La politique cinématographique de Jack Lang. De la réhabilitation des industries culturelles à la proclamation de l exception culturelle - article ; n°61 ; vol.16, pg 123-149
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La politique cinématographique de Jack Lang. De la réhabilitation des industries culturelles à la proclamation de l'exception culturelle - article ; n°61 ; vol.16, pg 123-149

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Politix - Année 2003 - Volume 16 - Numéro 61 - Pages 123-149
Jack Lang's Cinema Policy. From Rehabilitation of Cultural Industries to Proclamation of Cultural Exception
Jean-Francois Polo
This contribution aims at explaining how the French cinematographic policy, and particularly the standard of action which directed it, have changed since 1981. It highlights the role played by the French Minister for the Culture Jack Lang in this changing. By operating a rupture with the policy followed by its predecessors and by building a new sectoral standard more in adequacy with the market, Jack Lang has renewed the French cultural action. As an interventionist policy, the new French cinematographic policy has met the hostility of the EEC and GATT. The defense of this policy led to the building a new international standard, the cultural exception, which authorizes the French system of national assistance to the cinema.
La politique cinématographique de Jack Lang. De la réhabilitation des industries culturelles à la proclamation de l'exception culturelle
Jean-François Polo
Ces dernières années, le cinéma français a connu un véritable succès grâce à une politique qui a su s'adapter aux évolutions du marché cinématographique. Cette contribution vise à éclairer comment s'est transformée la politique cinématographique française, et particulièrement la norme d'action qui l'orientait, en se focalisant sur le rôle joué par J. Lang à partir de 1981. En opérant une rupture avec la politique menée par ses prédécesseurs et en construisant une nouvelle norme sectorielle plus en adéquation avec le marché, il participe au renouvellement de l'action culturelle française. La politique cinématographique rencontre alors l'hostilité de la CEE et du GATT, car elle reste de nature interventionniste. La défense de cette politique au niveau international conduit à construire une nouvelle norme, « l'exception culturelle », qui autorise la pérennisation du système d'aide.
27 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 2003
Nombre de lectures 26
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Jean-François Polo
La politique cinématographique de Jack Lang. De la
réhabilitation des industries culturelles à la proclamation de
l'exception culturelle
In: Politix. Vol. 16, N°61. Premier trimestre 2003. pp. 123-149.
Abstract
Jack Lang's Cinema Policy. From Rehabilitation of Cultural Industries to Proclamation of Cultural Exception
Jean-Francois Polo
This contribution aims at explaining how the French cinematographic policy, and particularly the standard of action which directed
it, have changed since 1981. It highlights the role played by the French Minister for the Culture Jack Lang in this changing. By
operating a rupture with the policy followed by its predecessors and by building a new sectoral standard more in adequacy with
the market, Jack Lang has renewed the French cultural action. As an interventionist policy, the new French cinematographic
policy has met the hostility of the EEC and GATT. The defense of this policy led to the building a new international standard, "the
cultural exception", which authorizes the French system of national assistance to the cinema.
Résumé
La politique cinématographique de Jack Lang. De la réhabilitation des industries culturelles à la proclamation de l'exception
culturelle
Jean-François Polo
Ces dernières années, le cinéma français a connu un véritable succès grâce à une politique qui a su s'adapter aux évolutions du
marché cinématographique. Cette contribution vise à éclairer comment s'est transformée la politique cinématographique
française, et particulièrement la norme d'action qui l'orientait, en se focalisant sur le rôle joué par J. Lang à partir de 1981. En
opérant une rupture avec la politique menée par ses prédécesseurs et en construisant une nouvelle norme sectorielle plus en
adéquation avec le marché, il participe au renouvellement de l'action culturelle française. La politique
rencontre alors l'hostilité de la CEE et du GATT, car elle reste de nature interventionniste. La défense de cette politique au
niveau international conduit à construire une nouvelle norme, « l'exception culturelle », qui autorise la pérennisation du système
d'aide.
Citer ce document / Cite this document :
Polo Jean-François. La politique cinématographique de Jack Lang. De la réhabilitation des industries culturelles à la
proclamation de l'exception culturelle. In: Politix. Vol. 16, N°61. Premier trimestre 2003. pp. 123-149.
doi : 10.3406/polix.2003.1259
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/polix_0295-2319_2003_num_16_61_1259La politique cinématographique
de Jack Lang
De la réhabilitation des industries culturelles
à la proclamation de l'exception culturelle
Jean-François POLO
Selon de nombreux commentateurs, l'audience remportée par le
cinéma français contemporain, tant à l'étranger qu'au niveau
national1, témoignerait - même si ce constat peut être relativisé2 - de
l'efficacité d'une politique d'aide publique qui a su s'adapter, dès la fin des
années 1970, à l'évolution constante de ce secteur et aux attentes du public.
