La date de l'élection des magistrats athéniens et l'oracle de Delphes - article ; n°1 ; vol.142, pg 63-75

Philippe Gauthier

Description

Comptes-rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres - Année 1998 - Volume 142 - Numéro 1 - Pages 63-75
13 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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• Publié le: 01 janvier 1998
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Extrait

Monsieur Philippe Gauthier
La date de l'élection des magistrats athéniens et l'oracle de
Delphes
In: Comptes-rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 142e année, N. 1, 1998. pp. 63-
75.
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Gauthier Philippe. La date de l'élection des magistrats athéniens et l'oracle de Delphes. In: Comptes-rendus des séances de
l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 142e année, N. 1, 1998. pp. 63-75.
doi : 10.3406/crai.1998.15833
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/crai_0065-0536_1998_num_142_1_15833COMMUNICATION
LA DATE DE L'ÉLECTION DES MAGISTRATS ATHÉNIENS
ET L'ORACLE DE DELPHES, PAR M. PHILIPPE GAUTHIER
Dans la démocratie athénienne, au Ve et au IVe siècle av. J.-C, la
plupart des fonctions étaient attribuées par tirage au sort. Chaque
année, à une date que nous ignorons, les Athéniens se réunis
saient par tribu au Théseion, sanctuaire situé quelque part au
nord ou au nord-est de l'Acropole, non loin du prytanée1. Là, sous
la présidence des thesmothètes, se déroulait la procédure du
tirage au sort2.
Cependant, dès l'époque classique, les Athéniens recouraient à
l'élection pour désigner les détenteurs de fonctions importantes :
les stratèges et les autres magistrats militaires, également les re
sponsables des finances, du moins au IVe siècle3. Jusqu'en 1891,
nous ne disposions d'aucune indication sur la date des élections
au Ve et au IV* siècle. A propos des stratèges, les auteurs anciens
traitent seulement de tel ou tel point particulier : ainsi de l'inévi
table brigue ou de l'élection réitérée de Phocion in absentiez4. Selon
Xénophon (Mém. III, 4, 1), Socrate « vit un jour Nikomachidès qui
revenait d'une séance d'élections et l'interrogea : " Eh bien, Niko
machidès, qui a-t-on élu comme stratèges ? " » Suit une discussion
sur les qualités nécessaires aux meneurs d'hommes. Notons que
Socrate, réputé modèle du citoyen, ne participait pas à cette
importante assemblée — ou du moins que Xénophon ne craint
pas d'évoquer une telle absence et n'éprouve pas le besoin de la
justifier.
En 1891, la découverte et la publication de YAthènaiôn Politeia,
attribuée à Aristote, apportèrent du nouveau. Il est précisé, au
chap. XLIV, 4 : « on procède à l'élection des stratèges, des hipparques
1. Sur la localisation approximative du Théseion c£ G. Dontas, dans Hesperia 32, 1983,
p. 60-63, en particulier p. 62, n. 42.
2. Eschine, III, 13 ; cf. M. H. Hansen, The Athenian Democracy in the Age ofDemosthenes,
1991, p. 230-233.
3. [Aristotei, Ath. Pol. XLIII, 1 ; cf. P. J. Rhodes, A Corwnentary on the Aristotelian Ath.
Pol., 1981, adîoc. ; M. H. Hansen, op. cit. (n. 2), p. 233 sq.
4. La brigue : Dém., XIII, 19 ; les stratégies de Phocion : Plutarque, Phocion VIII, 2 ; c£,
XIX, 4 et XXIII, 1. Voir H. J. Gehrke, Phokion, 1976, p. 5-27. 64 COMPTES RENDUS DE L'ACADÉMIE DES INSCRIPTIONS
et des autres magistrats militaires dans l'assemblée, suivant ce que
le peuple décide. Font procéder (à ces élections) les prytanes qui
sont en fonction après la 6e prytanie et sous le mandat desquels se
produit un signe favorable (eôaïjjjia). Il faut que, là-dessus égale
ment, il y ait une délibération préalable du Conseil. »5
Cette information vaut pour l'époque où fut composée YAthè-
naiôn Politeia, c'est-à-dire le IVe siècle et, plus précisément,
pour les années 330 av. J.-C. A cette époque, la date de l'assemblée
