« Le rattachement de la gendarmerie au ministère de l’intérieur : quels enjeux ? » Entretien avec Christian MOUHANNA et Laurent MUCCHIELLI, chercheurs au CNRS et au Centre de recherches sociologiques sur le droit et les institutions pénales (CESDIP, www.cesdip.fr). - Quels sont les objectifs visés dans ce rattachement ? Quelles vont en être les conséquences ? Officiellement, ce rattachement de la gendarmerie au Ministère de l’Intérieur vise une meilleure utilisation des finances publiques et une meilleure coordination entre les deux forces qui ont en charge la sécurité en France. Il peut sembler logique, surtout dans le cadre de la LOLF, de considérer qu’une mission, la sécurité, relève d’un seul ministère. Pourtant ce rattachement pose de nombreux problèmes. Premièrement, les autorités françaises ont toujours souhaité disposer de deux forces, qui étaient éventuellement en situation de se contrôler l’une l’autre. Concrètement, les magistrats du parquet ou de l’instruction étaient eux aussi satisfaits de pouvoir compter sur une 1institution quand l’autre leur faisait défaut . Deuxièmement, ce rattachement sonne le glas d’une forme de police particulière, celle que les gendarmes locaux exerçaient et qui dans les faits se rapproche du modèle de la police de proximité que la police nationale a tant peiné à mettre en œuvre.