Anaximandre avait raison, Simondon ou Onfray ? Essai sur la valeur d un eudémonisme transindividuel
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Anaximandre avait raison, Simondon ou Onfray ? Essai sur la valeur d'un eudémonisme transindividuel

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Description

Anaximandre décrit le monde, l’être, la totalité comme indéfini et infini, sur un plan ontologique et cosmologique, comme paradigme physique ; Démocrite, avec sa doctrine de l’espace vide infini et des atomes qui le composent, le décrit selon un procédé similaire mais dans un sens limitatif et restrictif, par l’adoption du principe humain, de l’âme pour elle-même, sur un plan ontique et anthropologique.
L’on pourrait ainsi comprendre valablement l’argument onfrayien selon lequel il n’existe pas de transcendance, mais dans la visée démocritéenne d’un matérialisme non- réductionniste : il y aurait, selon les deux héritages des philosophes présocratiques que sont Anaximandre et Démocrite, les conditions d’émergence et de possibilité d’une épistémologie originairement matérialiste – fondée ontologiquement dans l’être, l’une atomiste (Onfray), l’autre néoténique (Simondon)

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Publié le 21 avril 2019
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Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Anaximandre avait raison
Simondon ou Onfray ?
Essai sur la valeur d’un eudémonisme transindividuel
« Le premier philosophe à avoir écrit, chez les Anciens, Anaximandre de Millet, écrit comme écrira précisément le
vrai philosophe tant que des impératifs extérieurs ne l’auront pas privé de l’impartialité et de la simplicité…La
pensée et son style sont des bornes majeures sur le chemin de cette sagesse suprême […] il se demande comment
cette pluralité est malgré tout possible puisqu’il n’y a qu’une éternelle unité [l’IndéFini] […] le vrai problème se
trouve posé : comment transposer dans le monde effectif la doctrine de l’être impérissable et sans devenir, sans
avoir recours à la théorie de l’apparence et de l’illusion des sens ?
Nietzsche
« Quand [Anaximandre] dit: le principe des eê tres, c’est l’apeiron, l’indeé nous avons laà termineé , une rupture
totale avec le repreé sentable – et peut-eê tre meê me avec le pensable, car ce qu’il fait voir est effectivement un
abîême.Sicequiestvraimentestindeétermineé,etindeéterminable,sontainsideépasseéeslesdeéterminations
de ce que j’appelle la logique ensembliste-identitaire, qui est preé ciseé ment une logique de la deé terminiteé .
Mais ce qui est eé galement deé truit, c’est, si je puis dire, l’ancrage de l’imaginaire et de la penseé e aussi bien
dans la Figurabiliteé que dans le “faire sens” pour quelqu’un »
Castoriadis
« Les theé ories de Thaleà s, d’Anaximandre et d’Anaximeà ne doivent eê tre consideé reé es comme des hypotheà ses purement
scientiFiques ne tenant aucun compte des deé sirs humains ou des ideé es morales. Les questions qu’ils posaient eé taient justes et
leur activiteé intellectuelle encouragea les recherches posteé rieures »
1
B. Russell
« La notion de la survie aà travers la transindividualiteé est plus inhabituelle que celle de la survie toute personnelle de l'aê me ou de la survie cosmique dans une uniteé pantheé istique, mais elle n'est pas plus confuse...Aucune solution dans ce domaine ne peut eê tre absolument claire : la notion d’aê me et celle de matieà re offrent seulement la fausse simpliciteé de ce que l’habitude preé sente et manipule sans eé lucider les sens implicites...comme elles, elle ne peut eê tre saisie que par deses dans unintuitions formeé recueillement actif et creé ateur »
« Laphilosophie, c’est en l’occurrence, dans le contexte ionien, l’amour dusavoir, et ce mot est employeé concurremment avec d’autres mots tels quethéoriede regarder -aà l’acte de voir, , terme lieé αteθρίεω qu’histoire- Ἱστορία– qui signiFie enqueê te, investigation, recherche scientiFique »
« Le bonheur et le malheur se trouvent dans l’aê me »
