Yigal Bin-Nun: L émigration arabe est la meilleure chose qui pouvait arriver à l’Europe
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Yigal Bin-Nun: L'émigration arabe est la meilleure chose qui pouvait arriver à l’Europe

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Description

Les Arabes en Europe sont un fait accompli. Il est temps de réaliser qu’il n’y a aucun moyen d’endiguer l’émigration des Chinois, des Pakistanais, des Indiens, des Arabes en Europe. Ils continueront à arriver et ce n’est pas la peine d’enfouir sa tête dans le sable pour ne pas le voir. L’Europe sera différente. Ce ne sera plus l’Europe plongée dans une des formes les plus extrêmes de la décadence raciste de l’humanité. Peut on s’imaginer ce qu’aurait pu être l’histoire du vingtième siècle si l’Allemagne et l’Europe étaient profondément pluri-ethniques? Aurait-t-on pu exterminer des populations sur une base raciste ou religieuse? La leçon du vingtième siècle est claire : l’apologie de l’ethnie, de la religion et du nationalisme à outrance est la recette pour un désastre que ni le progrès scientifique et ni une culture raffinée n’ont pu empêcher.

Informations

Publié par
Publié le 30 avril 2014
Nombre de lectures 70
Langue Français

Extrait


Mercredi 20 novembre 2013
L’émigration arabe est-elle la
meilleure chose arrivée à l’Europe ?
Je commence par la fin :
l’émigration arabe est la meilleure chose
qui pouvait arriver à l’Europe
ces cinquante dernières années.
Yigal Bin-Nun
« La France n’est plus ce qu’elle était », « Les Arabes
envahissent l’Europe », C’est le type de propos auxquels j’ai droit quand
je dis avoir vécu en France pendant 14 ans. Ils attendent évidemment de
moi que je sois d’accord avec eux. Comme si le reste du monde n’avait
pas changé. Comme si la France devait rester telle qu’elle l’était dans les
films de notre jeunesse avec Jean Gabin, Alain Delon ou Louis de Funès.
Comme si le pire désastre arrivé à l’Europe était l’arrivée des Arabes.
Comme s’il était évident qu’il fallait arrêter ce désastre.
IL N’Y A RIEN À ARRÊTER
Les Arabes en Europe sont un fait accompli. Il est temps de réaliser qu’il n’y a aucun moyen d’endiguer l’émigration des Chinois, des Pakistanais,
des Indiens, des Arabes en Europe. Ils continueront à arriver et ce n’est
pas la peine d’enfouir sa tête dans le sable pour ne pas le voir.
L’intégration d’émigrants n’est jamais facile. Elle provoque des
traumatismes. Les nouveaux arrivés sont toujours humiliés, exploités et
font l’objet de discriminations. Mais peu à peu, la grande partie est
assimilée et s’intègre à la la société dominante et à sa culture. A
l’évidence, l’Europe ne sera plus ce qu’elle a été. Et c’est une bonne
chose.
Les immigrés peuvent faire aujourd’hui l’objet de discriminations. Mais
qui pourra demain empêcher les Arabes, les Indiens ou les Chinois
d’être élus demain maires, députés, leaders politiques ou Chefs d’Etat
dans toute l’Europe ?
Cela arrivera plus vite que nous le pensons. Et c’est ce qui fait peur à mes
interlocuteurs israéliens. Ils pensent que les Arabes sont des terroristes,
des antisémites et des ennemis d’Israël. Ils imposeront la loi de la Charia
en Europe. Il est vrai qu’il y a des terroristes arabes qui ont fait preuve
des niveaux les plus élevés de haine, de crimes et de racisme. Mais la
plus grande partie des Arabes en France sont des patriotes français. Les
Israéliens seraient surpris d’apprendre que beaucoup d’Arabes en France
sont très favorables aux Juifs et sont aussi de grands admirateurs
d’Israël, souvent bien plus que des Français de souche.
Il n’y a pas moyen de savoir combien d’Arabes ou de Musulmans vivent
aujourd’hui en France parce que signaler la religion ou l’origine ethnique
d’une personne est interdit par la loi. Quant aux immigrés d’Afrique ou
d’Asie venus en France, tôt ou tard, leurs enfants ou leurs petits enfants
se marieront avec des jeunes de familles françaises de souche ce qui
bouleversera à long terme la démographie du pays. Et c’est une bonne
chose.
L’EUROPE SERA DIFFÉRENTE
L’Europe sera différente. Ce ne sera plus l’Europe plongée dans une des
formes les plus extrêmes de la décadence raciste de l’humanité. Peut on
s’imaginer ce qu’aurait pu être l’histoire du vingtième siècle si
l’Allemagne et l’Europe étaient profondément pluri-ethniques? Aurait-t-
on pu exterminer des populations sur une base raciste ou religieuse? La
leçon du vingtième siècle est claire : l’apologie de l’ethnie, de la religion et du nationalisme à outrance est la recette pour un désastre que ni le
