La contribution de la substitution d importation à la croissance dans les Dom-Tom (1971-1989) - article ; n°4 ; vol.11, pg 167-192
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La contribution de la substitution d'importation à la croissance dans les Dom-Tom (1971-1989) - article ; n°4 ; vol.11, pg 167-192

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Revue française d'économie - Année 1996 - Volume 11 - Numéro 4 - Pages 167-192
This paper studies the economic growth of the french overseas departments and territories from 1971 to 1992. It appears that the GNP growth was due almost only to domestic absorption, fuelled by a rapid increase of public transfers from metropolitan France. Import substitution has had negative or nul effects on growth in most cases, and small positive effects in one case (French Polynesia). Exports have had very small effects on growth, except for New Caledonia, due to Nickel exports. Since the french overseas departments and territories have consistently lowed import substitution policies (that is, protectionist policies to promote local production of imported goods), it appears that this development strategy has failed to bring about self-sustained economic growth.
L'article analyse la contribution à la croissance des DOM-TOM des différentes composantes de la demande : demande intérieure, substitution d'importation, exportations. C'est la croissance de la demande intérieure, elle-même alimentée par les transferts publics métropolitains, qui explique la plus grande part de la croissance des DOM-TOM de 1971 à 1989. Ni la substitution d'importation, ni les exportations n'ont joué un rôle significatif (sauf en Nouvelle-Calédonie). La substitution d'importation a eu en fait un effet négatif ou nul sur la croissance de la plupart des DOM-TOM (sauf en Polynésie française, où l'effet est positif mais très faible, et obtenu au prix d'un fort accroissement du protectionnisme pendant la période). Pourtant, les politiques officielles de développement dans les DOM- TOM ont eu pour but de favoriser la substitution d'importation, notamment par le maintien d'un fort degré de protectionnisme. . Ces politiques n'ont donc pas atteint leur but, qui était de promouvoir une croissance « autocentrée ».
26 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1996
Nombre de lectures 18
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Bernard Poirine
La contribution de la substitution d'importation à la croissance
dans les Dom-Tom (1971-1989)
In: Revue française d'économie. Volume 11 N°4, 1996. pp. 167-192.
Abstract
This paper studies the economic growth of the french overseas departments and territories from 1971 to 1992. It appears that the
GNP growth was due almost only to domestic absorption, fuelled by a rapid increase of public transfers from metropolitan France.
Import substitution has had negative or nul effects on growth in most cases, and small positive effects in one case (French
Polynesia). Exports have had very small effects on growth, except for New Caledonia, due to Nickel exports. Since the french
overseas departments and territories have consistently lowed import substitution policies (that is, protectionist policies to promote
local production of imported goods), it appears that this development strategy has failed to bring about self-sustained economic
growth.
Résumé
L'article analyse la contribution à la croissance des DOM-TOM des différentes composantes de la demande : demande
intérieure, substitution d'importation, exportations. C'est la croissance de la demande intérieure, elle-même alimentée par les
transferts publics métropolitains, qui explique la plus grande part de la croissance des DOM-TOM de 1971 à 1989. Ni la
substitution d'importation, ni les exportations n'ont joué un rôle significatif (sauf en Nouvelle-Calédonie). La substitution
d'importation a eu en fait un effet négatif ou nul sur la croissance de la plupart des DOM-TOM (sauf en Polynésie française, où
l'effet est positif mais très faible, et obtenu au prix d'un fort accroissement du protectionnisme pendant la période). Pourtant, les
politiques officielles de développement dans les DOM- TOM ont eu pour but de favoriser la substitution d'importation, notamment
par le maintien d'un fort degré de protectionnisme. . Ces politiques n'ont donc pas atteint leur but, qui était de promouvoir une
croissance « autocentrée ».
Citer ce document / Cite this document :
Poirine Bernard. La contribution de la substitution d'importation à la croissance dans les Dom-Tom (1971-1989). In: Revue
française d'économie. Volume 11 N°4, 1996. pp. 167-192.
doi : 10.3406/rfeco.1996.1012
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rfeco_0769-0479_1996_num_11_4_1012Bernard
POIRINE
La contribution
de la substitution
d'importation à
la croissance dans les
DOM-TOM (1971-1989)
sont très dépendantes des transferts es économies métropolitains. des DOM-TOM Les activi
tés locales y sont très protégées de la concurrence extérieure par 168 Bernard Poirine
des taxes à l'importation (« droits d'entrée », « octroi de mer »,
« droits de douane ») qui atteignent des niveaux très élevés. Cette
politique protectionniste a été accentuée pour procurer des re
ssources fiscales aux collectivités locales d'outre-mer, mais aussi
pour favoriser le développement d'industries locales et pour pro
téger des activités traditionnelles menacées par la concurrence des
importations de pays voisins à main d'œuvre bon marché, de la
Caraïbe, de l'Océan Indien ou du Pacifique.
