Globalisation et taille optimale des nations - article ; n°2 ; vol.17, pg 69-100
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Revue française d'économie - Année 2002 - Volume 17 - Numéro 2 - Pages 69-100
Si la question de la taille optimale des nations est ancienne, elle est posée aujourd'hui par la prolifération de nouveaux pays apparemment viables malgré, parfois, leur petite taille. Pour certains auteurs, l'ouverture des économies retire à la grande taille une partie de ses avantages. Après avoir rappelé quelques critères de taille optimale, le texte nuance l'opinion selon laquelle la globalisation conduirait à la fragmentation des nations. Il constate néanmoins une réallocation de certains éléments de souveraineté nationale au profit de pouvoirs infra-nationaux d'une part et supranationaux d'autre part.
The questions concerning the optimal size of nations are old and always posed today by the proliferation of apparently viable new countries in spite of their small size. For authors, the opening of the economies withdraws to the big size most of its advantages. After having pointed out some criteria of optimal size, the text moderates the opinion according to which the globalisation would lead to the fragmentation of the nations. Nevertheless the paper notes a reallocation of certain elements of national sovereignty to the profit of infra-national structures on the one hand and supranational structures on the other hand.
32 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 2002
Nombre de lectures 57
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Jean-Marc Siroën
Globalisation et taille optimale des nations
In: Revue française d'économie. Volume 17 N°2, 2002. pp. 69-100.
Résumé
Si la question de la taille optimale des nations est ancienne, elle est posée aujourd'hui par la prolifération de nouveaux pays
apparemment viables malgré, parfois, leur petite taille. Pour certains auteurs, l'ouverture des économies retire à la grande taille
une partie de ses avantages. Après avoir rappelé quelques critères de taille optimale, le texte nuance l'opinion selon laquelle la
globalisation conduirait à la fragmentation des nations. Il constate néanmoins une réallocation de certains éléments de
souveraineté nationale au profit de pouvoirs infra-nationaux d'une part et supranationaux d'autre part.
Abstract
The questions concerning the optimal size of nations are old and always posed today by the proliferation of apparently viable new
countries in spite of their small size. For authors, the opening of the economies withdraws to the big size most of its advantages.
After having pointed out some criteria of optimal size, the text moderates the opinion according to which the globalisation would
lead to the fragmentation of the nations. Nevertheless the paper notes a reallocation of certain elements of national sovereignty
to the profit of infra-national structures on the one hand and supranational structures on the other hand.
Citer ce document / Cite this document :
Siroën Jean-Marc. Globalisation et taille optimale des nations. In: Revue française d'économie. Volume 17 N°2, 2002. pp. 69-
100.
doi : 10.3406/rfeco.2002.1461
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rfeco_0769-0479_2002_num_17_2_1461Jean-Marc
SIROËN
Globalisation et taille
optimale des nations
l'histoire, les larges l'action, petites et celles-ci Emile c'est patries que Durkheim au sont toujours, sein venues d'autres n 1905, écrivait par se une fondre plus dans : véritable « grandes au Ce La sein science que force encore de nous patries des sociale ». montre choses, Pourtplus et
ant, si la Société des nations (SDN) comptait soixante pays
Revue française d'économie, n° 2/vol XVII 70 Jean-Marc Siroën
en 1930 et l'Organisation des nations unies (ONU) cinquante
et un en 1945, cent-quatre-vingt-neuf Etats adhèrent aujour
d'hui à l'organisation internationale.
La déclaration Wilson de 1919, en reconnaissant le droit
à l'autodétermination des peuples, a sans doute favorisé cette fra
gmentation. Elle légitimera plus tard la décolonisation et l'écl
atement des empires, de l'Autriche-Hongrie à l'URSS. Quelles
forces ont pourtant poussé l'Ukraine à se détacher de la Russie
dont elle fut le berceau, la Croatie à rompre avec la Serbie et les
Slovaques à se séparer de la République tchèque ? Pourquoi,
aujourd'hui, l'Ecosse, les Flandres, le Pays basque, la Corse, l'Ita
lie du nord, le Québec, la Catalogne expriment-ils une revendi
cation d'autonomie, prélude, peut-être, à une indépendance ? Du
côté des pays les plus pauvres, pourquoi, en Afrique ou en Asie,
les forces de la division ethnique Г emportent-elles souvent sur
celles de l'unification ?
L'économie ne peut prétendre, à elle seule, expliquer
cette évolution. L'histoire, les sciences politiques, la sociologie,
la géographie, la géopolitique ont évidemment leur mot à dire.