où étaient élus les magistrats militaires, et ceux-là seulement à ce
qu'il semble, n'était donc pas fixée une fois pour toutes. Ce pouv
ait être au cours de l'une ou l'autre des quatre dernières pryta-
nies, autrement dit au cours de la période qui s'écoule de mars à
juin environ6. La nature du « signe favorable » indispensable nous
reste inconnue. Aucun texte du IVe siècle — ou relatif au IVe siècle
— fait la moindre allusion. Le terme lui-même est rare et ne n'y
peut guère être commenté7. C'était sûrement plus que l'observa
tion d'un « ciel serein » — exigence qui valait en principe pour
toute assemblée. Mais c'était moins que l'apparition de « l'éclair
sur l'Harma », apparition que guettaient les Pythaïstes et qui se
produisait très rarement —, car il fallait bien que les élections
aient lieu chaque année.
Les inscriptions du IVe siècle ne nous apprennent rien, jusqu'à
présent, sur ce sujet. Mais la démocratie athénienne survit, avec
des interruptions et des changements, jusqu'à la fin du IIe siècle au
moins. Il est donc légitime d'invoquer le témoignage des inscrip
tions hellénistiques. Or Benjamin Meritt, en 1970, attira l'atten
tion sur trois décrets honorifiques, plus ou moins mutilés, qu'il
datait tous les trois de l'archonte Symmachos, c'est-à-dire de
188/78 et du même jour de l'année, le 29 Mounichion (fin avril).
Il présentait les trois textes ainsi9:
5. IIoioOcti de xal àpxaipeafoç crrpaTrjYÛv xal innapxuv X(*l tôv aXXwv tûv irpoç xbv
xaG* 8 ti âv t<JJ ÔVjjjuj) ôoxfji- noioOoi ô'oî aéra zt)v C nôAsuov àpx<3v èv -qi èxxArjaÉa,
è<j>' Sv âv eÛOTftiCa févirrai. Aei ôè npoPoùXeujia ytviaQai xal nepl toùtwv. rtpuTavetiovreç
6. Certains commentateurs avaient cru pouvoir tirer de ce passage de VAth. Pol. que les
élections avaient lieu régulièrement lors de la 7e prytanie. Dans une étude que j'utilise plus
loin, B. D. Meritt, « The Election of Athenian Gênerais », Klio 52, 1970, p. 277-282, ajuste
ment souligné que le texte n'autorisait pas une telle conclusion.
7. Voir P. J. Rhodes, op. cit. (n. 3), adloc. Outre notre texte, les dictionnaires renvoient à
Hippocrate, Epid.VL, 2, 17 (eùorjuia sous la forme eûotjiiefo), et surtout £fcn)uoç dont il y a
plusieurs exemples, se rapportent aux symptômes).
8. La date de cet archontat paraît solidement établie ; voir notamment Ch. Habicht, dans
Athen. Mitt. 76, 1961, p. 129 sq. et n. 6, publiant deux nouveaux décrets.
9. B. D. Meritt, art. cit. (n. 6), p. 279 sq. Seul importait, pour la démonstration de l'auteur,
l'intitulé de ces trois décrets. Il en va de même pour la présente discussion. Je rappelle
brièvement l'objet de ces trois décrets très mutilés. Le n° 892 honore un étranger, Sô—,
dont l'ethnique a disparu, qui était nommé « proxène et évergète du peuple » (la formule est L'ÉLECTION DES MAGISTRATS À ATHÈNES 65
IG II2 892
a. 188/7 NON-ETOK. ca. 30 - 32
[è]nl Ei){4idxou apxov[xoç ènl xfjç Aewvrf|-
ôoç ÔExomrçç 7rpuTa[ve(aç fit 'ApxixXîjç]
©eoôwpou 0opbaoç èyp[a{ifiàTex)ev Mou]-
vixiô[vo]ç ôeuxépai ^iex' [etxàôaç, èvdxei]
xal EÎ[x](KTxel ttîç npuxave[(aç' txxkqoia]
àpxaipea^ai xôv npoéôpwv xaxa ène(j^<J)iCEV xfjv jiavx[e(av [ xoO ca. 0eoO-] 9 'H]-
'Epxieùç xal <n)[p.np6eôpoi#]
XTÀ.
IG II2 954a
a. 188/7 NON-ZTOK. ca. 39 - 43
[ènl Zujipxix01' âpxovxoç* Mouvixiôvojç ÔEUxépai ^iex' e[t]-
[xdôaç èvàxEi xal eîxooxeï- |3ouX?) aujvxXrjxoç axpaxr)-
[yôv napaYYEi^dvxwv xal ànb |5o\)X]t)ç èxxX.T}aia ap-
GeoO- w Tifiôva[C] [XaipEatat xaxa xfjv jiavxEÉav xoO]
[ EÎnev] intiài) Uaws(\i[a]-
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lacuna
IGIP955
a. 188/7 NON-ETOK. ca. 56 - 58
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[xXîîç GEoôwpou 0op(xioç èypaJinJuixEueV Mouvfixiwvoç ÔEUxépai jiex' elxd]-
npuxavEiaç* èxx[XT)o(a àpxaipea(ai xaxà] [ôaç èvàxEi xal eîxooxeî tt>ç]
[x^jv ^wxvxe^av xoO 0eoO- xôv] npoéôpwv ènE4ni<j)[iCEv ca. 9 'HcjhxiotQ-
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