L OLP à l épreuve de la division - article ; n°3 ; vol.48, pg 615-632
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L'OLP à l'épreuve de la division - article ; n°3 ; vol.48, pg 615-632

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Description

Politique étrangère - Année 1983 - Volume 48 - Numéro 3 - Pages 615-632
Israël et la Syrie, motivés par des objectifs stratégiques contradictoires, ont contribué à affaiblir l'OLP, voire à la neutraliser largement. L'Etat hébreu vise à exclure l'organisation de Yasser Arafat d'un éventuel processus de paix. La république baasiste souhaite l'y intégrer, mais sous sa houlette. La guerre du Liban, en 1982, et la mutinerie au sein du Fath, en mai 1983, suivis des mesures prises par Damas contre les fedayin loyalistes, ont privé l'OLP, du moins provisoirement, de son option militaire. Paralysée également sur le plan diplomatique par le rejet israélien, le veto américain, la passivité soviétique, des connivences arabes qui se conjuguent pour aggraver ses divisions internes, la centrale palestinienne traverse la crise la plus menaçante de son existence. Les atouts appréciables qu'elle détient seront-ils suffisants pour assurer sa survie, et à quelles conditions ?
The split in the PLO, by Eric Rouleau
Although they have been motivated by contradictory strategie objectives, both Israël and Syria have contributed to weakening, if not largely neutralising, the PLO. Israel aims to exclude Yasser Arafat's organisation from any possible peace negotiations, whilst Syria wishes it to be included, but under its mantle. The Lebanese war in 1982, the mutiny within El Fatah in May 1983 and Syrian reprisals against Fedayeen loyalists have combined to deprive the PLO of its military capacity, at least for the time being. It also suffers from paralysis on the diplomatic front due to Israeli rejection, the American veto and Soviet passivity. All this combined with the connivance of some Arabs to aggravate its internal divisions, add up to the most menacing crisis the PLO has yet had to face. Will the not insignificant trump cards it still holds enable it to survive, and at what cost ?
18 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1983
Nombre de lectures 65
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Eric Rouleau
L'OLP à l'épreuve de la division
In: Politique étrangère N°3 - 1983 - 48e année pp. 615-632.
Résumé
Israël et la Syrie, motivés par des objectifs stratégiques contradictoires, ont contribué à affaiblir l'OLP, voire à la neutraliser
largement. L'Etat hébreu vise à exclure l'organisation de Yasser Arafat d'un éventuel processus de paix. La république baasiste
souhaite l'y intégrer, mais sous sa houlette. La guerre du Liban, en 1982, et la mutinerie au sein du Fath, en mai 1983, suivis des
mesures prises par Damas contre les fedayin loyalistes, ont privé l'OLP, du moins provisoirement, de son option militaire.
Paralysée également sur le plan diplomatique par le rejet israélien, le veto américain, la passivité soviétique, des connivences
arabes qui se conjuguent pour aggraver ses divisions internes, la centrale palestinienne traverse la crise la plus menaçante de
son existence. Les atouts appréciables qu'elle détient seront-ils suffisants pour assurer sa survie, et à quelles conditions ?
Abstract
The split in the PLO, by Eric Rouleau
Although they have been motivated by contradictory strategie objectives, both Israël and Syria have contributed to weakening, if
not largely neutralising, the PLO. Israel aims to exclude Yasser Arafat's organisation from any possible peace negotiations, whilst
Syria wishes it to be included, but under its mantle. The Lebanese war in 1982, the mutiny within El Fatah in May 1983 and
Syrian reprisals against Fedayeen loyalists have combined to deprive the PLO of its military capacity, at least for the time being.
It also suffers from paralysis on the diplomatic front due to Israeli rejection, the American veto and Soviet passivity. All this
combined with the connivance of some Arabs to aggravate its internal divisions, add up to the most menacing crisis the PLO has
yet had to face. Will the not insignificant trump cards it still holds enable it to survive, and at what cost ?
Citer ce document / Cite this document :
Rouleau Eric. L'OLP à l'épreuve de la division. In: Politique étrangère N°3 - 1983 - 48e année pp. 615-632.
doi : 10.3406/polit.1983.3332
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/polit_0032-342X_1983_num_48_3_3332POLITIQUE ÉTRANGÈRE / 615
L'OLP A L'EPREUVE Eric ROULEAU*
*
DE LA DIVISION
Le début de la fin de Yasser Arafat ? L'OLP menacée d'écla
tement ? Le crépuscule du mouvement palestinien ? Les ques
tions que la presse internationale a posées aussitôt après le
début du déclenchement de la mutinerie, en mai dernier, dans les
rangs du Fath, bien que légitimes, étaient pour le moins prématurées.
Les analystes qui se sont hâtés d'y répondre n'ont pas toujours
tenu compte suffisamment de la complexité de la conjoncture, du
rôle de tous les protagonistes du drame, sur la scène ou dans les
coulisses, de leurs objectifs affichés, de leurs arrière-pensées et de
leurs faux calculs.
La dissidence au sein du Fath implique directement ou indirectement,
peu ou prou, des Etats arabes, la Syrie et la Libye en tête, Israël,
les Etats-Unis, l'URSS et d'autres puissances étrangères à la région.
La communauté internationale est concernée car de l'issue de la
crise dépendent la solution ou la persistance du problème palestinien,
et, au-delà, la sécurité et la stabilité d'une région cruciale pour
l'Occident.
Les facteurs locaux qui ont mis le feu aux poudres ne sont pas
pour autant négligeables, même s'il est vrai que le différend qui a
déclenché la rébellion parmi les fedayin du Fath dans la vallée liba
naise de la Bekaa, paraît futile : la nomination par Yasser Arafat
à des postes de commandement de deux officiers contestés par
certains de leurs pairs. La mesure était conforme aux attributions du
président de l'OLP en sa capacité de commandant en chef des forces
palestiniennes. Elle était peut-être injuste et arbitraire, mais elle n'était
pas la première de son genre. Amis comme ennemis ont souvent
reproché au chef des fedayin le « pouvoir personnel » qu'il exerce
sans pour autant provoquer des confrontations. Il était implicitement
entendu qu'il serait autrement condamné à la paralysie.
L'OLP, en effet, rassemble huit organisations de fedayin se situant
dans un éventail idéologique et politique allant de la droite islamique
à l'extrême gauche marxiste. Certaines d'entre elles entretiennent
* Journaliste au quotidien Le Monde.
** Cet article est publié simultanément dans le numéro d'octobre 1983 de la revue
Foreign Affairs. 616 I POLITIQUE ÉTRANGÈRE
des liens étroits avec des gouvernements arabes, souvent antagonistes,
et auxquels elles servent d'instruments. Au moins trois facteurs ont
contribué à l'unité, sinon à la cohésion, de la « centrale » des
fedayin : la volonté de fonder un état palestinien, la personnalité
charismatique de Yasser Arafat et les institutions relativement démoc
ratiques qui régissent l'OLP.
Cette dernière est, en effet, dotée d'un parlement, le Conseil national
palestinien, où toutes les tendances sont représentées. Cette assem
blée se livre à des débats animés, parfois orageux, passe au crible
les rapports financiers et politiques qui lui sont présentés, détermine
les options fondamentales du mouvement, élit les organes dirigeants
qui les mettent en œuvre entre deux sessions, et approuve la compos
ition du comité exécutif, qui fait fonction de gouvernement, selon
un dosage satisfaisant aux huit organisations. Au moins un tiers des
membres de cet organisme sont des adversaires déclarés de Yasser
Arafat qui, à la dernière réunion du Conseil national palestinien, ne
se sont pas privés de le prendre violemment à partie.
Le système a le défaut d'être inadapté à une collectivité qui ne dispo
se ni d'un territoire, ni d'un Etat, et qui peut difficilement donner
à son chef tous les moyens de sa politique.
Yasser Arafat, qui est le reflet et la résultante de tendances disparates
ou contradictoires, s'est donc accordé une marge de manœuvre
personnelle lui permettant de survivre dans un environnement, régio
nal et international, hostile ou tiraillé par des forces centrifuges.
Cependant, le système a eu le mérite d'offrir une tribune et des
soupapes de sûreté aux opposants qui, en échange, ont témoigné
une certaine tolérance à l'égard des initiatives personnelles du pré
sident de l'OLP.
La mutinerie de la Bekaa serait, donc, incompréhensible si l'on devait
sous-estimer les changements engendrés par l'invasion israélienne du
Liban en juin 1982. En claironnant que la guerre s'était soldée par
une « victoire majeure » de la résistance palestinienne, Yasser Arafat
avait suscité un malaise, y compris parmi ses partisans. Dans un
sens, il n'avait pas totalement tort. Il avait fallu à l'armée israélienne
six jours, en juin 1967, et trois semaines, en octobre 1973, pour
vaincre des armées arabes, et non des moindres. La guerre du Liban
— la première dans l'histoire qui opposait directement les Israéliens
aux Palestiniens — a duré trois mois malgré le fait que le général Sha
ron avait déversé des forces supérieures, en nombre et en qualité,
à celles qui avaient participé aux deux conflits précédents.
Les défenseurs palestiniens de Beyrouth résistèrent plus de soixante-
dix jours aux violents bombardements de l'artillerie lourde et de
l'aviation israélienne. Leur retrait de la capitale libanaise s'accomplit
sous une forme qui ressemblait fort peu à une capitulation. Leurs PROCHE-ORIENT I 617
fusils-mitrailleurs en bandoulière, les deux doigts levés en signe de
victoire, les fedayin quittèrent la ville au son de salves d'honneur
et des acclamations de la foule. Yasser Arafat s'embarqua sur un
luxueux paquebot, escorté par des navires de guerre, pour se rendre
à Athènes, où le gouvernement lui réserva un accueil digne d'un chef
d'Etat.
Les circonstances aidant, le président de l'OLP avait réussi partie
llement, comme Gamal Abdel Nasser autrefois, à transformer une
défaite militaire en victoire politique. Il est vrai que la brutalité
excessive de l'intervention israélienne l'a puissamment aidé. Les
media, surtout les chaînes de tél

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