L OMC et l éducation : normalisation de l éducation pour en faire une marchandise échangeable internationalement ? - article ; n°1 ; vol.21, pg 109-130
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L'OMC et l'éducation : normalisation de l'éducation pour en faire une marchandise échangeable internationalement ? - article ; n°1 ; vol.21, pg 109-130

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Politiques et management public - Année 2003 - Volume 21 - Numéro 1 - Pages 109-130
Cet article propose d'explorer les implications de l'insertion de l'éducation dans les cadres du commerce international des services, et notamment de rôle pris par l'OMC dans le cadre de l'Accord général sur le commerce des services. Changement technologique, redéfinition de l'intervention de l'Etat, mercatisation de l'offre et construction de règles mondiales tendent à réduire les implications sociales de l'éducation au profit des seules implications individuelles. La construction d'un marché mondial de l'éducation favorise une seule conception en terme de prestation.
Là où s'organisaient des systèmes éducatifs pensés nationaiement et pour la collectivité, tendent à se mettre en place des offres fragmentées et concurrentes que des consommateurs pourront reconstituer selon des parcours individuels (VAE, ECTS...). L'insertion de l'éducation dans l'organisation du commerce international suppose une forme de normalisation en tant que marchandise et gomme, ou nie, ses particularités.
22 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 2003
Nombre de lectures 30
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Thomas Lamarche
L'OMC et l'éducation : normalisation de l'éducation pour en faire
une marchandise échangeable internationalement ?
In: Politiques et management public, %vol. 21 n° 1, 2003. pp. 109-130.
Résumé
Cet article propose d'explorer les implications de l'insertion de l'éducation dans les cadres du commerce international des
services, et notamment de rôle pris par l'OMC dans le cadre de l'Accord général sur le commerce des services. Changement
technologique, redéfinition de l'intervention de l'Etat, mercatisation de l'offre et construction de règles mondiales tendent à réduire
les implications sociales de l'éducation au profit des seules implications individuelles. La construction d'un marché mondial de
l'éducation favorise une seule conception en terme de prestation.
Là où s'organisaient des systèmes éducatifs pensés nationaiement et pour la collectivité, tendent à se mettre en place des offres
fragmentées et concurrentes que des consommateurs pourront reconstituer selon des parcours individuels (VAE, ECTS...).
L'insertion de l'éducation dans l'organisation du commerce international suppose une forme de normalisation en tant que
marchandise et gomme, ou nie, ses particularités.
Citer ce document / Cite this document :
Lamarche Thomas. L'OMC et l'éducation : normalisation de l'éducation pour en faire une marchandise échangeable
internationalement ?. In: Politiques et management public, %vol. 21 n° 1, 2003. pp. 109-130.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/pomap_0758-1726_2003_num_21_1_2783A0°)
L'OMC ET L'ÉDUCATION : NORMALISATION DE L'ÉDUCATION
POUR EN FAIRE UNE MARCHANDISE ÉCHANGEABLE INTERNATIONALEMENT ?
Thomas LAMARCHE1
Résumé Cet article propose d'explorer les implications de l'insertion de l'éducation dans
les cadres du commerce international des services, et notamment de rôle pris
par l'OMC dans le cadre de l'Accord général sur le commerce des services.
Changement technologique, redéfinition de l'intervention de l'Etat,
mercatisation de l'offre et construction de règles mondiales tendent à réduire
les implications sociales de l'éducation au profit des seules implications
individuelles. La construction d'un marché mondial de l'éducation favorise une
seule conception en terme de prestation.
Là où s'organisaient des systèmes éducatifs pensés nationaiement et pour la
collectivité, tendent à se mettre en place des offres fragmentées et
concurrentes que des consommateurs pourront reconstituer selon des
parcours individuels (VAE, ECTS...). L'insertion de l'éducation dans
l'organisation du commerce international suppose une forme de normalisation
en tant que marchandise et gomme, ou nie, ses particularités.
1 Université Lille 3.
Revue POLITIQUES ET MANAGEMENT PUBLIC, Volume 21, n° 1, mars 2003.
© Institut de Management Public - 2003. 1 1 0 Thomas LAMARCHE
Le système éducatif entre dans une logique d'internationalisation, quelques
années après les grands services publics. Ce phénomène remet assez
radicalement en cause son mode d'organisation, particulièrement mais pas
exclusivement dans le supérieur, en le faisant passer d'une logique de
système à une logique de prestation. Nous proposons ici de réfléchir sur les
conditions, formes et enjeux de l'échangeabilité internationale d'un service
public particulier, l'éducation, à travers deux problématiques qui se croisent :
- la caractérisation des services et des services publics : rapport de service,
relation de service, nature collective ou individuelle, interpénétration des
logiques publique et privée...
- la régulation des rapports internationaux : round d'ouverture des services à
l'Organisation Mondiale du Commerce (OMC) qui est négocié dans le cadre
de l'Accord Général sur le des Services (AGCS), stratégie de
globalisation des firmes...
Les processus de déréglementation et d'internationalisation sont assez bien
connus pour différents services, notamment publics ; nous verrons en quoi
l'éducation s'en distingue substantiellement. L'unification du marché des
services en réseau dans la construction européenne constitue ainsi un cas
d'école de la création de l'échangeabilité des services. La construction
réglementaire de l'ouverture des services publics à la concurrence introduit
une dimension produit dans la définition des services publics1. La définition
par le produit ou par la production de service, qui privilégie l'interaction entre le
producteur et le consommateur, est devenue essentielle dans la définition du
service dans le domaine des télécommunications et de la poste. Cela conduit
à une " normalisation de l'activité des services publics en réseau " (Henry,
1997), dans le sens où les nouvelles régulations économiques tentent de faire
entrer les services publics en réseau dans le champ des activités
concurrentielles. Cela revient à gommer leur dimension collective et leur
capacité à produire pour la collectivité (ce que l'on nomme externalité positive).
" normal " de C'est dans le sens faire entrer les services publics dans le champ
l'activité économique qu'il y a une normalisation, et non au sens de la
normalisation comme production de norme (type ISO). Ainsi le service en
réseau n'est plus tant un rapport social faisant intervenir une dimension
publique qu'un rapport de clientèle (Lamarche, 2000b).
Cette minimisation de la dimension publique et collective du service public est
une conséquence du processus déréglementaire ; c'est aussi une condition de
l'échangeabilité.
L'internationalisation des services se heurte à la particularité de relations de
service fondées sur la co-production (de Bandt et Gadrey, 1994). La
localisation de ces relations est une condition de l'échangeabilité des services.
Le passage d'une logique d'exportation de biens à une logique
d'Investissements Directs à l'Etranger (IDE) accompagne la tertiarisation de
l'activité des firmes transnationales : les services se produisent pour l'essentiel
là où ils se consomment, transformant les logiques d'internationalisation du
Le vocabulaire de l'Union Européenne retient la notion de Service d'Intérêt Général. et l'éducation : normalisation de l'éducation pour en faire 111 L'OMC
une marchandise échangeable internationalement ?
capital (Veltz, 1996). Cependant la spatialisation des activités de service,
notamment pour deux secteurs particulièrement visés par les négociations
AGCS (éducation et santé), connaît de nouveaux développements liés à
l'accessibilité à distance et à différentes formes d'automatisation/matérial
isation issues des Technologies de l'Information et de la Communication
(TIC). Les acteurs dominants trouvent dans ces technologies un procédé
d'internationalisation complémentaire à l'investissement direct et à l'expor
tation. Différentes modalités d'offre de services à distance peuvent ainsi
favoriser la mise en concurrence sectorielle ou favoriser l'individualisation de
services collectifs, comme on le retrouve dans la relation de service par média
interposé (téléphone, Internet, bornes interactives). D'où une transformation de
l'usage et de l'organisation de la production de services.
Dans le domaine de l'éducation, et particulièrement de l'enseignement
supérieur, la montée de la logique d'échange international est orientée par
l'AGCS comme par quelques grands acteurs industriels (éditeurs, opérateurs
de télécom, firmes d'informatique...) dans une perspective marchande.
La construction de l'Espace européen d'enseignement supérieur ainsi que les
différents dispositifs visant à favoriser les parcours individuels (Validation des
Acquis de l'Expérience notamment) convergent vers la constitution de la
formation comme une somme de services.
L'échangeabilité suppose que conjointement changent les règles
commerciales internationales (condition de l'accès des nouveaux offreurs aux
" marchés " nationaux) et les formes de la production d'éducation (la
conception de l'enseignement comme une prestation remplace les projets
pédagogiques et le l

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