Copé/Fillon, match nul balle au centre !
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Description

Copé/Fillon, match nul balle au centre ! Il pleuvait, les gens faisaient la queue. Ils étaient au moins une centaine, silencieux, angéliquement patients. Pas pour manifester ou revendiquer. Ni intellos, ni ouvriers en colère, ni femmes rebelles ou féministes offusquées. Tout simplement des gens comme vous et moi, des gens normaux comme dirait le Président de la République. Ce n'était pas non plus pour s'engouffrer dans une salle obscure ou dévorer leur rituelle ration de navets hebdomadaire qu'ils attendaient leur tour. Ce jour là, sous le ciel automnal de Paris, ils répondaient seulement à l'invitation (payante) du centre Pompidou, le métallique paquebot que le Président le plus cultivé et le plus moderne de la Vème République avait ancré, non loin du Louvre, pour servir de tremplin à tout ce que peuvent produire nos créateurs d'aujourd'hui, qu'il s'agisse de la science ou de l'art. L'idée de ressusciter Dali oublié dans sa longue traversée du désert revient à Alain Seban, Président du centre Pompidou, dont la grande expo consacrée au peintre le plus excentrique de l'art moderne. Les jeux du cirque L'initiative du Centre Pompidou tombe à pic. Les Français, fatigués sans doute des péripéties proposées à l'affiche du théâtre politique se tournent avidement vers des valeurs plus sûres. Ils ont besoin d'irrationnel, mais pas de cette mélasse délirante que leur servent les cuistots du pouvoir.

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Publié le 30 novembre 2012
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Langue Français

