La valorisation des fréquences du « dividende numérique »
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La valorisation des fréquences du « dividende numérique »

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Numéro 2009/15  Décembre 2009
La valorisation des fréquences du « dividende numérique » Lionel JANIN
LA VALORISATION DES FRÉQUENCES DU « DIVIDENDE NUMÉRIQUE » Lionel JANIN* Ce document de travail nengage que son auteur. Lobjet de sa diffusion est de stimuler le débat et dappeler commentaires et critiques.
*au moment de la rédaction de cet article,Lionel JANIN Activitésétait économiste au bureau « tertiaires et concurrence » (POLSEC2) à la DGTPE
Les Cahiers de la DGTPE  n° 2009 -15  Décembre 2009  p. 1
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SOMMAIRE
Résumé Synthèse Introduction 1. Couverture du territoire en très haut débit mobile 1.1. Contexte 1.2. Hypothèse de valorisation 1.3. Valorisation
2. Valorisation de la télévision numérique terrestre 2.1. Éléments de contexte concernant la TNT 2.2. Valorisation pour les entreprises (surplus du producteur) 2.3. Surplus du consommateur
3. Télévision mobile personnelle (TMP) 3.1. Présentation 3.2. Hypothèses de valorisation 3.3. Valeur du premier multiplex 3.4 Valeur dun second multiplex
  4. Valorisation de l entrée d un nouvel opérateur de téléphonie mobile 4.1. Modélisation utilisée 4.2. Hypothèses de valorisation 4.3. Résultats 4.4. Discussion
5. Valorisation du surplus du producteur pour un nouvel opérateur de téléphonie mobile 5.1. Hypothèses de valorisation 5.2. Résultats
6. Enchères de spectre aux États-Unis 6.1. Attributions récentes de fréquences 6.2. Hypothèses de valorisation 6.3. Estimations
7. Attribution des licences de téléphonie mobile 3G en Europe 7.1. Contexte 7.2. Attributions récentes dautorisation dexploitation de réseau 3G 7.3. Hypothèses de comparaison 7.4. Valorisation
8. Enchères de spectre en Suède et Norvège 8.1. Suède 8.2. Norvège
9. Attribution des licences de téléphonie mobile 3G en Europe 9.1. Méthodologie 9.2. Valorisation 9.3. Valeur moyenne du spectre par MHz selon lusage
10. Synthèse des résultats Conclusion Annexes
Les Cahiers de la DGTPE  n° 2009 - 15  Décembre 2009  p. 2
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RÉSUMÉ
Le « dividende numérique » désigne les fréquences hertziennes qui seront libérées par l'extinction du signal télévisuel analogique fin novembre 2011 et le passage à la diffusion numérique plus efficace (télévision numérique terrestre ou TNT). Comment estimer la valeur du dividende numérique ? Pour différentes utilisations possibles du spectre (services audiovisuels, haut-débit mobile, entrée de nouveaux opérateurs mobiles), la valeur sociale des fréquences est estimée comme somme du surplus des producteurs et du surplus des consommateurs. Une attribution aux services audiovisuels de l'ensemble du dividende numérique apparaît inefficace. A contrario, une allocation efficace aurait étendu au-delà des 72 MHz retenus en pratique l'allocation aux services mobiles à haut débit. ABSTRACT
The "digital dividend" is the spectrum released from the switch-off of analogue broadcasting of television. The shift to more efficient Digital Terrestrial Television (DTT) will take place in France by November 2011. What is the value of the digital dividend? For different uses of this spectrum (audiovisual services, mobile broadband, entry of new mobile operators), the social value of spectrum is estimated as the sum of producer surplus and consumer surplus. Allocation of the whole of digital dividend to audiovisual services would be inefficient. Compared to the decided allocation, an efficient spectrum allocation would have required more than 72 MHz bandwidth to mobile broadband.
