Expérimentations par la pensée, analyses contrefactuelles et comparatives - article ; n°4 ; vol.22, pg 45-71
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Description

Revue française d'économie - Année 2008 - Volume 22 - Numéro 4 - Pages 45-71
Cet article porte sur le problème des expérimentations par la pensée dans la théorie autrichienne et prend comme point de départ l’argument de Lawrence Moss sur la division entre les économistes autrichiens de l’ancienne génération - pour lesquels les expérimentations par la pensée étaient centrales -et ceux de la nouvelle génération qui, d’après Moss, ont « abandonné » de telles méthodes. Cet article se propose à la fois de combler ce prétendu fossé et de contribuer au développement de la méthodologie autrichienne. Nous défendons l’idée selon laquelle ce qui pourrait être perçu comme un « abandon » soutient plutôt qu’exclut le rôle des expérimentations par la pensée dans le paradigme autrichien. L’article identifie une famille complète de stratégies de recherche d’analyses comparatives et contre-factuelles ouvertes aux autrichiens qui reposent toutes sur de solides bases épistémologiques et méthodologiques. Le modèle d’analyse comparative et contre-factuelle associe les histoires conjecturales, les ordres spontanés et l’étude empirique de l’analyse autrichienne contemporaine à la tradition classique des travaux plus anciens. Par conséquent, la récente évolution du courant autrichien ne doit pas être perçue comme une aberration mais comme un développement délibéré, naturel et digne d’intérêt.
Thought Experiments, Counter Facturals and Comparative Analysis.
This article discusses the problem of thought experiments in Austrian economics and takes as a starting point Lawrence Moss’ argument on the divide between the older Austrian economists - for whom thought experiments were crucial - and the new generation that, in Moss’ view, has abandoned such methods. The article is an attempt not only to bridge this alleged divide but also to contribute to the development of the Austrian methodology. It is argued that what may be perceived as abandonment bolsters rather than precludes the role of thought experiments in the Austrian paradigm. The article identifies an entire family of comparative and counterfactual analysis research strategies available to the Austrians, all enjoying a solid epistemological and methodological grounding. The comparative-counterfactual analytics pattern threads together the conjectural histories, spontaneous orders and empirical case studies of the contemporary Austrians, with the classic tradition of older works. Consequently the recent evolution of Austrian scholarship should not be seen as an aberration or abandonment, but as a deliberate, natural and commendable development.
27 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 2008
Nombre de lectures 48
Langue Français

Extrait

RATAligica_Evans25/04/0810:06Page45
Paul Dragos ALIGICA Anthony J. EVANS
Expérimentations par la pensée, analyses contre-factuelles et comparatives Traduction : Loïc Sauce Les économistes autrichiens s’accordent à dire que les « expérimentations par la pensée », définies au sens large du terme, sont un élément important de leur école de pen-sée. Dans leur influente vue d’ensemble, Peter Boettke et David Prychitko incluent la « méthode des constructions imaginaires »
Revue française d'économie, n° 4/vol XXII
ARTAligica_Evans25/04/0810:06Page46
46Paul Dragos Aligica et Anthony Evans
parmi les cinq caractéristiques principales de l’école autrichienne, et précisent brièvement cette notion (Boettke et Prychitko [1994] pp. 289-290). Les expérimentations par la pensée, appelées « Gedankenexperiment » par les sciences naturelles, permettent aux scientifiques de recueillir des informations relatives à des phénomènes connus et de les manipuler mentalement dans de nouvelles configurations afin d’obtenir de nouvelles connais-sances. Par conséquent, elles peuvent être considérées comme une forme plus ou moins proche de la démarche déductive propre aux investigations scientifiques. La nouvelle connaissance est créée à partir de la connaissance empirique préalable, par un mélange d’imagination et de logique déductive. Les auteurs autrichiens admettent que, lorsque l’information relative à des événements, des agents ou des phénomènes, est combinée par l’intuition ou à l’aide de théories sur la nature de l’action humaine, la nouvelle configuration qui naît de cet exercice mental peut apporter des enseignements significatifs et être ainsi à l’origine d’autres connais-sances. Bien qu’il existe un accord implicite quant à l’impor-tance des expérimentations par la pensée à l’intérieur de la tra-dition autrichienne, le consensus semble rompu lorsque l’on vient à préciser les détails de la méthode et, plus particulièrement, sa place au sein des récents développements - ou «postrevival » -de l’école. La divergence fut clairement présentée par Lawrence Moss dans un article qui insiste explicitement sur « l’importance des constructions imaginaires pour l’analyse économique autri-chienne » (Moss [1997] p. 151). Moss considère que les autri-chiens contemporains ont « gardé une prudente distance à l’égard des différentes constructions imaginaires traditionnelles qui ont guidé l’école autrichienne durant la majeure partie de son his-toire » (Moss [1997] p. 151), et que, désormais, l’accent est mis sur les approches empiriques et historiques. « L’effort contempo-rain consiste à apprécier comment les formations sociales spon-tanées peuvent surpasser les constructions délibérées et engen-drer des résultats marchands coordonnés. L’accent est aujourd’hui mis sur l’histoire conjecturale telle qu’elle apparaît chez Adam Smith et d’autres théoriciens écossais du 18èmesiècle, et non plus
Revue française d'économie, n° 4/vol XXII
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