Bien respirer en métropole PARIS, LE 6 MARS 2018 2 Dans la suite de 3 > notre dernìre matińe, «Relever les d́is 4&5 de la ḿtropole ŕsiliente », qui s’est tenueen mars 2017,Grand Paris Histoires et Futurs poursuit sa qûte du mieux vivre ensemble en appro 6 fondissant un des vec 7 teurs essentiels de la ŕsilience du Grand Paris : 8 PHILIPPE SERIEYS l’atmosph̀re des villes. 9 Objet d’actualit́ politique de premier plan, l’air que nous respirons est le luide vi 10 tal par excellence. Si ses impacts ́pid́miologiques se font chaque jour plus pŕcis 11 et inquítants, il demeure par nature un bien commun de ŕf́rence, non exclusif et pourtant rival, selon les endroits ò l’on vit. Il donne lieu ̀ de multiples innovations dans le domaine de sa puriication, de la mesure de ses composantes, des modalit́s de sa difusion. Cette matińe du 6 mars vise ̀ explorer ce th̀me dans notre esprit habituel : au t́moignage d’initiatives, de pratiques, d’interpellations, 12 viendront faire ́cho les mises en perspectives du prospectiviste hierry Gaudin et de l’historien Alain Beltran. Livier Vennin « Aulieu de s’ingénier à tuer les microbes dans les plaies, ne serait-il pas plus raisonnable de ne pas en introduire?
PARIS, LE 6 MARS 2018 2 Dans a suîte de 3 >notre dernîre ma-tîńe, « Reever es d́Is 4&5 de a ḿtropoe ŕsî-îente », quî s’est tenue en mars 2017,Grand ParisHistoires et Futurs pour-suît sa qûte du mîeux vîvre ensembe en appro- 6 ondîssant un des vec- 7 teurs essentîes de a ŕ-sîîence du Grand Parîs : 8 PHILIPPE SERIEYS ’atmospre des vîes. 9 Objet d’actuaît́ poîtîque de premîer pan, ’aîr que nous respîrons est e luîde vî- 10 ta par exceence. Sî ses împacts ́pîd́mîoogîques se ont caque jour pus pŕcîs 11 et înquî́tants, î demeure par nature un bîen commun de ŕ́rence, non excusî et pourtant rîva, seon es endroîts o ’on vît. ï donne îeu ̀ de mutîpes înno-vatîons dans e domaîne de sa purîIcatîon, de a mesure de ses composantes, des modaît́s de sa dîfusîon. Cette matîńe du 6 mars vîse ̀ exporer ce tme dans notre esprît abîtue : au t́moîgnage d’înîtîatîves, de pratîques, d’înterpeatîons, 12 vîendront aîre ́co es mîses en perspectîves du prospectîvîste hîerry Gaudîn et de ’îstorîen Aaîn Betran. Livier Vennin
« Au lieu de s’ingénier à tuer les microbes dans les plaies, ne seraitil pas plus raisonnable de ne pas en introduire ? » Louis Pasteur
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Une prise de conscience largement partagée Catherine Lescure Retour sur la résilience Pollution atmosphérique : des fumées qui empestent aux particules fines Alain Beltran
SYNTHÈSE DES DÉBATS
Les enjeux d’une problématique complexe La révolution hospitalière du « presque tout dans la chambre » Il faut mo-dé-li-ser Diya One, le robot qui « répare » l’air Dalkia, acteur de la qualité de l’air Un problème : le chauffage des bâtiments / Une solution : le réseau de chaleur
De la démocratisation des salles blanches Thierry Gaudin
PROCHAIN ÉVÉNEMENT
2 octobre 2018 SMART CITIES, AVATAR CONTEMPORAIN DE LA CITÉ IDÉALE ? Pour recevoir une invitation : livier.vennin@edf.fr
Permettez-moî d’abord de re-> mercîer e proesseur Maurîce Mîmoun, aînsî que tous es înter-venants de cette matîńe pour eur dîsponîbîît́ et eur engagement en aveur d’un combat sînguîer et ńanmoîns coectî quî est devenu essentîe dans notre ḿtropoe : ceuî de a quaît́ de ’aîr. L’an der-nîer, ors de notre pŕćdente matî-
Une prise de conscience largement partagée
quaîîer ces ́v́nements : « ’aîr-pocaypse ». Cea veut tout dîre. Sujet d́sormaîs au cœur de ’ac-tîon de tous es ́us, a quaît́ de ’aîr donne îeu en France ̀ me-sure, cîrage et objectî. À a d́-́gatîon ŕgîonae Îe-de-France d’EDF, nous observons m̂me que es Pans Cîmat, Aîr et Énergîe des coectîvît́s tendent ̀ devenîr des
Nous observons que les Plans Climat, Air et Énergie des collectivités tendent à devenir des Plans Air, Climat, et Énergie.
ńeGrand Paris Histoires et Futurs, nous avîons pour tme a vîe ŕ-sîîente, et avîons, ̀ cette occasîon, d́j̀ esquîsś e sujet de a quaît́ de ’aîr avec Śbastîen Maîre, aut responsabe ̀ a ŕsîîence ̀ a Maîrîe de Parîs. Aujourd’uî, nous aons donc ’aborder de manîre sṕcîîque.
« AIRPOCALYSE » La quaît́ de ’aîr est devenue un enjeu pour toutes es grandes ḿ-tropoes. En Cîne par exempe, es ́pîsodes ŕcurrents de pou-tîon urbaîne n’ont rîen ̀ envîer au « smog » ondonîen de 1952 sur eque revîendra ’îstorîen Aaîn Betran. D’aîeurs, es Cînoîs ont trouv́ un nom ́vocateur pour
Pans Aîr, Cîmat, et Énergîe tant a questîon est crucîae pour es cîtoyens comme pour es ́us quî sont en responsabîît́. On constate aussî, ors des pîcs de caeur, ̀ que poînt î exîste des eets d’em-baement entre augmentatîon de a temṕrature et augmentatîon de a poutîon atmosṕrîque.
