Les nouvelles théories de la croissance et leurs implications pour la politique économique et l analyse de la concurrence internationale - article ; n°3 ; vol.11, pg 3-20
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Revue française d'économie - Année 1996 - Volume 11 - Numéro 3 - Pages 3-20
Les nouvelles théories de la croissance apportent-elles des réponses aux problèmes de politique économique? Cet article aborde la question sous trois aspects: le rôle de la politique industrielle, le rôle du commerce international, et l'interaction entre progrès technique et emploi. Les récents travaux empiriques et théoriques suggèrent que l'Etat peut favoriser la croissance en soutenant l'épargne, et à travers des politiques d'éducation et d'infrastructures, ainsi qu'en assurant un environnement politique stable. En revanche, ces travaux n'offrent que peu de fondements au recours au protectionnisme et aux politiques sectorielles.
Do new growth theories adress traditional policy issues ? This article attacks this question from three perspectives: we discuss the role of industrial policy, the role of international trade, and the interaction between technical progress and employment. Recent work supports the idea that governments can enhance growth through public infrastructure policies, education, increased savings, and by providing a stable political environment. On the other hand, there is little support for protectionnism and sectorial policies.
18 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1996
Nombre de lectures 19
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Gilles Saint-Paul
Les nouvelles théories de la croissance et leurs implications
pour la politique économique et l'analyse de la concurrence
internationale
In: Revue française d'économie. Volume 11 N°3, 1996. pp. 3-20.
Résumé
Les nouvelles théories de la croissance apportent-elles des réponses aux problèmes de politique économique? Cet article
aborde la question sous trois aspects: le rôle de la politique industrielle, le rôle du commerce international, et l'interaction entre
progrès technique et emploi. Les récents travaux empiriques et théoriques suggèrent que l'Etat peut favoriser la croissance en
soutenant l'épargne, et à travers des politiques d'éducation et d'infrastructures, ainsi qu'en assurant un environnement politique
stable. En revanche, ces travaux n'offrent que peu de fondements au recours au protectionnisme et aux politiques sectorielles.
Abstract
Do new growth theories adress traditional policy issues ? This article attacks this question from three perspectives: we discuss
the role of industrial policy, the role of international trade, and the interaction between technical progress and employment.
Recent work supports the idea that governments can enhance growth through public infrastructure policies, education, increased
savings, and by providing a stable political environment. On the other hand, there is little support for protectionnism and sectorial
policies.
Citer ce document / Cite this document :
Saint-Paul Gilles. Les nouvelles théories de la croissance et leurs implications pour la politique économique et l'analyse de la
concurrence internationale. In: Revue française d'économie. Volume 11 N°3, 1996. pp. 3-20.
doi : 10.3406/rfeco.1996.1096
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rfeco_0769-0479_1996_num_11_3_1096Gilles
SAINT-PAUL
Les nouvelles théories
de la croissance et leurs
implications pour la
politique économique et
l'analyse de la concurrence
internationale
multiplié sans doute par le plus dix. Il important. s'agit d'un n On cent fait se macroéconomique ans, doit le donc niveau de de l'expliquer. vie majeur, a été 4 Gilles Saint-Paul
L'analyse traditionnelle de la croissance, que l'on peut
résumer par le modèle de R. Solow [1956], se bornait à la
théorie de l'accumulation du capital. Une économie croît
parce qu'elle consacre une partie de ses ressources et de sa
production à accroître le stock de capital physique (machines,
etc.) dont elle dispose. Il s'agit là, au niveau global, d'une
forme d'épargne, qui permet de consommer plus demain en
consommant moins aujourd'hui — donc de croître. Comme
ce processus fait l'objet de rendements décroissants (à cause,
en particulier, des limites à la quantité de main-d'œuvre
disponible), il ne peut conduire à une croissance soutenue l. En
fait, l'accumulation de capital n'explique qu'un petit tiers de la
croissance totale, et elle ne joue un rôle que dans l'ajustement
transitoire vers un état stationnaire. Cet ajustement prend au
plus, pour des paramètres réalistes, une dizaine d'années. On
ne peut donc expliquer la croissance soutenue qui a prévalu
pendant deux cents ans en invoquant la simple accumulation
du capital. Si l'accumulation de capital physique était la force
motrice de la croissance, l'Union soviétique, qui y a sacrifié
une part énorme de sa consommation, serait aujourd'hui la
première puissance économique mondiale et le communisme
ne se serait pas effondré.