Les économistes se sont pourtant intéressés à cette question,
notamment dans les années I960 lorsque la décolonisation
multipliait le nombre d'Etats malgré l'intégration européenne
qui réalisait au contraire un regroupement (Robinson, [1963]).
La vision des économistes sur la viabilité des petits Etats était
assez largement pessimiste et les effets négatifs de la petite taille
semblaient devoir l'emporter sur les effets positifs. Easterly et
Kraay [1999] ont ainsi relevé dans la littérature la fréquence des
expressions « vulnerability », « Problems », « Small is Danger
ous ».
La conclusion est aujourd'hui beaucoup plus nuancée et
le constat de la réalité démontre que sont même viables des
micro-Etats peuplés de quelques milliers d'individus1. Armstrong
et alii [1998] ne constatent pas de lien entre la taille de la popul
ation et la croissance. Pour Easterly et Kraay [1999] les micro-
Etats seraient, en moyenne, plus riches que les autres. Compte
tenu de leurs caractéristiques structurelles, ils connaîtraient des
taux de croissance conformes à la moyenne.
Revue française d'économie, n° 2/vol XVII Jean-Marc Siroën 7 1
Quels événements expliquent cette prolifération d'Etats
alors même que les observateurs s'attendaient plutôt à leur regro
upement ? La globalisation est un candidat sérieux à l'explica
tion. En permettant de substituer le marché mondial aux mar
chés nationaux nécessairement plus étriqués, elle réduirait l'intérêt
des pays à s'intégrer dans des ensembles plus vastes. Toutefois,
l'évolution est ambiguë car si le nombre d'Etats augmente, ils ten
dent simultanément à se regrouper dans des ensembles plus
vastes, régionaux ou mondiaux. On met ici le doigt sur une dif
ficulté conceptuelle. La globalisation peut-être saisie comme une
« nation » unique qui se forme en billes de mercure par attrac
tion et regroupements successifs. Mais elle peut aussi être un
regroupement confédéral de petites régions indépendantes issues
de la dislocation des grandes nations existantes. Les deux mouv
ements peuvent être concomitants : la Slovaquie et la République
tchèque se sont séparées et se retrouveront sans doute dans
l'Union européenne.
L'analyse économique des phénomènes d'intégration et
de désintégration est généralement menée en termes coûts-avant
ages (voir la synthèse de Bolton, Roland et Spolaore, [1996]. Dans
tous les cas, l'hétérogénéité des « régions » est un facteur de dis
location. Les travaux se distinguent néanmoins sur la nature des
coûts et des avantages mis en avant. Bolton et Roland [1997] insis
tent sur les aspects fiscaux et redistributifs. Deux régions ayant
à la fois le même revenu par tête et le même niveau d'inégalités
auraient aussi les mêmes préférences fiscales et ne seraient donc
pas incitées à se séparer. Inversement, des différences marquées
en termes de revenu par tête et/ou de distribution favorisent la
séparation. D'autres auteurs insistent davantage sur une hétéro
généité « spatiale » à la Hotelling où la distance physique ou psy
chique (culturelle, linguistique, etc.) entre la périphérie et un
centre décide de la nature (localisation) et de la quantité de biens
publics proposés. Un bien public assimilé à une « juridiction »
ou un « gouvernement » se localise alors comme une station ser
vice sur l'autoroute. Son emplacement satisfait les individus les
plus proches mais mécontente les plus éloignés. Lorsque la coor
dination du marché est remplacée par des choix démocratiques
Revue française d'économie, n° 2/vol XVII 72 Jean-Marc Siroën
de type électeurs médians, les résultats rappellent ceux que mett
ent en évidence certains modèles de concurrence monopolistique
(Alesina et Spolaore, [1997]) : le nombre d'Etats tend à être
trop élevé avec une instabilité de l'équilibre. Chez Casella et
Feinstein [2002], les juridictions, en se limitant à un certain
type de biens publics, se substituent aux gouvernements qui
offrent un « paquet ». Les individus sont positionnés les uns par
rapport aux autres avant de l'être par rapport au gouvernement :
ils s'apparient dans des « clubs » qui facilitent leur coordination
alors même que les transactions entre clubs sont coûteuses.
Cette analyse en termes de coûts-avantages est multidi-
mensionnelle. L'arbitrage ne se situe pas au même niveau pour
tous les types de biens publics. Comme le souligne Oates [1999]
dans son essai sur le fédéralisme fiscal, le problème fondament
al est de positionner les responsabilités et les instruments fiscaux
aux niveaux adéquats. Le courant de la taille optimale cherche
à déterminer les frontières alors que la littérature sur le fédéra
l

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