LES SOLUTIONS VONT ÉMERGER Tout cecî mîîte bîen ́vîdemment pour une actîon orte en aveur d’une ́conomîe d́carbońe ; pour e rempacement des v́î-cues termîques par des v́î-cues propres, en partîcuîer des v́îcues ́ectrîques, sujet cer ̀ EDF ; pour e rempacement des
systmes de cauage urbaîn, en partîcuîer e ue, maîs aus-sî e boîs, par des systmes pus modernes et moîns ́metteurs de CO , comme e gaz ou es pompes 2 ̀ caeur ; enîn, pour accrotre a perormance ́nerǵtîque, autre domaîne sur eque EDF a d́ve-opṕ des comṕtences reconnues vîa son rôe d’expoîtant îndustrîe responsabe. Ces comṕtences, nous es mettons aujourd’uî ̀ dîsposîtîon des vîes, des orga-nîsmes tes que Aîrparî ou des aboratoîres de recerce tes
La ville de Shanghai envahie par la pollution.
que e Centre d’Enseîgnement et de Recerce en Envîronnement Atmosṕrîque (CEREA), aîn de comṕter es outîs de mesure et de mutuaîser es savoîrs. Sî a questîon de a quaît́ de ’aîr tend ̀ devenîr une prob́matîque grave et compexe, je suîs, pour ma part, ŕsoument optîmîste, car convaîncue que, a prîse de conscîence ́tant aujourd’uî ar-gement partaǵe, es soutîons tecnoogîques vont pouvoîr do-ŕnavant ́merger et es mentaît́s ́vouer.n
Airlab, nouvel écosystème de la qualité de l’air Avec neuf autres partenaires fondateurs, EDF s’est associée à Airparif pour créer, en 2017, Airlab, accélérateur de solutions inno-vantes pour la qualité de l’air. Airlab rassemble une communauté qui s’engage pour améliorer la qualité de l’air. Qu’il s’agisse de grandes entreprises, de PME, de start-ups, d’instituts de recherche, de col-lectivités ou même de citoyens, chacun peut y apporter des idées, des compétences, des ressources et des moyens. Quatre piliers thématiques soutiennent l’action d’Airlab. Tout d’abord, l’évaluation des projets qui s’appuie sur l’expertise d’Airparif en la matière pour mesurer quantitativement l’impact des solutions proposées. Ensuite, l’accès privilégié à des terrains d’expérimentation pour mener des opérations grandeur nature sur des bâtiments, des quartiers, voire des communes. Le partage des données est aussi un enjeu majeur pour toute innovation dans ce domaine et Airlab ambitionne de deve-nir un carrefour majeur de l’accès aux données utiles pour la qualité de l’air. Enfin, Airlab s’inscrit dans un schéma d’innovation ouverte : une approche collaborative qui repose sur l’échange de moyens, de savoirs, de savoir-faire et d’informations. Les partenaires fondateurs d’Airlab: Région Île-de-France, Mairie de Paris, Métropole du Grand Paris, Préfecture d’Île-de-France, Île-de-France Mobilités, SNCF Logistics, Veolia, Icade, Air Liquide, EDF, Engie.
PETER DOWLEY/FLICKR
Lors de la matinée du 2 mars 2017 au siège d’EDF.
«La ŕsîîence urbaîne peut > ̂tre consîd́ŕe comme a ca-pacît́ de a vîe ̀ absorber une perturbatîon puîs ̀ ŕcuṕrer ses onctîons ̀ a suîte de cee-cî.» Tee est a d́înîtîon, cît́e par ïsabee Baraud-Seraty, consu-tante en ́conomîe urbaîne, îssue d’une ́tude ŕaîśe en 2012 par pusîeurs cerceurs de ’Écoe des înǵnîeurs de a Vîe de Parîs (EïVP) et întîtúe « La ŕsîîence urbaîne: un nouveau concept oṕ-ratîonne vecteur de durabîît́ ur-baîne ? » Seon cette m̂me ́tude, e processus ŕsîîent se base sur troîs evîers : a capacît́ de ŕsîs-tance et d’absorptîon d’une pertur-batîon ; a strat́gîe organîsatîon-nee quî permet d’oṕrer e retour ̀ a normae ; a capacît́ ̀ onc-tîonner en mode d́grad́ durant e temps que prend ce retour ̀ a nor-mae. Touteoîs, Śbastîen Maîre, Cîe Resîîence Oîcer ̀ a Vîe de Parîs, consîdre cette d́înîtîon comme însuîsante et propose putôt de penser es crîses comme autant d’opportunît́s. « Aînsî, e propos de a ŕsîîence urbaîne ne seraît pas de revenîr ̀ ’́tat înîtîa, maîs de se servîr de a crîse pour
Retour sur la résilience
Le 2 mars 2017, la matinéeGrand Paris Histoires et Futursavait pour thé matique la résilience urbaine, sujet proche de la qualité de l’air. C’est pour quoi nous en donnons ici une très brève synthèse.
parvenîr ̀ un ́tat pus robuste, quî saura aîre ace au m̂me type de coc ou de crîse.»
IDENTIFIER LES RISQUES L’un des enjeux de a ŕsîîence urbaîne consîste ̀ îdentîîer es rîsques quî psent sur es vîes. On peut es casser en deux grandes cat́gorîes : es cocs et es crîses cronîques. On întgrera dans a premîre es catastropes na-turees (înondatîons, temp̂tes, śîsmes, avaances…), es cocs sanîtaîres (pand́mîes), es accî-dents îndustrîes (Seveso, AZF) et es dysonctîonnements (pannes d’́ectrîcît́) ; on trouve dans a se-conde es ṕnurîes, a poutîon de ’aîr, ’usure des înrastructures, es mîgratîons ou encore es îńgaît́s socîaes. Les rîsques peuvent aus-sî canger de nature. Par exempe, es canîcues quî devraîent întensî-îer eurs apparîtîons avec e can-gement cîmatîque. ïs peuvent m̂me devenîr quasî permanents, comme es attentats, ce quî obîge ̀ de nouvees protectîons. dîrec-teur d’Enedîs Parîs, Érîc Saomon expîque : « ï y a 20 ou 30 ans, un poste source dans Parîs - objet
Son ondateur, Tîmot́ Goupî nous en expîque brîvement e prîncîpe : « SAFER est une pate-orme web bîg data quî întgre un maxîmum de donńes reatîves au rîsque nature pour en orîr une cartograpîe sîmpe. SAFER agît comme systme d’aerte, aîde ̀ pŕvoîr es actîons quî vont per-mettre d’endîguer e rîsque, contrî-bue ̀ ’organîsatîon des secours durant a crîse et agît comme sys-tme de pŕventîon auprs des cî-toyens en utîîsant ’ensembe des moyens de communîcatîon dîspo-nîbes dans a vîe.»
