Faut-il avoir peur du G.A.T.T.? - article ; n°3 ; vol.8, pg 3-36
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Description

Revue française d'économie - Année 1993 - Volume 8 - Numéro 3 - Pages 3-36
Ayant analysé la portée du G. A. T. T. depuis ses origines, cet article pose le problème d'une nouvelle extension organisée du libre-échange. Peut-elle réellement être entreprise seule, sans une initiative simultanée de relance ? Il propose alors un «plaidoyer pour une initiative occidentale de relance structurelle» afin de tenter de dépasser le débat entre autarcie agressive ou libre-échange mondial. Quelques lignes directrices sont définies en ce sens.
Having analyzed the full implication of the G.A.T.T. since its beginning, this paper asks the question of a new organized extension of the free-trade. Can it really take place without any attempt of economic revival? One proposes to plead the cause of an « occidental initiative of structural economic revival» to pass beyond the debate between aggressive autarky and world free-trade. Some insights are suggested in this way.
34 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1993
Nombre de lectures 13
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Jean Weiller
Bruno Carrier
Faut-il avoir peur du G.A.T.T.?
In: Revue française d'économie. Volume 8 N°3, 1993. pp. 3-36.
Résumé
Ayant analysé la portée du G. A. T. T. depuis ses origines, cet article pose le problème d'une nouvelle extension organisée du
libre-échange. Peut-elle réellement être entreprise seule, sans une initiative simultanée de relance ? Il propose alors un
«plaidoyer pour une initiative occidentale de relance structurelle» afin de tenter de dépasser le débat entre autarcie agressive ou
libre-échange mondial. Quelques lignes directrices sont définies en ce sens.
Abstract
Having analyzed the full implication of the G.A.T.T. since its beginning, this paper asks the question of a new organized extension
of the free-trade. Can it really take place without any attempt of economic revival? One proposes to plead the cause of an «
occidental initiative of structural economic revival» to pass beyond the debate between aggressive autarky and world free-trade.
Some insights are suggested in this way.
Citer ce document / Cite this document :
Weiller Jean, Carrier Bruno. Faut-il avoir peur du G.A.T.T.?. In: Revue française d'économie. Volume 8 N°3, 1993. pp. 3-36.
doi : 10.3406/rfeco.1993.933
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rfeco_0769-0479_1993_num_8_3_933Jean
WEILLER
Bruno
CARRIER
Faut-il avoir peur
du G.A.T.T. ?
n suggérant dans un récent arti
cle du Monde que la question du G.A.T.T. méritait d'être
reformulée, nous esquissions un argument qui trouve ici
plus ample développement1.
En 1947, à Genève quand la délégation américaine
dans une session préparatoire de discussion d'un «projet 4 Jean Weiller/Bruno Carrier
de Charte» qu'elle avait présenté — et qui devait être
examiné plus tard, à La Havane — a demandé d'adopter
certains articles contraignants sans plus attendre, nous
avions pu être surpris, sinon effrayés. Celui d'entre
qui a eu le privilège — la chance, devenue rare — de
participer à cette négociation peut témoigner, en tout
cas, d'une appréhension très différente — et d'une parade
dont on ne dispose pas à présent.
C'était le passage d'un texte d'inspiration keyné-
sienne à un néo-libéralisme inquiétant pour les européens
dans les conditions de l'immédiat après-guerre et en
l'absence d'un plan Marshall dont la simple annonce, en
juin 1947, ne suffisait pas à nous rassurer.
Or, il nous a semblé dans la consultation d'une
actualité plus immédiate que les récentes et vives polé
miques autour du G. A. T. T. réalisent le tour de force de
sous-estimer des problèmes considérables, tout en négli
geant certaines dimensions d'accord possible.
Un préalable est de s'interroger sur la portée empiri
que de la libéralisation des échanges depuis un demi-
siècle, en modernisant la polémique — sans cesse recom
mencée — entre libre-échange et protectionnisme,
comme le suggèrent les travaux macro-économiques les
plus contemporains. Mais il devient plus vital encore
d'élargir l'horizon par un autre débat, opposant le
protectionnisme offensif aujourd'hui encouragé et des
formes viables et possibles de coopération protectrice
dans l'échange organisé. C'est à ce titre que le G.A.T.T.,
sans pouvoir rétablir à lui seul une croissance immédiate
et certaine (les experts réalistes s'accordent tous sur ce
point), pourrait par contre relayer utilement une initia
tive occidentale coordonnée de relance structurelle. Jean Weiller/Bruno Carrier 5
Aux origines du G. A. T. T. :
souvenirs critiques
Qu'il nous soit permis de rappeler ici les origines du
G.A.T.T. et leur appréciation historique.
