1. Le choc de la coopération et du dialogue méditerranéens. En saluant ici au nom de l'UDF l'initiative de la. "Convergència Democràtica de Catalunya", notre ...
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Le choc de la coopération et du dialogue méditerranéens
En saluant ici au nom de l'UDF l'initiative de la
"Convergència Democràtica de Catalunya", notre parti frère au
sein de l'Alliance des démocrates et des libéraux européens, je
tiens d'abord à remercier Ignasi GUARDANS pour m'avoir fait
l'honneur et l'amitié de m'inviter à présenter ici le point de vue du
Parlement Européen sur la nécessité de renforcer la coopération
et le dialogue méditerranéens afin d'éviter le choc des civilisations
qui menace l'équilibre de la planète.
Ignasi Guardans, je le dis sans crainte de le faire rougir, est
sans contexte l'un des plus actifs et des plus écoutés de nos
collègues du groupe où il porte avec fierté et avec bonheur les
couleurs de la Catalogne. Il aurait très bien pu présenter à ma
place ce point de vue du Parlement européen et je suis heureux
au moment de prendre la parole de le savoir à mes côtés.
Il est en effet, avec moi, de ceux qui pensent que ce n'est
pas seulement le devoir de l'Europe que d'aider le continent
africain à sortir du chaos où il est enfoncé. Ce n'est pas seulement2
son devoir de continent riche, c'est aussi et tout simplement son
intérêt et le gage de sa survie à moyen et long termes.
A cet effet, nous savons bien tous deux qu'il faudra
commencer par établir ou par réétablir des relations de confiance
et d'amitié avec nos voisins du sud de la Méditerranée. Il
conviendra de refaire de cette mer, le berceau de notre civilisation,
une "mare nostrum", un lien entre nous, alors qu'elle était devenue
une frontière au terme de la décolonisation.
Dans ce but enfin, nous travaillons ensemble, Ignaci et moi,
au sein du Parlement européen avec tous ceux de nos collègues,
très nombreux, d'une extrémité à l'autre de l'hémicycle, qui veulent
que l'Europe existe sur la scène mondiale pour prendre la place
que lui assignent son héritage et son ambition.
Vous l'avez compris, il y aura trois parties dans mon exposé.
La première pour expliquer que nous ne pouvons pas nous
contenter de regarder de ce côté-ci de la méditerranée ce qui se
passe de l'autre côté comme si nous n'en étions pas concernés.
La seconde pour définir les objectifs de l'action qui devrait être en
Afrique celle de l'Europe si elle se décidait enfin à avoir une3
politique étrangère commune comme cela est attendu d'elle à
l'intérieur et à l'extérieur du continent. La troisième, enfin, pour
expliquer, dans cette attente, comment nous avons commencé
d'agir au sein du Parlement européen et en accord avec la
Commission européenne pour pallier les déficiences actuelles de
nos institutions.
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1ère partie : L'Europe et l'Afrique ont un destin commun.
Face au défi posé par l'immigration clandestine nous ne
pouvons pas nous enfermer dans une forteresse Europe qui,
comme toutes les forteresses, aurait vocation à être assiégée, il
faut en conséquence multiplier les contacts pour, selon le thème
du présent séminaire, renforcer la coopération et le dialogue avec
nos voisins du Sud.
Mais cela a-t-il encore un sens après les attentats de New
York, de Madrid et de Londres? Cela a-t-il encore un sens au
moment où les cités françaises sont en flammes? Ce clash des
civilisations que nous nous sommes assignés d'éviter n'a-t-il pas4
commencé bien avant le 11 septembre? N'est-il pas une
conséquence inéluctable de l'expansion de l'Islam à travers le
monde et de sa vocation à y imposer le règne universel de la
"charia"?
Je suis né au Maroc, en terre d'Islam, d'un père officier des
Affaires indigènes, formé à l'école de Lyautey qui avait su insuffler
à ses cadres le respect de la civilisation chérifienne imbibée de la
pratique d'un Islam tolérant. J'ai eu, au cours de ma vie, l'occasion
de rencontrer à travers le monde de nombreux représentants de
cet Islam-là. Catholique pratiquant moi-même j'ai appartenu, à la
fin des années 90, à la "fraternité d'Abraham" qui rassemble à
Paris des représentants des trois religions issues du Livre, juifs,
chrétiens et musulmans. Plus récemment encore, j'ai eu la chance
de rencontrer le visage lumineux de l'Islam en la personne du
Commandant Massoud, le héros légendaire d'Afghanistan. Je suis
pour toutes ces raisons mieux placé que d'autres pour savoir que
l'islamisme intégriste incarné par Oussama ben Laden et ses
partisans fanatiques n'est qu'une caricature barbare de l'Islam, qui
a fait la preuve de sa stupidité à l'occasion du règne en
Afghanistan du Mollah Omar et de ses talibans.5
Contre ce type de fous de Dieu, bien sûr, le combat engagé
après le 11 septembre 2001 doit se poursuivre. Ce serait abonder
dans le sens des terroristes que d'étendre à l'ensemble du monde
musulman l'opprobre que méritent les furieux partisans d'une
théocratie d'un autre âge.