LA RÉSILIENCE NOUS CONCERNE TOUS Dans e contexte actue - et SAFER ’îustre bîen -, a questîon de a ŕsîîence tend ̀ devenîr une ques-tîon de donńes. Sî ’on observe ce quî se passe avec es înrastruc-tures, on constate que cees-cî se d́doubent par des pateormes de donńes. Pour Érîc Sao-mon, e ŕseau ́ectrîque montre PHILIPPE SERIEYS ’exempe par sa acut́ ̀ s’adap-autement tecnîque, maîs înt́- ter : « Un ŕseau quî s’adapte, c’est gŕ arcîtecturaement - ́taît une un ŕseau capabe d’antîcîper ses source de îert́ et nous ́tîons ̀ pannes. C’est ce que nous appe-deux doîgts de e aîre vîsîter. Au- ons ’autocîcatrîsatîon. En cea, jourd’uî î est devenu une cîbe. es smartgrîds nous rendent un îer Nous avons donc entreprîs avec servîce puîsqu’îs nous permettent Googe de retîrer toute îdentîîca- d’antîcîper une panne ou de ŕagîr tîon de ces postes sources sur ïn- îmḿdîatement pour que e ŕ-ternet.»seau revîenne ̀ son ́tat înîtîa.»Les smartgrîds, et pus ǵńrae-COMMUNIQUERment, es nouvees tecnoogîes Autre enjeu î́ ̀ a ŕsîîence : a ont aît surgîr un certaîn nombre communîcatîon. En eet, a ŕsî- d’entrants dans a abrîque ur-îence ne sauraît ̂tre correctement baîne. Une nouvee cartograpîe assîmî́e sans prendre en compte des acteurs de a ŕsîîence prend toutes es înterd́pendances. C’est aînsî orme, avec en son centre une partîcuîrement crîtîque en ce îgure îńdîte : ’agŕgateur urbaîn, quî concerne e ŕseau ́ectrîque înterace oṕratîonnee entre es comme e d́montre Carmen Mu- grands acteurs (servîces de ’État, noz, dîrectrîce ǵńrae de Cî- coectîvît́s, grandes entreprîses, teum : «oṕrateurs pubîcs et prîv́s, etc.)J’aî ǵŕ suîsamment de crîses pour savoîr qu’avec des pro- et es usagers, agîssant ̀ travers des bmes ́ectrîques, tout dysonc- pateormes nuḿrîques. Quî pus tîonneest, a ŕsîîence urbaîne concerne: es ŕseaux de t́́com- munîcatîon, es systmes d’eau, es tous es sujets du d́veoppement pompes de reevage. Tout est y- terrîtorîa, pas unîquement a ges-per connect́.»de crîse ou e management des En conśquence, tîon tous es acteurs doîvent pouvoîr rîsques, ce quî împîque ̀ a oîs de communîquer et s’́canger des nombreuses înterd́pendances et înormatîons îabes. C’est en par- a mîse en jeu d’acteurs que ’on ne tîe ’objectî de SAFER, outî d’aîde soupçonne pas orćment. Au pre-̀ a gestîon des rîsques natures. mîer rang desques es cîtoyens.n
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HISTOIRES..
Pollution atmosphérique : des fumées qui empestent aux particules fines
PHILIPPE SERIEYS
ALAIN BELTRAN Directeur de recherche au CNRS (unité mixte Sorbonne-Irice), président du Comité de l’histoire de l’électricité et de l’énergie.
Le mot « poutîon » date du > e Xïï sîce, ́poque o î pou-vaît avoîr un sens bîen dî́rent de ceuî d’aujourd’uî, notamment parce qu’î ́taît î́ ̀ a reîgîon. Magŕ tout, ds e Moyen Âge, on trouve trace d’́́ments îstorîques que ’on peut rapporter ̀ des ormes de poutîon. ï en est une pus par-tîcuîrement quî ́taît consîd́ŕe ̀ ’́poque comme un v́rîtabe ́au pour a vîe ḿd́vîae : a poutîon î́e aux odeurs. Ee ́taît d’orîgîne umaîne, anîmae ou en îen avec certaînes actîvît́s quî utî-îsaîent e pomb, e mercure ou e carbon de boîs. Des procs ́taîent întent́s par des partîcuîers contre des voîsîns juǵs nauśabonds. Au e XV sîce, des ́dîts royaux ordon-nrent aînsî ̀ des « îndustrîes » de quîtter es vîes pour aer s’́tabîr pus oîn, soutîon quî sera d’aî-eurs empoýe durant pusîeurs sîces.
L’ENFER SUR TERRE Oṕrons un saut dans e temps e pour nous retrouver au XVïï sîce en Angeterre. À cette ́poque, e carbon quî y ́taît utîîś ́taît un carbon de mer, « seacoa » en angaîs. Un certaîn Jon Eveyn (1620-1706) ́crîvît un ouvrage en 1661 baptîśFumifugium quî s’adressaît au roî et au Parement pour d́noncer es uḿes quî em-pestaîent es vîes.Fumifugiumest souvent cît́ comme un îvre pŕ-curseur de a prîse de conscîence par rapport ̀ a poutîon. En voîcî un extraît : « Un nuage de carbon de mer aît ressember ̀ ’ener sur Terre comme un vocan par un jour de brouîard. Cette uḿe
pestîentîee quî corrode m̂me e er et quî pourrît tout ce quî bouge saîsît es poumons de tous es a-bîtants, ce quî aît que a toux et a consomptîon n’́pargnent per-sonne. » Cînq ans pus tard, en 1666, Londres sera e t́âtre d’un îmmense încendîe quî ravagera a vîe. Eveyn sugǵrera d’en proî-ter pour construîre autrement a cît́ et, comme î ́taît ortîcuteur de proessîon, proposera a panta-tîon d’une grande aîe aromatîque tout autour de Londres.
LE NUAGE DE PARIS Sî ’on rancît a Mance, on trouve aussî queques textes înt́-e ressants sur a questîon au XVïïï sîce ; en partîcuîer ceuî pubî́ en 1763 par e ḿdecîn de Jean-Jacques Rousseau, Acîe-Guî-aume Le Begue de Prese, et quî s’appeeLe conservateur de la santé. ï s’agît avant tout d’un en-sembe de pŕconîsatîons d́î-vŕes pour aḿîorer a sant́ de tout ̀ cacun. Une page nous în-t́resse pus partîcuîrement quî cîte ’exempe de Parîs : « Parîs a un atmospre [atmospre est e de genre mascuîn au XVïïï sîce, NDLR] partîcuîer en tout temps, except́ pendant es grands vents. Cet atmospre est orḿ par un aîr rendu trs pesant par a quantî-t́ des corpuscues ou exaaîsons qu’î soutîent et que eur poîds em-p̂ce de s’́ever ort aut. C’est ce quî orme ce nuage dont Parîs parat couvert et enveopṕ dans e temps e pus sereîn orsqu’on re-garde cette vîe d’un peu oîn. ï ne aut pas cercer d’autres causes de a mauvaîse odeur quî rappe es ́trangers quî arrîvent et ceux quî y rentrent aprs avoîr ́t́ absents queque temps, des rougeurs et maux d’yeux qu’îs ́prouvent, du mauvaîs teînt ou de a coueur pâe et pomb́e des Parîsîens, de eur peu de vîgueur, de a ŕquence du scorbut, de a promptîtude avec aquee es caîrs crues se corrompent, es caîrs cuîtes se moîsîssent, es ́toes et es draps perdent eur ustre, e papîer et e în se jaunîssent, es maîsons neuves jaunîssent et se noîrcîssent, es ḿtaux poîs se ternîssent et se rouîent ! »
PLUIES ACIDES, FUMÉES D’USINE e Le XïX sîce est ceuî du pasteu-rîsme et de ’ygî́nîsme. Nous avons d́j̀ pu dîre ors de ces ma-
tîńes que a ŕorme urbaîne de Parîs sous Napóon ïïï ut ŕaîśe dans un soucî de uîdît́ et d’une aḿîoratîon des condîtîons de vîe. À ’eure o e baron Haussmann quîttaît ses onctîons de pŕet de Parîs, un cîmîste ́cossaîs du nom de Robert Angus Smît pubîaît un îvre :Air and rain. The beginnings of a chemical climatology. Angus Smît ut e premîer ̀ ́tabîr un îen entre poutîon atmosṕrîque et puîes acîdes, et a ḿtodoo-gîe de son ouvrage ́taît extraor-dînaîrement avanće. ï y cîte a France comme un pays quî auraît d́j̀ prîs conscîence de ce ṕno-mne ; touteoîs, î est înt́ressant de constater qu’î audra attendre presque un sîce pour que ces puîes acîdes devîennent un sujet d’înt́r̂t majeur. e Les pŕoccupatîons du XïX sîce quant aux condîtîons atmos-ṕrîques peuvent aussî ̂tre ob-serv́es dans e travaî d’un certaîn nombre d’îustrateurs et de des-sînateurs. L’un des pus ćbres d’entre eux est sans nu doute A-bert Robîda dont e îvreLa vie électriqueune vîsîon de ŕve ’avenîr pus proce de a dystopîe que de ’utopîe. Robîda y ́voque a poutîon bact́rîoogîque de ’eau quî extermîne es poîssons aînsî que a poutîon cîmîque de ’aîr due au carbon quî d́truît toute ’atmospre. Cette vîsîon aarmîste rejoînt es îmages que
Illustration d’Albert Robida dansLa vie électriquesur la pollution bactériologique.
