Le partage salaires-profits - article ; n°2 ; vol.3, pg 179-203
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Description

Revue française d'économie - Année 1988 - Volume 3 - Numéro 2 - Pages 179-203
L'économie de partage des profits de M. Weitzman a récemment attiré l'attention des économistes et des gouvernements. L'objet de cet article est de faire le point sur les débats qu'il a soulevés et sur les questions qui restent en suspens. La logique du partage des profits est maintenant mieux connue. Des ambiguïtés demeurent cependant du fait de ses différents usages possibles. Dans un cadre de négociation salariale, il peut permettre d'améliorer le résultat de la négociation lorsque le syndicat se soude de l'emploi mais ne peut négocier directement que des salaires. Il peut alternativement, être utilisé par la puissance publique pour réduire le pouvoir des salariés les plus anciens. Le partage des profits peut aussi être considéré comme un instrument de stabilisation macro-économique. Comparée à une économie où les salaires répondent à une règle d'indexation optimale, une économie de partage des profits possède les mêmes propriétés de stabilité de l'emploi, mais la variance des salaires réels y est plus faible et celle des profits plus forte. De nombreuses questions demeurent quant aux effets pratiques d'un partage des profits. Les plus importants touchent aux problèmes d'ex- ternalité, au risque de dérive vers un régime salarial pur, et aux incidences du partage des profits sur le comportement des entreprises.
M. Weitzman's share economy received in recent years considerable attention from economists and policymakers. The purpose of this paper is to survey the state of the debate about profit sharing and to summarise the questions that remain. The logic of profit sharing is now better known and understood. Ambiguities remain nevertheless because of the various possible purposes of a profit sharing system. In a wage bargaining framework, it can improve the outcome of the bargaining process if the union does care about employment but is restricted to a pure wage négociation. It can, alternatively, be used as a policy tool to reduce the power of insiders. Profit-sharing can also be considered as a built-in macroeconomic stabilizer. If one compares a share economy to an economy with optimal wage indexation schemes, it appears that profit-sharing does stabilize employment as well as optimal indexation, but with a lesser variance of real wages and a greater variance of profits. Numerous questions remain concerning the practical implementation of profit sharing. The most important concern the externality problem, the risk of slide towards a pure wage system, and the problems arising form suboptimal firms behaviour.
25 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1988
Nombre de lectures 41
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Jean Le Dem
Monsieur Jean Pisani-Ferry
Le partage salaires-profits
In: Revue française d'économie. Volume 3 N°2, 1988. pp. 179-203.
Citer ce document / Cite this document :
Le Dem Jean, Pisani-Ferry Jean. Le partage salaires-profits. In: Revue française d'économie. Volume 3 N°2, 1988. pp. 179-203.
doi : 10.3406/rfeco.1988.1181
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rfeco_0769-0479_1988_num_3_2_1181Résumé
L'économie de partage des profits de M. Weitzman a récemment attiré l'attention des économistes et
des gouvernements. L'objet de cet article est de faire le point sur les débats qu'il a soulevés et sur les
questions qui restent en suspens. La logique du partage des profits est maintenant mieux connue. Des
ambiguïtés demeurent cependant du fait de ses différents usages possibles. Dans un cadre de
négociation salariale, il peut permettre d'améliorer le résultat de la négociation lorsque le syndicat se
soude de l'emploi mais ne peut négocier directement que des salaires. Il peut alternativement, être
utilisé par la puissance publique pour réduire le pouvoir des salariés les plus anciens. Le partage des
profits peut aussi être considéré comme un instrument de stabilisation macro-économique. Comparée à
une économie où les salaires répondent à une règle d'indexation optimale, une économie de partage
des profits possède les mêmes propriétés de stabilité de l'emploi, mais la variance des salaires réels y
est plus faible et celle des profits plus forte. De nombreuses questions demeurent quant aux effets
pratiques d'un partage des profits. Les plus importants touchent aux problèmes d'ex- ternalité, au risque
de dérive vers un régime salarial pur, et aux incidences du partage des profits sur le comportement des
entreprises.
Abstract
M. Weitzman's "share economy" received in recent years considerable attention from economists and
policymakers. The purpose of this paper is to survey the state of the debate about profit sharing and to
summarise the questions that remain. The logic of profit sharing is now better known and understood.
Ambiguities remain nevertheless because of the various possible purposes of a profit sharing system. In
a wage bargaining framework, it can improve the outcome of the bargaining process if the union does
care about employment but is restricted to a pure wage négociation. It can, alternatively, be used as a
policy tool to reduce the power of insiders. Profit-sharing can also be considered as a built-in
macroeconomic stabilizer. If one compares a share economy to an economy with optimal wage
indexation schemes, it appears that profit-sharing does stabilize employment as well as optimal
indexation, but with a lesser variance of real wages and a greater variance of profits. Numerous
questions remain concerning the practical implementation of profit sharing. The most important concern
the externality problem, the risk of slide towards a pure wage system, and the problems arising form
suboptimal firms behaviour.Jean
LEDEM
Jean
PISANI-FERRY
Le partage
salaires-profits
qui rencontré la les clé résultats fait d'un un du de retour large partage l'entreprise écho. au es plein L'idée des propositions n'a profits emploi, pas d'indexer seulement de (profit ont M. les rapidement Weitzman, salaires connu sharing) sur un Jean Le Dem - Jean Pisani-Ferry 180
grand succès médiatique et suscité de nombreux articles
dans les revues académiques. Le gouvernement britanni
que l'a mise en pratique en instituant, dans le budget de
l'an dernier, des incitations fiscales à l'adoption de
systèmes liant les rémunérations au profit. Et le gouverne
ment Chirac s'en est, paraît-il, inspiré pour rénover les
textes régissant l'intéressement des salariés aux bénéfices.
