Le rapport de la commission Brandt : principaux éléments de l analyse et des recommandations - article ; n°2 ; vol.45, pg 321-337
18 pages
Français

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Le rapport de la commission Brandt : principaux éléments de l'analyse et des recommandations - article ; n°2 ; vol.45, pg 321-337

-

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
18 pages
Français
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Politique étrangère - Année 1980 - Volume 45 - Numéro 2 - Pages 321-337
17 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1980
Nombre de lectures 159
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

Extrait

Albert Bressand
Le rapport de la commission Brandt : principaux éléments de
l'analyse et des recommandations
In: Politique étrangère N°2 - 1980 - 45e année pp. 321-337.
Citer ce document / Cite this document :
Bressand Albert. Le rapport de la commission Brandt : principaux éléments de l'analyse et des recommandations. In: Politique
étrangère N°2 - 1980 - 45e année pp. 321-337.
doi : 10.3406/polit.1980.2972
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/polit_0032-342X_1980_num_45_2_2972POLITIQUE ÉTRANGÈRE I 321
LE RAPPORT DE LA COMMISSION BRANDT
PRINCIPAUX ÉLÉMENTS DE L'ANALYSE
ET DES RECOMMANDATIONS*
La Commission indépendante pour l'Etude des Problèmes interna
tionaux du Développement (Commission Brandt), créée en 1977 à la
suggestion de M. Me Namara, a remis le 22 février 1980 son rapport
à M. Waldheim après deux années de travail.
Composée de 21 personnalités politiques du Tiers-Monde (voir liste
en annexe) et du monde occidental, la Commission avait pour mission
de rechercher, en toute indépendance, les « initiatives politiques » de
nature à débloquer le dialogue Nord-Sud. Mais au total, c'est à trois
niveaux que se situe et que peut être jugé l'apport de la Commission :
— analyse approfondie des problèmes d'ordre intérieur ou inter
national, auxquels se heurte le développement du Tiers-Monde ;
— propositions de la Commission pour un renouveau du dialogue
Nord-Sud et des efforts de ;
— plaidoyer vibrant de l'ancien Chancelier, prix Nobel de la paix,
pour un effort de coopération entre l'Ouest, l'Est et le Sud comparable
par son ampleur à celui qu'avait représenté en son temps YOstpolitik.
Par-delà le développement du Tiers-Monde, c'est la paix et la survie de
l'humanité qui motive cet appel.
L'originalité du rapport proprement dit est de ne pas se restreindre
à l'examen des traditionnelles têtes de chapitre du dialogue Nord-
Sud mais de prendre aussi en compte les politiques de développe
ment mises en œuvre à l'intérieur des pays du Sud ainsi que les rela
tions entre dépenses d'armement, sécurité et développement.
De cette réflexion se dégage un certain nombre de recommandations
dont l'ensemble constitue un « programme pour la survie » de l'human
ité. Compte tenu de l'urgence que perçoit la Commission, un
programme d'action immédiate est également soumis à l'attention des
gouvernements. Enfin, la Commission et son Président appellent de
leurs vœux la tenue d'un ou plusieurs sommets restreints réunissant
les chefs d'Etat les plus influents du Nord et du Sud afin de donner à
la concertation internationale l'impulsion politique qui leur paraît
faire actuellement défaut.
* Cette analyse résumée du rapport Brandt, due à Albert Bressand, n'engage que son
auteur. 322 / POLITIQUE ÉTRANGÈRE
Une analyse sans complaisance des résultats du dialogue Nord-Sud
et des stratégies de développement nationales
Le Nord et le Sud restent séparés par un fossé si protond que l'on peut
parler de deux mondes différents. Le Nord (Est et Ouest) regroupe
un quart de la population mais quatre cinquièmes des richesses, neuf
dixièmes de l'industrie et 97 % des ressources scientifiques. Le Sud
est encore largement en proie aux antiques fléaux de la faim, des
épidémies et de l'ignorance.
L'objectif du dialogue Nord-Sud doit être de fournir à chaque société
la possibilité de se développer selon ses vœux et selon les besoins
de sa population dans le respect des autres sociétés et de notre planète
commune.
Il ne s'agit donc pas d'aider le Sud mais de réformer V économie
mondiale de manière à permettre au Tiers-Monde de se frayer son
propre chemin de développement.
