La Ville de Paris peut-elle changer de politique du logement ?  - article ; n°2 ; vol.24, pg 91-109
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Description

Politiques et management public - Année 2006 - Volume 24 - Numéro 2 - Pages 91-109
En mai 2001, l'équipe municipale de Bertrand Delanoë nouvellement élue
annonce la mise en œuvre d'un programme de relance de la production de logements sociaux sur son sol. La rareté des espaces vacants, les tensions foncières croissantes que connaît la capitale française, ainsi que le poids des prérogatives étatiques en matière de logement social font planer un doute sur la capacité de la Ville de Paris à mener une telle politique. Ce projet peut-il être réduit à la nécessité pour la nouvelle équipe municipale d'afficher un changement indépendamment de la possibilité de mise en œuvre du projet ? Nous montrons dans cet article tout l'intérêt -et toute la difficulté- d'appréhender le changement limité, dans un cadre institutionnel stable, pour analyser les transformations locales de l'action publique. Ce travail nous conduit à nous focaliser sur les différentes formes du changement et à insister sur l'évolution des interactions au sein d'une arène hautement institutionnalisée.
19 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 2006
Nombre de lectures 19
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Julie Pollard
La Ville de Paris peut-elle changer de politique du logement ?
In: Politiques et management public, vol. 24 n° 2, 2006. pp. 91-109.
Résumé
En mai 2001, l'équipe municipale de Bertrand Delanoë nouvellement élue
annonce la mise en œuvre d'un programme de relance de la production de logements sociaux sur son sol. La rareté des espaces
vacants, les tensions foncières croissantes que connaît la capitale française, ainsi que le poids des prérogatives étatiques en
matière de logement social font planer un doute sur la capacité de la Ville de Paris à mener une telle politique. Ce projet peut-il
être réduit à la nécessité pour la nouvelle équipe municipale d'afficher un changement indépendamment de la possibilité de mise
en œuvre du projet ? Nous montrons dans cet article tout l'intérêt -et toute la difficulté- d'appréhender le changement limité, dans
un cadre institutionnel stable, pour analyser les transformations locales de l'action publique. Ce travail nous conduit à nous
focaliser sur les différentes formes du changement et à insister sur l'évolution des interactions au sein d'une arène hautement
institutionnalisée.
Citer ce document / Cite this document :
Pollard Julie. La Ville de Paris peut-elle changer de politique du logement ? . In: Politiques et management public, vol. 24 n° 2,
2006. pp. 91-109.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/pomap_0758-1726_2006_num_24_2_2321:
VILLE DE PARIS PEUT-ELLE CHANGER DE POLITIQUE DU LOGEMENT ?1 LA
Julie POLLARD*
Résumé En mai 2001, l'équipe municipale de Bertrand Delanoë nouvellement élue
annonce la mise en œuvre d'un programme de relance de la production de
logements sociaux sur son sol. La rareté des espaces vacants, les tensions
foncières croissantes que connaît la capitale française, ainsi que le poids des
prérogatives étatiques en matière de logement social font planer un doute sur
la capacité de la Ville de Paris à mener une telle politique. Ce projet peut-il
être réduit à la nécessité pour la nouvelle équipe municipale d'afficher un
changement indépendamment de la possibilité de mise en œuvre du projet ?
Nous montrons dans cet article tout l'intérêt -et toute la difficulté-
d'appréhender le changement limité, dans un cadre institutionnel stable, pour
analyser les transformations locales de l'action publique. Ce travail nous
conduit à nous focaliser sur les différentes formes du changement et à
insister sur l'évolution des interactions au sein d'une arène hautement
institutionnalisée.
* Allocataire de recherche, CEVIPOF-Sciences Po.
1 Article basé sur une recherche effectuée dans le cadre du DEA « Sociologie politique et politiques
publiques » de Sciences Po - mémoire intitulé « La relance de la production de logements sociaux à Paris :
Objectif social et stratégie politique » (2004). Cette étude se fonde principalement sur une exploitation des
données produites dans ce secteur par les acteurs eux-mêmes (rapports d'activités des constructeurs, bilans
dressés par la Préfecture ou la Mairie) ainsi que sur une quinzaine d'entretiens menés auprès de directeurs de
la construction des principaux organismes intervenant aujourd'hui sur le sol parisien, et de responsables de la
politique du logement de la Préfecture de Paris et de la Mairie de Paris.
Revue POLITIQUES ET MANAGEMENT PUBLIC, Volume 24, n° 2, juin 2006.
