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RevueN°87-19nvomerbe028013984Decirruetedpalilbuon:catilesGilehsliFcn/RetniurteacédhecenseihT:fmreGyrrrunetoCian-aLbmestrehen/WerreiéPeeJ:P-naONTIEAJuFcaDAON2IC-1RUSÈ-NAJES-HERBALESTÉM0-SIRAP90057RI0C02432401QUTIES-TONECNPsineDEFLISABETFEeSiudurhT)lapud(ingaionsEditAUGECHVENOLARiamrERInrreieGyHERÉFORUNEGAUC.EPUORNEERUPOerabbhieLnoru-BENNEÉPORUEETSIMidCDav)parPireuLcnosiditgE(DEEVRLINGJUALruA-ELraMeiléounIhekrLÉMESUPPCOAITNSEUAILTSVasnoigesllEILICOSSILAPEMRUOcireau(EditionsePrrnip)raNcilodE(ervbefeLsinar)pstirFnsioitalni-AUNSLELS,DeiouxgounBerMSILIDESELAICOAr-MnoICFFEILhCuorkuoLoienlGORZOUnIANDRÉGYAEN,S,ST,IBHisinieBIENILES)sengiLgriVrap(erstünnsioitEdnosrBnuoeLrpniBon-Maury(EditiTNEIELÈiG-sellNSRAAI.BLMACLETDEESELIVRDESLAEITNOREANITNUEEVRLAnItouenqiuQsineDrap)ecBsueirrFnaoçsim)darpaAmserstidE(noitDISSEÉ761Reg5432russdraicoselmeisal
CHRONIQUES 8 I OUI À LA TURQUIE - Michel Rocard (Editions Hachette Littératures) par Joël Le Deroff 9 I LE ROMAN DE BRUXELLES - José-Alain Fralon (Editions du Rocher) par Joël Le Deroff
SOMMAIRE
CRITIQUES
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l’occasion, produit dérivé pour la presse people, le leader du presque né NPA ne laisse pas indif-férent. Il fallait donc que biographes et ana-lystes se mettent de la partie. A L'ESSAI cenLoitnitnétrrêitguneepstouprausntmriopilnedhreo.ld-OulipvireérusBsei,ssaunr-la gauche radicale française, sur une option poli-tique plutôt dans l’air du temps (la dénonciation 1. L’EFFET BESANCENOT du capitalisme) et sur un réservoir de voix qui pourrait susciter des appétits grandissants. Denis Pingaud La conviction de Denis Pin aud est faite : il Editions du Seuil, estgrandtempsdesintéressegrsérieusementà novembre 2008, 195 pages, 16 ? ce qui passe du côté de la défunte LCR. Voyons donc avec le directeur adjoint d’ Opinion way PAR THIERRY GERMAIN quels sont selon lui les faits Besancenot. Longtemps occu-En fait, le phénomène Besancenot est profond pé par la gauche de la gauche 1 , Denis Pin-et durable. gaud a également Il serait en passe de réussir cet exercice pour-pris le temps d’écrire d’une « lundesmeilleurstantdélicatdepassagepocptuolraarlieté» ouvragessur«lim-(sPoansdcaalgiPèerrrein»eaàu)u.ne«popularitééle possible défaite » de Lionel Jospin 2 . Olivier Au soir d’un triste 21 avril 2002, l’inattendu Besancenot y est bien candidat de la LCR empoche un capital de sûr évoqué. Une fois. 1 210 562 voix (4,25 %). Un succès certes, mais Page 161, accompa- d’abord un « vote d’influence » (Vincent Tiberj), gné d’Alain Krivine, il c'est-à-dire un messa e prenduncaféavecdelagauchepluriellegàelenurvsofyoérpmaartlieosnéslreecstepeurc-s Jean-Christophe Cambadélis, alors ordonnateur tives. Ces voix qui se sont portées sur lui ne sont des hautes œuvres plurielles du locataire de pas encore à lui. Matignon. Dans les années qui vont suivre, ce petit Christophe Nick, dans sa somme sur le pactole électoral va pourtant se consolider et trotskisme 3 , ne se décide à parler du postier de notablement évoluer en nature sinon en Neuilly que page 587, et c’est pour lui promettre volume. Pourquoi ? un fort peu charitable 0,5 % à la présidentielle de 2002, alors toute proche. Michèle Cotta D’abord parce qu’Olivier Besancenot va réussir consacre 400 pages à cette échéance sans faire à incarner la forme française d’un phénomène plus de cas du candidat de la LCR 4 . Les exemples plus général. Au plan européen, Denis Pingaud pourraient être multipliés. cite, tout en marquant les différences, le Linke allemand, le Socialistiche parti néerlandais, le Autant dire qu’il aura fallu quelques temps Bloco de Esquerda portugais ou l’alliance rouge pour qu’apparaisse dans toute sa dimension un et verte danoise. « effet Besancenot ». Lequel est affaire de goût et d’intérêt. Ensuite parce que des manifestations anti Le Pen au référendum sur le « non », en passant Le goût est avéré. Coqueluche des médias, par la lutte contre le CPE et la mobilisation sur sujet de prédilection des commentateurs, per-les retraites, Olivier Besancenot et la LCR n’au-former remarqué en matière de sondages et, à ront manqué aucune occasion de faire fructifier