C'est dès la création du G.A.T.T., au cours de
l'été 1947, que de très fortes appréhensions s'étaient
manifestées, aussi bien du côté des pays européens
«éprouvés par la guerre» et «en voie de reconstruction»
que du côté des pays «neufs ou retardataires» dits alors
« sous-dé veloppés ».
Pour bien comprendre l'origine des critiques,
suffit-il de se reporter aux craintes formulées au départ ?
La délégation américaine avait elle-même proposé, à la
session préparatoire qui se tenait à Genève au cours de
l'été 1947, une large discussion d'un projet de charte sur
le commerce international et l'emploi (ici c'était l'inspi
ration keynésienne du maintien du plein emploi qui était
largement partagée).
Par une sorte de « coup de théâtre » nous avions vu
lui substituer une «charte restreinte» : un accord (d'ins
piration nettement néo-libérale) : le G.A.T.T. Étaient
rejetées à des discussions ultérieures, à La Havane, les
beaucoup plus larges dispositions déjà longuement discu
tées — et, parmi ceux qui avaient participé aux travaux
des commissions, nous avions été nombreux à regretter
une telle interruption. A cette époque, ce n'étaient pas
seulement les pays dits sous-développés et les pays
européens en voie de reconstruction dont les intérêts
allaient être remis en cause. Aux uns, le Président
Truman allait solennellement promettre la plus large aide 6 Jean Weiller/Bruno Carrier
internationale pour assurer leur plus large essor (on se
souvient comment, un peu plus tard, W.W. Rostow aura
présenté cette garantie comme celle d'un «take off»).
Aux pays éprouvés par la guerre, le Général Marshall
venait d'annoncer le plan dont la mise en œuvre n'allait
pas tarder, dès 1948.
Il fallait donc accepter de remettre à plus tard
tout ce qui subsistait d'une plus large inspiration : ce
devait être la charte de La Havane que le Congrès des
États-Unis n'aura pas ratifiée. La charte restreinte de
l'accord général sur les tarifs douaniers et le commerce
(General Agreement on Tarifs and Trade : le G. A. T. T.),
sans autre remise en cause, allait-elle respecter le
principe qu'allait résumer peu après le slogan : parte
naires égaux («equal partners»)? T. Balogh, professeur
à Oxford, au début d'un livre intitulé Unequal partners
avait rappelé les discussions qui avaient eu lieu par la suite
entre nous (à cet égard à l'I.S.E.A. : voir en 1971-1972,
dans la série P, Économie internationale : La politique économi
que des États-Unis et l'inégalité des nations. Voir aussi F.
Perroux, L'économie des jeunes nations).
En 1947 pour les pays en voie de reconstruction
les appréhensions des délégations européennes devaient
en grande partie être dissipées, mais comme l'avait
rappelé J.E. Meade, il n'avait pas suffit de nos démonst
rations simples de l'intérêt pour tous d'une réduction des
tarifs douaniers limités à des pays dont les importations
essentielles (avant même le plan Marshall) n'étaient
assurées que par la contrepartie nécessaire au maintien de
très larges déficits de balance des paiements courants : il
avait fallu faire appel à la présentation mathématique
assez sophistiquée de R. Frisch.
Du point de vue des relations commerciales, en Jean Weiller/Bruno Carrier 7
évoquant la construction de l'Europe sous la forme d'une
«union économique en devenir», il avait été possible
d'échapper ainsi à la clause de la nation la plus favorisée
dont la délégation américaine exigeait le respect. La
période de transition, déjà reconnue nécessaire lors des
accords de Bretton Woods, serait à nouveau justifiée
pour des concessions tarifaires et élargissements progress
ifs des contingents d'importation entre pays européens
déficitaires. De plus, la promesse du plan Marshall allait
permettre le maintien d'un déficit encore nécessaire pour
cette période de reconstruction, en garantissant le fina
ncement d'importations déclarées «essentielles».
Avec une déclaration que le Président Truman
avait voulu solennelle, espérait-on qu'il en serait de
même quant à l'aide internationale aux pays dits sous-
développés? Ceux-ci n'en avaient-ils pas moins à maint
e

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