Anaximandre décrit le monde, l’être, la totalité comme indéfini et infini, sur un plan ontologique et cosmologique, comme paradigme physique ; Démocrite, avec sa doctrine de l’espace vide infini et des atomes qui le composent, le décrit selon un procédé similaire mais dans un sens limitatif et restrictif, par l’adoption du principe humain, de l’âme pour elle-même, sur un plan ontique et anthropologique. L’on pourrait ainsi comprendre valablement l’argument onfrayien selon lequel il n’existe pas de transcendance, mais dans la visée démocritéenne d’un matérialisme non- réductionniste : il y aurait, selon les deux héritages des philosophes présocratiques que sont Anaximandre et Démocrite, les conditions d’émergence et de possibilité d’une épistémologie originairement matérialiste – fondée ontologiquement dans l’être, l’une atomiste (Onfray), l’autre néoténique (Simondon)
de ce que j’appelle la logique ensembliste-identitaire, qui est preé ciseé ment une logique de la deé terminiteé .
Mais ce qui est eé galement deé truit, c’est, si je puis dire, l’ancrage de l’imaginaire et de la penseé e aussi bien
dans la Figurabiliteé que dans le “faire sens” pour quelqu’un »
Castoriadis
« Les theé ories de Thaleà s, d’Anaximandre et d’Anaximeà ne doivent eê tre consideé reé es comme des hypotheà ses purement
scientiFiques ne tenant aucun compte des deé sirs humains ou des ideé es morales. Les questions qu’ils posaient eé taient justes et
leur activiteé intellectuelle encouragea les recherches posteé rieures »
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B. Russell
« La notion de la survie aà travers la transindividualiteé est plus inhabituelle que celle de la survie toute personnelle de l'aê me ou de la survie cosmique dans une uniteé pantheé istique, mais elle n'est pas plus confuse...Aucune solution dans ce domaine ne peut eê tre absolument claire : la notion d’aê me et celle de matieà re offrent seulement la fausse simpliciteé de ce que l’habitude preé sente et manipule sans eé lucider les sens implicites...comme elles, elle ne peut eê tre saisie que par deses dans unintuitions formeé recueillement actif et creé ateur »
« Laphilosophie, c’est en l’occurrence, dans le contexte ionien, l’amour dusavoir, et ce mot est employeé concurremment avec d’autres mots tels quethéoriede regarder -aà l’acte de voir, , terme lieé –αteθρίεω qu’histoire- Ἱστορία– qui signiFie enqueê te, investigation, recherche scientiFique »
« Le bonheur et le malheur se trouvent dans l’aê me »
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« l’empirisme peut eê tre situeé sur la ligne inaugureé e par les Ioniens, tandis que la rationalisme classique heé rite eé videmment de l’eé leé atisme »
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Deé mocrite
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Jean-rançois Revel
Renaud Barbaras
Simondon
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Lineé aments
Dans un essai reé cent, . Worms eé tudie les conditions de possibiliteé reé elles de l’expeé rience de la liberteé selon
les rapports reé gulateurs de la devise de la Reé publique que sont l’eé galiteé et la fraterniteé . Selon lui, cet
eé quilibre entre les trois composantes de la devise reé publicaine ne va pas de soi, il deé Finit un cadre, pour le
moins formel, qui Fixe les conditions et la viseé e deles rapportsl’agir au sein de la socieé teé et qui reé gissent
sociaux entrequilibre, pour reprendre une expression d’E.individus ; mais il dit que cet eé
Renan dans sa deé Finition de la nation, est un « pleé biscite de tous lesrir etjours », toujours aà reconqueé
aà effectuer dans l’agir quotidien, et dans la construction du droit et des Fins humaines affeé rentes aà la
morale. Ilbat et de la jurisprudence autour de l’eé galiteéprend l’exemple du deé homme-femme pour
illustrer ce fragile eé quilibre, et dresser les conditions
critiques, « geé neé tiques », qui apparaissent leé gitimes au regard de la raison, ou fondeé es, pratiquement, pour
l’entendement qui s’interroge sur la partla lumieà entre ce qui est raisonnable ou pas, au regard ou aà re de
cesprincipes de la reé publique, ilpublique aà la reé publique française. De la Reé semble en effet y avoir un
espace leé gitime d’interrogation et
d’investigation philosophique renouveleé es pour comprendre et eé lucider, pheé nomeé nologiquement pourrait-on
dire, les conditions qui garantissent effectivement l’usage et l’exercice des liberteé s individuelles pour autant
qu’elles s’inscrivent dans une morale ou un nouvel impeé ratif cateé goriqueentre les sexes (oureé elle d’eé galiteé
encore entre les cultures) et des’il est permis d’envisager ce concept reé gulateur faisantfraterniteé ,
ofFice d’une Ideé e au sens kantien, dans la perspective theé orique dutransindividuel ouverte par la
philosophie geé neé tique de Simondon. C’est ce que nous voudrions faire dans le preé sent essai ou Traiteé , en
reé capitulant et en ordonnant entre eux les moments « geé neé tiques » de l’histoire de l’eé pisteé meé qui ont pu
aà notre sens eê tre deé cisifs dans le
cheminement de la ratio et l’eé mergence des principes eé voqueé s plus haut : nous pensons aà l’heé ritage antique de
la philosophie stoîïcienne, qui Figurecomme un impenseé dans l’histoire de la philosophie telle qu’elle est
enseigneé e, en accordant un privileà ge didactique et ontologique aux systeà mes de penseé e issus de
l’Acadeé mie de Platon et d’Aristote, quie qui le prendaà une reé feà rent tre entre la penseé analytique dualiste de l’eê
pourobjet et la matieà tant que telle,aliteé en re qui serait exempte de toute reé quihyleé morphique preé jugeé
annonce l’amphibologie moderne dominante, sous l’espeà ce de la matheé matisation carteé sienne de la nature , 3
entre latendue.chose pensante ou res cogitans et la res extensa ou chose eé
L’enjeu serait donc, pour notre propos, de prendre le probleà me aà sa racine, et de proposer une autre eé conomie
de l’eê tre et de la connaissance aà partir d’autres postulats de la raison deé montreé s rationnellement et fondeé s en
droit, dans le cadre d’une nouvelle philosophie de la Nature eé laboreé epartir des apports de lanotamment aà
penseé e preé socratique, et en particulierdes Phyisologues ioniens autour du concept de l’apeiron, et de ses
prolongements possibles dans d’autres systeà mes de penseé e qui ont pu marquer l’eé volution et l’histoire de la
philosophie occidentale : l’Ecole duPortique bien-suê r, mais aussi Spinoza et Comenius, qui au sieà cle de
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Descartes, proposaient deé jaà des visions alternatives aà la toute-puissancedu cogito,l’heé geé monie et aà proclameé e
comme cet « empire dans un empire » occulteé et reé duit au rang d’une simple matieà re.