2
« l’empirisme peut eê tre situeé sur la ligne inaugureé e par les Ioniens, tandis que la rationalisme classique heé rite eé videmment de l’eé leé atisme »
2
Deé mocrite
3
Jean-rançois Revel
Renaud Barbaras
Simondon
4
Lineé aments
Dans un essai reé cent, . Worms eé tudie les conditions de possibiliteé reé elles de l’expeé rience de la liberteé selon
les rapports reé gulateurs de la devise de la Reé publique que sont l’eé galiteé et la fraterniteé . Selon lui, cet
eé quilibre entre les trois composantes de la devise reé publicaine ne va pas de soi, il deé Finit un cadre, pour le
moins formel, qui Fixe les conditions et la viseé e deles rapportsl’agir au sein de la socieé teé et qui reé gissent
sociaux entrequilibre, pour reprendre une expression d’E.individus ; mais il dit que cet eé
Renan dans sa deé Finition de la nation, est un « pleé biscite de tous lesrir etjours », toujours aà reconqueé
aà effectuer dans l’agir quotidien, et dans la construction du droit et des Fins humaines affeé rentes aà la
morale. Ilbat et de la jurisprudence autour de l’eé galiteéprend l’exemple du deé homme-femme pour
illustrer ce fragile eé quilibre, et dresser les conditions
critiques, « geé neé tiques », qui apparaissent leé gitimes au regard de la raison, ou fondeé es, pratiquement, pour
l’entendement qui s’interroge sur la partla lumieà entre ce qui est raisonnable ou pas, au regard ou aà re de
cesprincipes de la reé publique, ilpublique aà la reé publique française. De la Reé semble en effet y avoir un
espace leé gitime d’interrogation et
d’investigation philosophique renouveleé es pour comprendre et eé lucider, pheé nomeé nologiquement pourrait-on
dire, les conditions qui garantissent effectivement l’usage et l’exercice des liberteé s individuelles pour autant
qu’elles s’inscrivent dans une morale ou un nouvel impeé ratif cateé goriqueentre les sexes (oureé elle d’eé galiteé
encore entre les cultures) et des’il est permis d’envisager ce concept reé gulateur faisantfraterniteé ,
ofFice d’une Ideé e au sens kantien, dans la perspective theé orique dutransindividuel ouverte par la
philosophie geé neé tique de Simondon. C’est ce que nous voudrions faire dans le preé sent essai ou Traiteé , en
reé capitulant et en ordonnant entre eux les moments « geé neé tiques » de l’histoire de l’eé pisteé meé qui ont pu
aà notre sens eê tre deé cisifs dans le
cheminement de la ratio et l’eé mergence des principes eé voqueé s plus haut : nous pensons aà l’heé ritage antique de
la philosophie stoîïcienne, qui Figurecomme un impenseé dans l’histoire de la philosophie telle qu’elle est
enseigneé e, en accordant un privileà ge didactique et ontologique aux systeà mes de penseé e issus de
l’Acadeé mie de Platon et d’Aristote, quie qui le prendaà une reé feà rent tre entre la penseé analytique dualiste de l’eê
pourobjet et la matieà tant que telle,aliteé en re qui serait exempte de toute reé quihyleé morphique preé jugeé
annonce l’amphibologie moderne dominante, sous l’espeà ce de la matheé matisation carteé sienne de la nature , 3
entre latendue.chose pensante ou res cogitans et la res extensa ou chose eé
L’enjeu serait donc, pour notre propos, de prendre le probleà me aà sa racine, et de proposer une autre eé conomie
de l’eê tre et de la connaissance aà partir d’autres postulats de la raison deé montreé s rationnellement et fondeé s en
droit, dans le cadre d’une nouvelle philosophie de la Nature eé laboreé epartir des apports de lanotamment aà
penseé e preé socratique, et en particulierdes Phyisologues ioniens autour du concept de l’apeiron, et de ses
prolongements possibles dans d’autres systeà mes de penseé e qui ont pu marquer l’eé volution et l’histoire de la
philosophie occidentale : l’Ecole duPortique bien-suê r, mais aussi Spinoza et Comenius, qui au sieà cle de
6
Descartes, proposaient deé jaà des visions alternatives aà la toute-puissancedu cogito,l’heé geé monie et aà proclameé e
comme cet « empire dans un empire » occulteé et reé duit au rang d’une simple matieà re.