Ce qui se passe tous les soirs dans les banlieues de
grandes villes françaises n'est, à mes yeux, pas le fait de ce type
d'individus mais la manifestation du malaise, du mal être d'une
jeunesse en quête d'identité et confrontée au chômage auquel les
partis au pouvoir en France depuis des décennies n'ont pas su
porter remède.
Besoin d'identité d'autant plus affirmé à travers le monde
entier qu'il constitue une réaction naturelle de l'être humain face à
une mondialisation qui lui fait craindre de perdre ses racines.
Besoin de dignité de la part d'individus qui se sentent, à tort ou à
raison, exclus du monde du travail à cause de leurs origines
ethniques. Rien dans tout cela qui s'apparente à une guerre de
religion.6
Ce n'est pas par crainte de l'Islam qu'il faut lutter contre
l'immigration clandestine, c'est par respect pour les immigrants
eux-mêmes. Il y a à tout exil un douloureux arrachement. Ceux qui
fuient la misère installée dans leur pays d'origine, acceptant d'être
la proie des trafiquants de tous genre pour leur transport d'abord,
leur hébergement ensuite et leur exploitation dans des conditions
trop souvent dégradantes sont doublement déracinés. Ne soyons
pas étonnés qu'après avoir risqué leur vie pour rejoindre un
continent où ils espéraient trouver le bien-être matériel et moral, ils
se retrouvent confrontés à une misère plus grande que celle à
laquelle ils avaient voulu échapper et qu'ils se laissent alors tenter
par le désespoir et par la violence.
Ce qui vient de se passer à Ceuta et à Melilla, ce qui se
passe aujourd'hui dans les cités françaises doit nous faire réaliser
qu'il est, comme je l'ai dit dans mon introduction, de l'intérêt de
l'Europe d'aider l'Afrique à sortir du chaos et de la violence.
C'est l'intérêt et le devoir moral de l'Europe, c'est aussi son
intérêt physique et climatique. Si nous ne parvenons pas à bloquer
le processus de désertification en cours au sud de la
méditerranée, nous en serons, nous en sommes déjà nous -7
mêmes menacés. Ce n'est pas ici en Espagne, qui souffre de la
sécheresse persistante et qui a même subi récemment une
invasion de criquets pèlerins, ce n'est pas ici qu'il est nécessaire
d'y insister.
Après l'Espagne c'est l'Europe toute entière qui est menacée
par ce phénomène. Il est donc de l'intérêt vital de notre continent
d'aider nos voisins du Sud à bloquer ce phénomène par la mise en
? uvre d'une stratégie commune de gestion de l'eau et de
développement à cet effet des infrastructures nécessaires.
Dans ces conditions et sans parler de l'évolution
démographique faisant de l'Europe un continent vieillissant, tous
ceux qui au sein de nos Etats membres préconisent un frileux repli
sur soi sont à mes yeux de dangereux irresponsables.
L'Europe et l'Afrique ont un destin commun. Elles constituent
en fait un seul continent au centre duquel se trouve la
Méditerranée.8
2ème partie : comment rétablir "Mare Nostrum"?
Pour faire que nous ne soyons plus séparés de nos voisins
par la Méditerranée mais rassemblés autour d'elle comme nous
l'étions à l'aube de notre civilisation, quels objectifs convient-il de
poursuivre aujourd'hui? J'en distinguerai tout particulièrement
deux, parmi la multitude des options possibles, sans que cela
signifie naturellement que ces autres possibilités d'action soient
négligeables. Il s'agit pour l'Union européenne d'apporter sa
contribution à l'établissement d'une paix durable au Proche-Orient
et d'encourager la constitution en Afrique du Nord et au Mashrek
de grands ensembles, comme l'Union en gestation du Maghreb
Arabe, en mesure d'établir avec nous des partenariats privilégiés
dans les domaines économiques mais aussi politiques et
stratégiques.
2.1 - Au Proche Orient nous devons être conscients que
nous sommes attendus pour assurer une médiation aussi
impartiale que possible entre Israël et la Palestine.9
Nous sommes attendus - et nous le savons bien - par les
Palestiniens qui ne cessent de réclamer une implication plus active
de l'Europe dans la mise en ? uvre du processus de paix. Mais
nous sommes attendus également par une part grandissante du
peuple d'Israël désireux que ce processus, dix ans après
l'assassinat d'Itzhak Rabin, tienne enfin toutes les promesses et
les espérances qu'avaient placées en lui les négociateurs des
Accords d'Oslo.
A tort ou à raison les Etats Unis d'Amérique sont considérés
comme ayant pris le parti d'Israël, les Nations-Unies ont perdu
toute crédibilité en raison de leur impuissance passée, seule
l'Europe pourrait être en mesure de prendre une part décisive à la
solution du conflit si elle se décidait enfin à parler d'une seule voix
et à se donner les moyens d'une intervention efficace au moment
tant attendu et si délicat de la mise en ? uvre des accords à venir.
Parler d'une seule voix, nous en sommes malheureusement
toujours incapables et je suis le premier à déplorer que l'échec des
référendums français et hollandais ait interdit, au moins
provisoirement, l'application des réformes préconisées par la
Convention et inscrites dans le projet de traité institutionnel que10
vous, les Espagnols, avez eu l'intelligence d'approuver. Je
reviendrai sur ce point dans la dernière partie de cet exposé pour
expliquer comment au Parlement européen nous tentons
aujourd'h