Dans un contexte de mutation technologique (multiplication des chaînes de
télévision grâce au câble et au satellite), d'internationalisation (concurrence
des productions américaines, stratégie mondiale des groupes de
communication) et de libéralisation (pression pour une déréglementation
des systèmes audiovisuels nationaux, fin du monopole public de la
radiodiffusion), les signes d'un essoufflement de la politique menée étaient
alors visibles et témoignaient de la fragilité du secteur. C'est ce qui justifia, à
la faveur de l'alternance de 1981, un changement majeur de la politique
cinématographique française mise en place à la fin de la seconde guerre
mondiale, sur la base d'une relation étroite entre les professionnels du
1. Cf. « Films français à l'étranger : l'état de grâce », Le film français, 6 septembre 2002.
2. Cf. Assemblée nationale, Rapport Rogernont sur le cinéma, 20 février 2002 ; « S'armer face à la
mondialisation », entretien avec D. Kessler, directeur dû Centre national de la cinématographie
(CNC), Le film français, 26 avril 2002.
Politix. Volume 16 - n° 61/2003, pages 123 à 149 124 Politixn°61
secteur et les agents politico-administratifs3. Cet article vise à éclairer ce
changement, et notamment le changement de la norme d'action orientant les
décisions des pouvoirs publics, opéré sous l'impulsion du nouveau ministre
socialiste de la Culture, Jack Lang.
L'analyse de la contribution d'une personne à une politique publique pose la
question délicate de la place de l'individu dans les processus sociaux. Il peut
paraître aléatoire et périlleux de vouloir dégager de l'observation de son
action la logique intellectuelle qui a conduit J. Lang à valoriser le
développement des industries culturelles, alors que sa réflexion a
manifestement évolué au fur et à mesure de ses activités et de ses contacts.
De plus, la reconstruction a posteriori d'un parcours conduit parfois à trouver
une rationalité là où l'individu n'avait, au mieux, qu'une intuition, et où le
hasard aussi a pu jouer son rôle. Au-delà des pamphlets ou des
panégyriques4, un certain nombre de documents éclairent, cependant, le rôle
pris par Jack Lang dans le changement de la politique cinématographique
française.
Le projet d'une politique cinématographique centrée sur le soutien et la
promotion de l'économie du cinéma, invoqué depuis la fin des années 1970,
et revendiqué par des groupes de plus en plus nombreux (professionnels,
universitaires, etc.) va être réinvesti par le ministère Lang jusqu'à fonder
(dans une tout autre configuration) une ligne qui est souvent comprise
comme son exact contraire : celle de l'exception culturelle.
De la dénonciation de l'impérialisme à la défense des industries
culturelles : le renouvellement de l'action culturelle française
Depuis sa création par Malraux, le ministère de la Culture a essentiellement
poursuivi une mission de démocratisation de l'accès à la culture5;
cependant, les institutions culturelles publiques chargées de la mettre en
œuvre ne semblent pas avoir obtenu tout le succès attendu, alors que, dans
le même temps, le secteur privé des industries culturelles s'est parfois vu
3. Cf. Polo (J.-F.), « L'européanisation de la représentation des intérêts : la stratégie des lobbies
français du cinéma », Communication à l'atelier « Les groupes d'intérêts en France », Congrès
de l'Association française de science politique, Lille, 16-21 septembre 2002.
4. Pour les consécrations, cf. entre autres, Colin (J.-P.), L'acteur et le roi. Portrait en pied de Jack
Lang, Genève, Georg Editeur, 1994 ; Desneux (R.), jack Lang. La culture en mouvement, Paris,
Favre, 1990. Parmi les écrits polémiques, cf. notamment Fumaroli (M.), L'Etat culturel. Essai sur
une religion moderne, Paris, Edition de Fallois, 1991 ; Schneider (M.), La comédie de la culture, Paris,
Le Seuü, 1993 ; Caune (].), La culture en action. De Vilar à Lang : le sens perdu, Grenoble, PUG,
1992. Pour une lecture critique et heuristique de ces deux derniers ouvrages, cf. Dubois (V.),
« Politiques culturelles et polémiques médiatiques », Politix, 24, 1993.
5. Cf. Dubois (V.), La politique culturelle. Genèse d'une catégorie d'intervention publique, Paris, Belin,
1999 ; Urfalino (P.), L'invention de la politique culturelle, Paris, La Documentation française, 1996. La politique cinématographique de Jack Lang 125
reconnaître un certain avantage en la matière6. Pourtant, toute remise en
cause de la norme d'action publique en matière de culture est longtemps
restée inacceptable pour les milieux culturels et on voudrait essayer de
comprendre comment le ministère Lang, est parvenu à réconcilier culture et
économie.
La problématique de la démocratisation de la culture n'a pas été une priorité
de l'action de J. Lang ; c'est davantage par le biais de la question du potentiel
économique des industries culturelles et de l'élargissement de l'intervention
publique à des domaines encore peu considérés (la bande dessinée, le rock,
le rap, les « arts de la rue » comme la dance street, le tag, etc.) qu'il po

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