Sartre et Camus ou l echec d une doctrine.
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Deux doctrines similaires ...deux doctrines qui butaient à des obstacles infranchissables et qui étaient vouées à l'échec..

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Publié le 03 mai 2012
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Langue Français

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ARTICLE N°5
SARTRE ET CAMUS 1 L'ECHEC D'UNE DOCTRINE (de la révolte à la résignation) Dr.Mohamed Sellam(Université du 7 avril (Libye
Si l'homme est inutile sur la terre, donc le monde en tant qu'entité cosmique matérielle devient aussi inutile, puisque ce qui peuple le monde et ce qui lui donne son sens propre, c'est évidemment l'homme; et de plus, ce dernier n'est nullement constructeur de monde, il est plutôt fait par le monde et pour le monde, puisqu'il y est né, y vit et y meurt, comme n'importe quel autre objet créé … Le monde, avec ses aspects incommensurables et infinis, sa nature dont les variations perpétuelles assurent son renouveau, insufflent la vie à ces êtres infimes et rampants, apodes et bipèdes, en un mot, sa faune et sa flore, dont l'existence assure son équilibre et perpétue à jamais son éternité, ce monde enfin n'est que l'asile véritable mais provisoire de l'homme, où il est cependant en 2 communion constante avec son identité, sa foi en l'avenir et sa fin imminente … Donc annihiler l'essence de l'homme, lui nier toute valeur existentielle, affirmer hautement son inanité dans ce monde, c'est refuser le monde lui-même, c'est sombrer dans le désespoir métaphysique, rayer toute existence de Dieu et par là, faire croire que tout est néant et que, 3 l'homme, le monde et Dieu lui-même, ne sont que des illusions trompeuses et évanescentes … Sartre s'est égaré dans ce labyrinthe absurde, il a perdu toute notion du temps et s'embrouille dans ses propres idées, dont il ne pouvait pas se défaire, tellement il s'est enlisé sans recours dans ses contradictions irrationnelles… Détruire le concept même d'existence, meubler du néant cet espace vital du monde, dire que l'homme est de "trop", qu'il n'a pas de raison d'être ici-bas: c'est toucher aux confins de l'affreux 4 athéisme, de la négation morbide et sacrilège de l'humanité … Dans ce cas, l'existentialisme n'est plus un humanisme, il est devenu plutôt une espèce d'apostasie irréductible, une négation de soi et une consécration du néant… Dans ce contexte, Sartre et Camus, se rejoignent et s'unissent indissolublement pour le même objectif: l'un rejette l'idée d'un Dieu immanent, omnipotent et éternel; l'autre renie toute valeur aubstentielle de l'homme, juge son existence inutile et vaine et que s'il est là, vivant en toute
1 :Cette étude s’apppuie essentiellement sur les oeuvres suivantes-.Camus:½Le mythe de Sisyphe╗Ed.Gallimard.Coll.Idées 1942 Essais╗La Pléiade 1965½ .Théâtre,récits,Nouvelles╗La Pléiade 1957½ .J.P.Sartre:½La critique de la raison dialectique╗Gallimard Bibiliothèque des Idées 1960 Baudelaire╗ Gallimard 1947½ .qu’est-ce que la littérature.╗EGallimard 1948½ 2 .Il est évidemment question du monde matériel et physique et nullement du monde spirituel-3 L’abolition de tout ce qui existe,son élimination radicale,son annihilation,nous conduit inévitablement à soulever le-paradoxe de l’existence et de là à poser la problématique de sa valeur. Cf Emmanuel Mounier ½Introduction aux n°14Existentialismes╗Gallimard Coll.Idées 4 .gageure qui ne saurait trouver d’appui dans la réalité rationnelleLa métaphysique de la négation est une -
conscience, en chair et en sang, ce n'était que par accident, suite à une série de hasards conjoncturels et non par esprit de prédestination, quelque chose qui devait sa présence vitale ici-bas, aux lois logiques de la nature, nourries et vivifiées mystérieusement par une volonté divine immanente… Parallèlement, le premier fut amené à rapprocher l'existence du néant,à la négation de la vie,à rendre dérisoire et nul tout être humain;le second,comme si son esprit était à l'unisson avec celui du premier, est allé plus loin dans ses cogitations frénétiques et affirme, sans ambages, comme une assertion irréversible, que Dieu n'est qu'un produit de nos illusions et de nos 5 fantasmes oniriques …