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ce capital de sympathie et d’incarner un certain refus du système. Enfin, parce que les échecs successifs dans la création d’un front large anti-libéral lui profitent de facto . Seul finalement en situation de le faire, il capte les électeurs de gauche en recherche de « nouvelle radicalité ». Avec, au terme de ce processus, le succès de sa deuxième candidature présidentielle. Si les dirigeants de la LCR font alors le choix de créer le NPA, c’est que leur médiatique leader est assis selon Denis Pingaud « sur un socle dur de popularité sondagière et électorale », qu’ils peuvent espérer mieux traduire au plan poli-tique en adaptant leur organisation à « l’ère Besancenot ». Détenteur d’un électorat de gauche qui mord sur les sympathisants socialistes et commu-nistes, il fidélise fortement sur sa personne. Surtout, tout en gagnant des points chez les ouvriers et les moins nantis, il conserve un réel « vote bobo ». « Candidat de synthèse » (Vincent Tiberj) « à même de capitaliser à la fois sur l’an-tilibéralisme économique et le libéralisme culturel », il réalise un mariage inédit entre « résistance sociale et ouverture sociétale ». Une « forme de conciliation des gauches » et une équation toute personnelle. De fait, c’est un phénomène appuyé sur Olivier Besancenot lui-même. Sans histoire(s), sans bilan en tant qu’élu, jeune, postier, soignant sa non appartenance au cercle des professionnels de la politique, il surfe sur « la crise de la représentation qui mine la société française ». Neuf, offrant on l’a vu un équilibre savant entre le salarié moyen et le « bobo » parisien, son « il nous ressemble » ratisse large, facilitant identification et adhésion. L’auteur bâtit ici un lien entre pessimisme social et crise politique. Dans ce schéma, l’omni-présence de l’argent aurait pour corollaire la
corruption, la montée des inégalités, le récurrent « ils ne sont pas comme nous ». Besancenot, dans un tel contexte, offrirait la double origina-lité d’une démarche clairement critique appuyée sur un homme réellement différent. Cette personnalisation très étudiée, ajoutée à une certaine liberté de ton, modifieraient le rapport entre la gauche radicale et la notion d’individu, dont chacun sait qu’elle est l’un des paradigmes de notre époque. Olivier Besan-cenot serait aujourd’hui capable d’incarner un rapport neuf entre individu et collectif. Omniprésent sur le terrain, « passeur de ce sentiment dominant selon lequel le monde ne tourne pas très rond », le leader de la LCR occupe, sur le front social, un espace largement déserté « par un PS déchiré, un PC inaudible et des Verts confus ». Enfin, Besancenot est incontestablement un enfant de la télé et joue à merveille de ce qui reste aujourd’hui le média de référence. C’est un fait, ce phénomène est porté par une « autre parole ». « Les médias et Besancenot se tiennent par la barbichette : lequel des deux aura une tapette ? », voilà la problématique posée. En 2002, le jeune postier fait d’abord la cam-pagne classique des candidats de témoignage : salles vides, chaises qu’on enlève, premières télés la peur au ventre, sondages atones et fatigue sans nom. C’est la séquence officielle et sa fenêtre médiatique qui vont vraiment lancer la candidature et le phénomène Besancenot. Bien décidé à ne pas s’encombrer de préven-tions idéologiques pour « gérer sa part de marché du débat citoyen », Besancenot est « un bon client » pour des médias « qui encouragent la personnalisation jusqu’à l’user » (Michel Botton), au risque de voir sa légitimité cathodique l’emporter sur sa légitimité poli-tique. Doté d’une image symbolique forte et d’une réelle capacité à faire spectacle, sachant jouer de l’humour et de la dramatisation, il maîtrise surtout « une autre forme de parole », qui inclut de par son style le spectateur dans l’échange et