Dans ce but, la plupart des DOM-ТОМ utilisent un
arsenal impressionnant de barrières douanières, tarifaires et non
tarifaires, y compris des contingents et prohibitions d'importat
ion. Ainsi en Polynésie française, le gouvernement autonome local
a-t-il clairement affiché une politique de protectionnisme ayant
pour but de promouvoir les industries de substitution d'import
ation.1 Pourtant l'industrie, hors B.T.P., n'y emploie que moins
de 10 % de la population active (Poirine [1991], [1992a]).
Les uns après les autres, la plupart des pays en dévelop
pement semblent abandonner la voie du protectionnisme et de
la substitution d'importation, encouragés en cela par la Banque
mondiale et le F.M.L, qui préconisent l'ouverture sur l'extérieur
et la dévaluation comme moyens de rétablir la compétitivité
externe. Or, le niveau de protection atteint aujourd'hui dans les
DOM-ТОМ est exceptionnellement élevé, bien plus qu'en
Afrique, par exemple. Ainsi, en Polynésie française, le taux effec
tif moyen des droits à l'importation (recettes provenant des droits
à l'importation/valeur C.A.E des importations) est de 45 % en
1994 (Poirine [1994c]), contre 14 % au Cameroun, 16 % au
Congo, 25 % au Gabon, 15 % en Guinée, 13 % en R.C.A.,
7 % au Tchad en 1990 (Buzelay [1994]). Ce taux moyen tient
compte de très nombreuses exonérations accordées pour les biens
de production, ce qui signifie que le taux sur les biens de consom
mation est encore plus élevé. Par ailleurs, un grand nombre de
produits sont soit interdits, soit soumis à des contingents d'im
portation (en Polynésie française : fruits, légumes, fleurs coupées,
charcuterie et viande de porc, produits d'hygiène, automobiles
hors C.E.E., produits laitiers hors Ç.E.E., etc.). Malgré cette
protection, la plupart des produits locaux, coûtant nettement plus Bernard Poirine 169
cher qu'en métropole, ont du mal à lutter contre la concurrence
des produits importés ; un grand nombre d'exportations tradi
tionnelles (vanille, café, banane) stagnent ou disparaissent comp
lètement, sauf en cas de subventions massives (cas du coprah
en Polynésie française). La balance commerciale des DOM-
TOM est fortement négative, le taux de couverture variant entre
7 % et 20 %, la faible croissance économique ne permet pas
d'empêcher l'accroissement d'un chômage massif, et les activi
tés touristiques sont freinées dans leur essor par la cherté des coûts
des marchandises et des services locaux. Au contraire, un pays
voisin de la Réunion, comme l'île Maurice, connaît une crois
sance vigoureuse et élimine complètement le chômage, en tour
nant le dos à la substitution d'importation au profit d'une poli
tique tournée vers les exportations, de biens ou de services
(tourisme, services financiers).
La persistance dans les DOM-ТОМ de ce mode de déve
loppement abandonné aujourd'hui presque partout dans les pays
en voie de développement en raison des mauvais résultats qu'il
a donnés dans le passé, notamment en Afrique et en Amérique
du Sud, semble rarement remise en question. Par rapport aux pays
africains indépendants de la zone franc, qui ont dû recourir
récemment à la dévaluation du franc CF. A., cette différence de
stratégie économique semble justifiée par le fait que le taux de
couverture ne serait pas une variable pertinente, s' agissant d'une
collectivité locale de la République qui doit donc être placée sur
le même plan que, par exemple, la Corse. L'objectif d'atteindre
un équilibre de la balance des paiements n'a bien sûr pas la
même urgence dans ce contexte (d'ailleurs la balance des paie
ments n'est même pas calculée officiellement), et l'impératif de
compétitivité n'est pas une contrainte incontournable dans ce
cadre. Seule une future indépendance politique, pour la Nouvelle
Calédonie ou la Polynésie française, par exemple, pourrait rendre
un jour incontournables ces contraintes, qui s'imposent aux
petits Etats insulaires.
Il apparaît cependant nécessaire de vérifier empiriquement
la validité du postulat implicite que la stratégie de croissance des
DOM-ТОМ peut se baser sur la recherche à tout prix de la sub- 170 Bernard Poirine
stitution d'importation, quel qu'en soit le coût en termes de
protectionnisme, et donc de niveau des prix intérieurs. En par
ticulier, on peut se demander si cette stratégie protectionniste a
effectivement permis de stimuler la croissance des DOM-TOM
en favorisant le développement d'industries de substitution d'im
portation.
Pour cela nous utiliserons tout d'abord un modèle simple
de décomposition de la croissance de la demande, proposé par
Hollis Chenery.
Ce modèle nous permettra ensuite d'évaluer les trois com
posantes de la croissance de la demande dans les DOM-TOM.
Enfin, nous présenterons notre interprétation des résul
tats et les conséquences pour la stratégie de développement des
DOM-TOM.
Un modèle de décomposition
de la croissance de la demande
Trois carburants peuvent alimenter la croissance de la demande
satisfaite par l'offre locale : la croissance de la demande intéri

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