L'un et l'autre, pataugeant piteusement dans l'absurdité la plus crue ,dans un enchevêtrement d'idées , singulières et burlesques, ne déboucheront sur rien et buteront dans une impasse infranchissable, d'où ils ne pourront jamais se dégager….. Si Camus, suivant le cheminement tortueux de sa pensée, une pensée par ailleurs claire dans sa totalité, professe un refus catégorique de toute idéologie, qu'elle soit humaine ou céleste, qu'elle soit politique, morale ou même métaphysique, c'est dans le dessein évident de se mettre aux antipodes de Sartre, lequel, pris dans un tourbillon d'angoisse et d'inquiétude, devant l'absence totale d'une éthique universelle, fut amené à déduire que l'homme et le monde où il vit, ne sont que l'effet des contingences aléatoire, que leur existence n'est pas inhérente à une logique 6 fondamentale et rationnelle … En ce qui concerne Camus, dont la négation radicale des valeurs humaines supérieures, telles que la morale et la religion, sur lesquelles se fonde, s'édifie et s'organise toute société civilisée, n'est en vérité qu'une allégation systématique, un stratagème intellectuel connu en vue de justifier l'acte de révolte qu'il se préparait à ériger en une loi logique dans une société futile, où tout est 7 anarchie, décadence et vilenie … Par contre, Sartre, loin de fustiger impitoyablement la société en tant qu'entité humaine, une espèce d'amalgame de races hétérogènes, où les lois morales, religieuses ou civiles consacrent d'une manière ou d'une autre les rapports que les gens entretiennent étroitement entre eux, s'en est tenu à examiner de plus près l'existence même de cette société, qu'il jugeait inutile et non nécessaire, et qu'en conséquence elle est condamnée à disparaître, puisqu'elle n'est pas en mesure de s'assurer par elle-même sa propre survie, en ayant recours à des principes vitaux, susceptibles de lui conférer un sens réél et une valeur indestructibles… Dans le même ordre l'idées, l'on se rend compte indubitablement que, si Sartre, condamne l'homme, qui n'est en réalité qu'un atome infime, extrêmement minuscule, de cette société, de ce monde cosmique et qui est destiné à disparaître radicalement et que sa disparition demeure donc impérative et irréversible, c'est qu'il préférait justement le néant, l'absence d'être, à une démoniaque mystification de l'être, c'est -à-dire être ou n'être pas, en d'autres termes, exister avec la pleine certitude de soi, de son existence, s'assurer absolument puissance et vitalité permanente, se sentir vivre dans une plénitude absolue, avoir une force vitale sans faille/exercer le plein pouvoir de sa conscience d'être, ou, à défaut de cette condition péremptoire, disparaître de la 8 planète, entrer dans le néant, s'évanouir à jamais dans l'absence d'être …
5 Camus et Sartre,apotres de l’existentialisme athée,ne peuvent que s’accorder davantage sur ce point-.crucial:Dieu,pour eux,est un spectre mythique,une obsession vague incrustée dans la conscience humaine 6 Cette position négative serait probablement due à la nature hypocondriaque de Sartre et à son engagement-.politique 7 A certains moments de sa vie,Camus s’est trouvé au paroxysme du désespoir:une angoisse métaphysique.s’emparait de lui ,qui l ‘entrainait aux confins du suicide 8 Une des conditions irrévocables pour s’assurer son existence,c’est la ôréaction violenteöqui débouche forcément-.sur la révolte totale
Entre l'amorce de la révolte et la conscience du néant, le problème se pose dans toute son acuité, c'est la question même de toute l'humanité qui apparaît dans son ampleur, pour que cette humanité retrouve sa place et consacre sa présence ici-bas, il faudrait qu'elle se rebelle, qu'elle se rebiffe, qu'elle se manifeste dans sa vigueur et sa puissance, en usant, si besoin est, de violence, 9 de barbarie, pour vaincre le néant et s'affranchir de sa condition d'être inutile Pour Sartre, le temps de la mystification est arrivé et n'est pas encore révolu, au contraire, restera aussi longtemps que l'éternité ,c'est le règne de la supercherie, de la fraude et de l'escroquerie 10 intellectuelle … La liberté n'est qu'un concept vide de tout sens, une illusion