progrès scientifique et ni une culture raffinée n’ont pu empêcher.
Les solutions ne sont pas simples. Les populations d’origine se défendent
par des moyens subtils. L’époque du colonialisme, de l’exploitation, de la
discrimination terminée, nous entrons a priori dans l’ère de la
bienveillance et de la tolérance.
LE MULTICULTURALISME
En Amérique du Nord, on a inventé le « multiculturalisme ». C’est un
terme sympathique qui veut dire : « Vous autres, immigrants venus de
pays sous développés, vous avez aussi une culture et nous la respectons
tout comme la nôtre à égalité. Nous n’allons pas vous imposer nôtre
culture. Tout au contraire, nous allons vous aider à préserver la vôtre ».
C’est ainsi que pour maintenir sa supériorité, l’establishment culturel
enferme les immigrés dans la cage dorée du folklore inoffensif de leur
pays d’origine. Il crée ainsi une ségrégation – version atténuée de
l’apartheid – entre sa culture et celle des immigrés (arabes,
indiens,chinois, africains etc.) Les acquis de la culture universelle
demeurent ainsi réservés aux populations de souche et les autres sont
contraints de se cantonner dans leurs traditions, dans l’étroit domaine
du folklore, et dans une incapacité d’accéder à la culture.C’est ce qui s’est passé aussi en Israël.
Ce multiculturalisme a pris ici l’aspect du« melting pot » Grace à lui les
premiers pionniers se sont emparés des organismes de la haute culture
et ont refoulé les nouveaux venus dans le ghetto du folklore.
L’establishment s’est efforcé à promouvoir des fêtes ethniques comme
substitut au développement culturel. En quelque sorte, on va vous
donner plein de chansons orientales de basse qualité à la radio, on va
glorifier la fête de la Mimouna, on va même nous prosterner pour baiser
la main du rabbin Ovadia Yosef, mais laissez nous la direction de
l’orchestre philharmonique, du Théâtre Habima, de l’Opéra, des
institutions culturelles et des universités.
L’establishment a affermi son pouvoir sournoisement par hypocrisie et
par habileté à jeter de la poudre aux yeux des nouveaux venus. Certains
sont tombés dans le piège. On a ainsi créé des localités mono-ethniques
peuplées uniquement d’immigrés ce qui a retardé leur assimilation à la
société générale.
Malgré ses remarquables progrès, Israël souffre d’une segmentarisation
extrême. On pourrait même dire qu’il y a plusieurs peuples dans ce pays,
totalement séparés les uns des autres.
COMPARTIMENTAGE
Ce compartimentage hermétique ne provient pas de causes économiques
ou sociales. Israël est l’un des rares pays au monde où l’identité des
citoyens dépend officiellement de leur origine ethnique. La dépendance
exclusive en Israël de la religion juive était sans doute compréhensible
quand le pays offrait une solution humanitaire aux rescapés de
l’Holocauste et aux Juifs persécutés dans leur pays d’origine. Mais de nos
jours quelle est la justification d’établir notre identité uniquement sur
des critères religieux?
Le sionisme qui voulait créer un « asile de nuit » pour les Juifs a atteint
son but et terminé sa mission. Aujourd’hui Israël ne peut continuer à se
cramponner à des idéologies révolues devenues anachroniques. A t-on
encore besoin d’une Agence Juive? Ne vaudrait-il pas mieux la remplacer
par une agence nationale d’immigration qui pourvoirait aux besoins du
pays et aux considérations humanitaires ? Ne devrait on pas permettre à
toute personne dont le pays pourrait avoir besoin d’adhérer à la nation
israélienne, sans distinction de religion. Aujourd’hui une personne qui voudrait construire son avenir au sein du peuple israélien est obligé de
renier sa religion pour se convertir à une autre religion à laquelle
beaucoup d’Israéliens n’y croient pas.
UNE NATION NORMALE
D’autres pays ont résolu ce problème en interdisant la mention dans tout
document officiel, public ou confidentiel, la religion ou l’origine ethnique
de ses citoyens.
Nous ne devons pas agir comme si nous étions différents du reste de
l’humanité.
Nous vivons aujourd’hui dans un mélange de globalisation économique
et social et de régionalisme culturel. Nous sommes déjà capables
d’arrêter d’agir comme si nous étions une race à part, et devenir une
nation normale dépourvue de ségrégation ethnique.
De toute façon, à terme, dans un avenir historique, une nation basée
démographiquement sur une seule ethnie ou une seule religion ne
pourra plus continuer de l’être et deviendra tôt ou tard pluri-ethnique.
Yigal Bin -Nun
L’auteur est un historien israélien et un chercheur dans l’historiographie
des textes de la Bible.

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