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l’implique bien au-delà que ne le font les tradi-tionnelles démonstrations des responsables politiques. Modeste, sympathique, n’hésitant pas à afficher ses doutes et son approche individuelle, le jeune leader est à l’aise à la télé, qui le lui rend bien. Jusqu’à l’overdose ? Et surtout dans quel but ? Premier méfait, c’est un phénomène qui fracture la gauche. Olivier Besancenot ne cristallise pas son élec-torat sur sa seule personne mais sur une vision politique. Trois traits dominent chez ses partisans : un doute profond sur la capacité de régulation économique et sociale de nos institutions, un rapport exacerbé aux inégalités sociales et un scepticisme en forme de condamnation tant vis-à-vis de l’Europe que de la mondialisation. Les excès du capitalisme, la crise démocratique et l’épuisement du cycle social-démocrate vien-draient à propos les conforter dans leurs idées noires. Cette utopie révolutionnaire (changer le système), ce doute dans la capacité d’agir via les mécanismes classiques de représentation, cette foi dans l’auto organisation du mouvement social, cette radicalité vis-à-vis des réformes et cette autonomie vis-à-vis des pouvoirs sont depuis longtemps inscrits dans le logiciel de la gauche extrême en France. En adaptant cette base historique à l’air du temps et aux nouvelles formes de protestation, et surtout en l’incarnant, Besancenot aurait construit une nouvelle option politique claire-ment positionnée en alternative à la gauche de gouvernement. Et ainsi réinstallé deux gauches irréconciliables dans le paysage politique français. L’un des termes de cette nouvelle équation sera donc le NPA.
Mal fait, ce phénomène paradoxal sera porteur d’échecs. Désireux de renouveler l’opposition ancienne entre révolution et réforme, Besancenot sait cependant devoir faire écran avec un parti et un passé peu porteurs. S’il veille à ne pas s’enfermer dans des modèles idéologiques trop précis, il mesure aussi que cet équilibre précaire ne peut pas durer éternellement. La mise en avant du Che ne doit rien au hasard : faisant plutôt bon ménage avec l’alter-mondialisme en vogue, installée dans une Amérique latine en proie à une réelle efferves-cence politique, la figure du Che a comme autre avantage de bien « border » deux questions récurrentes : la nature démocratique du socia-lisme en devenir et la violence révolutionnaire. Car son programme n’est pas le point saillant de la démarche politique d’Olivier Besancenot et il arrive à la LCR et à son leader de faire chambre commune et rêve à part. Même porté par lui, ce projet dans l’ensemble « n’en convoque pas moins une utopie politique qui n’a rien d’inédit » (Pingaud). Et si l’on peut avancer comme l’auteur que le simplisme du discours importe peu face « au déficit de crédibilité d’une majorité sans résul-tats et d’une opposition sans programme », et même si l’on sait depuis Audiard « qu’il est cent fois plus facile de morceler le cosmos à l’usage des claustrophobes que de vendre un terrain à Barbizon », la difficulté reste entière. Difficile pour Besancenot d’en appeler à « une autre société » sans rameuter illico quelques figures et mythes révolutionnaires plus très en vogue. Difficile de prétendre fonder « un nouveau » parti anticapitaliste en esca-motant la vieille garde trotskiste qui en sera indéniablement l’ossature militante. La création du NPA repose donc sur quatre hypothèses. D’abord, répondre aux espoirs investis dans Olivier Besancenot. Déjà visibles dans la structure militante de la ligue, les effets de sa médiatisa-tion réussie doivent être mieux traduits au plan purement politique. Reste que cette hyper personnalisation n’est pas sans danger ( quid par
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laquelle atteste que « l’effet Besancenot tourne à plein régime ». En se basant sur ce sondage, Denis Pingaud propose au PS d’organiser une triple confronta-tion : de terrain, puisque le leader du futur NPA exempledelastratégieduNPApourlesdaagintsccoemdmoemlaeirnéev;éldaitdeéuers,ddesainnssluaffmiseasnucreesodùuuPnS prochaines élections européennes ?). anticapitalisme marqué traverse fortement Ensuite, ce parti est bâti sur le renoncement l’électorat de gauche ; stratégique enfin, dans la àfédérerlensembledelagaucheanti-libérale.dmoensnuerreloeùur90vo%ixdeàséOlleicviteerurBseqsuainecnevnisoatgleentvedre-Cela le prive d’une dynamique de rassemble- raient bien intégrer un gouvernement socialiste ment, laisse ouvertes quelques hypothèses en 2012. concurrentielles et risque de donner un poids déterminant à la matrice trotskiste. « On diminue la taille des st tues a en Troisièmehypothèse,uneindépendancesavélaoitigrneamnta,rcqelulée,dnesonhosmanmsesuennesfarpoipdreocihraonntie», totale vis-à-vis du parti socialiste et donc une Alphonse Karr. Conscient des limites du logique isolationniste qui présente deux risques majeurs:thésauriserlessuffragesdunouveaupdhaéntnoàmsèensepBoetseannticeelsn,otDemniasisPisnegnasiubdlencaeppeans-parti