© Institut de Management Public - 2006. ;
;
92 Julie POLLARD
Dès mai 2001, l'équipe municipale de Bertrand Delanoë nouvellement élue
communique largement sur sa prise de conscience de l'ampleur du problème
du logement des classes populaires à Paris et sur les changements qu'elle
entend impulser pour y faire face. Le logement social est véritablement mis en
avant comme l'un des domaines centraux devant marquer une rupture nette
par rapport à la gestion et aux objectifs de la majorité politique précédente.
Toutes ces orientations politiques touchant au logement social sont d'ailleurs
rapidement et amplement relayées, non seulement par la presse locale, mais
aussi par la presse nationale1. Outre l'annonce d'une réelle transparence
dans les procédures d'attributions de logements, le projet municipal repose
sur une relance de la production de logements sociaux, qui comprend un
objectif de 3 500 nouveaux logements par an et la volonté de rééquilibrer les
logements sociaux sur le territoire parisien. L'analyse que nous proposons est
centrée sur ce volet relatif à la production.
Que déduire de cette contradiction entre un projet politique se voulant
ambitieux et une situation contrainte à plusieurs niveaux ? Ce projet peut-il
être réduit à la nécessité pour une nouvelle équipe municipale, menée par les
socialistes et les Verts, d'affirmer des marqueurs identitaires
traditionnellement « de gauche », indépendamment de la possibilité de mise
en œuvre du projet ?
La continuité semble devoir être constitutive de la politique du logement
menée à Paris au niveau municipal, du fait du cadre contraignant dans lequel
elle s'inscrit. Les contraintes sont de différents ordres : délais de construction
des logements, caractère centralisé de la politique du logement, coût du
foncier parisien. Dès lors, quelle place peut-il y avoir pour une transformation
de cette politique publique? L'objectif de cette étude de cas est d'observer les
effets du processus de succession du pouvoir politique municipal sur une
politique publique spécifique. L'enquête de terrain nous a conduit rapidement
à observer la nature des obstacles au changement puis à nous focaliser sur
les processus de transformation à la marge. Le « changement à la marge »,
ou « changement limité » ne doit pas être considéré comme négligeable, ni
même résiduel, parce qu'il peut-être annonciateur de changements plus
profonds, mais aussi parce qu'il est porteur de sens. Quelles peuvent être les
modalités d'appréhension du « changement à la marge », finalement assez
peu pris en compte dans une littérature sur le changement pourtant
abondante ?
En effet, les perspectives théoriques basées sur des notions telles que celle
â'incrémentalisme -notion développée dans les travaux de C. Lindblom2 [1] en
particulier-, qui prennent pour objet le changement tout en mettant l'accent sur
les limites et obstacles à celui-ci n'apparaissent pas pertinentes par rapport à
la réflexion que nous proposons. L'accent est mis sur les longues phases de
verrouillage institutionnel. Une grande part d'inertie est observable dans le
cas parisien, et les changements effectifs ne sont sans doute pas à la hauteur
1 Voir par exemple : « HLM parisiens, le grand ménage » {Libération, 23/05/01) « A louer HLM, Paris 16ème »
(Libération, 13/10/01) « Paris oriente sa politique de logement social vers les beaux quartiers » (Le Monde,
215/10/01) L'idée développée ; « Une dose est d'habitat que les social décisions pour les politiques quartiers provoquent chics de la des capitale transformations » (Le Monde, purement 10/07/02)... marginales
(incrémentales) des politiques publiques. La Ville de Paris peut-elle changer de politique du logement ? 93
des changements annoncés. Il peut pourtant être fructueux d'observer de plus
près les ponctuels qui se jouent et de penser non pas la
stabilité globale du système mais les différents axes de changement qui se
dessinent et s'affirment malgré tout.
A l'inverse, nous ne pourrons pas non plus nous appuyer sur les travaux - tels
ceux de P. Hall [2] - mettant l'accent sur l'effectivité du changement par le
biais d'idées comme celles de « crise de l'action publique » ou de
« changement de paradigme ». Ces approches permettent de penser le
changement, mais elles tendent à envisager celui-ci uniquement à partir du
moment où il constitue une véritable rupture, à un niveau global de la politique
envisagée : « On pourra considérer qu'il y a crise de politique, lorsque les
matrices cognitives et normatives légitimes et/ou la configuration
institutionnelle et/ou l'équilibre des rapports de force éprouvés jusque là se
trouvent remis en cause par l'accumulation d'anomalies dans le sous-système
de politique publique considéré »1.
Un autre r

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