LA FRANCE FAIT ELLE FAUSSE ROUTE ?
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LA FRANCE FAIT ELLE FAUSSE ROUTE ? Le rapport Gallois tombe à point nommé car deux seuils viennent d'être franchis : 90% pour la part du PIB représenté par la dette publique et 10% pour le taux de chômage de la population active. Des indicateurs dans le rouge, comme beaucoup d'autres... Faut-il en conclure, comme le disait François Fillon il y a déjà 5 ans que « la France est en faillite » ? Probablement pas... mais indéniablement en état de choc économique. Le spectre de la récession À la fin de l'année 2012, la croissance sera-t-elle de 0,3% comme le prévoit le gouvernement, ou de 0,1% selon les prévisions de plusieurs organismes, dont le FMI ? En tout état de cause, la croissance a été totalement nulle sur les deux premiers trimestres de l'année. Et les dépenses de consommation des ménages, traditionnel moteur de l'économie française, sont, elles aussi, atones : +0,2% sur le 1er trimestre, -0,2% sur le 2ème ! Le choix de l'orthodoxie budgétaire, avec comme objectif le seuil des 3% de déficit atteint en 2013 et un retour à l'équilibre en 2017, a justifié le chiffre des 30 milliards nécessaires d'ici la fin de l'année selon le gouvernement, financé pour un tiers par des économies, un tiers par la fiscalité sur les entreprises et un tiers par celle sur les particuliers. Le souci, c'est que les calculs se basent sur une prévision de croissance.

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Publié le 26 octobre 2012
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Langue Français

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LA FRANCE FAIT ELLE FAUSSE ROUTE ?
Le rapport Gallois tombe à point nommé car deux seuils viennent d'être franchis : 90% pour la part du PIB représenté par la dette publique et 10% pour le taux de chômage de la population active. Des indicateurs dans le rouge, comme beaucoup d'autres... Faut-il en conclure, comme le disait François Fillon il y a déjà 5 ans que «la France est en faillite? Probablement pas... mais » indéniablement en état de choc économique.
Le spectre de la récession
À la fin de l'année 2012, la croissance sera-t-elle de 0,3% comme le prévoit le gouvernement, ou de 0,1% selon les prévisions de plusieurs organismes, dont le FMI ? En tout état de cause, la croissance a été totalement nulle sur les deux premiers trimestres de l'année. Et les dépenses de consommation des ménages, traditionnel moteur de l'économie française, sont, elles aussi, atones : +0,2% sur le 1er trimestre, -0,2% sur le 2ème ! Le choix de l'orthodoxie budgétaire, avec comme objectif le seuil des 3% de déficit atteint en 2013 et un retour à l'équilibre en 2017, a justifié le chiffre des 30 milliards nécessaires d'ici la fin de l'année selon le gouvernement, financé pour un tiers par des économies, un tiers par la fiscalité sur les entreprises et un tiers par celle sur les particuliers.
Le souci, c'est que les calculs se basent sur une prévision de croissance. Selon les estimations de l'OFCE (Observatoire Français des Conjonctures économiques), si celle-ci ne devrait être que de 0,1% en 2012, cela supposerait un nouvel effort de plus de 20 milliards !
Plus grave encore, avec une croissance nulle en 2013, le déficit serait mathématiquement de 3,5%. Pour respecter l'engagement des 3%, une nouvelle augmentation de la fiscalité serait inévitable à moins que l'on commence à réduire les dépenses comme le demandent depuis des années des instituts tels que l'iFrap. Au risque, selon les économistes de l'OFCE, de plonger l'économie française dans la récession : «Une telle stratégie amputerait l'activité économique dans l'Hexagone de 1,2% en 2013, engendrerait une hausse supplémentaire du taux de chômage qui frôlerait la barre des 12% et amplifierait les destructions d'emplois de près de 200.00».
La France, comme les autres pays d'Europe du Sud, est en effet confrontée à un arbitrage délicat,
entre la sortie de l'endettement et la croissance. Selon Steen Jakobsen, économiste en chef de Saxo Bank, «Les politiques des banques centrales et des gouvernements n'ont pas eu l'effet escompté sur la croissance et n'ont fait qu'étendre la récession dans les pays développés. Les tensions sociales agitent l'Espagne, la Grèce ou encore le Portugal, et commencent à poindre dans des pays tels que l'Allemagne et la France. La priorité devrait aller à la microéconomie plutôt qu'à la macroéconomie. Malgré l'incertitude ambiante, de nombreuses opportunités demeurent sur les marchés. De petites sociétés présentant un fort potentiel de croissance ont réussi à se développer malgré la crise financière». En 1995, le «choc fiscal» de 1,2% du PIB d'Alain Juppé avait cassé la reprise. En 2012, les mesures fiscales représentent 2% du PIB...
Problème structurel
Depuis trois décennies, (re)dynamiser la production fait figure de «parent pauvre» des politiques économiques, toujours axées sur la consommation et de la redistribution d'une part, et l'orthodoxie monétaire (la lutte contre l'inflation, avec le «Franc fort» puis avec l'Euro) d'autre part. Et c'est bien là que le bât blesse ! La récession de 2008 et l'effondrement réglementaire du crédit à partir de 2010 n'ont été que des détonateurs d'une situation explosive, mais surtout d'un problème structurel : nos entreprises n'exportent pas assez :entre 1998 et 2011, la France a perdu 40% de ses parts de marché à l'export, pour aboutir aujourd'hui à un déficit de notre commerce extérieur qui frôle les 70 milliards d'euros.