nous pouvons avoîr en t̂te d’une partîe de a banîeue parîsîenne durant ’entre-deux-guerres, avec son paysage îndustrîe et ses u-ḿes d’usîne. ïmages quî sont, par certaîns côt́s, assez ausses sî ’on se ŕre ̀ d’autres potograpîes nous montrant une banîeue ar-boŕe, aîte d’espaces vîerges ou agrîcoes. La vîe de Montreuî en Seîne-Saînt-Denîs ne ut-ee pas ongtemps ŕput́e pour ses p̂ces ?
LE « SMOG » LONDONIEN : DES MILLIERS DE MORTS L’întense îndustrîaîsatîon du d́-e but du XX sîce en Europe a eu son prîx en vîes umaînes. Nous en avons un exempe avec ce quî se passa dans a váe de a Meuse, en Begîque, au moîs de d́cembre 1930. Le manque de vent, ŕcur-rent en îver, y provoqua a massî-îcatîon de nuages d́́tres dans une ŕgîon domîńe par a sîd́-rurgîe et es centraes termîques au carbon. Vîngt personnes en moururent ; une catastrope quî a m̂me aît se d́pacer a reîne des Beges, Éîsabet de Bavîre. De a m̂me açon que es exposîons mortees de macînes ̀ vapeur ́taîent vues comme des accîdents îndustrîes, cette poutîon uneste de ’aîr ́taît consîd́ŕe comme une ataît́, une rançon ̀ payer au progrs. Vîngt ans pus tard, un autre
ALBERT ROBIDA
Un policier britannique porte un masque durant le «smog» de 1952.
́pîsode de poutîon aaît avoîr des conśquences bîen pîres. La vîe de Londres ́taît ŕput́e de-puîs ongtemps pour son « smog », ńoogîsme contractant es mots « smoke » (uḿe) et « og » (brouî-ard). Entre e 5 et e 9 d́cembre 1952, Londres ut envaîe par une brume brunâtre et ́paîsse. On n’y voyaît pas ̀ pus de 30 cm. En cause : a pŕsence d’un antî-cycone combîń au recours au cauage ̀ carbon pour utter contre e roîd. La « puŕe de poîs » ondonîenne ît aors de 4 000 ̀ 12 000 morts seon es sources ; une catastrope natîonae quî d́bar-rassa e « smog » de son aspect ok-orîque (e peîntre Caude Monet adoraît a umîre embruḿe de Londres, cauśe par a poutîon, ̀ a dî́rence de a umîre du mîdî de a France qu’î trouvaît pate et trîste) pour ’́tabîr comme d́înî-tîvement dangereux pour a sant́.
LÉGIFÉRER Sî es poutîons atmosṕrîques peuvent ̂tre consîd́ŕes comme ńastes pour ’̂tre umaîn, de quee manîre es gouvernements ont-îs agî ? Quee ́gîsatîon ont-îs produîte ? De ce poînt de vue, a France ut putôt en avance : e premîer d́cret sur es poutîons îndustrîees date en eet de 1810 et ut cŕ́ aprs cette adresse du mînîstre de ’ïnt́rîeur ̀ ’Aca-d́mîe des Scîences : « Le gouver-nement ne peut tórer que pour ’avantage d’une îndustrîe tout un quartîer respîre un aîr înect. » Aînsî e d́cret a-t-î pu dîvîser es manuactures însaubres en troîs cat́gorîes : es ́tabîssements în-dustrîes qu’on ́oîgnaît des abî-tatîons ; ceux pour quî î pouvaît y avoîr dîscussîon ; et es ́tabîs-sements sans danger. À cet eet, un Corps des înspecteurs ut cŕ́,
maîs unîquement dans e d́parte-ment de a Seîne (80 communes ̀ ’́poque), sî bîen que e d́cret ut assez peu appîqú. Maîs î avaît eu e ḿrîte de poser une questîon împortante : cee de ’́quîîbre entre es înt́r̂ts de ’îndustrîe (quî sont ŕes, en termes de travaî et de rîcesse) et es înt́r̂ts gobaux d’une socî́t́ quî a e droît de res-pîrer un aîr saîn. Une nouvee oî sur es ́tabîssements dangereux, însaubres et încommodes ut vo-t́e en 1917, quî reprenaît a ́gîs-atîon de 1810. Puîs î y eut en 1932 a oî Morîzet sur a suppressîon des uḿes îndustrîees et, en-suîte, deux textes, en 1958 et 1961, sur a pŕventîon de a poutîon de ’aîr et a utte contre es poutîons atmosṕrîques et es odeurs. Sur e pan înternatîona, on observe
une reatîve concordance de dates avec d’autres ́gîsatîons d’autres pays. La premîre oî aḿrîcaîne d’împortance date de 1963 et a premîre cońrence des Natîons Unîes sur ’envîronnement eut îeu en 1972 ̀ Stockom, avec un accent port́ sur e probme des puîes acîdes. Cecî ́tant, sî on peut se ́îcîter d’un certaîn nombre de mesures, î aut aussî s’înterroger sur e temps quî a au pour par-venîr ̀ une prîse de conscîence.
COMPLEXITÉ, LOCAL ET GLOBAL On peut avancer au moîns cînq raîsons ̀ cette tardîve prîse de conscîence. La premîre est a grande compexît́ des ṕno-mnes atmosṕrîques quî rend dîîcîes es expîcatîons et brouîe
Hors champ: « L’air de nos villes est un poison »
a d́cîsîon. La deuxîme est socî́-tae : sî nous assocîons acîement une cemîńe d’usîne quî ume ̀ queque cose de nocî, pendant ongtemps ce ut un symboe d’ac-tîvît́ et d’empoî oca. De açon sî-mîaîre, a notîon de scandae peut ee aussî ́vouer : aujourd’uî re-jeter des pouants dans une rîvîre est une abomînatîon, autreoîs cea vaaît mîeux que de es aîsser sur pace pour qu’îs empoîsonnent un quartîer. Cea rejoînt a notîon du rapport entre goba et oca : passer du oca au goba est non KEYSTONE seuement une questîon de me-sure, maîs aussî une questîon de mentaît́ ; î aut pouvoîr se dîre que d́pacer une poutîon ne a soutîonne pas. Enîn, ’îd́e a ongtemps persîst́ qu’î ́taît tout ̀ aît acceptabe qu’î exîste des banîeues îndustrîees subîssant a poutîon et des banîeues ŕsîden-tîees quî en sont ̀ ’abrî. De nos jours, nous sommes pas-śs ̀ un nîveau de connaîssances sur a poutîon quî nous permet de prendre en compte, par exempe, es partîcues înes. Nous nous trouvons ace ̀ des probmes de pus en pus compexes, de pus en pus gobaux et de pus en pus înterconnect́s. Touteoîs, pour termîner sur une note posîtîve, je dîraîs que sî vous aez ̀ Londres aujourd’uî, î y a des cances que votre vîsîbîît́ soît suṕrîeurè 30 cm.n
Le 21 mars 1964, l’hebdomadaireParis Matchpublie un article du journaliste Marc Heimer titré « L’air de nos villes est un poi-son ». Le texte est une charge virulente contre le mode de vie des citadins, responsable de la pollution atmosphérique : « Les cheminées d’immeubles et d’usines, les automobiles : voilà dé-masqués les ennemis publics. » Marc Heimer donne des chiffres : « 3 millions de conduits en activité à Paris, 2 millions d’appareils de chauffage à combustion lente et 1 million de cuisinières » qui consomment du charbon, lequel libère du soufre. Selon le jour-naliste, le souffre et le gaz carbonique sont « responsables de l’encrassement des poumons des Parisiens, de la corrosion de leurs toitures et de l’assombrissement de leurs immeubles. » Et de poursuivre : « Cinq fois plus de pneumonies, quatre fois plus de tuberculoses, quatre fois plus de cancers du poumon dans les villes qu’à la campagne : tel est le résultat de la pollution de l’air. » Les citoyens les plus vulnérables sont les agents de la circulation qui, aux carrefours les plus embouteillés, doivent être relevés toutes les 2 heures. Et Marc Heimer de conclure que pour lutter contre cette pollution, il existerait deux solutions : utiliser des voitures électriques et planter des arbres dans Paris.
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SYNTHÈSE DES DÉBATS..
Les enjeux d’une problématique complexe
« Le soue c’est a vîe », nous > dît en pŕambue Érîc Moînî́, quî rappee aussî « qu’en 2050, pus de 75 % de a popuatîon mondîae vîvra en vîe et prîncîpaement dans une ḿtropoe. L’aîr que nous respîrons en vîe est dont un enjeu d’attractîvît́, d’acceptabîît́ pour es popuatîons et aussî un enjeu de sant́ pubîque. » Par aîeurs, a vîe est aîte en grande partîe de bâtîments ̀ ’înt́rîeur desques nous passons 90 % de notre temps. Les cîres ́vouent seon e type de bâtî, maîs une ŕcente ́tude de ’OMS nous apprend que ’aîr est deux ̀ cînq oîs pus poú ̀ ’înt́-rîeur qu’̀ ’ext́rîeur.
LE SYNDROME DU BÂTIMENT MALSAIN Cette d́gradatîon de a quaît́ de ’aîr înt́rîeur est un ṕnomne mondîa. Dans es îmmeubes de bureaux, on saît qu’ee împacte es perormances cognîtîves, ŕ-duît a concentratîon, joue sur es capacît́s de productîon. Avec e aboratoîre Maako Ḿd́-rîc, Rames Caussy et sa socî́t́ Partnerîng procdent d’aîeurs ̀ des exṕrîmentatîons pour pou-voîr mettre ̀ jour des îndîcateurs de perormance sur cette questîon. Une mauvaîse quaît́ de ’aîr înt́-rîeur entrane des maadîes respî-ratoîres, des aergîes, de ’astme, voîre m̂me, seon Érîc Moîń, « ce qu’on appee e syndrome du bâtîment masaîn : des patoo-gîes înexpîqúes quî apparaîssent dans des bâtîments neus. » Ee ŕduît notre esṕrance de vîe et peut m̂me devenîr mortee. ï n’est qu’̀ se ŕ́rer îcî ̀ ’îmmense scandae de ’amîante, mat́rîau îsoant bon marć, argement utî-îś dans ’îndustrîe et a construc-tîon jusqu’̀ son înterdîctîon compte, en 1997, et quî pourraît provoquer d’îcî ̀ 2050 entre 68 000 et 100 000 morts en France, seon es estîmatîons de ’ïnstîtut de veîe sanîtaîre (ïVS).
