La République et le coup d État. Les crises de la IIIe République et la hantise du 18 Brumaire - article ; n°39 ; vol.10, pg 131-154
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La République et le coup d'État. Les crises de la IIIe République et la hantise du 18 Brumaire - article ; n°39 ; vol.10, pg 131-154

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Description

Politix - Année 1997 - Volume 10 - Numéro 39 - Pages 131-154
«The Republic and the coup d'État. The crisis of the Third Republic and the haunting memory of the 18th Brumaire».
Pierre Serna [131-154].
How to write the 18th and 19th of Brumaire from an historical point of view. How to place the coup d'Etat, between the death of Robespierre and the rise of Bonaparte, in the framework of the political crisis of the Directoire, too oftenly described in a teological manner ? A. Aulard, the first specialist of the history of the French revolution to teach in Sorbonne, answered to these two questions in different ways between 1885 and 1920. In a first period (1885-1914), the coup d'Etat is perceived in its «republican» dimension. But the upheaval of the First World War, the Bolchevic revolution and the rise of fascism in Italy have transformed deeply his perception of the 19th of Brumaire.
«La République et le coup d'État. Les crises de la IIIe République et la hantise du 18 Brumaire».
Pierre Serna [131-154].
Comment écrire l'histoire des 18 et 19 Brumaire ? Comment inscrire l'histoire du coup d'État, dans la crise politique du Directoire trop souvent interprétée de façon téléologique, entre la fin de Robespierre et l'avènement de Bonaparte ? A. Aulard, premier professeur d'histoire de la Révolution française en Sorbonne va, entre 1885 et 1920, apporter plusieurs réponses, parfois étonnantes, selon qu'il écrit dans des revues, livres ou journaux... Dans une première période (1885-1914), le coup d'État est perçu dans sa dimension «républicaine». Mais le bouleversement de la première guerre mondiale, la révolution bolchevique et la montée du fascisme en Italie, transforment radicalement sa façon de percevoir le 19 Brumaire, dont le caractère césarien et violent s'impose et change même sa manière d'écrire l'histoire de la fin du XVIIIe siècle, confrontée à la crise des années 20.
24 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1997
Nombre de lectures 30
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Pierre Serna
La République et le coup d'État. Les crises de la IIIe République
et la hantise du 18 Brumaire
In: Politix. Vol. 10, N°39. Troisième trimestre 1997. pp. 131-154.
Abstract
«The Republic and the coup d'État. The crisis of the Third Republic and the haunting memory of the 18th Brumaire».
Pierre Serna [131-154].
How to write the 18th and 19th of Brumaire from an historical point of view. How to place the coup d'Etat, between the death of
Robespierre and the rise of Bonaparte, in the framework of the political crisis of the Directoire, too oftenly described in a
teological manner ? A. Aulard, the first specialist of the history of the French revolution to teach in Sorbonne, answered to these
two questions in different ways between 1885 and 1920. In a first period (1885-1914), the coup d'Etat is perceived in its
«republican» dimension. But the upheaval of the First World War, the Bolchevic revolution and the rise of fascism in Italy have
transformed deeply his perception of the 19th of Brumaire.
Résumé
«La République et le coup d'État. Les crises de la IIIe République et la hantise du 18 Brumaire».
Pierre Serna [131-154].
Comment écrire l'histoire des 18 et 19 Brumaire ? Comment inscrire l'histoire du coup d'État, dans la crise politique du Directoire
trop souvent interprétée de façon téléologique, entre la fin de Robespierre et l'avènement de Bonaparte ? A. Aulard, premier
professeur d'histoire de la Révolution française en Sorbonne va, entre 1885 et 1920, apporter plusieurs réponses, parfois
étonnantes, selon qu'il écrit dans des revues, livres ou journaux... Dans une première période (1885-1914), le coup d'État est
perçu dans sa dimension «républicaine». Mais le bouleversement de la première guerre mondiale, la révolution bolchevique et la
montée du fascisme en Italie, transforment radicalement sa façon de percevoir le 19 Brumaire, dont le caractère césarien et
violent s'impose et change même sa manière d'écrire l'histoire de la fin du XVIIIe siècle, confrontée à la crise des années 20.
Citer ce document / Cite this document :
Serna Pierre. La République et le coup d'État. Les crises de la IIIe République et la hantise du 18 Brumaire. In: Politix. Vol. 10,
N°39. Troisième trimestre 1997. pp. 131-154.
doi : 10.3406/polix.1997.1688
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/polix_0295-2319_1997_num_10_39_1688La République et le coup d'État
Les crises de la Ille République
et la hantise du 18 Brumaire
Pierre Serna
Université de Reims
LE DIRECTOIRE est devenu, dans une historiographie de la
Révolution française où les clichés ne manquent pas, le régime
repoussoir par excellence, concentrant tous les défauts, les vices,
et voué finalement aux gémonies de l'histoire pour s'être abandonné si
pitoyablement dans les bras de Bonaparte le 19 brumaire1. La période
s'impose comme une référence presqu'obligée de tous les régimes qui,
au XIXe ou au XXe siècle, ont connu une crise de type parlementaire
remettant en cause le lien constitutionnel entre les gouvernants et les
gouvernés, tous menacés par l'ombre du militaire. Benjamin Constant,
un des observateurs les plus lucides des journées de novembre 1799,
décrivait encore en 1830 dans la Revue de Paris cette «agonie du
gouvernement représentatif sous la République» et faisait le
«rapprochement» entre les «discussions de 1798 et les doctrines
ministérielles de 1830 [...] Même dédain pour la liberté des élections,
même acharnement contre les personnes, même nécessité prétendue de
préserver les électeurs de leur propre excès, même monopole de sagesse
et de lumières en faveur du pouvoir, même appel à un principe alors dit
républicain, occulte, indéfinissable, comme le principe dit aujourd'hui
monarchique [..,]»2. Plus tard, le coup d'État du 2 décembre, les
velléités du général Boulanger, le climat des élections de l'entre-deux-
guerres, et par certains aspects l'État français de Vichy constitueront
d'autres souvenirs traumatiques dans l'histoire républicaine ; ces
moments seront invariablement renvoyés à la genèse du coup de
Brumaire3.
L'ombre du jeune Corse n'est jamais très loin dans la vie politique
française4 : on se souvient qu'en 1958 le général de Gaulle écartait les
1. Bertaud (J.-P.), Bonaparte prend le pouvoir, Bruxelles, Complexe, 1987.
2. Constant (B.), La Revue de Paris, XI, 1830, p. 115, cité dans Aulard (A.), La Révolution
française, LXXIII, 1920.
3. Cf. Agulhon (M.), Coup d'État et République, Paris, Presses de Sciences Po, 1997.
4. Un tout récent exemple peut être rappelé : celui de la dissolution brutale de
l'Assemblée au printemps 1997 qui conforte un certain nombre d'analyses inscrivant le
[suite de la note page suivante]
Politix, n°39, 1997, pages 131 à 154 131 Varia
accusations de coup de force en invoquant sa différence d'âge avec
l'autre général. Ce qui n'empêchera pas l'expression d'inquiétudes,
feintes ou sincères, à l'encontre de la pratique gaullienne ; ce qui
n'empêchera pas non plus les recherches en paternité politique menées
par certains historiens : «Cette fin du XXe siècle nous montre le
consensus de l'opinion publique sur une nouvelle Constitution
désavouée au départ par la tradition républicaine, telle qu'elle était
issue du legs révolutionnaire et du XIXe siècle. Non seulement la Ve
République est née en 1958 d'une espèce de coup d'État, mais elle a
institué en 1962 l'élection du président au suffrage universel... et de
Gaulle semble avoir trouvé la clé de cette République monarchique qui
réconcilie, deux cents après, l'Ancien Régime et la Révolution»1.
Pour en finir avec la délégitimation du Directoire
De fait, l'historiographie, en concentrant l'étude des quatre années du
régime républicain et directorial dans les journées de Brumaire, a
présenté le Directoire sous une forme toute négative : le chaos de la vie
politique française de 1795 à 1799 fournit de ce point de vue
d'abondants matériaux. De plus, la répétition des expériences
césariennes dans la vie politique française offrira à certains des
arguments pour faire de ce moment une matrice interprétative. L'échec
de la période a fini par devenir emblématique des Républiques en
difficulté et le discrédit politique qui prédomine à partir de 1798 (le
«second» Directoire, après le coup de force du 18 fructidor) a été
constitué en catégorie scientifique, susceptible de fournir un modèle de
réflexion pour d'autres crises, inscrivant la logique du 19 Brumaire
dans une perspective téléologique, se substituant à la réalité
historique.
Longtemps, dans une perspective positiviste, il a été demandé à
l'historien, à défaut d'anticiper sur le temps, de savoir lire dans le
présent, au nom de sa science du passé, les signes précurseurs de
rupture brutale2. Ce magistère lourd de responsabilités, n'est plus de
mode ; devant les catastrophes du XXe siècle et l'humilité qu'elles
imposent, l'historien se garde bien d'assumer ce rôle ancien et entend
rester simplement conscient des conditions objectives qui rendent
l'énoncé du passé techniquement faisable. Pris dans une actualité dont
il est un acteur social, l'historien s'appuie sur une représentation du
gaullisme et son chef- ici J. Chirac - dans la filiation bonapartiste. Le commentaire de J.-
L. Bourlanges à propos d'une biographie de J. Chirac écrite par P. Jarreau {Chirac. La
malédiction, Paris, Stock, 1997), est à cet égard explicite {Le Monde, 26 septembre 1997).
1. Furet (F.), Ozouf (M.), Dictionnaire critique de la Révolution française, préface à la
seconde édition, Paris, Flammarion, 1992, p. 22-23. Du 22 au 24 mai 1997, s'est tenu à
Clermont-Ferrand un colloque sur le Directoire, dont les actes sont à paraître en 1998
sous la direction de P. Bourdin et B. Gainot. Il semble que de nouvelles perspectives de
recherche s'ouvrent, qui permettront d'aborder plus sereinement cette période.
2. Prost (A.), Douze leçons sur l'histoire, Pari

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