LA MOBILITÉ DANS LA CORNE DE LAFRIQUE : ENTRE URGENCE HUMANITAIRE ET CONTRAINTE SÉCURITAIRE
* Hélène THIOLLET
Comment fonctionne la mobilité dans une zone de crises et de guerres presque permanentes depuis les années 1960 ? La Somalie, lÉthiopie, lÉrythrée, le Soudan et Djibouti sont à la fois des pays daccueil et de départ de demandeurs dasile et de migrants. La complexité des itiné-raires migratoires et des conditions politiques de lasile est extrême. En détaillant les stratégies et les perceptions des acteurs de la migration et de lasile, on constate que le droit à la mobilité se négocie entre urgen-ce humanitaire et contraintes sécuritaires. Migrants et réfugiés aspirent à la libre circulation comme ressource contre la violence ou lextrême pau-vreté et sont poussés à lexil avec ou sans la protection du droit inter-national humanitaire. Les États de la région et ceux qui interviennent dans la zone (les États-Unis essentiellement) veulent contrôler la mobi-lité, maintenir les régimes sociaux et politiques en place, sécuriser la mer Rouge et les territoires doù partent, où arrivent et par où transitent les migrants et les réfugiés. Les organisations intergouvernementales ( OIG ) et les ONG humanitaires négocient entre ces deux logiques la gestion de la mobilité dans le respect des normes internationales et de la sécurité humaine. Migrations et sécurité On entend par sécurité lensemble de représentations et de stra-tégies quun acteur individuel ou collectif tend à élaborer pour réduire les menaces auxquelles il se juge confronté 1 . Processus discursif autant que dispositif matériel, la sécurité est laspiration commune de tous les * Post-doctoranteen relations internationales, Institut détudes politiques (IEP), Paris. 1.Cf.HERMET,Guy;BADIE,Bertrand;BIRNBAUM,Pierre;BRAUD,Philippe,Dictionnairedessciencespolitiquesetdesinstitutionspolitiques,Paris:Éd.ArmandColin,2006(6 e édition).Migrations Société