que l'on se plaît à entretenir complaisamment au fond de soi, un phénomène illusoire, fantasmagorique, que l'on nous montre en vue de nous duper, tromper cruellement et nous laisser sous l'emprise de son effet magique éphémère…En un mot, la liberté, en tant que telle, n'existe et n'existera jamais…La liberté, en réalité, ne s'explique et ne se révèle vraisemblablement qu’à travers la conscience d'une action immédiate… La liberté procède de l'action… La liberté, tout comme l'amour, ne s'engendre pas du néant, elle est le produit d'un déterminisme actif, révolutionnaire , immanent, puissamment ancré dans la réalité profonde de l'univers… C'est une réalité irréalisable, invisible et 11 insaisissable … Il en est de même pour l'amour de l'humanité, ou philanthropie, c'est une notion irréelle, abusive et fallacieuse, tout comme la liberté… L'amour est une invention de la paresse et de l'hypocrisie, c'est le produit d'une philosophie dérisoire, inventée en vue de perpétuer le règne de l'illusion et de l'erreur… Camus, curieusement rejoint Sartre sur ce plan, s'en prend à l'espérance qu'il dénigre avec véhémence, affirmant qu'elle n'est rien d'autre qu'un concept creux et que si l'homme l'a inventée, c'est pour qu'il ne sombre pas définitivement dans le désespoir, pour qu'il s'affranchisse des aléas 12 de l'infortune et qu'il regagne, ne fut - ce que pour un temps, le havre de paix tant convoité Et pourtant, il est incontestable que l'homme ne pourra jamais vivre loin de l'espérance, comme il ne pourra jamais vivre, loin de la liberté et de l'amour… Ainsi, avec la négation de ces valeurs suprêmes, qui sont les piliers spirituels de l'humanité, sans lesquels toute existence s'en trouverait impérativement abolie, Sartre et Camus, professent par là une tendance nihiliste, une tendance qui ne reconnaît rien à l'humanité, l'acculant sciemment dans un néant impitoyable… Leur instinct destructeur, leur esprit d'annihilation coriace et inexorable, comme si cela était à l'origine d'une collusion mystérieusement tissée à l'ombre du temps, s'exercent insidieusement sur l'essence même des choses, de la vie et de tout ce qui existe. Car la liberté, l'amour, l'espérance sont autant de principes fondamentaux, qui suscitent, sustentent, stimulent et ravivent l'existence humaine… Or la négation arbitraire de ces principes entraîne inévitablement l'abolition de la notion d'homme et c'est justement à cette 13 sombre déduction que Sartre et Camus voulaient aboutir E. Poe n'est pas mort, il est toujours vivant dans l'esprit des poètes et écrivains du début du siècle. Il est vivant et il le restera peut être à jamais, grâce à Mallarmé, et plus particulièrement
9 Ceci est vrai sur le plan politique :un peuple passif,qui consent à vivre dans la servitude,sous le despotisme d’un-.régime totalitaire,un tel peuple, en vérité,ne mérite pas la vie 10 Le peuple est dupe de la politique:il est toujours berné par les ôrond-de-cuirö qui l’écorchent et le dominent par-.leur pouvoir tentaculaire 11 Toutes les guerres planétaires ne sont déclenchées que parce qu’il y a des ennemis de la liberté d’autrui, toujours-.de domination et d’hégémoniehantés par l’obsession du pouvoir 12 L’espérance est comme la religion,c’est un stimulant psychique,un sédatif moral,contre les contingences aléatoires-.du temps 13 toute la philosophie camusienne prêche la révolte ouverte,comme la philosophie sartrienne préconise l’inutilité de-.Jean Wahl ½Petite histoire de l’Existentialisme.╗ed Club Maintenant 1947la vie.Cf
à Boudelaire, dont le génie fut le prolongement infaillible de celui de Poe et ce génie se répercute sur la génération des écrivains contemporains, notamment un Sartre et un Camus… L'existentialisme, au lieu d'être un phénomène d'espoir et de vie, s'est avéré, sous le plume d'un Sartre et d'un Camus, eux-mêmes nourris et insidieusement influencés par un Husserl ou un Heidegger, un phénomène de négation totale… Dés lors, tous les deux, dans une même communion et dans un même élan, professent le culte du macabre et du néant… Sartre, dans une tentative désespérée, attribue à l'homme tous les maux terrestres, le rend responsable de la débâcle du monde, et le place délibérément face à son propre destin, en l'occurrence le néant et la finitude… Camus, quant à lui, réduit d'emblée l'homme à la solitude totale, le dépouille de son être, tue en lui toute espérance, le prive de toute occasion de rachat et le soumet à son implacable destin, qui est le désespoir, un désespoir farouche, hideux et irrémédiable. Ainsi l'un cultive le désespoir avec délices, se livre corps et âme à un âpre pessimisme, mêlé de doute et de crainte perpétuelle. L'autre s'immisce dans le coeur même de la providence, stigmatise toutes valeurs, met à bas la 14 religion et jette l'anathème sur la création Alors, à leur insu, les deux hommes se rencontrent sur ce point crucial, confrontent leurs aspirations ,hantés par l’idée de vouloir créer le néant, rien que le néant, l'absurde néant autour de leur personne. L'homme est absurde, toute l'existence est absurde, car elle est issue du péché, le péché mortel… 15 L'homme paie et doit payer le prix de cc péché par le ruine et la damnation éternelle Sartre n'est pas un visionnaire, un démiurge capable de prévoir d'aussi loin l'apocalypse du monde moderne, la ruine imminente de l'être humain, il émet tout simplement un état d'âme, une vision purement intellectuelle, où se conçoit l'idée de la mort… Par contre Camus déchiffre l'énigme qui est l'homme, et conclut par la vanité de toutes les choses, car tout est inhérent à l'erreur et tout procède de cette erreur colossale, non seulement l’homme 16 mais tout l'univers … L'homme n'est qu'un atome dans l'univers, un être infime, bas et vil, mais cependant caractérisé par d'immenses facultés d'agir, de penser, de faire le mal et le bien en même temps… assujetti au caprice du hasard… Son existence est donc fragile, mesquine, susceptible d'être détruite au moindre geste et au moindre souffle, même en dépit de ses efforts sur-humains en vue de sauvegarder son être du destin tragique qui l'épie perpétuellement depuis sa venue au monde jusqu'au moment crucial de sa disparition… L'homme peut donc être capable d'échapper à son sort, de triompher du néant qui le guette éternellement et de vivre aussi longtemps qu'il le désire… Il peut échapper en effet à ce monstre vorace toujours avide, insociable, qu'on a pris l'habitude d'appeler dans notre jargon commun "le temps", il peut échapper à ses griffes sanguinaires et monter jusqu'au cime de l'apothéose… Il peut le faire hardiment, sans hésitations, ni faiblesse… Il peut le faire enfin en donnant à soi-même une valeur plus concrète, plus pragmatique et plus géniale, en s'attribuant une volonté invincible, victorieuse et téméraire, qui lui permettra d'affronter sans faille les entreprises difficiles, d'aplanir les obstacles, de surmonter les préjugés, quels qu'ils soient, de passer outre les conventions sociales décadentes, afin de pouvoir créer, inventer ce qui manque au monde, à notre monde, en vue de l'égayer, de l'embellir, et de jeter en son sein cette lumière tant désirée, afin de lui assurer la survie et par là sa propre survie, puisqu'il aurait dans ce cas vaincu totalement le néant…
14 La rhétorique de l’existence aboutit inévitablement à cette impasse métaphysique,à cette destruction apocalyptique-sans retour:Camus dans son ôLe mythe de Sisyphe ö et Sartre dans son ôl’Etre et le Néantötous les préconisent .implicitement l’instauration du régne de la finitude 15 .Cf Sartre ½Huis Clos╗ Edition du seuil 1985-16 Pour lui,l’homme tire son origine d’une erreur;il en est de même pour l’univers physique,dont l’apparition est due à.un effondrement accidentel du cosmos
En effet, si Sartre subordonne la survie de l'homme au phénomène de "création", à l'émotion "active" qu'il déploie dans le temps, Camus, au contraire subordonne l'existence de l'homme à 17 son acceptation résignée de la vie Or "créer" et accepter la vie", deux notions qui ne se contredisent pas tout à fait, mais se rejoignent au contraire pour établir entre elles une corrélation intime: dans l'acte d'agir, tout comme dans l'acte d'accepter, comme on le voit, il n'y a guère d'antinomie, mais rapport parfaitement logique, qui en découle selon les lois de la nature des choses… Ce qui est indubitable, c'est que l'homme, primitivement, est créé pour vivre, mais comme il est condamné dès le début de sa naissance à accomplir sa vie par des actes, il s'ensuit qu'il doit être senti de la volonté de se promouvoir, d'entreprendre des actions pour satisfaire ainsi à sa condition d'homme… Sartre et Camus, dans ses conditions,ne se démentent pas, au contraire ils se rejoignent dans une étroite affinité d'esprit: puisque, si l'homme doit agir et créer pour s'assurer à soi-même la victoire contre le temps "dévastateur", il doit posséder également, parallèlement, cette faculté de s'accepter d'abord soi-même, et d'accepter avec résignation sa propre destinée… Ce qui fait qu'il ne triomphe du néant et de la décrépitude de son être intime, que par le biais de ses actes lucides, ainsi que par sa volonté et de se résigner placidement aux lois naturelles de sa 18 condition et aux contingences fortuites de la vie Qu'est-ce la nature du point de vue de Sartre et de celui de Camus? En vérité, Sartre n'a fait que frôler ce principe cosmique, cette réalité universelle, plus vaste, plus éternelle que l'existence même … C'est d'ailleurs dans son sein que l'existence trouve son origine et son immanence… C'est dans la nature d'abord que l'être fait son apparition, se développe, s'accroît et c'est encore dans la nature qu'il est condamné à disparaître: la nature, c'est en un mot, l'essence de l'existence de l'être… L'existence dure autant que la nature, mais peut, suivant les circonstances imprévisibles et les conjonctures aléatoires liées au concept du temps, s'évanouir tout à fait avant elle et en elle… Alors que l'être n'est qu'un point invisible dans la nature, dans laquelle il est compris et absorbé… Sartre cependant, n'a pas souligné la prédominance de la nature par rapport ni à l'être ni non plus 19 par rapport à l'existence en tant que notion autonome dans l'architecture du temps Par contre, Camus, intelligemment et intellectuellement de beaucoup supérieur à Sartre, en particulier au niveau de sa faculté d'appréhension directe et imperceptible des secrets viscéraux de la condition humaine, se penche sur la conception de la nature, en lui conférant à juste titre un rôle capital dans l'existence de l'être c'est pourquoi, à l'issue du long itinéraire consacré à la révolte, et son aboutissement à une impasse désespérée, le seul refuge qui restât à l'être, c'était de se réconcilier avec la nature et de s'abandonner voluptueusement dans son sein et de se fondre en elle. Sartre a négligé pour de bon toute valeur intrinsèque attachée à la nature; il n'en a pas seulement fait fi de la primauté fondamentale de cette réalité cosmique dans son rôle dans la conception de l'être et de son existence, mais il en a expressément nié l'existence même… Peut-être, c'est parce qu'il n'a pas connu, dès sa prime jeunesse, la grandeur de la nature: il n'y a jamais été en contact direct (la philosophie allemande n'en a pas non plus fait état). Alors que Camus, né en Algérie, y avait vécu une longue période de sa vie, toujours fasciné par le charme magique de la nature, l'a mieux connue, bien plus, il l'a intimement connue, il en a même
17 On s’aperçoit justement qu’il y a un revirement manifeste dans la pensée de l’un et de l’autre,un revirement en-.quelque sorte brusque qui se caractérise par un retour à la réalité 18 .Un désespoir intense et aigu débouche normalement vers la résignation et l’abandon-19 Qu’est-ce que le temps?Le temps est comme un fleuve gigantesque et inexorable qui dévore tout,mais qui draîne.en même temps avec lui les alluvions,qui sont autant de semences pour la régénération de la flore
percé tous les mystères, au point de ne pouvoir concevoir la valeur de l'être sans y mêler plus 20 intimement le rôle si important de la nature C'est alors que, entre celui qui a connu vraiment la nature, qui l’a aimée et qui l'a enchanté jusqu'à la fascination et celui qui ne l'a presque jamais connue, à part peut-être à travers quelques connaissances livresques, insignifiantes et banales ou peut- être à travers quelques courts périples au début de sa carrière d'enseignant, en dehors de Paris, au Havre et ailleurs, la différence est en somme monumentale… Car si Sartre avait compris l'importance et la grandeur de la nature, s'il en avait réellement saisi les secrets de ses rapports avec l'être, il eût mieux perçu le phénomène de l'existence, qui n'est selon toute vraisemblance qu'un aspect de la nature même… Pour Sartre comme pour Camus, la révolte contre les règles et les lois établies a un terme final et débouche sur un obstacle incontournable … Car la vanité de la révolte réside en effet dans l'essence de cette révolte même…: elle s'est avérée dénuée de tout fondement historique et humain… La révolte est donc faite pour être vaincue, terrassée et soumise aux facteurs qui étaient à l'origine même de son déclenchement… Ce sera la victoire de la réalité implacable, humaine et véridique d'une situation inexorablement concrète, sur toute tentative de rébellion contre l'iniquité et la barbarie de ôl'Autreö . Camus aboutit dans son long parcours à une acceptation résignée de la mort… apprendre à vivre et mourir en homme, sans chercher à avoir trop d'espoir ni à croire à un au-delà meilleur, se résigner bien volontiers à son propre sort, s'affranchir de toute ambition, de toute espérance, ne plus lutter, ne plus combattre et attendre passionnément le trépas qui sera l'ultime offrande redemptrice, le dernier baume pour se guérir de la vie et de ses multiples tourments infernaux… Par là, Camus se précipite tête baissé dans le gouffre d'une dialectique erronée.. Céder, se priver de sa volonté, de celle qui à la suite des contingences inattendues, s'est éveillée en nous, pour nous inciter à l'action, à l'insoumission totale, à nous engager de propos délibéré dans l'entreprise pour laquelle nous étions prédestinés. Ce serait à coup sûr nous accabler d'opprobre, de déboire et nous pousser jusqu'à la limite du 21 suicide … Car, même si la révolte, la vraie révolte débouchera inéluctablement à la mort, et à l'extinction de soi, il n'en est pas de même pour une révolte qui, au milieu du chemin, n'abandonne à la résignation et à la peur… Dans ce cas, ce type de révolte n'est pas une révolte, c'est un jeu, une brève évasion dans le temps, c'est un coup de folie, une guerre et rien de plus… Par contre Sartre, probablement plus conscient de l'obstacle insurmontable auquel il se heurtera dans son continuel raisonnement, évite cette issue honteuse et oriente ses arguments dans un autre contexte, en enveloppant l'homme dans une sorte de halo de prestige et de grandeur inaccoutumée… Après l'insoumission manifeste à tout ce qui existe, accablant de malédiction l'existence même, stigmatisant avec virulence toutes les valeurs sociales et humaines, s'acharnant à démontrer que Dieu n'est après tout qu'une pure illusion, et enfin réduit à embrasser le culte du néant,il amorce un revirement inattendu et affirme que l'homme est partout en butte au mensonge historique… Ce volte-face, pour le moins singulier, peut être à l'origine d'une angoisse, d'un remords lancinant 22 commençant à hanter et à miner l'esprit de Sartre ?… Ainsi, pour tous dire, c'est l'avortement universel d'une doctrine, qui n'a su se tenir ses piliers fondamentaux… C'est une doctrine qui s'effondre, qui fait banqueroute et de laquelle il ne reste plus quasiment que des débris factrices, des lambeaux hétéroclites et lamentablement inusités…
20 .De tout temps,la nature est le creuset où se manifeste la vie dans sa magnificence charnelle-21 Si ce n’est au suicide même..le suicide de notre être,de notre existence,puisque,s’abandonner à la tyrannie,accepter-.passivement l’asservissement,c’est au bout du compte se suicider 22 Nietszche,Hégel,Schoppenhauer,prêchaient la négation d’un Dieu Unique,un Dieu à l’esprit universel et dont-.pourtant chose évidentel’ubiquité est
L'un dans un effort désespéré pour éluder le scandale de l'erreur, ou il s'était laissé entraîner, crut opportun de virer du côté de la mort, seule issue des révoltés, l'autre par crainte d'une conclusion hâtive, et ne sachant plus quel sort il devrait réserver à l'homme en état de révolte, il lui conféra en dernier ressort des attributs imaginaires en l'instituant comme messager infaillible pour l'éternité. Sfax, le 17/04/1997
«Synopsisd d’Analyse et Critique Littéraire
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
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