Marxisme: science ou idéologie?  - article ; n°2 ; vol.5, pg 139-172
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Description

Revue française d'économie - Année 1990 - Volume 5 - Numéro 2 - Pages 139-172
La présente étude tente de répondre à la question de savoir si le marxisme est une science ou une idéologie, non pas en développant une critique externe du marxisme mais en le soumettant au test de cohérence interne. Ce test met en évidence une contradiction entre les thèses du matérialisme historique et l'hypothèse selon laquelle la disparition inéluctable du capitalisme peut être l'autre face de la naissance d'une sans classe. Cette contradiction une dimension idéologique au marxisme.
This study tries to answer the question whether marxism is a science an ideology, not through an external criticism of marxism but through test of internal coherence. Such a test sets off a contradiction between the thesis of historical materialism and the that the unavoidable of capitalism may be the other of the birth of calssless society. This contradiction marxism with an ideological size.
34 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1990
Nombre de lectures 11
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

André Segura
Marxisme: science ou idéologie?
In: Revue française d'économie. Volume 5 N°2, 1990. pp. 139-172.
Résumé
La présente étude tente de répondre à la question de savoir si le marxisme est une science ou une idéologie, non pas en
développant une critique externe du marxisme mais en le soumettant au test de cohérence interne. Ce test met en évidence une
contradiction entre les thèses du matérialisme historique et l'hypothèse selon laquelle la disparition inéluctable du capitalisme
peut être l'autre face de la naissance d'une sans classe. Cette contradiction une dimension idéologique au marxisme.
Abstract
This study tries to answer the question whether marxism is a science an ideology, not through an external criticism of marxism
but through test of internal coherence. Such a test sets off a contradiction between the thesis of historical materialism and the
that the unavoidable of capitalism may be the other of the birth of calssless society. This contradiction marxism with an
ideological size.
Citer ce document / Cite this document :
Segura André. Marxisme: science ou idéologie? . In: Revue française d'économie. Volume 5 N°2, 1990. pp. 139-172.
doi : 10.3406/rfeco.1990.1253
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rfeco_0769-0479_1990_num_5_2_1253André
SEGURA
Marxisme :
science ou idéologie ?
compte regroupent et la critique du Chacun en fonctionnement de deux l'économie de sous-ensembles ces es deux théories politique de sous-ensembles, l'économie qui : ou prétendent marxisme. capitaliste politique qui rendre s'exse
cluent polariquement, prétendant au statut de science,
rejette l'autre dans les ténèbres de la «non-science». Dans
ce contexte, la question qui constitue l'objet de cette étude
revêt une importance certaine.
En répondant à cette question, il ne s'agit pas de 140 André Ségura
donner une nouvelle version du conflit qui oppose ces
deux blocs parce que l'intérêt d'une critique externe reste
limité ; un tel conflit se produirait nécessairement si, pour
apprécier la nature du marxisme, on faisait appel aux
concepts de science et d'idéologie forgés hors de lui.
C'est pourquoi les concepts de science et d'idéo
logie retenus ici sont ceux établis par le marxisme.
Ces concepts renvoient au matérialisme histo
rique au titre duquel le marxisme se considère comme
science de l'histoire, histoire qui englobe le mode de pro
duction capitaliste dont il est rendu compte sur la base de
la théorie de la plus-value.
Il s'avère donc que, pour éviter la reproduction
d'un tel conflit, il faudrait adopter une démarche qui im
pose d'accepter, au moins dans les limites de l'étude, que
le marxisme est la science du mode de production capital
iste.
Par ailleurs, si nous avions pris les concepts en
cause hors du marxisme l'analyse aurait nécessairement
débouché sur l'établissement de sa nature idéologique.
Le choix (arbitraire) d'un contexte théorique de
référence semble donc décider de la réponse à la question
posée.
En fait, il n'en n'est rien. Prendre pour critère
d'appréciation du marxisme les concepts de science et
d'idéologie qui sont les siens n'est pas décider de la ré
ponse. Mais alors à quel niveau peut « nicher» la dimension
idéologique du marxisme ?
Ce qui sépare l'économie politique du marxisme