Par laà , nous espeé rons tracer des lignes propeé deutiques aà un nouveau traiteéde la nature humaine, qui emprunterait tant aux
intuitions empiristes qu’au reé alisme transductif des relations invoqueé par Simondon pour penser l’eê treen amont de jugement
logique, et qui permet de renouveler l’interrogationsur les notions centrales d’uniteé et de pluralisme, de fondement ou de
bonne forme, aà la croiseé e des heé ritages de la forme-archeé type de Platon etde la forme hyleé morphique d’Aristote, c’est aà
dire sur la question de l’origine comme plan de la recherche sur l’existence d’un principe del’individuation dont
deé coulerait en droit tout l’eé diFice du savoir et de laspheà re de l’agir humain.
Non pas qu’il s’agisse de mettre en cause l’heé ritage et la penseé e issus de lapost-moderne, nourrisreé Flexion
par les philosophies de Deleuze, de oucault ou encore de Derrida, mais plutoê t de parvenir aà en extirper
lageé lienne,matique dans son inFlexion post-heé quintessence critique et probleé en essayant de porter au jour
l’existence d’une principe de la diffeé rence pheé nomeé nologique ou geé neé tique qui permette de reé partir plus
justementtre individueé les questions de sens, d’espace et de structure de l’individu en tant qu’eê . Autrement dit,
il s’agirait de tirer les conseé quences eé thiques,et eé praxeé ologiques de la theé pisteé mologiques ouorie de l’ontogeé neà se
d’une, en reé habilitant les quelquestre en tant qu’eê tre individueé science de l’eê grandes Figures de la
philosophie qui ont contribueé , selon nous, aàd’un autre style de la penseé l’eé mergence lace aà e, graê
probleé matique ontogeé neé alogique ouverte par Simondon dans le champ des scienceshumaines.
Notre intention serait ainsi de compleé ter la nature heuristiqued’une« rench theory » qui ne se reé duise pas aà une simple
philosophie depreé sentematiseé qui rence et aà la diffeé enne d’un perspectivisme systeé la position d’inspiration nietzscheé
l’eé ceuil d’un relativismede la connaissance, voire, au niveau anthropologique, d’un individualisme geé irreé meé diable neé raliseé
nourri par une posture sceptique ouà l’homme etsirs seraient la mesure de toutes choses – ce qui ne contredises deé t
nullement pour nous la perspective de l’heé donisme moral invoqueé e par M.Onfray, et de voir dans quelle mesure, s’il y a
lieu de s’interroger sur lede la diffeé rence dans son rapport implicite aà la question possible d’une identiteé non-probleà me
substantielle,ilapparaîêtainsipossibledopeérerun
changement de perspective sur les questions contemporaines de pluralismechange et de relation inter-culturel, d’eé
culturels, en tant que relieé s aà des exigences d’individuation. L’identiteé et la diffeé rence ne sont pas voueé s une
4
penseé e de nature relativiste dans la connaissance, fruit du « divorce » entre le sensible et l’intelligible ou entre
la science et la culture tel qu’il est aveé reé dans le kantisme, lequel se prolongerait naturellement dans une
theé orie du relativisme des cultures incommensurables entre elles. Lerelativisme peut eê tre surmonteé par la
raison selon un principe dereé currence causale ou une approche systeé mique de l’eê tre meé tastable qui,loin de
se reé sorber dans une relation de disparition ampliFiante ou unrenciation, dans unemouvement de la diffeé
diffeé rance irreé meé diable, ferait apparaîêtre l’uniteé comme condition de possibiliteé transcendantale, authentique
a priori de l’expeé rience, appreé hendeé par voie transductive,selon un point topologique aà part entieà re d’articulation
preé -critique entre leet le logique, entre meé meé taphysique thode et dynamique speé ciFique del’eê tre, qui
renouvelle l’ideé al d’adeé quation entre la chose et l’esprit, l’expeé rience et la penseé e.