Extrait

Copé/Fillon, match nul balle au centre !
Il pleuvait, les gens faisaient la queue. Ils étaient au moins une centaine, silencieux, angéliquement patients. Pas pour manifester ou revendiquer. Ni intellos, ni ouvriers en colère, ni femmes rebelles ou féministes offusquées. Tout simplement des gens comme vous et moi, des gens normaux comme dirait le Président de la République. Ce n'était pas non plus pour s'engouffrer dans une salle obscure ou dévorer leur rituelle ration de navets hebdomadaire qu'ils attendaient leur tour. Ce jour là, sous le ciel automnal de Paris, ils répondaient seulement à l'invitation (payante) du centre Pompidou, le métallique paquebot que le Président le plus cultivé et le plus moderne de la Vème République avait ancré, non loin du Louvre, pour servir de tremplin à tout ce que peuvent produire nos créateurs d'aujourd'hui, qu'il s'agisse de la science ou de l'art. L'idée de ressusciter Dali oublié dans sa longue traversée du désert revient à Alain Seban, Président du centre Pompidou, dont la grande expo consacrée au peintre le plus excentrique de l'art moderne.
Les jeux du cirque
L'initiative du Centre Pompidou tombe à pic.
Les Français, fatigués sans doute des péripéties proposées à l'affiche du théâtre politique se tournent avidement vers des valeurs plus sûres. Ils ont besoin d'irrationnel, mais pas de cette mélasse délirante que leur servent les cuistots du pouvoir.
Le succès d'Edward Hopper une des gloires du figuratif nous renvoyant à l'inverse de Dali vers les formes oubliées des femmes dans toute leur beauté quand elles sont nues, peut-être même pudiques, ou enveloppées de nostalgie, de rêve et de tristesse, témoigne, lui aussi, d'un retour au goût traditionnel. Tous les jours on fait la queue, de 15 à 90 ans, devant le Grand Palais. D'autres la font pour aller voir le nouveau (et plutôt navrant) James Bond interprété par Daniel Craig, vite oublié quand on a eu le bonheur de connaître, comme je l'ai personnellement connu, l'inoubliable Sean Connery.
On se bouscule devant le Louvre, mais qui va se languir devant l'Assemblée Nationale dans l'espoir d'entrevoir derrière les vitres fumées de leur limousine, quelques silhouettes ministérielles ?
Pourtant, le psychodrame qui se joue depuis quelques semaines sous nos yeux, en direct, sur le
ring où s'affrontent sous l'oeil des caméras les champions de la nouvelle droite - « un suicide en direct » titrait Le Figaro, un combat de gladiateur ou Copé brandit une fourche face au bouclier de l'ombrageux Fillon - inspirant un dessin du Canard intitulé« Les Jeux du Cirque
UMP ». On y voit aussi, à l'arrière plan, un minuscule Sarkozy murmurant dans une bulle« De mon temps c'était mieux... ».
Peu importe si l'oeil malicieux de Borloo reflète la joie d'un mauvais camarade prêt à ramasser avec son nouvel attelage UDI, les débris de ce carnage entre« réacs »comme dit la gauche, qui pourtant avait donné l'exemple au temps de Martine Aubry du crêpage de chignon entre amis lors de l'époustouflant Congrès de Reims qui n'était qu'une pâle répétition du show auquel nous assistons.
Remarquez pourtant, que le pugilat interne du PS alors mollement piloté par François Hollande ne l'a pas empêché, de revenir aux affaires. Nous sommes entrés dans l'ère des montagnes russes. Le moment est venu d'« attacher nos ceintures ». Partout ailleurs, il est vivement recommandé, face à la crise, de se mettre la ceinture : en Grèce, en Italie, ou au Portugal... ce qui en terme économique signifie« travailler plus, gagner moins, payer joyeusement des impôts et prier avec courage pour des jours meilleurs ».
N'est pas l'Evêque de Meaux qui veut
L'ennui avec le duo Fillon/Copé, c'est qu'il n'a d'autre sens que de révéler la profonde désorganisation d'un parti où les talents sont au service de la tactique personnelle et non d'une stratégie commune.
La défaite de Nicolas Sarkozy aux présidentielles apparaît de moins en moins comme une victoire de la gauche et de plus en plus comme une déroute morale et stratégique. L'indéniable talent de Nicolas Sarkozy était longtemps tourné vers le succès d'un one man show, malheureusement pour lui, il se produisait sur un plateau fissuré par la rivalité sans merci, de courtisans ambitieux et de politicien professionnels enclins à confondre leurs intérêts avec ceux de l'Etat. J'avoue que M. Fillon m'a déçu, malgré le renoncement« sous réserve d'inventaire »auquel il s'est engagé.
De cet homme au regard sombre, qu'on aurait pu croire posé, et volontairement en retrait, on attendait une réflexion plus opportune au service du parti qui avait fait de lui sous Sarkozy le chef du gouvernement. Il a laissé pour la première fois, les vrais ressorts de son action politique. On dirait qu'au terme d'une trop longue patience qui, sous l'étiquette de Premier ministre, lui avait fait accepter l'effacement des seconds rôles, il tenait enfin sa revanche. Qu'elle lui échappe pour une histoire de comptage mal géré ou truqué peut expliquer un accès de mauvaise humeur. Mais son obstination, dans le cas précis, ne peut que porter un préjudice grave à l'existence même de ce qu'il est convenu d'appeler entre gens du métier,« sa famille politique ». Quant à M. Copé, avec ses bras tendus a l'horizontal, ses longues dents de loup affamé et son regard faussement triste accompagné d'un sourire publicitaire de vendeur de parfums envoûtants, il a beau être le Maire de Meaux, il confond la chansonnette démagogique avec l'élan inspiré des cantiques, et la grandiloquence avec l'éloquence. N'est pas l'Evêque de Meaux qui veut. Côté politique spectacle,
nous avions eu droit quelques jours auparavant à la performance de M. Hollande devant 400 journalistes, dans la salle des fêtes de l'Elysées. J'y étais et l'ai regretté. J'ai du attendre 20 minutes au moins derrière les barrières du faubourg St-Honoré, le défilé des sarcophages officiels aux vitres noires, franchissant un par un le portail élyséen, avant d'être poussé sans ménagement dans un obscur couloir souterrain, mal éclairé, en réparation de surcroît où je pus reconnaître sous une faible lumière Alain Duhamel et Jean Pierre Elkabach tandis qu'une charmante consoeur du magazinePolkam'avait aidé spontanément dans ce dédale escarpé en me donnant le bras.
Evidemment, nous fument éblouis en débouchant dans un déluge de lumière, sous les lustres de cristal de l'immense salle des fêtes du Palais présentement occupé par M. Hollande. Il parut enfin sur une estrade minuscule sous les vastes plafonds évoquant par les couleurs ceux de la Chapelle Sixtine. N'étant guère amateur des conférences de presse, car on y apprend au mieux ce qu'on lira le lendemain dans son journal, j'avais gardé un vague souvenir de celles auxquelles il y a bien longtemps j'avais assisté à 2 ou 3 reprises. Il y avait eu De Gaulle, une fois, mais dans un salon infiniment plus modeste, où le Général faisait son excellent numéro devant une quarantaine de journalistes qui, leur tour venu, posaient leurs questions en toute simplicité, quitte à susciter l'ironie bienveillante du royal Président de la République qu'il avait lui même réinventée. Il y avait eu Pompidou, inoubliable et proche, jonglant avec la poésie sans jamais trahir l'esprit des lois. Et puis Mitterrand, le Florentin sarcastique, dissimulant son cynisme sous des airs patelins et les méandres de sa politique avec l'habileté d'un professionnel.
Enfin parut Hollande, plutôt petit dans ce décor excessivement grandiose. Discours convenable mais terriblement attendu. Sans surprise et sans fautes... de grammaire ! Quant aux questions posées (surtout par des journalistes de l'audiovisuel), elles n'étaient pas de nature à prendre l'orateur au dépourvu. Sans doute en avait-il eu connaissance avant le lever de rideau. Mais trêve de mauvais esprit. L'ennui de cette conférence« historique »et qui selon la promesse du Président sera renouvelée tous les six mois, est qu'elle était profondément ennuyeuse. Après deux heures cloué sur les chaises dorées de l'Elysée, je commençais à entendre autour de moi, le murmure des bâillements étouffés. Et puis, ces fameuses chaises, étaient conçues pour vous briser le dos, ce qui coûte que coûte, vous maintenait en éveil. François Hollande a été bon sur la forme, mais n'a rien dit sur son programme d'économies budgétaires.
Sincèrement, spectacle pour spectacle, je préfère encore celui de l'UMP !
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