Un aileron difficile à mettre en place

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• Publié par: le-sport-
• Publié le: 02 avril 2011
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Extrait

Un aileron difficile à mettre en place

L'aileron ajustable c'est quoi ? "C'est une manoeuvre qui va être compliquée surtout dans sa réglementation et dans son application. C'est un procédé intelligent dans le sens où ça va permettre, dans les lignes droites, de gagner dix à quinze kilomètres/heure. Et ça, conjugué au KERS, va faire en sorte qu'on va pouvoir dépasser. C'est un élément simple, qui s'utilise à l'intérieur du cockpit et qui, en fait, débraque l'aileron. C'est-à-dire qu'on retire de l'effet de sol, qu'on apporte de la finesse à la voiture et donc on lui permet d'aller un peu plus vite en ligne droite. En revanche, quand on arrive au freinage, il faut que cet aileron soit remis en place, sinon vous perdez tout votre effet de sol sur l'arrière et vous risquez d'avoir des mouvements compliqués dans le freinage, le freinage deviendra extrêmement violent, et il faut de l'appui aérodynamique, évidemment, pour appuyer la voiture au sol."

Comment les pilotes pourront-ils l'utiliser ? "La FIA a mis en place un règlement qui veut qu'à partir d'une ligne droite jusqu'à une autre ligne droite, on pourra utiliser ce système (le système est néanmoins interdit par temps de pluie, Ndlr). Alors, je ne sais pas comment ils vont faire pour vérifier que les gens l'utilisent bien dans cet espace-là. Ça semble encore un tout petit peu complexe dans sa mise en place. Ça me semble très, très compliqué. Pas le système en lui-même, il est très simple. Mais c'est son application qui est compliquée, ils (la FIA) en font quelque chose de compliqué dans le règlement, donc il va falloir attendre pour voir. Même les pilotes se sont réunis, au sein de leur association pour essayer d'avoir un peu d'explications sur la mise en oeuvre de ce système et son application sur les circuits. Au départ, l'idée est plutôt sympa pour permettre plus de spectacle et notamment pour dépasser, mais j'ai l'impression qu'ils sont en train d'en faire une machine de guerre. Ça peut être difficile à gérer."

Est-ce onéreux à mettre en place pour les équipes ? "Non, ce n'est pas onéreux, vous savez aujourd'hui il y a des systèmes avec des petits moteurs électriques pour mettre en place ce genre de système, et au final ce n'est pas un système onéreux. Le KERS l'est beaucoup plus, mais celui-ci est assez peu cher à mettre en place et je pense que toutes les écuries l'auront, même celles à petit budget."

Les pilotes le découvriront-ils tous ou certains le connaissent-ils déjà ? "C'est totalement nouveau, ça n'a jamais été mis en place, pour des raisons assez simples. C'est un système relativement dangereux, il suffirait par exemple que le système ne fonctionne pas, que l'aileron ne reprenne pas sa forme initiale en bout de ligne droite, et le freinage devient alors impossible et la voiture part en tête à queue ou en toupie. Là aussi, il y a encore un certain nombre d'incertitudes."

Le pilotage en sera-t-il changé? "Ça va être difficile pour tous les pilotes, qu'ils soient expérimentés ou pas. Parce qu'entre le KERS, l'aileron, tout ce qu'ils ont à gérer, les pneus qui sont là aussi une grande incertitude, on s'est rendu compte qu'il y avait là aussi des différences énormes entre un pneu neuf avec beaucoup d'essence et des pneus usés avec peu d'essence, il y a de très, très grosses différences de temps... Et donc tout ça cumulé, sincèrement, les pilotes vont devenir davantage des ordinateurs que des pilotes."

Certains directeurs d'équipes ont exprimé des réserves vis-à-vis de ce système. Pourquoi ? "Oui, il y en a beaucoup qui sont réfractaires dans l'utilisation comme elle semble devoir être mise en place par la FIA, avec cette limitation d'utilisation. Chacun fait comme il veut, ce n'est pas à la FIA de décider à quel moment dans la course on l'utilise."

*Pilote de F1 de 1984 à 1994, 109 Grands Prix