et rendre singulièrement obscurs le sens et l’usage exacts des voix qui lui seront apportées. bougé d’un pouce. Et nous offre un portrait CestlerôlemêmeduNPAdansletravaildecdoéntruar.stéquiméritequenousfassionsle transformation sociale et dans le combat poli- to tique contre la droite qui s’en trouvent obscurcis. Comme Cioran, Besancenot pourra peut être dire un jour « avoir approfondi dans les moindres 1. Lagauchveédelagauche (Seuil ; 2000) et La longue marche détails tout ce que je n’aurai jamais fait ». d 2. eLJiomsépoBsosibl ( e S d e é u f i a l i ; t 2 e 0(S0e2)u.il;2002). F Enfin et par conséquent, le choix de dépasser 43.. LCeasrntreottssskeisctreests ( F d a e y l a a r d pr ; é 2 si 0 d 0 e 1 n ). tielle ( ayard ; 2002). la logique classique de représentation et de se focaliser avec succès sur le front social et « les héros du quotidien ». Pour l’heure, la « fenêtre de tir » ouverte par le contexte international, la politique de Sarkozy et l’impuissance du PS suf-fisent à capitaliser des voix. Mais demain ? C’est bien fait pour le PS ? Véritable adresse aux éléphants socialistes qui bien sûr « se trompent énormément » (ça en devient une fonction sociale !), l’ouvrage de Denis Pingaud positionne la démarche d’Olivier Besancenot comme dialectique avec celle d’un PS atone et aphone, empêtré dans d’inter-minables querelles de leadership, incapable d’incarner une opposition au sark ozysme et moins encore une alternative au libéralisme. Denis Pingaud s’emploie à motiver l’intérêt des dirigeants socialistes pour le facteur Besancenot, en s’appuyant sur une très récente étude (septembre 2008) menée par son institut,
numéro 87 - 19 novembre 2008 - page 6 R e g a r d s s u r l e s o c i a l i s m e ou aux affaires de Charleroi » ne peuvent à l’évi-CRITIQUES dence expliquer cette pandémie européenne. La source de ces insuccès se trouve, à en croire les auteurs de cet ouvrage, dans le logiciel socialiste frappé d’obsolescence. Reprenons rapidement l’argumentaire. Le destin collectif des individus et les mécanismes de solidarité ont toujours été A L'ESSAI au centre du projet politique de la gauche. L’Etat social a été la réponse aux attentes du mouve-2. RENOVER LA GAUCHE ment social et au capitalisme de l’époque. Cette EN EUROPE. POUR UNE équation entre liberté individuelle et méca-nismes de solidarité permettait aux citoyens et GAUCHE RÉFORMISTE corps intermédiaires de réaliser « le meilleur ÉENNE emploi » et à la gauche de l’emporter. La mon-EUROP dialisation et le processus de transformation de la société ont modifié la donne. La société « post-industrielle » engendre une double forme de Bruno Liebhaberg déliaison pour reprendre l’exposé convaincant Editions Luc Pire, de Thierry Pech. Plus simplement, cette société anvier 2 favorisant la perte du lien social a généré de j 009, 128 pages, 14 ? nouvelles inégalités (accès au logement, à la PAR DAVID CHEKROUN santé, à l’éducation, au travail) et de nouvelles discriminations ( jeunes et vieux, travailleurs et Et si la meilleure façon de conjurer la défaite chômeurs, hommes et femmes) auxquelles la des partis socialistes européens et d’y remédier gauche n’a pas su faire face et proposer des était de suivre les recommandations de l’ouvrage réponses adéquates. Pour reprendre une for-collectif Rénover la gauche en Europe sous la direc- mule de Jean-Baptiste de Foucauld, « La gauche tion de Bruno Liebhaberg ? Car c’est à n’en pas était armée pour penser l'exploitation, pas l'ex-douter l’une des missions de ce livre qui reprend clusion. Or le chômage ne crée pas de solidarité, et les interventions d’une vingtaine de chercheurs, nous avons agi sur les effets, non sur les causes ». intellectuels, responsables politiques belges et européens lors de trois séminaires organisés à la Les conditions du succès . Doit-on en déduire fin de l’année 2007 par le think tank indépen- que le modèle libéral est la solution aux défis de dant, bien que proche du PS belge, Gauche cette nouvelle société ? Certainement pas pour Réformiste Européenne (www.g-r-e.be). Bruno Liebhaberg qui énonce que « contraire-ment à la droite, qui voit dans la liberté la condi-Avant de réagir brièvement, par le double tion de l’égalité, nous ne croyons pas que la filtre de la crise financière mondiale et de l’élec-liberté