ENTRE ETATS-UNIS ET RUSSIE : QUELLE POLITIQUE EUROPÉENNE POUR LA RÉGION DE LA MER NOIRE ?
par Stéphane DELORY (*)
Durant plus dune décennie, lextension vers lest de la sphère dinfluence occidentale a coïncidé avec le déclin de la puissance russe, au point que, en quelques années, la mer Noire et le Caucase ont semblé devoir sintégrer dans un vaste ensemble progressivement normalisé, selon des critères définis par les Etats-Unis et, dans une mo indre mesure, par lUnion européenne (UE). Le déploiement de troupes américai nes en Asie centrale, le brutal réa-lignement de lUkraine et de la Géor gie vers lAlliance atlantique, lintégra-tion à marche forcée de la Roumanie et de la Bulgarie au sein de lUE, louverture des marchés hydrocarbures de la Caspienne ont constitué les illustrations les plus spectaculaires de cette évolution, soutenue en arrière-plan par limplacable ambition américai ne de contrer toute résurgence de la puissance russe en la privant de tout e influence sur ses anciennes marches. Pourtant, au moment où la Roumanie et la Bulgarie entrent dans lUE et où la question de ladhésion de lUkraine et de la Géorgie à lOTAN a été officiellement posée, Américains et Européens découvrent que la géogra-phie, la masse démographique et lhis toire des peuples demeurent, que la Russie na nullement disparu et qu elle nentend pas brader sa propre sphère dinfluence à la simple évocatio n des mirages de la démocratie et de léconomie de marché. La violente ré action du Kremlin face aux tentatives de réalignement engagées en Ukraine après la Révolution orange, létran-glement implacable de la Géorgie et linstrumentalisation des conflits en Abkhazie et dans le Karabakh témoignent de la capacité de réaction de la Russie, mais aussi de la quasi-impos sibilité des Occidentaux à assurer la défense de leurs nouveaux « clients ». No n seulement la Russie reste lacteur stratégique régional dominant, ce que ni lEurope ni les Etats-Unis nont la capacité de lui dénier, mais dautres puissances régionales, telle la Turquie, apparaissent comme des acteurs essent iels, avec lesquels les Occidentaux devront, quoi quil arrive, apprendre à composer (1). Au-delà des soutiens officiels apport és aux programmes de démocratisa-tion des Nouveaux Etats indépendants (NEI), des multiples plans daction
erc eur au entre ucy e e n vers té ant éon- ssas ar s , rance . (1) Le rôle de la Turquie, très particulier, nest pas abordé ici.