Départementales: les raisons d'un vote sanction pour la gauche

Pascal Perrineau

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• Publié par: CEVIPOF
• Publié le: 24 mars 2015
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Extrait

mardi 24 mars 2015 LE FIGARO LE FIGARO mardi 24 mars 2015 LE FIGARO mardi 24 mars 2015
16 17 17CHAMPS LIBREPOCSLITHIQUAE MPS LIBRES POLCITIQHUEAMPS LIBRES
er1 tour des élections Val-d’OisePASCAL Les instituts PERRINEAU Départementales : les raisons
départementales
SeineNUANCE POLITIQUE DU BINÔME ARRIVÉ St-Denis de sondages
EN TÊTE DANS LES 2 054 CANTONSd’un vote sanction pour la gauche
Hauts- sur la sellette
de-Seine
Le succès de la droite unie au premier tour a contrarié les ambitions du Front national, La mesure des intentions de vote a montré des
Val-deMarnelequel s’installe néanmoins dans le paysage local, souvent là où la gauche recule fortement. écarts significatifs par rapport aux résultats
réels.
Pas-deNordCalais valué. » Les sondages ont failli dans
ALBERT ZENNOU £@AlbertZennouomme toute élection nou- que soit l’ampleur du rafistolage d’une ne rassemble plus que 30 % des suffra- l’évaluation du FN et dans celle de laEssonne
velle, le premier tour des gauche plurielle de plus en plus clivée, ges des milieux populaires (ouvriers et participation. Or le niveau de
l’abstenProfesseur élections départementales la gauche ne contrôle plus qu’un gros employés) et résiste de moins en moins LES SONDAGES ne sont pas des prédic- tion est intimement corrélé au scoreSomme
a apporté son lot de surpri- tiers de l’électorat et ne dispose que de bien dans les catégories supérieures tions. On l’oublie trop souvent. Diman- des différents partis, et singulièrementdes universités
ses et de confirmations. On modestes réserves dans la perspective (37 %) ou encore chez les jeunes (36 %). che, les sondeurs se sont donc retrou- à celui du FN. « L’électorat FN a été plusà Sciences Po, Seine-Cs’attendait à une absten- du second tour. Dans ces deux dernières catégories, la vés sur la sellette avec des enquêtes qui hésitant à se mobiliser au premier tour. IlMaritimechercheur au Cevipof Aisnetion record après les 55,7 % et 57,6 % Ces élections départementales mar- droite associée au centre reprend n’ont pas été conformes aux résultats ne faut pas oublier que 15 à 20 % desArdennes
d’électeurs inscrits qui avaient boudé quent la fin d’un cycle : celui de la l’avantage (43 % et 39 %). définitifs. Depuis des semaines, voire électeurs ne déterminent définitivementOise
les urnes des dernières élections canto- constante progression de la gauche au Tout en connaissant une sévère des mois, les instituts plaçaient le Front leur vote que dans la dernière ligne
droiLE PREMIER round des nales de mars 2011 et des élections euro- cours des vingt dernières années dans concurrence du Front national, la droite national en tête des intentions de vote, te. Mais quand ils hésitent, ce n’est pasManche Calvadosélections départementales péennes de mai 2014. On a enregistré un les départements. Cette implantation au atteint environ 37 % des suffrages, soit devant l’UMP et le PS. Or, à l’issue du entre la gauche et la droite, mais plutôt àVal-d’OiseEure
Marnea été marqué par un rebond sursaut de participation, un électeur sur cœur des territoires est victime du bilan trois à quatre points de plus qu’en 2011. premier tour, les sondeurs ont tous, l’intérieur même de chaque camp. C’estMoselleMeusede la participation. deux seulement ayant pratiqué la grève médiocre de la gauche au pouvoir sur le Au fond, elle sort du « tunnel » qu’elle plus ou moins, été pris en défaut. Les sans doute aussi ce qui explique que Yvelines
« La dramatisation du scrutin, des urnes. La dramatisation des élec- terrain économique et social qui reste la avait elle-même contribué à intentions de vote préélectorales, com- l’UMP ait finalement pris la pole position
sa nationalisation et les échos tions, leur profonde nationalisation et préoccupation majeure des électeurs. creuser depuis quatre ans en me les estimations de dimanche soir, devant le FN », poursuit Jérôme Seine-et- Meurthe- Bas-Orneassourdis d’un effet 11 janvier » les échos assourdis d’un « effet 11 jan- Même dans ses bastions, la gauche est cultivant ses querelles de n’ont pas toujours reflété la réalité. Fourquet.Marne et-Moselle Rhin