Nous espeé rons par laà poursuivre et deé velopper l’interrogation deleuziennesur la formation d’un
empirisme transcendantal dans la penseé econtemporaine, qui reé unisse les apports de l’empirisme et de
l’Ideé e, ausens kantien, en vue d’eé tablir les fondements d’un rationalisme quis’articule sur une doctrine
renouveleé e du reé alisme portant, comme l’avait diagnositqueé deé jaà oucault dans les Mots et les choses, sur
l’eé lucidation dece doublet empirico-transcendantal qu’est l’Homme
Le but de la philosophie comme recherche d'une sagesse est de parvenir aàle cadre et la leé eé tablir gitimiteé
fondeé e en droit, c'est aà dire par la seulelumieà re de la raison, d'une conscience qui se comprenne sur le fond
d'une nouvelle subjectiviteé , qui se vive au preé sent, sans poser la question du Quid ou de l'essence, mais en
prenant pour acquis l'eê tre comme monde, et l'ideé e de sujet dans son droit au monde, c'est aà dire comme eê tre
surtoutsensible.
Cette conscience renouveleé e, ou cette viseé e d'une pleine conscience dans lede l'espace et du temps,preé sent veé cu
qui s'ouvre comme totaliteé , est source de preé sence aà soi, d'attention aà ses veé cus, et nourrit l'intuition creé atrice,
sous la forme de ce pragmatisme de l'eé lan vital que Bergson appelait de sesvoeux. Savoir eé couter la libre-
neé cessiteé du corps, comme nous y invitait deé jaà Spinoza, sa nature d'eê tre et agir le plus possible en fonction
d'elle, c'est retrouver la conFiance dans le monde. C'est en vertu de cette autrede la conscience,proprieé teé
l'intuition, que la theé orie de l'intentionnaliteétre renouveleé peut eê nergie spirituelle et qui, bien cultiveé e comme eé e,
meé thodiquement ou avec plus de preé cision, permet de se tenir au plus preà s de soi, aà l'eé coute de son eê tre en tant
que vivant parmi d'autres vivants. C'est de cette manieà re, comme esprit devenu nature humaine, que le collectif
prend sa signiFication transindividuelle, preé ceé dant toujours, comme mondephyisuqe, biologique, social et mental,
l'individu qui gîêt dans l'indeé termineé , ou plutoê t consiste dans son eê tre-indeé termineé : comme eê tre preé individuel,
le sujet admet cette possibiliteé ayant valeur de reé laiteé geé neé rale du fait d'eê tre deé termineé , d'abord
biologiquement, puis mentalement et socialement, par quoi il fait partie d'un collectif comme substance de son
eê tre. Etre limiteé , et donc neé cessairement relatif et en rapport aà l'autre, dans le libre-cours dudevenir et de
l'individuation. C'est cette intuition fondamentale del'appartenance de l'individu aà un Tout, physique,
cosmologiqueetsocial,quelestoîïciensontdeécouvertcommebaseetstructureontologiquedel'eêtre,comme
analytique de l'indeé termineé - apeiron. Simondon en deé gage
la conseé quence anthropologique, dans un sens post-pheé nomeé nologique-critique, laplutoê t que preé 5
psychanalyse en approfondit le senstheé rapeutique l'Autre, comme structuredans le syntagme du rapport aà
de laLa philosophie empiriste a percu cette logique de la natureparenteé . humaine, qui va de l'indeé termineé
de l'eê tre aux deé terminations agissantes del'individu dans son action, qui est la mesure de son inscription
dans lecollectif. Mais elle ne l'a pas relieé aà une ontologie ou aà une philosophie de la nature, sauf dans l'ultime
tentative de Whitehead dans Process and Reality. Laà est l'apport deé cisif de Simondon, au plan d'une eé thique et