-nos entreprises ne gagnent pas assez d'argent :leur taux de marge, le plus faible d'Europe, est de 28% de la valeur ajoutée contre 40% en Allemagne.
-nos entreprises sont trop petites :si la France et l'Allemagne comptent sensiblement la même proportion d'entreprises rapportées au nombre d'habitants et si la place des grandes entreprises est comparable dans les deux pays (avec même un avantage à la France), l'Allemagne compte deux fois plus d'entreprises de taille intermédiaire (entre 250 et 5.000 salariés) que nous.
-nos entreprises ne sont pas assez industrielles : s'il ne s'agit pas de nier la très large prépondérance du secteur tertiaire, la part de l'industrie dans l'économie est près de deux fois plus forte en Allemagne : 25,6% du PIB contre 13,6% en France.
Pourtant, il n'est pas inutile de le rappeler, la croissance annuelle moyenne a été plus rapide en France sur la période 2000-2010 (1,5% en France, 1,1% en Allemagne). Mais il est vrai que le coût du travail dans l'Hexagone est aujourd'hui supérieur de 10% au niveau allemand alors qu'il lui était inférieur de 15% en 2000. Sans parler des prélèvements obligatoires sur les entreprises qui atteignent 18% du PIB dans l'Hexagone contre 11% en Allemagne...
Pression fiscale et dépenses publiques
La question du déséquilibre des dépenses publiques n'est pas neuve : depuis 1974, aucun budget de l'état n'a été à l'équilibre. Mais le problème s'est considérablement accru depuis 1992.
Aujourd'hui, nos dépenses publiques représentent 56,5% du PNB, soit une proportion plus haute que la Grèce (53%), que l'Italie (52%) et que l'Espagne (45%). Et, surtout, elles ne sont pas indexées sur les ressources (le PIB) mais sur la demande.
Jusqu'à présent, la réponse a toujours été une augmentation des prélèvements obligatoires et de la fiscalité. 19 milliards d'euros de hausses d'impôts réalisées par Nicolas Sarkozy, 12 milliards votés par la nouvelle majorité au cours de l'été 2012, 20 milliards du budget 2013... En trois ans, la hausse des prélèvements atteint plus de 50 milliards, soit 3% du PIB, c'està-dire l'équivalent du choc pétrolier des années 70. Et ce n'est pas fini : la Cour des comptes a établi que l'effort d'économie pour ramener les comptes publics à l'équilibre s'élève à 120 milliards d'euros sur cinq ans.
Pour l'économiste Nicolas Baverez, la réduction des finances publiques est un impératif : «L'écart qui s'est creusé entre la production et la consommation peut être comblé soit par la hausse de l'activité, soit par la baisse des revenus et de l'emploi. Tous les pays développés qui ont redressé leur croissance et leurs finances publiques, à l'image du Canada, de la Suède ou de l'Allemagne, ont accordé la priorité à la compétitivité et à la baisse des dépenses publiques, dont l'effet récessif est moindre que les hausses d'impôts». La plupart des états qui ont réussi à redresser la barre ont procédé selon un ratio un tiers de recettes fiscales provenant de l'impôt contre deux tiers de réductions des dépenses de l'état. Pour l'instant, l'approche gouvernementale semble appliquer la règle à l'envers.
Est-il impossible de réduire les dépenses publiques en France ? Probablement pas. Les dépenses d'intervention et de transfert de l'état culminent à 620 milliards d'euros, sans aucune évaluation de leur efficacité. Et l'effort ne doit pas se limiter à l'état, mais aussi aux collectivités locales. De nombreuses mesures, comme la suppression des départements, auraient un effet mécanique, comme le démontre de nombreuses études.
Absence de vision
Cette dictature du court-terme est un véritable danger, explique Nicolas Baverez : «L'agenda 2014 est au redressement économique ce que le Canada Dry est à l'alcool : on dirait du Schröder, mais ce n'est pas du Schröder. Gerhard Schröder s'est inscrit dans l'horizon long d'une décennie avec, pour objectif, de rétablir la compétitivité de l'Allemagne et de redresser ses comptes».
Dans son dernier ouvrage, «Réveillez-vous !», l'économiste conclut par un constat alarmant, mais non dénué d'espoir : «La France, menacée de ne plus figurer parmi les dix premières puissances économiques mondiales, se trouve confrontée à des décisions et des enjeux déterminants. Son modèle économique ne génère plus de croissance. Son modèle social produit un chômage de masse et bloque la mobilité. Le déclin tranquille appartient au passé. Après deux décennies de bulles, après cinq années de déflation larvée, l'heure est à la reconstruction ou à l'implosion, à la déflagration retardée façon années 30 ou à la réinvention des modèles comme en 1945. Chacun devra faire ses choix et assumer ses responsabilitésà moins que la mise en application du ». rapport Gallois sonne le déclic de la reconquête. Il serait temps d'écouter un peu plus les industriels. En Allemagne, aucune mesure n'est prise avant qu'on en ait évalué l'impact sur le tissu des PME.
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