Le Canada a-t-il un avenir multiculturel ? John Biles (équipe du ...

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Le Canada a-t-il un avenir multiculturel ?     John Biles (équipe du projet Metropolis), Humera Ibrahim (Programme du multiculturalisme) et Erin Tolley (équipe du projet Metropolis) 1  

    Les pays composés dune population diversifiée doivent élaborer des stratégies leur permettant daffronter les épreuves qui se présenteront inévitablement. Lapproche canadienne a été forgée sur lenclume de plusieurs centaines dannées dexpérience. Non seulement le Canada est-il le premier pays au monde à adopter une politique officielle de multiculturalisme, mais le pays sest bâti autour de deux collectivités de langues officielles et de laccommodement de celles-ci, dun peuple autochtone hétérogène et de la négociation pour eux dune place juste, et dune diversité ethnique, raciale, linguistique et religieuse grandissante à laquelle il doit constamment sadapter 2 .   Les efforts que nous avons consacrés à la création dun Canada inclusif, bien que ni exhaustifs, ni parfaits, sont peut-être les mieux résumés dans la Charte des droits et libertés (1982), document fondamental qui rend compte de la contribution de la diversité à lensemble de la population canadienne. Les peuples autochtones et les collectivités de langues officielles en situation minoritaire y sont reconnus dans des sections spécifiques, tandis que dautres sections prennent acte de la liberté de la religion et du patrimoine multiculturel des Canadiens. La Charte est appuyée par un ensemble de lois qui reconnaissent, protègent et défendent les droits des différents groupes.  

                                                           1  Les opinions exprimées dans cet article nengagent que leurs auteurs et ne sauraient réfléter la position de Patrimoine canadien, de Citoyenneté et Immigration Canada, du gouvernement du Canada ou du projet Metropolis.   2  Cet historique fort complexe dépasse les limites dun simple article. Pour plus de détails, veuillez consulter Biles et Panousos (1999) ou Richard Day (2000). Aussi, nous naborderons pas ici les questions liées aux collectivités de langues officielles ou aux peuples Autochtones, de sorte à nous pencher sur la diversité récente due à limmigration.  

 

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Par lentremise de la Loi sur le multiculturalisme canadien (1988), par exemple, le gouvernement du Canada sengage à appuyer la pleine participation de tous les Canadiens à la vie sociale, culturelle, politique et économique du pays, sans égard à la race, la nationalité dorigine, lorigine ethnique, la couleur de la peau ou la religion. La Loi sur limmigration et la protection des réfugiés (2002), fondée sur le même modèle, expose en détail limportance de « lapproche à double sens » pour ce qui est de lintégration des immigrants et des réfugiés au Canada. Selon cette approche, si ces derniers doivent sadapter au Canada et aux normes canadiennes, la société canadienne et ses institutions doivent également sadapter à une population de plus en plus diversifiée. Au cours des dernières années, les responsabilités incombant aux « deux sens » ont été explorées de plusieurs manières dans le cadre de ce que lon désigne maintenant comme le « modèle de diversité canadien » 3 .   Le présent article explore ce modèle. En premier lieu, lapproche canadienne est définie dans le contexte de la situation démographique, de lopinion publique et des discours sur la diversité. Ensuite, nous présentons certaines des difficultés auxquelles est confrontée lapproche canadienne. La conclusion présente quant à elle une analyse visant à déterminer si vraiment, le Canada a un avenir multiculturel.   Deux éléments essentiels doivent être pris en considération dans le cadre de lanalyse de la diversité dans le contexte canadien. Le premier est de sengager en tout temps à mener des discussions libres et ouvertes sur un large éventail de questions. Le second est de veiller à ce que les Canadiens de toutes origines aient voix au chapitre et puissent participer aux discussions de manière équitable. À première vue, cette démarche peut paraître simple, mais un coup dil sur la situation démographique du Canada et sur lopinion publique et les discours qui y prévalent démontre quil nen est rien.                                                            3  Lexpression « modèle de diversité canadien », dont la définition évolue constamment, est employé dans le discours politique pour décrire la façon dont le gouvernement du Canada gère la diversité et les enjeux qui en découlent dans le contexte des politiques publiques. Au cours des dernières décennies, ce modèle a été successivement décrit comme identité nationale, unité nationale, cohésion sociale, diversité, inclusion ou citoyenneté partagée. Malgré lévolution de la terminologie, lobjectif est toujours demeuré le même : la création de lunité à partir de la diversité (Gouvernement du Canada, 2000; Jensen et Papillon, 2001; Lloyd, 2001; Tolley, 2004).  

 

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