c'est que, pour ce dernier, le capitalisme a une nature
contradictoire qui le condamne à disparaître comme ont
disparu avant lui tous les modes de production.
Mais le marxisme ne peut en rester à cette prévi
sion tirée de l'observation des faits passés, pour plusieurs
raisons : André Ségura 141
— parce qu'il n'est pas « une découverte fortuite de tel ou
tel esprit de génie, mais... le produit nécessaire de la lutte
de deux classes produites par l'histoire, le prolétariat et la
bourgeoisie» (Engels [1973], p. 55), lutte dans laquelle il
est «expression théorique du mouvement prolétarien»
(Engels [1973], p. 321) et en tant que tel guide de l'action
du prolétariat1 dont l'intérêt objectif est de mettre fin à sa
position de classe dominée,
— parce que ce dernier n'y parviendra qu'en abolissant
toute classe,
— parce que le capitalisme réaliserait les conditions pour
que la disparition d'une forme de rapport de domination
puisse être celle de tout rapport de domination2,
la prévision de la fin inéluctable du capitalisme ne peut pas
ne pas déboucher sur celle de la possibilité de la société
communiste. C'est au niveau de ce glissement de la pre
mière prévision à la seconde que nous rechercherons
l'éventuelle dimension idéologique du marxisme.
Une science ne s 'occupant que du réel, il ne serait
pas contradictoire d'accepter que le marxisme soit une
science tout en lui reconnaissant une dimension idéolo
gique à cause de ses extrapolations concernant le futur.
Le marxisme science du mode
de production capitaliste
« Ces deux grandes découvertes : la conception matérialiste
de l'histoire et la révélation du mystère de la production
capitaliste au moyen de la plus-value, nous les devons à
Marx. C'est grâce à elles que le socialisme est devenu une
science» (Engels [1973], p. 56). 142 André Ségura
Le matérialisme historique
Le c'est la réponse que donnent
Marx et Engels à trois questions dont deux seront traitées
sous le présent titre, la troisième l'étant ultérieurement :
quelle est la base de l'histoire et quel est le moteur de
l'histoire?
La base de l'histoire
«Ce n'est pas la conscience qui détermine la vie, mais la
vie qui détermine la conscience» (Marx [1982], p. 1057).
Cette proposition que Marx reprend à peine modifiée dans
Critique de l'économie politique5 constitue la réponse à
la question de la base de l'histoire.
Par vie il faut entendre l'activité matérielle ; quant
à la conscience c'est le rapport que l'être entretient, par la
pensée, avec ce qui l'entoure4.
La conséquence c'est que les idées n'ont pas d'his
toire et que leur mouvement est déterminé par celui de
l'activité matérielle c'est-à-dire de la production5.
Ce qui ne signifie pas que les idées ne puissent
pas rétroagir sur la vie matérielle ; Marx n'écrit-il pas : « La
puissance matérielle ne peut être abattue que par la puis
sance matérielle, mais la théorie aussi, dès qu'elle s'empare
des masses, devient une puissance matérielle» (Marx
[1975], p. 205).
Mais qu'est-ce qui détermine le mouvement de
l'activité matérielle? La réponse à cette question c'est la
détermination du moteur de l'histoire.
Le moteur de l'histoire
L'activité matérielle, la base de l'histoire, c'est l'activité de
production des biens qui est un rapport établi par l'homme
entre lui et la nature, rapport de transformation.
L'activité productive qui spécifie l'homme dans le André Ségura 143
règne animal7 est liée à la pensée abstraite inséparable du
langage qui surgit d'abord comme un moyen de commun
ication rendu nécessaire par la vie en groupe8. L'homme
est donc un animal social. On ne peut donc pas penser le
rapport de transformation qui relie l'homme à la nature
indépendamment du rapport qui le lie aux autres hommes.
Ces liens sont ceux imposés par la reproduction de la vie
et en premier lieu la reproduction quotidienne par création
des biens qu'elle exige ; ces liens sont donc ceux noués par
les hommes à l'occasion de l'activité productive.
Les forces productives c'est l'ensemble des él
éments qui établissent le rapport entre l'homme et la nature ;
les rapports de production ce sont les rapports tissés entre
les hommes dans l'activité de transformation de la nature.
C'est l'ensemble des forces productives et des rapports de
production, formant une unité contradictoire, qui définit
le mode de production, base de la formation sociale.
Le mouvement des modes de production consti
tue la substance fondamentale de l'histoire et ce mouve
ment est déterminé par la contradiction des forces pr

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