Pourquoi Hinault critique les Français ?
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Pourquoi Hinault critique les Français ? Tout au long de sa carrière, Bernard Hinault était connu pour ses qualités de coureur au-dessus de la norme, mais également pour son caractère bien trempé. Aujourd'hui, ses coups de gueule sont reconnus de tous, attendus par certains et redoutés des autres. Le 'Blaireau' ne mâche pas ses mots et n'hésite pas à exprimer tout haut ce que certaines personnes pensent tout bas. Très peiné par l'évolution du vélo en France, Hinault reste un champion qui parle avec ses tripes. A [ 36 ] LE SPORT VÉLO N°4 l'entame de cette saison 2011, son discours était resté très critique envers le cyclisme français. "C'est un constat ! Pourquoi sont-ils moins bons ? C'est facile de dire que c'est le dopage. Estce que l'on a des coureurs qui font ce qu'il faut, qui courent comme il le faut ? Ce n'est pas toujours sûr." Et même la concurrence étrangère, de plus en plus forte, n'est pas un argument recevable pour le quintuple vainqueur du Tour de France (1978, 1979, 1981, 1982 et 1985). "Je ne vois pas pourquoi les Français seraient moins bons que les étrangers. Eux, peut-être qu'ils travaillent davantage et s'impliquent plus. Ils ont peut-être plus faim. En France, il y a pourtant tout ce qu'il faut. On a d'ailleurs de très bons coureurs en Juniors, en moins de 21 ans." Mais derrière, la relève tarde à prendre place. Pourtant la dernière édition de la Grande Boucle et les six succès d'étapes tricolores ont été salués comme il se doit par Hinault.

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Publié le 03 mai 2011
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Langue Français

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Pourquoi Hinault critique les Français ?

Tout au long de sa carrière, Bernard Hinault était connu pour ses qualités de coureur au-dessus de la norme, mais également pour son caractère bien trempé. Aujourd'hui, ses coups de gueule sont reconnus de tous, attendus par certains et redoutés des autres. Le 'Blaireau' ne mâche pas ses mots et n'hésite pas à exprimer tout haut ce que certaines personnes pensent tout bas. Très peiné par l'évolution du vélo en France, Hinault reste un champion qui parle avec ses tripes. A [ 36 ] LE SPORT VÉLO N°4 l'entame de cette saison 2011, son discours était resté très critique envers le cyclisme français. "C'est un constat ! Pourquoi sont-ils moins bons ? C'est facile de dire que c'est le dopage. Estce que l'on a des coureurs qui font ce qu'il faut, qui courent comme il le faut ? Ce n'est pas toujours sûr." Et même la concurrence étrangère, de plus en plus forte, n'est pas un argument recevable pour le quintuple vainqueur du Tour de France (1978, 1979, 1981, 1982 et 1985). "Je ne vois pas pourquoi les Français seraient moins bons que les étrangers. Eux, peut-être qu'ils travaillent davantage et s'impliquent plus. Ils ont peut-être plus faim. En France, il y a pourtant tout ce qu'il faut.

On a d'ailleurs de très bons coureurs en Juniors, en moins de 21 ans." Mais derrière, la relève tarde à prendre place. Pourtant la dernière édition de la Grande Boucle et les six succès d'étapes tricolores ont été salués comme il se doit par Hinault. Enfin presque. "Les six victoires françaises ont constitué une bouffée d'oxygène. Mais cela aurait été mieux si cela avait été fait par des jeunes de 23-24 ans. Des éléments d'avenir. Il nous manque encore un champion qui puisse attirer les jeunes vers le vélo." Quand Raymond Poulidor préfère "ne pas accabler les Français de tous les maux", Bernard Hinault veut avant tout que les coureurs apportent leurs réponses sur leurs vélos. Ses critiques ne sont pas pour détruire le moral des troupes ou atténuer les efforts entrepris par les Français tout au long de l'année. Au contraire. Les mots du dernier vainqueur français du Tour sont avant tout pour faire réagir et atteindre l'ego des champions en devenir. D'ailleurs, il ne manque pas de distribuer quelques bons points quand ils sont mérités.

"Thomas Voeckler a marqué le cyclisme, en portant le maillot jaune pendant dix jours en 2004, explique-t-il. Mais ce qui est dommage c'est que depuis, onn'a plus rien eu. Il y a eu Sylvain Chavanel qui a porté le maillot jaune deux jours en 2010, mais c'est tout." Ses espoirs se portent aujourd'hui sur les coureurs d'avenir que sont Romain Sicard, Thibaut Pinot ou encore Jérôme Coppel. Pour autant, il n'en fait pas encore des potentiels vainqueurs d'un Grand Tour. "Il faudrait les voir au départ de ces grandes courses pour pouvoir juger de leur véritable niveau. Le classement général, il n'y a actuellement pas de coureur capable de le jouer. Il faut être logique. Un coureur comme Jérôme Coppel aurait peut-être pu briller, mais il n'était pas au départ en 2010. C'est comme ça, certains font des choix et vont dans les équipes qui ne prennent pas part à la course."En leader du peloton français, le champion tricolore, Thomas Voeckler comprend tout à fait le point de vue de Bernard Hinault. Pour lui, si la France est encore à la recherche d'un nouveau grand champion, c'est avant tout une question de temps. "C'est un problème génération. On ne peut pas avoir un Hinault ou un Fignon tous les deux ans. Ensuite, la concurrence est de plus en plus rude qu'à l'époque. Certaines nations font partie des meilleures mondiales alors qu'elles n'existaient pas il y a vingt ans. Une différence de moyens est une autre explication. Quand vous voyez le budget de certaines équipes étrangères, cela permet d'attirer plus facilement les plus grands coureurs. Même si je ne me fixe pas de limites sur mon vélo, je sais très bien que je ne pourrais jamais être capable de viser le général sur un Grand Tour." Mais ces derniers temps, le cyclisme français semble s'offrir un petit renouveau. En effet, le discours des jeunes coureurs est ambitieux. Les performances le montrent cette saison. Sur les Classiques du Printemps, il n'était pas rare de voir un Français jouer les premiers rôles.