Essonneont porté leur fruit souligne vier » ont pu contribuer à cette évolu- maintenant minoritaire (47 % chez les boutique avec un art Pour expliquer en partie les différen- Bruno Jeanbart fait remarquer que
Côtes-Pascal Perrineau. Toutefois, tion sans éviter pour autant la protesta- salariés du secteur public, 41 % chez les consommé. L’impres- ces entre estimations et résultats défini- plusieurs instituts (dont le sien) avaientFinistère Eure-et- Aubed’Armorprécise-t-il, « la mobilisation tion civique qui touche depuis plus professions intermédiaires). La natio- sion d’atonie qui semblait tifs, les sondeurs avancent une compli- noté le tassement du FN en fin de cam-LoirIlle-et- Mayenne Haute- Vosgesdes électeurs de gauche a été d’une décennie toutes les élections. nalisation de la campagne par le gou- prévaloir depuis le retour cation technique propre à ce scrutin : la pagne avec une remontée de la
particiVilaine Marnenettement moins forte que ceux Ainsi, les femmes, les jeunes et les mi- vernement a attiré l’attention sur les de Nicolas Sarkozy à la tête codification du ministère de l’Intérieur pation. « Nous avions observé la
tenHaut-LoiretSarthede droite ou du front national lieux populaires n’ont pas ressenti pro- faiblesses du bilan de l’exécutif, contri- de l’UMP connaît une éclair- qui a établi pas moins de 19 forces poli- dance au cours de nos dernières vaguesYonne Rhindonnant à cette consultation fondément la nécessité de se rendre aux buant à occulter le bilan des conseils gé- cie. La remise en ordre, certes tiques différentes. « À chaque institutLoir-et- Haute-Morbihanun caractère d’élections urnes pour investir une assemblée dé- néraux socialistes et l’éventuelle « pri- encore fragile, de l’UMP, son choix de ensuite de procéder à des regroupements Cher Saône Les sondeurs mettent intermédiaires ». partementale dont on ne connaît pas me au sortant ». À la très forte érosion l’unité avec les centristes, sa capacité à entre ces différentes familles. Du reste, le Côte-d’OrMaine- “La gauche qui soutenait très bien le destin. du socialisme municipal enregistrée il y s’appuyer sur cette « droite locale » qui rapport de forces politiques n’est pas très aussi en avant une Loire- et-Loirela majorité en place a L’appel vibrant du premier ministre a un an, ne va-t-il pas succéder une ré- avait fait ses preuves lors des municipa- éloigné de la réalité entre les blocs deT err. deAtlantique explication plus politique : Indre-sévèrement été sanctionnée n’a pas réussi à mobiliser aussi forte- gression du socialisme départemental. les de mars 2014, sont autant de facteurs gauche, de droite et du FN. Le problème :BelfortCheret-Loire les effets de la campagne mais le PS a cependant évité ment les électeurs de gauche que ceux La disparition de candidats socialistes du retour de l’UMP, de l’UDI et de leurs c’est la division à l’intérieur de ces fa-DoubsNièvre
la marginalisation quand de la droite ou du Front national. En alliés. Cela peut lui milles, ce qui explique une partie des dé- tardive
la gauche alternative n’a pas cela, ces élections ont obéi à la logique permettre d’envisa- calages » constatés, note Yves-Marie On a enregistré un sursaut Indre ” réussi « son pari de déstabiliser des « élections intermédiaires » qui ger un second tour Cann, directeur du département Opi- d’enquêtes. Mais toute la difficulté estSaône-et-de participation, un électeur sur deux Vendée Jura« Deux-le PS ». veut que les électeurs de la majorité, peu de reconquête qui nion de CSA. d’enregistrer précisément son am-LoireSèvresMalgré la concurrence convaincus par la performance de leurs seulement ayant pratiqué la grève lui permettra d’effa- Les départementales, sont avant tout pleur ». D’où l’erreur des 1 000 cantons
du Front national suresmitée gouvernants, aillent noyer leurs désil- cer tout ou partie de des élections locales. « Toute la difficul- dont le PS devait être exclu au second AllierViennePARTICULARITÉSdes urnes. La dramatisation des
dans les enquêtes d’opinion, lusions dans le retrait abstentionniste. la réelle dynamique té est