des fondements d'une nouvelle philosophie politique,dans le sillage de cetteheuristique de l'intuition aà laquelle
appelait, un sieà cle plus toê t, et en avancesur son temps comme le remarque M. Serres, Bergson. L'essence et la
siginFication de l'eê tre en socieé teé y trouve un nouvel eé clairage, au moment ouà l'individualisme et la
fragmentation post-moderne du lien social en sujets replieé s sur eux-meê mes et atomiseé s semble menacer
l'eé quilibre deé mocratique: Simondon, et peut-eê tre Whitehead, comme ces derniersgrands philosophes et
scientiFiques repreé sentants de cette aspiration aà unenouvelle cosmologie, nous permettent de trouver des ressources
theé oriquesetconceptuelles,ayantunsoubassementeé pisteé mologiquecettemeé thodologique, pour faire face aà
monteé e de l'insigniFiance, et retrouver des raisons de croire dans un monde aà venir, et en invention.C'est dans
cet esprit que nous avons voulu eé crire ce court traiteépropeé deutique critique » de la moraleaà une «
transindividuelle, commecontribution aà une civilisation future.
6
Introduction
(I – Geneà se de l’esprit et pheé nomeé nologie de la connaissance ; II – geneà sede l’esprit et theé orie du spirituel
; III – geneà se de l’esprit et theé orie de l’homme, anthropologie pluraliste)
Comment relier une philosophie de l'individuation comme paradigmetheé orique contemporain dans la
recherche philosophique aà son fondementadeé quat doctrine de la sagesse ou de la spiritualiteé viseé dans une ,
telleelle'uqea'mêedltroceintedlacïîo,neigatitsesl'heérmentdantêntomaappraîadu monde, qui nous semble
preé Figurer la deé marche de l'analyse geé neé tiquede Simondon, et de l'analytique empirico-transcendantale que
celle-ci tendaà constituer comme nouvelle science rigoureuse de l'eê ? En quoitre en tant qu’eê tre individueé
cette philosophie leé gueé e par Simondon instaure-t-elleles fondements d’une nouvelle cosmologie
pluraliste ?
La dernieà re inFlexion de la theé orie de l'individuation de Simondon, sa porteé e Finale, pourrait-on dire,
serait aà retrouver dans la Figure antique desStoîïciens,colaasegsseediticasecisoeeéemmcnoctpelpmi
aà uneFinit le champ de la spiritualiteé , etphilosophie du transindividuel, qui redeé les sources morales de
l'humaine espeé rance.
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Cependant, si la question du religieux n'est pas abordeé e en tant que telle par Simondon, en revanche, ce
dernier ouvre une "porte" autorisant une reé Flexion sur le lien conceptuel et theé orique entre le
transindividuel et la question d'une "survie toute personnelle de l'aê me": c'est ce lien que noustentons
d'eé claircir dans le preé sent ouvrage.
Au fond, quelle pourrait eê tre cette philosophie d’un preé sent vivant desion lumineuse aucomme cette « adheé l’aê me
preé sent » de l’esprit que nous leà gue Simondon ? En quoi le principe des principes selon lequel "il fautpartir de
l'individuation, de l'eê tre saisi en son centre selon la spatialiteé et le devenir" invite-t-il aà poser cette question du preé sent vivant
comme enjeu d'une reé Flexion sur les sources de la spiritualiteé ? Ne preé sente-t-elle pas des aspects relevant d'un approche
mateé rialiste et empiriste de l'eê tre ? Quelle peut eê tre la speé ciFiciteé de la philosophie simondonienne de la spiritualiteé , aàla
lumieà re des concepts qu'il met en jeu ?