"Il n'y a pas de coureur capable de jouer le classement général"

Avant sa chute à Gand-We-velgem qui l'a notamment privé du Tour des Flandres et de Paris-Roubaix, le jeune coureur de la FDJ, Yoann Offredo s'était illustré avec talent avec de belles places sur le Circuit Het Nieuwsblad (4ème) et Milan-San Remo (7ème). Au Grand Prix E3, c'est William Bonnet (FDJ) qui a réussi à se hisser à une belle 6ème place. Tout au long de ce printemps, les Français, qui d'habitude se font plus discrets, ont réussi à marquer les esprits. A noter, les bonnes places de Blel Kadri (11ème) sur le Tour de Catalogne, d'Anthony Geslin (3ème) sur La Flèche Brabançonne ou encore la 4ème place de Alexandre Geniez (4ème) au Critérium International. Les anciens n'ont pas été sans reste. Pendant que Christophe Le Mével tenait le rythme au Grand Prix Miguel Indurain (8ème) et la Flèche Wallonne (16ème), Frédéric Guesdon prenait la 11ème place de Paris-Roubaix à 39 ans. Au cours de ces dernières semaines, c'est Sylvain Chavanel qui s'est surtout mis en évidence. Le coureur de la Quick-Step aurait même pu devenir le premier Français vainqueur du Tour des Flandres depuis Jacky Durand en 1992 si seulement, il n'avait pas joué les équipiers de Boonen jusqu'au bout. Battu au sprint par Nick Nuyens, Chavanel a dû se contenter de la deuxième place après une course impressionnante. Bernard Hinault, en tête, avait regretté les choix du Français sur la première des Classiques flandriennes du calendrier. "Il aurait pu courir un peu plus intelligemment et quand tu vois comment ça se passe, tu te dis, à 300m de la ligne, tu vois qu'il est loin, tu ne te poses pas la question. Même Chavanel n'aurait pas dû se poser la question, il aurait dû rester dans la roue de Nuyens." Le coureur AG2R La Mondiale, Lloyd Mondory s'est également montré en s'offrant notamment de belles places sur Gand-Wevelgem (5ème) et A Travers la Flandre (16ème). Pour lui, il est évident que ses performances sont avant tout le fruit de son expérience et qu'avec un peu plus de bouteille, les coureurs français pourraient redevenir compétitifs dans les années à venir. "Ma vision des choses, c'est que l'on voit sauf exceptions que les gars qui sont à l'avant ont tous beaucoup d'années professionnelles derrière eux. Ils sont aguerris, ont suivi des parcours variés. La maturité physique est surtout importante. Dans des courses comme les Classiques, il faut prendre des branlées de temps en temps, voir même souvent, pour avancer. En étant persévérant, en se sentant capable de faire quelque chose, ça finit par arriver. Pour certaines équipes, ces Classiques ont longtemps été un truc pour coureurs que l'on peut envoyer parce qu'ils ne vont pas gueuler, pendant que les autres sont bien contents d'être sur des courses moins dangereuses. Certains y sont allés avec nonchalance. Moi, j'ai toujours été motivé, j'ai toujours pris ça du bon côté. Les bons résultats des coureurs français font peut-être que plus en plus de coureurs vont sur ces courses avec motivation." L'ambition est de retour dans les rangs tricolores cette saison. Si la France continue de truster la première place générale au nombre des victoires par pays en 2011 avec 64 victoires, ce n'est pas un hasard. Et en s'imaginant Bernard Hinault comme étant un coureur de cette époque, il ne fait aucun doute qu'il jouerait les premiers rôles. N'est-ce pas Thomas Voeckler ? "Si aujourd'hui, on avait quelqu'un comme lui, il serait dans les meilleurs mondiaux. Mais est-ce qu'il gagnerait cinq Tours de France avec la concurrence accrue qu'il y a maintenant ? Ce sont deux contextes différents. Il faut continuer mais il faut être honnête. Il y a un petit creux générationnel depuis quelques années. Dans dix ans, on en parlera peut-être autrement." Le rendez-vous est pris. En espérant que d'ici là, la France aura déjà trouver son nouveau Bernard Hinault. Et même si demain, le 'Blaireau' se trouvait un successeur, pas sûr que cela suffirait à le faire taire. Le cyclisme français ne va pas s'en plaindre.

"Il y a un creux générationnel depuis quelques années"

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