Pour expliquer la croissance, les théories traditionnelles
font donc appel à une boîte noire appelée « progrès
technique ». Le progrès technique augmente régulièrement la
productivité de chaque employé, permettant à l'économie de
croître à un taux égal à celui du progrès technique. Ainsi,
au bout de quelques années, tout se passe comme si chaque
employé en valait deux, et la production a doublé.
Les théories traditionnelles étaient donc tautologiques
puisqu'elles expliquaient la croissance à l'aide d'un facteur
inexpliqué : le progrès technique.
Les « nouvelles théories de la croissance », développées
dans les années quatre-vingt sous l'impulsion de Paul Romer
[1986, 1987], se proposent d'expliquer ce progrès technique
et de caractériser les conditions sous lesquelles il peut conduire Gilles Saint-Paul 5
à une croissance soutenue. Les nouvelles théories ont ainsi
étudié le rôle de l'éducation et de l'investissement en capital
humain dans l'amélioration de la qualité de la main d'œuvre,
celui de l'apprentissage sur le tas (« learning by doing »)
dans l'amélioration des techniques de production , celui de
la recherche et développement dans la génération de nouveaux
produits et techniques.
Un des thèmes majeurs des nouvelles théories
est l'importance des « externalités » pour le processus de
croissance. Une externalité est une interaction entre individus
pour laquelle les participants ne sont pas rémunérés (ou taxés)
par le marché. Le fleuriste qui s'installe à côté d'un apiculteur
accroît la production de miel, mais n'est pas rémunéré pour
cela par l'apiculteur. En présence ď externalités, les marchés
n'assurent pas un fonctionnement efficace de l'économie : par
exemple, il n'y aura pas assez de fleuristes qui s'installent
à côté d'apiculteurs. Cette inefficacité doit être corrigée par
une intervention publique. L'Etat peut ainsi subventionner
les apiculteurs pour qu'ils s'installent à côté des fleuristes, ou
l'inverse.
Pour les nouvelles théories, les mécanismes les plus
importants pour la croissance comportent de fortes externalités.
L'acquisition d'éducation est d'autant plus valorisée que les
individus avec lesquels on interagit sont eux-mêmes éduqués.
Le « learning-by-doing » est un sous-produit de l'activité
manufacturière qui n'est pas lui-même rémunéré en tant que
tel. La recherche et développement produit de nouvelles idées
et de nouveaux savoirs qui, une fois découverts, peuvent être
copiés et diffusés à un coût très faible. Ces externalités font
que la politique publique est un déterminant important de la
croissance et de la richesse des nations. 6 Gilles Saint-Paul
Les déterminants de la croissance
et de la richesse des nations
A partir de ces théories, il est possible d'examiner
empiriquement les facteurs favorables à la croissance. C'est ce
qu'a fait Barro [1991] dans son article « Economie growth in
a cross-section of countries » où il se place dans la perspective
d'une comparaison entre pays (voir aussi Levine et Renelt
[1992] et Barro et Sala-i-Martin [1992]).
Les principaux résultats de ces travaux sont les suivants.
On constate que le déterminant le plus important de la
croissance à long terme est le niveau d'éducation, mesuré par
la proportion de la population qui participe à l'enseignement
secondaire. D'autres facteurs sont également importants,
notamment le taux d'investissement, la stabilité politique, et
le développement du secteur financier.
Le niveau de ces variables, pour un pays donné,
détermine son taux de croissance de long terme. Barro et
Sala-i-Martin montrent alors qu'il y a convergence des pays
vers ce sentier de croissance. Un pays pauvre rattrapera donc
son retard par rapport à un pays riche s'il a le même niveau
d'éducation, le même degré de stabilité politique, etc.
Ces résultats sont importants parce que certaines des
nouvelles théories de la croissance ont la propriété d'hysteresis:
elles impliquent qu'un pays peut ne jamais rattraper le retard
de développement dû à un choc transitoire comme une guerre.
Les résultats de convergence conditionnelle font que si le
pays possède les ingrédients adéquats — notamment en terme
de politique économique — alors il rattrapera son retard.
Cependant, Barro et Sala-i-Martin ont aussi montré que le
rattrapage est très lent puisque seulement 2 % du retard sont
comblés chaque année.
On peut également se demander dans quelle mesure
le décollage spectaculaire de certains pays (l'Asie du sud-est
dans les années soix

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