Le but de cet ouvrage n'est pas de deé Finir une critique du religieux, ou de ses sources morales, mais plus
simplement, d'ouvrir un espace de reé Flexioncommune sur les enjeux philosophiques et pratiques de la
theé orie deories contemporaines d'une vie dans le preé l'individuation dans son rapport aux theé sent, telle
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qu'elles sont eé tudieé es dans le sillage de la reé Flexiondespar le psychiatre Christophe Andreé aà partir initieé e
pratiques de lapleine conscience, dans un cadre clinique, et plus largement, comme enjeusocieé tal
contemporain.
C'est la nature de cet enjeu que nous voudrions cerner en lui apportant les contributions theé oriques et
philosophiques qui pourraient en deé Finir lessoubassementsconceptuels,etplusgeé neé ralement,la
Raisoneé pisteé mologique: de la leé galiteé du veé cu, entendue aà travers sa sourceintentionnelle et logique, aà la leé galiteé d'une
conscience reé noveé e, comprise dans sa source charnelle et corporelle, s'opeà re une continuiteé conceptuelleside dans cette viequi reé
du corps que nous eé voquions dans un autre ouvrage, et que nous comprenions aà travers une conceptualisation
pheé nomeé nologique du preé individuel, comme "centre" aà partir duquel s'eé tale le devenir et la spatialiteé , et qui impliquait de
penser un "cogito"moteur.
Ce concept reé gulateur de la notion de preé individuel, en tant que foyerouvrait aà unenergeé tique, corporel et eé
justiFication eé pisteé mologique du transindividuel comme devenir, essence de l'eê tre qui advient, comme
mouvement, sous l'espeà ce de ce mobilisme universel professeé par Heé raclite, et dont la raison reé sidait
dans une prise de conscience del'individu
comme eê tre
essentiellement
limiteé ,conseé quence
anthropologique de la saisie de l'apeiron comme illimiteé , indeé Fini, etl'eê trequi assige aà indeé termineé ,
de se situer dans un milieu, en tant que cette dyade indeé Finie qui l'inscrit, neé cessairement,
geé neé tiquement, dans lepreé sent de l'intelligence.
Mais cette prise de conscience du temps et du devenir essentiels aà la compreé hension d'une ontologie
renouveleé e s'accompagne, alors, d'uneaà travers un concept positif de responsabiliteé : si le tempseé thique,
marquetre Fini, il est aussi, par laà la limitation de l'eê signiFication de lameê me, relation de l'eê tre Fini aà
autre chose que lui, qui le deé passe, qui est plus quelui. Il ouvre le sens naturel de la transcendance, la
question d'une intelligence supeé rieure qui dirige le cours du monde, l'ideé e d'une Providence divine,
sicheàreauxStoîïciens.
De la vie aà la religion, de la matieà re aà l'esprit, il y a place en ce sens pourune nouvelle philosophie du
spirituel, de la spiritualiteé , comme pouvant deé Finir l'essence critique su savoir, et un nouveau positivisme
de la raison.notretaphysique et hyleé morphique, qui a marqueé Le dualisme meé civilisation, a constitueé
une eé tape ou une phase geé neé tique de la raison, de l'eé pisteé meé . Il laisse place aà la formulation d'un
monisme, d'une theé orie de l'univociteé de l'eê tre qui prend racine dans le corps, dont la matieà re et les
ressources restent aà explorer: il nous appartient, au sens d'un concept nouveau de la responsabiliteé , de le
comprendre et de le prendre commeobjet du savoir philosophique, au nom de cet impeé ratif antique
du (en grec) - sauver les pheé nomeà nes.
Nous devons nous rendre responsables, prendre soin de notre aê me, de l'inseé pareé de notre corps et de
notre esprit, et par laà meê me rejoindre lessources de l'uniteé magique primitive: cette responsabiliteé est la
noê tre, la plus originaire, et la plus immeé moriale, et l'eé volution geé neé tique de l'eê tre, l'ontogeé neé alogie, nous
enjoint aà cette prise de conscience responsablecomme un enjeu civilisationnel.