Par laà , nous espeé rons tracer des lignes propeé deutiques aà un nouveau traiteéde la nature humaine, qui emprunterait tant aux
intuitions empiristes qu’au reé alisme transductif des relations invoqueé par Simondon pour penser l’eê treen amont de jugement
logique, et qui permet de renouveler l’interrogationsur les notions centrales d’uniteé et de pluralisme, de fondement ou de
bonne forme, aà la croiseé e des heé ritages de la forme-archeé type de Platon etde la forme hyleé morphique d’Aristote, c’est aà
dire sur la question de l’origine comme plan de la recherche sur l’existence d’un principe del’individuation dont
deé coulerait en droit tout l’eé diFice du savoir et de laspheà re de l’agir humain.
Non pas qu’il s’agisse de mettre en cause l’heé ritage et la penseé e issus de lapost-moderne, nourrisreé Flexion
par les philosophies de Deleuze, de oucault ou encore de Derrida, mais plutoê t de parvenir aà en extirper
lageé lienne,matique dans son inFlexion post-heé quintessence critique et probleé en essayant de porter au jour
l’existence d’une principe de la diffeé rence pheé nomeé nologique ou geé neé tique qui permette de reé partir plus
justementtre individueé les questions de sens, d’espace et de structure de l’individu en tant qu’eê . Autrement dit,
il s’agirait de tirer les conseé quences eé thiques,et eé praxeé ologiques de la theé pisteé mologiques ouorie de l’ontogeé neà se
d’une, en reé habilitant les quelquestre en tant qu’eê tre individueé science de l’eê grandes Figures de la
philosophie qui ont contribueé , selon nous, aàd’un autre style de la penseé l’eé mergence lace aà e, graê
probleé matique ontogeé neé alogique ouverte par Simondon dans le champ des scienceshumaines.
Notre intention serait ainsi de compleé ter la nature heuristiqued’une« rench theory » qui ne se reé duise pas aà une simple
philosophie depreé sentematiseé qui rence et aà la diffeé enne d’un perspectivisme systeé la position d’inspiration nietzscheé
l’eé ceuil d’un relativismede la connaissance, voire, au niveau anthropologique, d’un individualisme geé irreé meé diable neé raliseé
nourri par une posture sceptique ouà l’homme etsirs seraient la mesure de toutes choses – ce qui ne contredises deé t
nullement pour nous la perspective de l’heé donisme moral invoqueé e par M.Onfray, et de voir dans quelle mesure, s’il y a
lieu de s’interroger sur lede la diffeé rence dans son rapport implicite aà la question possible d’une identiteé non-probleà me
substantielle,ilapparaîêtainsipossibled’opeérerun
changement de perspective sur les questions contemporaines de pluralismechange et de relation inter-culturel, d’eé
culturels, en tant que relieé s aà des exigences d’individuation. L’identiteé et la diffeé rence ne sont pas voueé s une
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penseé e de nature relativiste dans la connaissance, fruit du « divorce » entre le sensible et l’intelligible ou entre
la science et la culture tel qu’il est aveé reé dans le kantisme, lequel se prolongerait naturellement dans une
theé orie du relativisme des cultures incommensurables entre elles. Lerelativisme peut eê tre surmonteé par la
raison selon un principe dereé currence causale ou une approche systeé mique de l’eê tre meé tastable qui,loin de
se reé sorber dans une relation de disparition ampliFiante ou unrenciation, dans unemouvement de la diffeé
diffeé rance irreé meé diable, ferait apparaîêtre l’uniteé comme condition de possibiliteé transcendantale, authentique
a priori de l’expeé rience, appreé hendeé par voie transductive,selon un point topologique aà part entieà re d’articulation
preé -critique entre leet le logique, entre meé meé taphysique thode et dynamique speé ciFique del’eê tre, qui
renouvelle l’ideé al d’adeé quation entre la chose et l’esprit, l’expeé rience et la penseé e.
Nous espeé rons par laà poursuivre et deé velopper l’interrogation deleuziennesur la formation d’un
empirisme transcendantal dans la penseé econtemporaine, qui reé unisse les apports de l’empirisme et de
l’Ideé e, ausens kantien, en vue d’eé tablir les fondements d’un rationalisme quis’articule sur une doctrine
renouveleé e du reé alisme portant, comme l’avait diagnositqueé deé jaà oucault dans les Mots et les choses, sur