Les Cahiers de la DGTPE  n° 2009 - 15  Décembre 2009  p. 3
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Synthèse
Le « dividende numérique » désigne les fréquences hertziennes qui seront libérées par lextinction du signal télévisuel analogique prévue fin novembre 2011 et le passage à la diffusion numérique plus efficace (télévision numérique terrestre ou TNT). Le présent document de travail apporte des éléments de valorisation de ces fréquences. Le spectre na pas de valeur en soi : sa valorisation résulte de sa rareté relative en raison de la multiplicité des usages potentiels. En conséquence, sa valeur se mesure par son coût dopportunité, cest-à-dire la valeur des usages alternatifs auxquels il faut renoncer lorsquun usage donné est choisi. La valeur dun usage marchand des fréquences peut être décomposée en différents éléments : une première partie est le profit réalisé par les entreprises grâce à lutilisation du spectre (surplus des producteurs), valeur qui peut être captée par lÉtat via la cession de son usage à titre onéreux. Une seconde partie est la valeur privée retirée par les consommateurs, différence entre la propension à payer pour le service et le prix effectivement payé (surplus 1 des consommateurs) . Une allocation optimale du spectre consiste à attribuer des fréquences libérées à lusage ayant la valeur (surplus social) la plus élevée, ce qui tend à égaliser les valeurs marginales du spectre entre usages. Différentes méthodes sont utilisées pour valoriser le spectre. Sur la base des estimations obtenues, les points suivants peuvent être soulignés. (i) Une attribution optimale du dividende numérique passerait par lattribution de fréquences pour le déploiement du très haut débit mobile, si possible au-delà des 72 MHz envisagés, dans la mesure où cet usage possède la plus forte valeur économique, aussi bien pour les producteurs que pour les consommateurs. (ii) Lentrée dun opérateur de réseau mobile supplémentaire mériterait dêtre examinée si la procédure dattribution en cours se révélait infructueuse. Le surplus collectif augmenterait substantiellement dans ce cas, les gains très importants pour les consommateurs dépassant nettement la diminution de la rente des producteurs. (iii) Lopportunité de déployer un second multiplex pour la TMP (télévision mobile personnelle) pourrait être examinée, éventuellement en tenant compte des difficultés à déployer un premier multiplex, dans la mesure où sa rentabilité paraît encore plus incertaine. (iv) Le déploiement extensif de la TNT (télévision numérique terrestre) apparaît inefficace, dans la mesure où le gain marginal associé à une augmentation du nombre de chaînes est faible, y compris pour les consommateurs, et se trouve en tout état de cause très inférieur, au-delà de 50 chaînes, à la valeur dune attribution aux communications électroniques. En ce qui concerne en particulier la valeur marchande du spectre, les estimations suivantes ont été faites. Compte tenu des difficultés inhérentes à ce type dévaluation prospective, les résultats doivent cependant être considérés avec prudence. Ainsi, le contexte macroéconomique actuel, qui na pas été pris en compte spécifiquement dans les évaluations, pourrait conduire à réviser à la baisse certaines des valorisations mentionnées.
1 Les externalités dans lutilisation du spectre (gains defficacité liés à la diffusion des technologies de linformation et de la communication dans léconomie, effet de réseau, etc.) ne sont pas estimées dans le présent document.
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La comparaison avec les enchères de spectre de janvier 2008 aux États-Unis dans la bande des 700 MHz (fréquences du dividende numérique aux États-Unis) conduit à une valorisation de 52 M/MHz en moyenne. Cette valorisation très élevée pourrait cependant ne pas sappliquer en France.
Le calcul direct de la valorisation des fréquences pour des services de connexion à très haut débit mobile sur une durée de 15 ans conduit à une valeur de 26 M/MHz.
-Lentrée dun quatrième opérateur de réseau pourrait rapporter 18 M/MHz. En retenant une valorisation intermédiaire de 20 M/MHz, lÉtat pourrait alors retirer une valeur supérieure à 1,4 Md de lattribution dune bande de 72 MHz aux services de très haut débit mobile, validée par le Premier ministre le 23 décembre 2008. Les valeurs évoquées supposent une coordination européenne, en particulier pour les usages pour les communications électroniques mobiles, en raison des risques dinterférences avec les pays frontaliers qui déploieraient des services audiovisuels dans ces bandes.