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Silapentetropisitiquedel'eêtreapueêtrecelled'uneeévolutionetd'uneextensiondel'eêtrepar
l'application des reé sultats de la science et de laconnaissance, au nom d'une "maîêtrise de la
nature", et si la loi de laquence de deé reproduction a eu pour conseé ce humaine pourvelopper l'espeà
constituer une humaniteé deé sormais mondialiseé e, sa direction a aujourd'huile sens d'une dissociation de
mouvement, d'une limitation de la croissanceFleé xif, un effort de lade la Physis par un retour reé
penseé e, sur lemouvement aà partir duquel se deé terminent les diffeé rences de nature, entrele corps
et l'esprit: ce "retour" de l'essence pensante de l'individutablir le principe deconsisterait aà reé
l'auctoritas aà travers une relectureeFinissent et conditionnent la penseé gles" qui deé empiriste des "reà
aussi bienFinies par Humeque le champ de l'agir humain, telles qu'elles ont eé teé deé dans son enqueê te
sur les principes de la nature humaine.
L'"auctoritas" est le compleé ment ontologique de la "Physis", en lui donnant une direction, un cadre, une origine,
et par laà , le sens neé cessairement limiteé de l'existence humaine. Notre theà se est de dire, au fond, que le corps
danssa matieà re la plus profonde, nous enseigne et contient, de façonimmanente, cette aspect de la
limitation originaire de l'eê tre en qu'eê tre individueé , et que la vie qu'il porte en lui ne peut grandir qu'en se
limitant:plus fondamentalement, ce n'est que par cette prise de conscience,que peut seinteé rioriseé e,
deé Finir le rapport aà la reé aliteé , sous l'espeà ce d'untablir le sens radical dealisme, et s'eé nouveau reé
l'expeé rience en tantriemntation de ce sentiment selon lequel nous sentons que nousqu'intuition ou expeé
sommes eé ternels. L'eé terniteé est en nous, et elle implique humiliteé , comme la pratique d'un devoir de l'eê tre
humain, fondeé ontologiquement et eé pisteé mologiquement: ce pourrait eê tre laà la nouvelle forme prescriptive ou
normative de l'agir humain, dans le sens d'une responsabiliteé deé jaàinaugureé e par H. Jonas comme
"deé termination de ce qui est aà faire", en tant qu'aligneé e sur le monisme de la preé feé rence naturelle pour la vie
quemanifestelecorps,etdanslesens,leévinassien,d'unrapportdesigniFianceaàl'eêtretranscendant,aàl'autre,aà
la socieé teé , sur le fond de cette totaliteé quise manifeste comme inFini.
Nous pensons que les traditions pratiques de sagesse de l'Orient peuventapporter des contributions deé cisives aà
cet effet, en permettant d'explorer cee comme "crispeé philosophie resteé e" sur sonteé escamoteé par une qui a eé
heé ritage carteé sien, et ayant meneé aux exceà s de la raison calculante : le corps, et sa matieà re igneé e, ses principes
et ses reà gles immanentes, enFin samesure, dans les limites de l'espeé rience, que lui apporte un exercice
raisonnable de son pouvoir, c'est aà dire la raison qui prescrit les normes dela liberteé , pour lui permettre son
expression.
Alain disait que philosopher, c'est dire non. Cette philosophie du "non", reprise par Bachelard, est constitutive
de la vie, et se preé sente aussi commee sur leune philosophie "libertaire" uniquement articuleé un "frein" aà
principe de l'heé donisme et le souci des plaisirs, bien qu'il soit entendu, au sens eé pirurien - celui d'un
eé picurisme transcendantal, comme un calculraisonneé des plaisirs et un souci de soi.