La croissance économique reste le seul moyen de subvenir aux besoins
du Nord et du Sud, même si le contenu de cette croissance doit être
adapté aux nécessités écologiques et aux valeurs poursuivies. Or cette
croissance est aujourd'hui menacée, en raison notamment des évolu
tions, même justifiées, des prix du pétrole. Elle est passée pour
l'OCDE, de 5 % entre 1960 et 1973 à 2,5 % entre 1973 et 1979, et
le CAEM de 6,5 % entre 1970 et 1973 à 5,5 % entre 1973 et 1977. Mais
les plus affectés ont été les pays les plus pauvres dont le revenu, déjà
dramatiquement faible (de l'ordre de la centaine de dollars par habi
tant) n'augmente plus que de 1 à 2 dollars par an et par habitant.
C'est bien sûr aux pays du Sud eux-mêmes que revient l'essentiel de
la tâche à entreprendre. La distribution interne des revenus au sein
de ces pays joue d'ailleurs un rôle crucial dans le sort des populations
les plus pauvres. Une plus grande autonomie économique de ces pays
est nécessaire et souhaitée par eux, ce qui n'est d'ailleurs nullement
contradictoire avec le renforcement de l'interdépendance mais vise
à permettre un partage plus équitable du pouvoir économique.
Néanmoins l'attitude des pays du Nord exerce un effet important
sur les possibilités de développement ouvertes à ces pays. A l'int
erdépendance commerciale qui s'étend, s'ajoutent de nouveaux types
d'interpénétration des économies. Ainsi le Pakistan reçoit déjà autant
de revenus de ses travailleurs émigrés à l'étranger que de l'ensemble
de ses exportations.
Or, jusqu'à présent, il faut constater que le dialogue Nord-Sud n'a
débouché que sur des progrès ponctuels (Préférences généralisées,
Convention de Lomé, début d'accord sur le Fonds commun, etc.) sans
que s'ébauche véritablement la mise en place des nouvelles structures DIALOGUE NORD-SUD I 323
économiques indispensables pour combler, dans l'intérêt de tous, le
fossé qui sépare encore pays riches et pays pauvres.
De même, le bilan de la coopération entre le Sud et l'Est est-il assez
décevant.
Si le monde continue sur sa lancée, les années 80 pourraient être
marquées par des catastrophes plus graves encore que celles des
années 30. Un changement fondamental des relations entre le Sud et
le Nord (Est aussi bien que Ouest) doit constituer la tâche prioritaire
des deux décennies à venir.
Le principe directeur de ce changement est à la fois celui de l'intérêt
mutuel — car la prospérité et la sécurité du Nord passe par le dévelop
pement du Tiers-Monde — et celui de la solidarité car l'élimination des
pires formes de la pauvreté et l'introduction d'une plus grande justice
entre les hommes sont des impératifs qui n'ont besoin d'aucune justi
fication matérielle (ce qui n'exclut d'ailleurs pas que ces justifications
existent dans bien des cas).
Une première condition à remplir est alors celle d'une meilleure
compréhension de l'interdépendance. Les opinions publiques occi
dentales sont, par exemple, fort mal informées sur les emplois que crée
le développement du Tiers-Monde trop souvent perçu comme une
menace. Pourtant le maintien, au prix d'un surcroît d'endettement,
d'une croissance forte dans les nouveaux pays industrialisés a exercé
un effet hautement bénéfique sur l'économie mondiale (effet compar
able à celui d'une forte stimulation de l'économie allemande) après
le choc pétrolier de 1974. Après le second choc pétrolier, des transferts
financiers massifs vers le Tiers-Monde seraient dans l'intérêt mutuel
en raison non seulement de l'effet keynésien de soutien à l'économie
mais aussi en raison de leur effet positif sur l'atténuation de l'inflation.
En effet, aux exportations accrues des pays du Nord correspondraient
des importations de biens à plus faible coût produits dans le Sud. De
tels transferts risquent fort par ailleurs d'être indispensables à la
réussite du recyclage de la nouvelle vague de pétrodollars que le
système bancaire paraît cette fois mal préparé à absorber. Enfin,
la Commission souligne que, en 1977, les Etats-Unis ont exporté
quatre fois plus vers le Tiers-Monde que vers le Japon et deux fois
plus que vers la CEE, tandis que cette dernière exportait trois fois vers le Tiers-Monde que vers les Etats-Unis et vingt fois plus q

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents