La politique budgétaire britannique - article ; n°2 ; vol.73, pg 3-19

Jean-Jacques Santini

Description

Économie & prévision - Année 1986 - Volume 73 - Numéro 2 - Pages 3-19
La politique budgétaire britannique, par Jean-Jacques Santini.

Largement inspirée par la théorie keynésienne, la politique économique britannique a, depuis la seconde guerre mondiale, essentiellement reposé sur l'utilisation des finances publiques comme instrument de régulation conjoncturelle.
Depuis le début des années 70, nombre d'observateurs ont critiqué cette conception ainsi que le développement quasi-ininterrompu de la place du secteur public dans l'économie depuis 1945, source à leurs yeux d'une grande partie des problèmes de l'économie britannique.
L'arrivée au pouvoir en mai 1979 du parti conservateur a marqué le triomphe de ce courant de pensée : l'assainissement des finances publiques et la réduction du rôle de l'Etat dans l'économie vont désormais devenir les axes majeurs de la politique économique britannique. L'étude présentée ici tente d'analyser les grands traits de cette stratégie dans le contexte institutionnel spécifique du Royaume-Uni, d'une part, et de la dynamique des grandes masses budgétaires depuis une vingtaine d'années, d'autre part.
Malgré les réformes importantes mises en œuvre qui affectent une grande partie des institutions britanniques (dénationalisations, autonomie des collectivités locales,...) ainsi que le rôle et le contenu de la politique budgétaire, la progression des prélèvements obligatoires et des dépenses n'a pour l'instant pu être qu'infléchie. Toutefois, il est encore trop tôt pour apprécier la totalité de l'impact des réformes intervenues sur les finances publiques. Le poids de l'Etat dans l'économie semble en effet destine à se réduire au cours des années à venir sous l'effet de divers facteurs (dénationalisations importantes, réduction des interventions économiques...), affectant ainsi la dynamique budgétaire.
Fiscal Policy in United Kigdom,
by Jean-Jacques Santini.

Since the second World War British economic policy, largely based on Keynesian theory, has relied essentially on fiscal policy to regulate the economy.
Since the beginning of the 1970s many observers have cast a critical eye on this approach and on the almost uninterrupted increase of the weight of public sector in the economy, which presumably explains most of british economic problems.
The coming to office of the Conservative party in May 1979 strenghened the pervasive influence of this school of thought. Reducing public deficits and the role of the State in the economy have since become the top priorities in British economic policy.
The aims of the present study are to analyse the broad outlines of this strategy, taking due account of the specific institutional context of the United Kingdom and to caractenze the dynamics of the major budget outlays for almost twenty years.
Despite major reforms affecting a large number of British institutions (privatisation, local council autonomy...), the role and content of fiscal policy and the increase in taxation and expenditure have only been slightly curbed. However, the full impact of these reforms cannot be assessed yet. The share of the public sector in the economy should decline in the coming years under the infuence of various factors such as large-scale privatisation or reduced government intervention, with the resulting repercussions on budgetary dynamics.
17 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

• Publié par: ECONOMIE_-_PREVISION
• Publié le: 01 janvier 1986
• Nombre de lectures: 22
• Langue: Français
• Poids de l'ouvrage: 2 Mo