Les Cahiers de la DGTPE  n° 2009 - 15  Décembre 2009  p. 5
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Introduction
Le spectre na pas de valeur en soi : sa valorisation résulte de sa rareté relative. Si on considère le spectre de fréquences utilisables pour les activités de communication, il constitue une ressource rare en raison de la multiplicité de ses usages potentiels2. En conséquence, sa valeur résulte de son coût dopportunité, cest-à-dire de la valeur des usages alternatifs auxquels il faut renoncer lorsquun usage donné est choisi. La valeur dun usage marchand des fréquences peut être décomposée en différents éléments. -Une première partie est le profit3par les entreprises grâce à lutilisation du spectreréalisé (surplus des producteurs de la théorie microéconomique). Lorsque le spectre est attribué sous forme dautorisations individuelles4cette valeur peut théoriquement être captée par, lÉtat. Comme elle se traduit explicitement par des flux financiers, cette valeur est la plus facile à quantifier. Elle fait lobjet de la plupart des analyses de ce document. -Une deuxième partie est la valeur privée retirée par les consommateurs, différence entre la propension à payer pour le service et le prix effectivement payé (surplus des consommateurs). Cette valeur nest pas directement observable mais peut être estimée à partir dhypothèses sur lélasticité de la demande. Lorsque les éléments nécessaires à une telle évaluation sont disponibles, cette valeur est également estimée5. -Une troisième partie nest pas captée directement par les acteurs privés mais provient des externalités dans lutilisation du spectre (gains defficacité liés à la diffusion des technologies de linformation et de la communication dans léconomie, effet de réseau, etc.). Lestimation de ces effets, mentionnés pour mémoire, apparaît cependant trop incertaine. Leur prise en compte conduirait, en outre, à majorer les valorisations calculées.
La valeur économique des services non marchands (services publics, sécurité, défense, météorologie, recherche, etc.) peut être estimée comme le coût dopportunité doccupation du spectre, cest-à-dire la valeur des usages, marchands ou non marchands, auxquels il faut renoncer pour assurer ces services. Le même principe peut être appliqué pour évaluer la valeur dobjectifs dintérêt général auxquels lusage des fréquences participe (diversité culturelle, pluralisme des médias, etc.), en estimant la valeur marchande des services qui pourraient être rendus en utilisant les fréquences mobilisées en vue de ces objectifs. En revanche, les contraintes imposées aux utilisateurs du spectre ayant un coût économique direct pour les opérateurs6 de couverture du territoire ou de contribution au (obligations soutien à la production), viennent diminuer dautant la valeur des fréquences pour les opérateurs privés. Dans la mesure où il existe une concurrence entre différents usages du spectre (diffusion de contenus audiovisuels, communications électroniques, etc.), une utilisation efficace doit conduire à attribuer le spectre à lusage ayant la plus grande valeur totale (surplus des producteurs, des consommateurs et externalités)7.
2Les progrès technologiques conduisent à une utilisation de plus en plus efficace du spectre, mais les usages se développent également très vite. Il nest donc pas envisagé dans la période proche une baisse significative de la valeur du spectre. 3Profit économique et non comptable, cest-à-dire après rémunération des facteurs de production, y compris le capital. 4Par opposition à des autorisations générales (régime généralement appelé « sans licence »). 5 Étant donné la sensibilité des résultats aux mesures de lélasticité, elle-même approximative, les résultats doivent cependant être interprétés avec prudence. 6Obligations entraînant un coût net au-delà de ce qui est économiquement rentable pour un opérateur privé. 7  Un objectif qui se limiterait à la seule maximisation des recettes publiques serait socialement inefficace, puisquil risquerait de créer artificiellement des rentes de rareté supportéesin finepar les consommateurs.
Les Cahiers de la DGTPE  n° 2009 - 15  Décembre 2009  p. 6
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