîce Mîmoun. D’une part, ’ambuatoîre va s’air-mer avec ’ospîtaîsatîon ̀ domî-cîe. D’autre part, par besoîn de gar-der des patîents ̀ ’ôpîta, ceuî-cî va s’adapter ̀ eux. » La cambre de grand brû́ qu’î a îmagîńe pro-
La révolution hospitalière du « presque tout dans la chambre »
cde de cette pîosopîe. ï a ap-pe́ cea e « presque tout dans a cambre » et nous en expîque a ge-nse : « Un grand brû́ est une per-sonne en menace vîtae, branc́e ̀ une quantît́ de tubes, de peru-sîons, de serîngues ́ectronîques. Lorsque vous e d́pacez, î vous aut dîx personnes autour. C’est non seuement trs compîqú, maîs c’est aussî dangereux de passer dans des endroîts o e patîent rîsque ’înectîon ̀ tout moment. J’aî vu des patîents mourîr sur un tra-jet. Sans parer de a manutentîon ourde pour e personne soîgnant et du temps perdu. On s’est donc dît que e patîent, une oîs entŕ dans sa cambre, ne devaît pus en sortîr. »
AUCUN DÉPLACEMENT LATÉRAL À d́aut du scanner qu’î n’a pas ́t́ possîbe d’înt́grer (d’o son appea-tîon de « presque tout »), ce nouveau type de cambre d’ôpîta, quî pour-raît mener ̀ une v́rîtabe ŕvoutîon ospîtaîre, possde tous es aḿna-gements pour se transormer au gŕ des besoîns et ̂tre ̀ a oîs une sae d’oṕratîon, une sae de bańot́-rapîe, une sae de ŕanîmatîon et une cambre de vîsîte. Maurîce Mîmoun nous d́crît son onctîonnement :
« Dans cette cambre, e patîent n’a pus aucun mouvement de at́raît́. Son seu d́pacement est vertîca, ̀ ’aîde d’un treuî et d’un amac. La cambre est assez grande et munîe de deux trs grands sas, un sas d’en-tŕe/sortîe et un sas de d́contamî-natîon. On auraît pu dîmînuer a sur-ace des sas pour en gagner dans a cambre, maîs pour ̂tre utîe un sas doît ̂tre grand, de a ongueur d’un ît, de manîre ̀ ce qu’î puîsse entrer en entîer. Aînsî orsque e patîent doît ̂tre oṕŕ, on e monte dans e a-mac pendant que son ît est trans́ŕ dans e sas de d́contamînatîon, puîs on amne a tabe d’oṕratîon (î y a une tabe d’oṕratîon par cambre) sous e patîent que ’on redescend. Les condîtîons de travaî sont cees d’une sae d’oṕratîon cassîque. Au-trement dît, ee respecte es normes structurees d’une sae d’oṕratîon : on a des « scîaytîques », un bras cîrurgîca, un bras d’anest́sîe et bîen sûr e renouveement d’aîr est respect́. Une oîs ’înterventîon ter-mîńe, e patîent est reev́ dans e amac, a tabe oṕratoîre passe dans e sas de d́contamînatîon tandîs que e ît en sort, nettoý par es aîdes-soî-gnants, avant que e patîent ne e ŕ-întgre. Et a cambre redevîent une sae de ŕanîmatîon. »
Le concept du « presque tout dans la chambre » à l’hôpital Saint-Louis.