Extrait

Jean-Jacques Santini
La politique budgétaire britannique
In: Économie & prévision. Numéro 73, 1986-2. pp. 3-19.
Citer ce document / Cite this document :
Santini Jean-Jacques. La politique budgétaire britannique. In: Économie & prévision. Numéro 73, 1986-2. pp. 3-19.
doi : 10.3406/ecop.1986.4919
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/ecop_0249-4744_1986_num_73_2_4919Résumé
La politique budgétaire britannique, par Jean-Jacques Santini.
Largement inspirée par la théorie keynésienne, la politique économique britannique a, depuis la
seconde guerre mondiale, essentiellement reposé sur l'utilisation des finances publiques comme
instrument de régulation conjoncturelle.
Depuis le début des années 70, nombre d'observateurs ont critiqué cette conception ainsi que le
développement quasi-ininterrompu de la place du secteur public dans l'économie depuis 1945, source à
leurs yeux d'une grande partie des problèmes de l'économie britannique.
L'arrivée au pouvoir en mai 1979 du parti conservateur a marqué le triomphe de ce courant de pensée :
l'assainissement des finances publiques et la réduction du rôle de l'Etat dans l'économie vont désormais
devenir les axes majeurs de la politique économique britannique. L'étude présentée ici tente d'analyser
les grands traits de cette stratégie dans le contexte institutionnel spécifique du Royaume-Uni, d'une
part, et de la dynamique des grandes masses budgétaires depuis une vingtaine d'années, d'autre part.
Malgré les réformes importantes mises en œuvre qui affectent une grande partie des institutions
britanniques (dénationalisations, autonomie des collectivités locales,...) ainsi que le rôle et le contenu
de la politique budgétaire, la progression des prélèvements obligatoires et des dépenses n'a pour
l'instant pu être qu'infléchie. Toutefois, il est encore trop tôt pour apprécier la totalité de l'impact des
réformes intervenues sur les finances publiques. Le poids de l'Etat dans l'économie semble en effet
destine à se réduire au cours des années à venir sous l'effet de divers facteurs (dénationalisations
importantes, réduction des interventions économiques...), affectant ainsi la dynamique budgétaire.
Abstract
Fiscal Policy in United Kigdom,
by Jean-Jacques Santini.
Since the second World War British economic policy, largely based on Keynesian theory, has relied
essentially on fiscal policy to regulate the economy.
Since the beginning of the 1970s many observers have cast a critical eye on this approach and on the
almost uninterrupted increase of the weight of public sector in the economy, which presumably explains
most of british economic problems.
The coming to office of the Conservative party in May 1979 strenghened the pervasive influence of this
school of thought. Reducing public deficits and the role of the State in the economy have since become
the top priorities in British economic policy.
The aims of the present study are to analyse the broad outlines of this strategy, taking due account of
the specific institutional context of the United Kingdom and to caractenze the dynamics of the major
budget outlays for almost twenty years.
Despite major reforms affecting a large number of British institutions (privatisation, local council
autonomy...), the role and content of fiscal policy and the increase in taxation and expenditure have only
been slightly curbed. However, the full impact of these reforms cannot be assessed yet. The share of
the public sector in the economy should decline in the coming years under the infuence of various
factors such as large-scale privatisation or reduced government intervention, with the resulting
repercussions on budgetary dynamics.La politique budgétaire
britannique
administrateur Jean-Jacques au de la bureau Direction des Santini civil économies de la prévision européennes
Le « Libéralisme » au sens le plus général du mot prend une importance grandissante
tout au moins dans les pays industrialisés. Le Président Reagan et Mme Thatcher en ont
été sans doute les plus anciens tenants, parmi les hommes d'Etat, et les plus combatifs.
Cependant, l'Allemagne fédérale et même la Suède se sont plus ou moins ralliées à
des titres divers à ce courant.
Il est certain gue la social-démocratie affichée ou rampante qui avait occupé la scène
depuis la fin de la guerre a montré à beaucoup — qu'ils soient économistes, hommes
politiques ou simples citoyens — certaines de ses limites. L'idée devait venir qu'à trop
protéger l'individu on le rendait inerte et que les entreprises perdaient la maîtrise de
leur gestion. De plus, le poids de l'Etat ne va pas sans bureaucratie, souvent pesante et
mal adaptée, et l'on pouvait dire que l'argent était dilapidé sans assez de bénéfices
pour la population.
Mais il y a autant de libéralismes que de pays. D'abord parce que les doctrines ne sont
pas les mêmes et que les politiques qui en découlent sont différentes ou tout au moins
ne mettent pas l'accent sur les mêmes buts et les mêmes instruments. Ensuite, parce
que les situations des diverses économies ne sont pas partout identiques. Enfin,
que le poids de l'histoire et la composition et les dispositions d'esprit du corps social
affectent grandement les possibilités d'action.
C'est pourquoi il est intéressant que les études se fassent pays par pays. La Grande-
Bretagne qui est sous revue dans le présent article est un cas majeur de libéralisme et
la relative ancienneté de son expérience permet d'aboutir, non à des conclusions bien
hasardeuses, mais à un examen des espoirs réalisés ou déçus, des réussites et des
difficultés.
La Rédaction Le contexte institutionnel britannique 5 Sommaire
Les caractéristiques du secteur public 5
L'administration centrale britannique 5
Les collectivités locales britanniques 5
Les entreprises publiques 6
Les nonnes budgétaires 6
Les finances publiques britanniques sur longue période
(1964-1985) 8
La dynamique des dépenses 8
La croissance des prélèvements 9
Les fluctuations des déficits et de la dette 10
Les grands axes de la stratégie budgétaire depuis 1979 .... 1 1
Le désengagement de l'Etat dans l'économie 1 1
Les travaux de Bacon et Eltis 1 1
La réduction des dépenses 12
Les dénationalisations 12
La dépendance et la complémentarité de la politique
budgétaire par rapport à la politique monétaire 13
Conclusion 15
Annexe 1 : les attributions des collectivités locales
britanniques 16
Annexe 2 : définition du Psbr 17 3 : la masse monétaire et ses contreparties 19
Bibliographie 19
L'évolution des finances publiques a toujours été au désormais devenir un des axes majeurs de la poli
cœur des interrogations relatives à l'économie br tique économique britannique, en rupture avec la
itannique. Terre d'origine du keynésianisme — en part politique budgétaire traditionnellement menée par
ie, disait Keynes, à cause de l'importance pratique et les gouvernements depuis la seconde guerre mond
théorique qu'avait prise l'école néo-classique —, la iale. Le Royaume-Uni va ainsi, dans une large mesure,
Grande-Bretagne a longtemps attendu la solution de retrouver un rôle de précurseur puisque les politiques
ses maux d'une politique budgétaire de régulation économiques des principaux pays occidentaux vont
de la demande. A l'inverse, pour nombre d'observat elles aussi peu à peu, se diriger dans le même sens au
eurs (1), en particulier depuis les années 70, la source cours de la première moitié de la décennie 1980.
de ses problèmes résidait dans la part trop impor
tante occupée par le secteur public dans l'économie.
Pour comprendre ces nouvelles orientations, il est
L'arrivée au pouvoir en mai 1979 du parti conservat important de les restituer dans le contexte institution
eur a marqué le triomphe de cette dernière concept nel britannique ainsi que dans une perspective de
ion : l'assainissement des finances publiques et la moyen-long terme avant de tenter d'en dégager les
réduction du rôle de l'Etat dans l'économie vont principales caractéristiques. contexte institutionnel britannique Le
Cette dépendance a été encore accrue au cours des Les caractéristiques
dernières années par les mesures adoptées par le du secteur public gouvernement conservateur visant, en conformité
avec sa strat&