FMNS Comment communiquer contre la faim
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Comment communiquer contre la faim ? Remettre la faim au goût du jour Par Catherine Morand, SWISSAID Au mois de juin dernier, dans l’indifférence générale, le Programme alimentaire mondial (PAM) annonçait que des millions de personnes étaient menacées de famine dans la Corne de l’Afrique et risquaient la mort, si une aide alimentaire n’était pas convoyée d’urgence. De telles annonces ne suscitent guère d’intérêt de la part les médias. Au mieux, si une équipe de télévision internationale est sur place, aurons-nous droit à quelques images choc qui tournent en boucle, avant de disparaître de nos écrans. Au pire, une brève dans les quotidiens, ou même le silence radio. Tout se passe comme si la faim n’était in fine qu’une réalité comme une autre, avec laquelle il faut bien vivre. Comme si cette absurdité qui dépasse l’entendement n’était finalement qu’un drame qui fait partie intégrante de la scène mondiale, une sorte de fatalité à laquelle nous sommes depuis des lustres habitués. Food force Dans ce contexte, communiquer sur la faim est devenu un véritable casse-tête pour des myriades d’organisations internationales, non gouvernementales (ONG), humanitaires. Lesquelles rivalisent de stratégies de communication les plus pointues, les plus novatrices pour remettre la faim au goût du jour. Avec, à la clé, les mêmes questions : faut-il chercher à émouvoir avec des images d’enfants squelettiques, culpabiliser en alignant des chiffres ...

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Langue Français

Extrait

Comment communiquer contre la faim ?
Remettre la faim au goût du jour
Par Catherine Morand,
SWISSAID
Au mois de juin dernier, dans l’indifférence générale, le Programme alimentaire mondial
(PAM) annonçait que des millions de personnes étaient menacées de famine dans la Corne
de l’Afrique et risquaient la mort, si une aide alimentaire n’était pas convoyée d’urgence.
De telles annonces ne suscitent guère d’intérêt de la part les médias. Au mieux, si une
équipe de télévision internationale est sur place, aurons-nous droit à quelques images choc
qui tournent en boucle, avant de disparaître de nos écrans. Au pire, une brève dans les
quotidiens, ou même le silence radio.
Tout se passe comme si la faim n’était
in fine
qu’une réalité comme une autre, avec laquelle
il faut bien vivre. Comme si cette absurdité qui dépasse l’entendement n’était finalement
qu’un drame qui fait partie intégrante de la scène mondiale, une sorte de fatalité à laquelle
nous sommes depuis des lustres habitués.
Food force
Dans ce contexte, communiquer sur la faim est devenu un véritable casse-tête pour des
myriades d’organisations internationales, non gouvernementales (ONG), humanitaires.
Lesquelles rivalisent de stratégies de communication les plus pointues, les plus novatrices
pour remettre la faim au goût du jour. Avec, à la clé, les mêmes questions : faut-il chercher à
émouvoir avec des images d’enfants squelettiques, culpabiliser en alignant des chiffres
hallucinants, ou plutôt mettre l’accent sur les responsabilités politiques ?
Pour sensibiliser les jeunes, les Nations Unies ont par exemple créé un jeu vidéo intitulé
Food Force
, lequel place les joueurs aux commandes d’un hélicoptère qui a pour mission de
larguer des vivres au-dessus de populations affamées, menacées par des groupes armés.
Avec, tout de même, le risque de rendre l’aide alimentaire d’urgence aussi spectaculaire
qu’une prise d’otages, en faisant totalement l’impasse sur la faim structurelle, quotidienne,
qui mine le quotidien de millions de personnes – sans jamais faire la une.
Paradoxe : les ONG qui mènent campagne pour la ixième fois pour dénoncer le scandale
que représente la faim au XXIe siècle lassent, voire irritent un public qui a le sentiment
d’avoir déjà entendu cette « rengaine » d’innombrables fois. On peut d’ailleurs faire un
parallèle avec les organisations de défense de l’environnement qui se sont époumonées en
vain à dénoncer les catastrophes provoquées, entre autres, par le changement climatique.
Mais il aura fallu attendre Al Gore et son film « Une vérité qui dérange » pour que le
message passe enfin auprès d’une masse suffisamment critique de responsables politiques
et économiques, pour que cette question figure enfin au top des priorités de l’agenda
international.
No hunger
C’est certainement pour cette raison que l’ONG française
Action contre la faim
a lancé une
pétition sur le net pour demander à Al Gore de réaliser un documentaire équivalent, mais
cette fois sur la faim, en lui suggérant déjà le titre : « No hunger ». Faut-il donc passer par un
ex-vice président américain, qui a entre-temps reçu un Prix Nobel, pour rendre recevable
auprès des décideurs le message selon lequel seul un changement drastique des règles
économiques et agricoles internationales permettra de résoudre la faim dans le monde ?
Car les grandes agences onusiennes, tout comme les ONG, le savent parfaitement : la
résolution de la faim passe avant tout par des solutions politiques, sur lesquelles il est
cependant plus compliqué de communiquer auprès d’un large public. Le message qui vise à
obtenir des fonds pour la poursuite de programmes sur le terrain oscille donc entre des
informations spectaculaires, voire simplistes qui parlent d’estomacs à remplir, de bouches à
nourrir ;
et d’autres, moins mainstream, qui rendent compte de l’appui à d’innombrables
initiatives pour permettre aux agriculteurs du Sud de nourrir leurs concitoyens.
Food business
La communication contre la faim fait également partie intégrante du marketing des grandes
sociétés de l’agrobusiness, qui rebondissent sur la crise alimentaire pour faire la promotion
de semences génétiquement modifiées, présentées comme la solution pour nourrir le monde
de demain et lutter contre la faim. Des affirmations qui suscitent la colère des organisations
paysannes qui tentent de faire entendre leur voix pour contrer le rouleau compresseur du
food business
, lequel soumet les agences de l’ONU à une forte pression.
Reste que sur notre planète globalisée, plutôt que de parler de la faim dans des pays
lointains, la tendance est désormais à une communication qui porte sur les « désordres
alimentaires du monde », pris dans leur ensemble. Avec, à une des extrémités, des obèses
qui n’arrivent plus à se mouvoir, et de l’autre, des corps émaciés, secs comme des fétus de
paille. Avec à la clé le même regard vide, perdu…
SWISSAID
Fondation suisse pour la
coopération au développement
Rue de Genève 52
1004 Lausanne
Tél. +41 21 620 69 70
info@swissaid.ch
www.swissaid.ch
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