Le partage des profits n'est pourtant pas une idée
neuve. Il a été pour la première fois expérimenté en
France vers 1840, et il a connu un certain développement
en Angleterre à la fin du siècle dernier et aux États-Unis
au début de celui-ci. Il s'agissait alors d'obtenir l'adhésion
des salariés aux objectifs de l'entreprise. Plus près de
nous, la participation aux bénéfices a pu symboliser la
recherche d'une troisième voie entre capitalisme et socia
lisme. Mais l'originalité de Weitzman a été d'oublier ces
débats pour en faire naître un nouveau: négligeant
volontairement de s'intéresser à l'effet d'un tel système sur
la motivation et la performance des salariés, il s'est centré
sur ses effets macroéconomiques, et s'est attaché à démont
rer que sa généralisation permettrait de résorber le
chômage sans relancer l'inflation.
Le point de départ de son analyse est familier. Les
salaires sont d'ordinaire régis par des contrats (implicites
ou explicites) entre employeurs et salariés qui introdui
sent, à court terme, une certaine rigidité des rémunérat
ions par rapport à celles qui s'établiraient sur un marché
en équilibre. En conséquence, des variations de la deman
de ou des prix des produits de base écartent, temporaire
ment au moins, l'économie de l'équilibre de plein emploi.
Face à ce constat, trois attitudes sont possibles. La
première est de prendre son parti de la rigidité des
rémunérations et de confier à la politique macroéconomi
que un rôle de stabilisation. C'est la position keynésienne
traditionnelle. La seconde est de mettre en cause la Jean Le Dem - Jean Pisani-Ferry 181
pratique des contrats rigides pour rapprocher la formation
des salaires du modèle walrasien. C'est ce que l'on vise
habituellement lorsqu'on parle de flexibilité des salaires.
La troisième est de rechercher un enrichissement des
contrats, afin que la formation des salaires prenne en
compte les conditions économiques du moment. C'est
dans cette optique, réformatrice si l'on peut dire, que se
situe Weitzman.
Cette démarche ne lui est pas propre. Elle
s'inscrit dans un courant de réflexions qui s'est développé
à la fin des années soixante-dix. Face aux déboires de la
politique macroéconomique dans un contexte fortement
perturbé par les chocs pétroliers, nombreux sont alors les
keynésiens qui s'efforcent de trouver des substituts à la
stabilisation par les instruments budgétaires et monétaires.
La politique des revenus peut en être un, mais aux
États-Unis, l'échec des expériences de contrôle des prix et
des salaires invite à imaginer d'autres méthodes qui, au
lieu de procéder par réglementation et exhortation,
s'appuient sur les instruments fiscaux pour infléchir les
comportements (Okun [1978]). Parallèlement, la recher
che s'engage dans des voies nouvelles. Les analyses
comparatives mettent en lumière la diversité des comport
ements salariaux entre les grands pays industriels et leurs
incidences sur les réponses de ces économies à des chocs
internes ou externes (Gordon [1982], Branson et Rotem-
berg [1980]). La théorie des contrats implicites conduit à
mieux comprendre la raison d'être de la rigidité des
salaires, et montre qu'elle peut être une réponse rationnell
e à l'aversion pour le risque des salariés (Azariadis
[1975]). Enfin divers travaux étudient les incidences
macroéconomiques d'un enrichissement des formules
d'indexation traditionnelle par l'introduction d'indica
teurs dans les règles de détermination
du salaire. Ces analyses, qui montrent qu'une indexation 182 Jean Le Dem - Jean Pisani-Ferry
enrichie peut être supérieure aux règles salariales ordinair
es, déboucheront ultérieurement sur la théorie de l'i
ndexation optimale (Gray [1976], [1978], Marston et
Turnowsky [1983], Aizenman et Frenkel [1985], [1986]).
Dans ce contexte, la spécificité de Weitzman est
d'étudier en quoi une indexation microéconomique des
salaires, c'est-à-dire la prise en compte dans leur formation
des résultats de l'entreprise, modifie le comportement de
celle-ci. L'exemple vient du Japon, où les grandes entre
prises rémunèrent généralement en bonne partie leurs
salariés sous forme de bonus qui sont fréquemment liés à
leurs profits1. N'est-ce pas là, suggère Weitzman, la clé des
performances de ce pays en matière d'emploi ? (Freeman
et

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