L'objet de ce livre sera donc, pour partie, de tracer une ligne possible depar rapport audeé marcation
mateé rialisme heé doniste professeé par M. Onfraytre atomiste, et de voir dans quelle- comme monisme de l'eê
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mesure l'on peut formuler une autre source du monisme philosophique comme enjeu de la philosophie
contemporaine, aà la croiseé e des theé ories empiristes et rationalistes: l'enjeu, pour nous, sera de reé habiliter le
sens ontologique du corps, ou de la corporeé iteé , comme lieu d'une expeé rience du preé sent, c'est aàdire d'un
approfondissement du sens deé volu aà l'expeé rience par l'empirisme,fausse alternative dupar-delaà la
mateé rialisme ou du spiritualisme.
Une juste compreé hension de la philosophie empiriste peut conduire aà une raison du preé sent, comme
pheé nomeà ne pour la conscience. Cet acte de laconscience peut eê tre deé etcrit, sur un mode pheé nomeé nologique,
faire l'objetnomeé nologiere, en inteé grant les apports de la pheé d'une philosophie premieà et ceux de
l'empirisme.
Une penseé e de l'originel, aà laquelle en appelle dans un reé cent essai M.Maffesoli, peut s'articuler aà une
attention au reé el, dans sa forme la plus eé leé mentaire - ses eé lements, aà travers une theé matique de l'imaginaire, ou
de l'imagination poeé tique et litteé raire, aà partir d'une theé orie eé pisteé mologiquepeutde l'imagination, ouà
prendre place l'art.
Non pas qu'il faille reé habiliter une penseé e de l'analogie, au risque d'une"animiste", mais tendre vers unedeé rive
science de l'anteé ceé dence commeobjet duveé cu,intentionnel,ettranscendantal,quiappelleunconstructivisme de
la raison et une eé pisteé mologie anti-substantialiste pouvant marquer une alternative aà l'utilitarisme dans son
extensionlllitheppqouseoissnaatd,atleprapamtgaîrêll'eapetrMli.lohnStuahiedeJalisme aà visaged'un reé L'ideé e
humain que revendique H. Putnam, est bien plus inteé ressante, en jetant un pont vers une philosophie
premieà re de l'apeiron, qui deé Finit l'eê tre et son milieu: l'empirisme et le rationalisme de l'individuation,
entendue comme point culminant de l'expression de l'eé pisteé meé moderne, comme cette raison moderne
masqueé e par lesubstantialisme de le penseé laborer le contenu de la loie, permettent d'eé morale preé sente dans la
Nature identiFieé e en sa source preé socratique, principalement d'Anaximandre et des physiologues ioniens,
commemeê me,pouvant et devant accompagner toutes nos repreé sentations, et par laà de reé aliser la "grande
syntheà se" entre la morale et l'eé thique. Cette nouvelleforme de la loi morale, de l'auctoritas, s'inscrit dans
une eé ducationd'essence sensualiste, comme dans l'Emile de Rousseau, qui, au sieà cle desLumieà res,
apportait aà notre civilisation un traiteé de peé dagogie dont l'universaliteé avait deé jaà eé teé anticipeé , un sieà cle
plus toê t, par le grand philosophe et peé dagogue J. Amos Comenius, au nom d'une didactique
universelle.
Nous voudrions ainsi contribuer aà restaurer l'actualiteé de cette penseé e troplongtemps meé connue par le milieu
acadeé mique, aà meê me de reé aliser unpont signiFicatif entre le rationalisme d'inspiration française et carteé sienne,
et l'empirisme d'inspiration anglo-saxonne, et dont Rousseau avait jeteé lescle desfondements au sieà
Lumieà res: aujourd'hui, la conseé quencedojrgnarupparreaauaîêtedeuqivueonosoupeihrqongtolatheéte
commeune raison de la philosophie morale kantienne, qui a sorti Kant de son"sommeil dogmatique", et
comme un rempart contre les deé rives ideé alistesalisme allemandHegel et l'ideé culatives qu'ont pu inspireé et speé
du XIXsieà cle.
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