conduise naturellement à l’égalité. Etre de tion américaine, aux perspectives et conditions gauche, ce n’est pas se satisfaire de la société telle de la victoire des gauches en Europe, il convient qu’elle est. C’est aspirer à plus de solidarité d’éga-de rappeler brièvement la réalité de ces défaites lité et d’émancipation. La vocation historique de et les causes possibles de cette bérézina élec-la gauche, c’est d’accompagner les plus faibles. torale. Elle est en effet très loin, la fin du C’est de veiller à ce que l’enrichissement plus rapi-XX ème siècle où douze gouvernements sur quinze de d’une partie de la société ne génère pas chez du Conseil européen, soit 80 %, étaient composés ceux qui en profitent légitimement un égoïsme de socialistes ou de sociaux-démocrates. social » . On ne peut que souscrire à cette analyse D’élections en défaites, seuls sept gouverne- dans le contexte de la crise financière planétaire. ments sur les vingt sept de l’Union européenne Il est difficilement acceptable « de socialiser les sont aujourd’hui présidés par des âmes de pertes et de privatiser les bénéfices » . La régula-gauche ou de centre gauche, soit 25 % ! tion est plus que jamais nécessaire comme l’annonce Charles Picqué dans son article La Les raisons de la défaite . « C’est la faute à pas régulation, seule alternative crédible au de chance » ou « c’est la faute à Ségolène Royal néolibéralisme . Par ailleurs, la liberté ne saurait
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apparaît dans l’ouvrage dirigé par cet ancien membre du cabinet de Jacques Delors comme le levier pertinent pour construire ces nouveaux instruments de régulation et de solidarité et « pour agir sur les effets inacceptables de la mon-dialisation » , le lecteur se trouve un peu aban-être l’unique voie d’accession à l’égalité. Aussi donné dans les conditions de leur mise en faut-il inventer de nouvelles formes de solida- œuvre. Pire, il peut se dire que la politique fiscale rité : « des réponses collectives adéquates pour et la politique sociale n’ont pas été initiées par rencontrer les besoins individualisés » issus de la les ouv in du siècle société « post industrielle » .Cestencesensquederngier,eértnaiaennttsdaeuxgaruecshpeoqnusiabàilliatéfs.Mais,ici s’imaginent dans cet ouvrage collectif les pistes comme ailleurs, un « Yes we can » peut, de réflexions et les nouveaux instruments à par- espéro tir des expériences espagnole, allemande, belge, ns-le, changer la vie ! danoise et suédoise. Sur le terrain de l’emploi, c’est l’Allemagne et l’Agenda 2010 du gouverne-ment Schröder qui sont sollicités, à savoir les mesures d’activation du retour à l’emploi, les efforts pour requalifier les travailleurs, les investissements dans les infrastructures pour favoriser l’employabilité. Sur le terrain de l’élar-gissement des libertés et des droits civils, ce sont les réformes du gouvernement socialiste espa-gnol une deuxième fois victorieux qui sont convoquées. Au menu : réformes du mariage, procédures simplifiées de divorce, renforcement des droits des minorités, autorisation des mariages des personnes de même sexe et le plu-ralisme religieux fournissant les instruments d’un dialogue plus serein entre communautés. La Suède est à l’honneur lorsqu’il s’agit de mieux faire participer les femmes au marché du travail. La source pourrait être la réforme du congé parental : « le travailleur est autorisé à rester à son domicile avec ses enfants pendant treize mois tout en percevant 80 % de son salaire ; deux mois sur les treize sont réservés au père pour le respon-sabiliser dans ses tâches » . Les expériences scandi-naves sont enfin étudiées en ce qui concerne les relations de travail ou de « flexicurité » afin de passer « d’un modèle de protection des emplois à un modèle de protection des individus » . Quels regrets peut-on formuler à la lecture cet ouvrage ? Nous formulerons deux critiques à cette très enrichissante étude. En premier lieu, certaines études ne sont que survolées mais pas véritablement analysées : trois petites pages pour les conditions de la « flexicurité » ; idem pour Les agences de régulation ont-elles leur « place à gauche » ; deux pages pour « Régulation : n’oublions pas le Parlement européen » ! En second lieu, si l’échelon de l’Union européenne
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