UN SUJET TECHNOLOGIQUE Cet enjeu de sant́ pubîque peut vîte devenîr aussî un enjeu ́co-nomîque. D́j̀, auxÉtats-Unîs, es d́penses de sant́ î́es ̀ a mau-vaîse quaît́ de ’aîr dans es bu-reaux sont estîḿes ̀ 145 mîîards
de doars. En France, seon une ́tude de cerceurs en sant́ pu-bîque du 15 d́cembre 2017 cît́e par Érîc Moînî́, î seraît possîbe de ŕduîre es coûts socî́taux en-gendŕs par une mauvaîse quaî-t́ de ’aîr de 53 mîîards d’euros sî notre pays respectaît es seuîs îx́s par ’Organîsatîon mondîae de a sant́ (OMS). Par aîeurs, a prob́matîque de ’aîr înt́rîeur tend ̀ se com-pexîîer ds ors qu’ee aronte d’autres enjeux tout aussî ver-tueux. Aînsî, nous dît Maurîce Mî-moun, « dans un but d’eîcacît́ ́nerǵtîque, on îsoe es maîsons au poînt que ’aîr n’y est pus re-nouvé. » Les bâtîments, de pus en pus ́tances, abrîquent e-ectîvement un aîr vîcî́, maîs pour Rames Caussy, « es acteurs quî concourent ̀ d́grader ’aîr înt́-rîeur sont nombreux. En parcou-rant une dîzaîne de tses sur e sujet, j’en aî îst́ pus d’une qua-rantaîne : ’aîr ext́rîeur, e vent, ’anguatîon du bâtîment, son utîîsatîon, es mat́rîaux quî e
intervenants
MAURICE MIMOUN Chef du service de Chirurgie Plastique, Recon-structrice et Esthétique ; chef du centre de traitement des brûlés de l’Hôpital Saint-Louis
« Entrer dans une chambre de brûlé n’est pas anodin : chaque intrusion pourrait le tuer. »
PHILIPPE SERIEYS
RAMESH CAUSSY CEO de Partnering ; titulaire de la chaire d’ex-cellence industrielle Robo’Ethics de Grenoble INP « Pour Diya One, nous utilisons des algorithmes de programmation qui s’inspirent de mécanismes biologiques. »
PHILIPPE SERIEYS
ÉRIC MOLINIÉ Secrétaire général de Dalkia
« La qualité de l’air est un enjeu humain, un enjeu de société, un enjeu d’attractivité pour les métropoles, un enjeu de santé publique et un enjeu éthique. »
PHILIPPE SERIEYS
composent, sans compter es ṕ-nomnes quî produîsent d’autres ṕnomnes, comme es convec-tîons quî cŕent des strates d’aîr. » La prob́matîque de ’aîr înt́rîeur devîent aînsî un sujet autement tecnoogîque, quî peut ́capper
au sens commun, d’autant pus qu’ee ́cappe aussî ̀ nos sens proprement dîts. C’est pourquoî Rames Caussy pense qu’î aut en « aḿîorer a perceptîon, apporter de ’înormatîon et de a compŕ-ensîon » sur ce sujet.n
Isolation d’un immeuble par sa façade.
CJP24
« Pour un grand brû́, ’aîr am-> bîant de sa cambre d’ôpîta est une questîon de vîe ou de mort. » Aînsî e proesseur Maurîce Mîmoun pose-t-î es enjeux de a quaît́ de ’aîr înt́rîeur du centre de grands brû́s qu’î dîrîge. En 2012, ’Assîs-tance Pubîque – Hôpîtaux de Parîs (APHP) înaugure ̀ ’ôpîta Saînt-Louîs ̀ Parîs un nouveau centre quî regroupe toute son actîvît́ de prîse en carge des brû́s adutes, centre totaement novateur qu’î a penś et conçu.
LA CHAMBRE, PRINCIPE MOTEUR DE LA CONSTRUCTION Habîtueement, es centres de brû-́s sont des endroîts erḿs, pour ́vîter e pus possîbe es înectîons bîen entendu, maîs aussî parce que « es brû́s sont un peu es ́preux modernes », nous dît Maurîce Mî-moun. Ce sont des patîents qu’î est dîîcîe de regarder. Et e centre est un endroît o î est aît trs caud, o es condîtîons de travaî sont com-pîqúes, o es ŕsutats en termes de gúrîson sont îngrats. En conce-vant e nouveau centre de ’ôpî-ta Saînt-Louîs, Maurîce Mîmoun a vouu aîre ́vouer totaement cette approce. Pour aḿîorer es condîtîons de travaî du person-ne, î a modîî́ es aḿnagements comme a cŕatîon d’un ́tage entî-rement d́dî́ ̀ a maîntenance ou a mîse en pace des consutatîons au rez-de-causśe. ï a aussî vouu en aîre un centre ouvert o entre a umîre, maîs aussî es vîsîteurs sans qu’î soît ńcessaîre qu’îs en-îent une tenue partîcuîre. En e-et, ors de a pase d’́aboratîon du centre, Maurîce Mîmoun a înverś a proposîtîon en ne partant pas du bâtîment, maîs de a cambre du brû́. Aînsî, ce n’est pas e bâtîment quî est prot́ǵ, maîs a cambre ee-m̂me. Maîs ̀ n’est pas encore a pus grande înnovatîon.
L’ENNEMIE : L’INFECTION « Seon moî, ’ôpîta va ́vouer de deux manîres dans es procaînes anńes, expîque Maurîce Mîmoun. D’une part, ’ambuatoîre va s’air-mer avec ’ospîtaîsatîon ̀ domî-cîe. D’autre part, par besoîn de gar-der des patîents ̀ ’ôpîta, ceuî-cî va s’adapter ̀ eux. » La cambre de grand brû́ qu’î a îmagîńe pro-
La révolution hospitalière du « presque tout dans la chambre »
cde de cette pîosopîe. ï a ap-pé cea e « presque tout dans a cambre » et nous en expîque a ge-nse : « Un grand brû́ est une per-sonne en menace vîtae, branće ̀ une quantît́ de tubes, de peru-sîons, de serîngues ́ectronîques. Lorsque vous e d́pacez, î vous aut dîx personnes autour. C’est non seuement trs compîqú, maîs c’est aussî dangereux de passer dans des endroîts o e patîent rîsque ’înectîon ̀ tout moment. J’aî vu des patîents mourîr sur un tra-jet. Sans parer de a manutentîon ourde pour e personne soîgnant et du temps perdu. On s’est donc dît que e patîent, une oîs entŕ dans sa cambre, ne devaît pus en sortîr. »
AUCUN DÉPLACEMENT LATÉRAL À d́aut du scanner qu’î n’a pas ́t́ possîbe d’înt́grer (d’o son appea-tîon de « presque tout »), ce nouveau type de cambre d’ôpîta, quî pour-raît mener ̀ une v́rîtabe ŕvoutîon ospîtaîre, possde tous es aḿna-gements pour se transormer au gŕ des besoîns et ̂tre ̀ a oîs une sae d’oṕratîon, une sae de bańot́-rapîe, une sae de ŕanîmatîon et une cambre de vîsîte. Maurîce Mîmoun nous d́crît son onctîonnement :
« Dans cette cambre, e patîent n’a pus aucun mouvement de at́raît́. Son seu d́pacement est vertîca, ̀ ’aîde d’un treuî et d’un amac. La cambre est assez grande et munîe de deux trs grands sas, un sas d’en-tŕe/sortîe et un sas de d́contamî-natîon. On auraît pu dîmînuer a sur-ace des sas pour en gagner dans a cambre, maîs pour ̂tre utîe un sas doît ̂tre grand, de a ongueur d’un ît, de manîre ̀ ce qu’î puîsse entrer en entîer. Aînsî orsque e patîent doît ̂tre oṕŕ, on e monte dans e a-mac pendant que son ît est tranśŕ dans e sas de d́contamînatîon, puîs on amne a tabe d’oṕratîon (î y a une tabe d’oṕratîon par cambre) sous e patîent que ’on redescend. Les condîtîons de travaî sont cees d’une sae d’oṕratîon cassîque. Au-trement dît, ee respecte es normes structurees d’une sae d’oṕratîon : on a des « scîaytîques », un bras cîrurgîca, un bras d’anest́sîe et bîen sûr e renouveement d’aîr est respect́. Une oîs ’înterventîon ter-mîńe, e patîent est reev́ dans e amac, a tabe oṕratoîre passe dans e sas de d́contamînatîon tandîs que e ît en sort, nettoý par es aîdes-soî-gnants, avant que e patîent ne e ŕ-întgre. Et a cambre redevîent une sae de ŕanîmatîon. »
Le concept du « presque tout dans la chambre » à l’hôpital Saint-Louis.