LE MOINS DE VENT POSSIBLE La cambre conçue par e proesseur Mîmoun possde aussî un baîn, - e processus d́crît cî-dessus ́tant ŕ-ît́ŕ pour a bańot́rapîe. Ee est enIn cambre de vîsîte pour es amîes. La pratîque est nouvee puîsqu’auparavant on înterdîsaît aux proces d’entrer dans a cambre de peur qu’îs contamînent a personne brû́e. Aînsî, ̀ ’ôpîta Saînt-An-toîne, o ́taît însta́ e pŕćdent centre de Maurîce Mîmoun, î avaît ́t́ aḿnaǵ un couoîr cîrcuaîre et vîtŕ autour de a cambre d’o es amîes pouvaîent communîquer avec e patîent. « Je recevaîs aors de nombreuses ettres de amîes ́po-ŕes quî n’avaîent pas pu toucer eur parent au moment de e quîtter », ra-conte Maurîce Mîmoun. En revance, dans e nouveau centre de ’ôpîta Saînt-Louîs, des rges strîctes ont ́t́ ́tabîes pour se pŕmunîr de a contamînatîon : on ne touce rîen avec es maîns quî doîvent ̂tre av́es ds que ’on sort de a cambre ; on doît rev̂tîr casaque, masque et ca-peau ; et es portes sont couîssantes pour occasîonner e moîns de vent possîbe. Comme e dît Maurîce Mî-moun : « Entrer dans une cambre de brû́ n’est pas anodîn : caque întru-sîon pourraît e tuer. »n
M. MIMOUN  C. BEAUCHÊNE
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SYNTHÈSE DES DÉBATS..
Visualisation de fuites dans les sas
Parmi les différentes modéli-sations réalisées par la R&D d’EDF pour les chambres du centre de grands brûlés de l’hô-pital Saint-Louis, celle-ci per-met de visualiser les fuites d’air dans les sas (situés à gauche) en fonction de la température de la pièce (photos : R&D EDF)
Il faut mo-dé-li-ser
Un grand brû́ meurt d’în-> ectîon. Ses d́enses îmmu-nîtaîres sont ́rod́es et ses propres ĝnes peuvent e contamîner et e tuer. Cependant, ce que e corps ḿdîca redoute e pus c’est a contamînatîon ext́rîeure, quî est de deux types : a contamînatîon manuport́e ou corpoport́e et a contamînatîon ároport́e. La pre-mîre peut ̂tre ́vît́e grâce ̀ un certaîn nombre de pŕcautîons, maîs a seconde est beaucoup pus dîîcîe ̀ contraîndre. Des quantî-t́s de partîcues cîrcuent dans ’aîr. Ce sont paroîs des germes ou des campîgnons. Comment aîre pour qu’îs ne se d́posent pas sur e pa-tîent ? Comment aîre pour qu’îs ne passent pas d’une cambre ̀ ’autre ?
DES COURANTS QUI S’INVERSENT La premîre d́cîsîon en ce quî concerne es cambres du centre des brû́s de ’ôpîta Saînt-Louîs ut de mettre en pace une ventî-atîon par pressîon ńgatîve dans es sas et une ventîatîon par pres-sîon posîtîve dans es cambres et e couoîr. Aînsî, comme ’expîque Maurîce Mîmoun, « es germes de a cambre comme ceux du couoîr sont aspîŕs dans es sas. » Pour au-tant, Maurîce Mîmoun a d́cîd́, en coaboratîon avec a R&D d’EDF, d’eectuer une mod́îsatîon des ux d’aîr des cambres grâce ̀ une cambre t́moîn : « Nous nous sommes aors aperçus que ce que ’on avaît pŕvu ́taît vraî, maîs pas comptement vraî, ou aux, maîs pas comptement aux. » En eet, a mod́îsatîon a pu prendre en
compte d’autres paramtres, dont ’un est vîta : a temṕrature des cambres. En efet, prîv́ de peau, un grand brû́ consomme ́norḿment d’́nergîe ds qu’î a roîd, maîgrît et peut en mourîr. Aînsî es cambres de ces patîents doîvent-ees ̂tre sur-cauf́es. Or a temṕrature agît sur es gradîents de pressîon : « On peut aînsî observer des courants quî vont dans e mauvaîs sens et des germes quî rebascuent vers es cambres au îeu de se dîrîger vers es sas », ex-pîque Maurîce Mîmoun.
RENDRE VISIBLE L'INVISIBLE Avec ses ́quîpes, e proesseur Mîmoun a pu s’apercevoîr, grâce ̀ a mod́îsatîon, que e raîson -
Modélisation des flux d’air sur une table d’opération par EDF R&D.
nement întuîtî sur es pressîons d’aîr n’́taît pas îabe, « qu’̀ raî-sonner sur ces ux , e cer veau umaîn se trompaît toujours ». La mod́îsatîon eur a enseîgń qu’en a matîre, î aaît… mo -d́îser. « Ee a ́t́ pour moî une ormîdabe d́couverte sur e pan du raîsonnement înteectue et m̂me au pan pîosopîque, concut Maurîce Mîmoun. Sau -ver a vîe d’un grand brû́, c’est organîser toute une cane de pratîques. Parmî es maîons de cette cane, a mod́îsatîon est extr̂mement împortante. Ee e ut pour a constructîon du centre et ee ’est encore pour notre conceptîon du soîn. »n
L’illusion de la purification
« Il faut faire très attention au mot “purification”. On ne purifie rien. » Selon Maurice Mimoun, penser que l’on puisse vivre dans une at-mosphère dénuée de germes, de microbes, voire même de pollution est aberrant. Pour la simple raison que les germes nous sont aussi utiles. Il prend l’exemple d’Emmanuel Vitria, connu pour avoir été l’un des premiers Français à bénéficier d’une transplantation cardiaque en 1968 : « Les médecins avaient extrêmement peur de l’infection et ont placé Emmanuel Vitria sous antibiotiques pour supprimer tous les germes. Ce faisant, ils se sont retrouvés avec un patient couvert de germes beaucoup plus résistants et beaucoup plus difficiles à éli-miner. Les germes doivent être tolérés parce que certains d’entre eux nous sont bénéfiques. Et il en va de même avec la qualité de l’air. » Ramesh Caussy va même plus loin : « Tout nettoyer est non seulement irréaliste, mais aussi dangereux, car cela peut créer des effets “cock-tails” entre certaines particules que l’on ne saura pas appréhender. » Pour lui aussi, l’idée de purification est à manier avec tact, tant par principe scientifique que pour des questions sémantiques : « Les chimistes m’ont apporté un autre mot pour mon robot, que je me suis approprié : “réparer”. »
JL ROUSSET/EDF R&D
De nos jours, ’aḿîoratîon >de a quaît́ de ’aîr dans es bâtîments passe essentîeement par a mîse en onctîon d’une cen-trae de traîtement d’aîr (CTA), quî utîîse ’aîr ext́rîeur, e purîîe, e caue ou e reroîdît avant de e ŕînjecter dans e ŕseau de ven-tîatîon. Cependant, on s’aperçoît que bîen souvent ces CTA tournent « ̀ ’aveuge », que eurs capteurs ne sont pas orćment bîen sîtús, que eurs rges de programmatîon ne sont pas toujours bîen adapt́es, qu’en onvtîonnant 7 jours sur 7 et 24 eures sur 24 ees consomment beaucoup d’́nergîe.
NEURO-INSPIRÉ On constate aussî en dîscutant avec es proessîonnes concer-ńs que dîsposer des capteurs un peu partout dans un bâtîment ne constîtue pas une soutîon îd́ae : « Quî va aîre a maîntenance de ces capteurs ? Quî va es recaî-brer orsqu’îs auront perdu eur pŕcîsîon de mesure ? », dîsent ces proessîonnes. Exîste-t-î aors un moyen pus eîcîent d’aḿîorer a quaît́ de ’aîr înt́rîeur ? Tout au moîns, est-î possîbe d’envî-sager dî́rentes soutîons putôt qu’une seue et unîque ? Rames Caussy s’est poś toutes ces ques-tîons et est parvenu, puîsqu’î agît dans e camp des tecnoogîes, ̀ înventer un robot de 1 mtre de aut, ressembant un peu ̀
Diya One, le robot qui « répare » l’air
R2-D2, e ćbre robot de Star Wars, dot́ d’une înteîgence artî-îcîee (ïA) neuro-înspîŕe. « Cea veut dîre que nous avons recod́ des ŕseaux de neurones artîî-cîes et que nous utîîsons des a-gorîtmes de programmatîon quî s’înspîrent de ḿcanîsmes bîoo-gîques. Aînsî, ce robot possde-t-î un comportement proce de ceuî des petîts mammîres. » ï s’appee Dîya One (« dîya » veut dîre petîte umîre en îndî), est produît ̀ 100 % en France et peut onctîonner en contînu pendant 8 ̀ 12 eures. Dot́e d’une petîte ca-ḿra, Dîya One est en mesure de se bâtîr sa propre cartograpîe de ’envîronnement dans eque î ́vo-ue. ï se d́pace dans n’împorte que espace et comprend aussî es envîronnements ́mergents pour uî permettre d’́vîter es obstaces et d’avoîr une navîgatîon uîde.