LE MOINS DE VENT POSSIBLE La cambre conçue par e proesseur Mîmoun possde aussî un baîn, - e processus d́crît cî-dessus ́tant ŕ-ît́ŕ pour a bańot́rapîe. Ee est enIn cambre de vîsîte pour es amîes. La pratîque est nouvee puîsqu’auparavant on înterdîsaît aux proces d’entrer dans a cambre de peur qu’îs contamînent a personne brû́e. Aînsî, ̀ ’ôpîta Saînt-An-toîne, o ́taît înstá e pŕćdent centre de Maurîce Mîmoun, î avaît ́t́ aḿnaǵ un couoîr cîrcuaîre et vîtŕ autour de a cambre d’o es amîes pouvaîent communîquer avec e patîent. « Je recevaîs aors de nombreuses ettres de amîes ́po-ŕes quî n’avaîent pas pu toucer eur parent au moment de e quîtter », ra-conte Maurîce Mîmoun. En revance, dans e nouveau centre de ’ôpîta Saînt-Louîs, des rges strîctes ont ́t́ ́tabîes pour se pŕmunîr de a contamînatîon : on ne touce rîen avec es maîns quî doîvent ̂tre av́es ds que ’on sort de a cambre ; on doît rev̂tîr casaque, masque et ca-peau ; et es portes sont couîssantes pour occasîonner e moîns de vent possîbe. Comme e dît Maurîce Mî-moun : « Entrer dans une cambre de brû́ n’est pas anodîn : caque întru-sîon pourraît e tuer. »n
M. MIMOUN C. BEAUCHÊNE
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SYNTHÈSE DES DÉBATS..
Visualisation de fuites dans les sas
Parmi les différentes modéli-sations réalisées par la R&D d’EDF pour les chambres du centre de grands brûlés de l’hô-pital Saint-Louis, celle-ci per-met de visualiser les fuites d’air dans les sas (situés à gauche) en fonction de la température de la pièce (photos : R&D EDF)
Il faut mo-dé-li-ser
Un grand brû́ meurt d’în-> ectîon. Ses d́enses îmmu-nîtaîres sont ́rod́es et ses propres ĝnes peuvent e contamîner et e tuer. Cependant, ce que e corps ḿdîca redoute e pus c’est a contamînatîon ext́rîeure, quî est de deux types : a contamînatîon manuport́e ou corpoport́e et a contamînatîon ároport́e. La pre-mîre peut ̂tre ́vît́e grâce ̀ un certaîn nombre de pŕcautîons, maîs a seconde est beaucoup pus dîîcîe ̀ contraîndre. Des quantî-t́s de partîcues cîrcuent dans ’aîr. Ce sont paroîs des germes ou des campîgnons. Comment aîre pour qu’îs ne se d́posent pas sur e pa-tîent ? Comment aîre pour qu’îs ne passent pas d’une cambre ̀ ’autre ?
DES COURANTS QUI S’INVERSENT La premîre d́cîsîon en ce quî concerne es cambres du centre des brû́s de ’ôpîta Saînt-Louîs ut de mettre en pace une ventî-atîon par pressîon ńgatîve dans es sas et une ventîatîon par pres-sîon posîtîve dans es cambres et e couoîr. Aînsî, comme ’expîque Maurîce Mîmoun, « es germes de a cambre comme ceux du couoîr sont aspîŕs dans es sas. » Pour au-tant, Maurîce Mîmoun a d́cîd́, en coaboratîon avec a R&D d’EDF, d’eectuer une mod́îsatîon des ux d’aîr des cambres grâce ̀ une cambre t́moîn : « Nous nous sommes aors aperçus que ce que ’on avaît pŕvu ́taît vraî, maîs pas comptement vraî, ou aux, maîs pas comptement aux. » En eet, a mod́îsatîon a pu prendre en
compte d’autres paramtres, dont ’un est vîta : a temṕrature des cambres. En efet, prîv́ de peau, un grand brû́ consomme ́norḿment d’́nergîe ds qu’î a roîd, maîgrît et peut en mourîr. Aînsî es cambres de ces patîents doîvent-ees ̂tre sur-cauf́es. Or a temṕrature agît sur es gradîents de pressîon : « On peut aînsî observer des courants quî vont dans e mauvaîs sens et des germes quî rebascuent vers es cambres au îeu de se dîrîger vers es sas », ex-pîque Maurîce Mîmoun.
RENDRE VISIBLE L'INVISIBLE Avec ses ́quîpes, e proesseur Mîmoun a pu s’apercevoîr, grâce ̀ a mod́îsatîon, que e raîson -
Modélisation des flux d’air sur une table d’opération par EDF R&D.
nement întuîtî sur es pressîons d’aîr n’́taît pas îabe, « qu’̀ raî-sonner sur ces ux , e cer veau umaîn se trompaît toujours ». La mod́îsatîon eur a enseîgń qu’en a matîre, î aaît… mo -d́îser. « Ee a ́t́ pour moî une ormîdabe d́couverte sur e pan du raîsonnement înteectue et m̂me au pan pîosopîque, concut Maurîce Mîmoun. Sau -ver a vîe d’un grand brû́, c’est organîser toute une cane de pratîques. Parmî es maîons de cette cane, a mod́îsatîon est extr̂mement împortante. Ee e ut pour a constructîon du centre et ee ’est encore pour notre conceptîon du soîn. »n
L’illusion de la purification
« Il faut faire très attention au mot “purification”. On ne purifie rien. » Selon Maurice Mimoun, penser que l’on puisse vivre dans une at-mosphère dénuée de germes, de microbes, voire même de pollution est aberrant. Pour la simple raison que les germes nous sont aussi utiles. Il prend l’exemple d’Emmanuel Vitria, connu pour avoir été l’un des premiers Français à bénéficier d’une transplantation cardiaque en 1968 : « Les médecins avaient extrêmement peur de l’infection et ont placé Emmanuel Vitria sous antibiotiques pour supprimer tous les germes. Ce faisant, ils se sont retrouvés avec un patient couvert de germes beaucoup plus résistants et beaucoup plus difficiles à éli-miner. Les germes doivent être tolérés parce que certains d’entre eux nous sont bénéfiques. Et il en va de même avec la qualité de l’air. » Ramesh Caussy va même plus loin : « Tout nettoyer est non seulement irréaliste, mais aussi dangereux, car cela peut créer des effets “cock-tails” entre certaines particules que l’on ne saura pas appréhender. » Pour lui aussi, l’idée de purification est à manier avec tact, tant par principe scientifique que pour des questions sémantiques : « Les chimistes m’ont apporté un autre mot pour mon robot, que je me suis approprié : “réparer”. »
JL ROUSSET/EDF R&D
De nos jours, ’aḿîoratîon >de a quaît́ de ’aîr dans es bâtîments passe essentîeement par a mîse en onctîon d’une cen-trae de traîtement d’aîr (CTA), quî utîîse ’aîr ext́rîeur, e purîîe, e caue ou e reroîdît avant de e ŕînjecter dans e ŕseau de ven-tîatîon. Cependant, on s’aperçoît que bîen souvent ces CTA tournent « ̀ ’aveuge », que eurs capteurs ne sont pas orćment bîen sîtús, que eurs rges de programmatîon ne sont pas toujours bîen adapt́es, qu’en onvtîonnant 7 jours sur 7 et 24 eures sur 24 ees consomment beaucoup d’́nergîe.
NEURO-INSPIRÉ On constate aussî en dîscutant avec es proessîonnes concer-ńs que dîsposer des capteurs un peu partout dans un bâtîment ne constîtue pas une soutîon îd́ae : « Quî va aîre a maîntenance de ces capteurs ? Quî va es recaî-brer orsqu’îs auront perdu eur pŕcîsîon de mesure ? », dîsent ces proessîonnes. Exîste-t-î aors un moyen pus eîcîent d’aḿîorer a quaît́ de ’aîr înt́rîeur ? Tout au moîns, est-î possîbe d’envî-sager dî́rentes soutîons putôt qu’une seue et unîque ? Rames Caussy s’est poś toutes ces ques-tîons et est parvenu, puîsqu’î agît dans e camp des tecnoogîes, ̀ înventer un robot de 1 mtre de aut, ressembant un peu ̀
Diya One, le robot qui « répare » l’air
R2-D2, e ćbre robot de Star Wars, dot́ d’une înteîgence artî-îcîee (ïA) neuro-înspîŕe. « Cea veut dîre que nous avons recod́ des ŕseaux de neurones artîî-cîes et que nous utîîsons des a-gorîtmes de programmatîon quî s’înspîrent de ḿcanîsmes bîoo-gîques. Aînsî, ce robot possde-t-î un comportement proce de ceuî des petîts mammîres. » ï s’appee Dîya One (« dîya » veut dîre petîte umîre en îndî), est produît ̀ 100 % en France et peut onctîonner en contînu pendant 8 ̀ 12 eures. Dot́e d’une petîte ca-ḿra, Dîya One est en mesure de se bâtîr sa propre cartograpîe de ’envîronnement dans eque î ́vo-ue. ï se d́pace dans n’împorte que espace et comprend aussî es envîronnements ́mergents pour uî permettre d’́vîter es obstaces et d’avoîr une navîgatîon uîde.
DIYA ONE MESURE, DIYA ONE « RÉPARE » Contraîrement ̀ d’autres înteî-gences artîîcîees quî ne sont en aît que de puîssants cacuateurs îxes, Dîya One possde aussî a acut́ d’utîîser de ’înormatîon pasśe pour comprendre des en-vîronnements dynamîques. Par aîeurs, onctîonnant en mode o-ca, î n’a pas besoîn de se connec-ter sur un coud et requîert donc moîns d’́nergîe que d’autres ïA. Dîya One est donc un robot mo-
bîe et autonome. Maîs que aît-î ? D’abord, î mesure. De açon contînue. « Équîṕ de ŕseaux de capteurs pour a quaît́ de ’aîr, î est capabe de comprendre par-tout o î passe ce quî se joue au nîveau du CO , de ’ozone, des 2 composants organîques voatîes (COV), des partîcues, des partî-cues înes ; î mesure ’umîdît́ et a temṕrature quî înuent sur a quaît́ de ’aîr, et puîs on ’a aus-sî dot́ de capteurs sur e bruît et a umînosît́, puîsqu’au ond ces îndîcateurs pysîques concourent aussî au bîen-̂tre ŕe dans es envîronnements înt́rîeurs », ex-pîque Rames Caussy. Deuxîme onctîon de Dîya One : î « ŕpare » ’aîr ambîant. Autrement dît, î agît posîtîvement sur sa quaît́ ds que e besoîn s’en aît ressentîr. Ce quî suppose qu’î est capabe de moduer sa strat́gîe et peut opter pour une strat́gîe d’aḿîoratîon contînue de a quaît́ de ’aîr înt́-rîeur. Aîn de s’assurer des quaît́s de eur robot, Rames Caussy et sa socî́t́ Partnerîng ont accept́ de e soumettre ̀ toutes es exṕrî-mentatîons du Centre Scîentîîque et Tecnîque du Bâtîment (CSTB). Durant deux ans, ses experts ’ont d́cortîqú dans tous es sens, souaîtant connatre es ŕees capacît́s de mesure de Dîya One, capteur par capteur, souaîtant comprendre ses capacît́s ŕees de traîtement et savoîr, en pŕsence
Le robot Diya One de Partnering.
d’une poutîon, ce qu’î pouvaît « ŕparer », ̀ quee vîtesse et avec quee eîcacît́. « Grâce ̀ aux ŕ-sutats du CSTB, nous avons pu aîre es adaptatîons ńcessaîres, notamment en termes de traîte-ment de ’aîr, et coîsî e ître ab-sou de Camî, eader mondîa de a îtratîon de ’aîr, quî est utîîś dans es saes d’oṕratîon cîrur-gîcae », souîgne Rames Caussy.
UNE PLATEFORME OUVERTE DE SERVICES Dîya One est aussî munî d’un petît ́cran înteractî quî permet de vî-suaîser es donńes qu’î mesure, maîs ses concepteurs ont souaît́ aîre « parer » ces donńes. Avec e CSTB, îs ont donc conçu un ́cran înormatîonne appé Dîya Board quî compte e robot en appor-tant un certaîn nombre de repres vîsues sur a quaît́ de ’aîr, e conort et e bîen-̂tre ̀ ’înt́rîeur du bâtîment. É́ment par ́́ment, îndîce par îndîce, varîabe par va-rîabe, î est possîbe d’observer sur cet ́cran des repŕsentatîons 2D ou 3D des mesures que aît e ro-bot aînsî, bîen sûr, que ’́voutîon de ces mesures au ur et ̀ mesure des d́pacements de Dîya One. Cea donne des cartes de ḿt́o înt́rîeures, une repŕsentatîon caîre de ce quî se passe dans un bâtîment, un ŕservoîr dynamîque de donńes que ’on peut partager. Dîya One, c’est donc aussî d’une