DIYA ONE MESURE, DIYA ONE « RÉPARE » Contraîrement ̀ d’autres înteî-gences artîîcîees quî ne sont en aît que de puîssants cacuateurs îxes, Dîya One possde aussî a acut́ d’utîîser de ’înormatîon pasśe pour comprendre des en-vîronnements dynamîques. Par aîeurs, onctîonnant en mode o-ca, î n’a pas besoîn de se connec-ter sur un coud et requîert donc moîns d’́nergîe que d’autres ïA. Dîya One est donc un robot mo-
bîe et autonome. Maîs que aît-î ? D’abord, î mesure. De açon contînue. « Équîṕ de ŕseaux de capteurs pour a quaît́ de ’aîr, î est capabe de comprendre par-tout o î passe ce quî se joue au nîveau du CO , de ’ozone, des 2 composants organîques voatîes (COV), des partîcues, des partî-cues înes ; î mesure ’umîdît́ et a temṕrature quî înuent sur a quaît́ de ’aîr, et puîs on ’a aus-sî dot́ de capteurs sur e bruît et a umînosît́, puîsqu’au ond ces îndîcateurs pysîques concourent aussî au bîen-̂tre ŕe dans es envîronnements înt́rîeurs », ex-pîque Rames Caussy. Deuxîme onctîon de Dîya One : î « ŕpare » ’aîr ambîant. Autrement dît, î agît posîtîvement sur sa quaît́ ds que e besoîn s’en aît ressentîr. Ce quî suppose qu’î est capabe de moduer sa strat́gîe et peut opter pour une strat́gîe d’aḿîoratîon contînue de a quaît́ de ’aîr înt́-rîeur. Aîn de s’assurer des quaît́s de eur robot, Rames Caussy et sa socî́t́ Partnerîng ont accept́ de e soumettre ̀ toutes es exṕrî-mentatîons du Centre Scîentîîque et Tecnîque du Bâtîment (CSTB). Durant deux ans, ses experts ’ont d́cortîqú dans tous es sens, souaîtant connatre es ŕees capacît́s de mesure de Dîya One, capteur par capteur, souaîtant comprendre ses capacît́s ŕees de traîtement et savoîr, en pŕsence
Le robot Diya One de Partnering.
d’une poutîon, ce qu’î pouvaît « ŕparer », ̀ quee vîtesse et avec quee eîcacît́. « Grâce ̀ aux ŕ-sutats du CSTB, nous avons pu aîre es adaptatîons ńcessaîres, notamment en termes de traîte-ment de ’aîr, et coîsî e ître ab-sou de Camî, eader mondîa de a îtratîon de ’aîr, quî est utîîś dans es saes d’oṕratîon cîrur-gîcae », souîgne Rames Caussy.
UNE PLATEFORME OUVERTE DE SERVICES Dîya One est aussî munî d’un petît ́cran înteractî quî permet de vî-suaîser es donńes qu’î mesure, maîs ses concepteurs ont souaît́ aîre « parer » ces donńes. Avec e CSTB, îs ont donc conçu un ́cran înormatîonne appe́ Dîya Board quî compte e robot en appor-tant un certaîn nombre de repres vîsues sur a quaît́ de ’aîr, e conort et e bîen-̂tre ̀ ’înt́rîeur du bâtîment. É́ment par ́́ment, îndîce par îndîce, varîabe par va-rîabe, î est possîbe d’observer sur cet ́cran des repŕsentatîons 2D ou 3D des mesures que aît e ro-bot aînsî, bîen sûr, que ’́voutîon de ces mesures au ur et ̀ mesure des d́pacements de Dîya One. Cea donne des cartes de ḿt́o înt́rîeures, une repŕsentatîon caîre de ce quî se passe dans un bâtîment, un ŕservoîr dynamîque de donńes que ’on peut partager. Dîya One, c’est donc aussî d’une
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