Le statut des cités libres dans l Empire romain à la lumière des inscriptions de Claros - article ; n°3 ; vol.135, pg 557-577
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Le statut des cités libres dans l'Empire romain à la lumière des inscriptions de Claros - article ; n°3 ; vol.135, pg 557-577

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Description

Comptes-rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres - Année 1991 - Volume 135 - Numéro 3 - Pages 557-577
21 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1991
Nombre de lectures 39
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Monsieur Jean-Louis Ferrary
Le statut des cités libres dans l'Empire romain à la lumière des
inscriptions de Claros
In: Comptes-rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 135e année, N. 3, 1991. pp. 557-
577.
Citer ce document / Cite this document :
Ferrary Jean-Louis. Le statut des cités libres dans l'Empire romain à la lumière des inscriptions de Claros. In: Comptes-rendus
des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 135e année, N. 3, 1991. pp. 557-577.
doi : 10.3406/crai.1991.15015
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/crai_0065-0536_1991_num_135_3_15015C02V1MUNICATI0N
LE STATUT DES CITÉS LIBRES DANS L'EMPIRE ROMAIN
À LA LUMIÈRE DES INSCRIPTIONS DE CLAROS,
PAR M. JEAN-LOUIS FERRARY
Le premier volume des inscriptions découvertes lors des fouilles
conduites à Claros de 1950 à 1961 par Louis et Jeanne Robert et
Roland Martin a été publié en 19891. Il s'agit de deux longs décrets
de Colophon, qui honorent des citoyens ayant particulièrement mérité
de leur patrie, Polémaios et Ménippos, et qui fournissent des info
rmations d'une importance et d'une richesse exceptionelles sur les
rapports entre une cité libre et les autorités romaines dans les années
qui suivirent immédiatement la constitution de la province d'Asie.
Mme Jeanne Robert a bien voulu me montrer ces textes au moment
où elle achevait la rédaction du volume, et discuter avec moi de cer
tains passages : qu'il me soit permis de l'en remercier ici très chaleu
reusement. Je voudrais, dans cette communication, faire une sorte
de bilan de ce que ces documents nouveaux nous apprennent quant
au statut d'une cité libre au sein de l'empire romain, l'étendue des
privilèges dont elle pouvait jouir, notamment en matière juridic
tionnelle, les constants efforts, enfin, qu'elle devait déployer, pour
défendre ces privilèges et obtenir leur confirmation face aux menaces
d'empiétement du pouvoir romain.
Je tirerai surtout parti du décret en l'honneur de Ménippos, dont
l'action politique est heureusement bien datée : elle a commencé avant
133, puisqu'il conduisit de nombreuses ambassades auprès de la monarc
hie attalide (I, 16-17), et s'est poursuivie au moins jusqu'en 120/119,
puisqu'il a reçu à plusieurs reprises le gouverneur d'Asie Q. Mucius
Sœvola (II, 42-45). Le décret en l'honneur de Polémaios ne contient
aucune indication chronologique aussi précise, mais J. et L. Robert
ont très certainement raison lorsqu'ils le datent également du dernier
tiers du ne siècle avant notre ère. Polémaios était peut-être un peu
plus jeune que Ménippos, puisqu'il n'est fait mention d'aucune mis
sion auprès du royaume de Pergame, mais seulement d'ambassades
auprès des Romains et des cités. Cet argument e silentio n'est pour
tant pas décisif, mais surtout rien ne laisse supposer que Polémaios
1. L. et J. Robert, Claros L Décrets hellénistiques, fascicule 1, Paris, Éditions Recherche
sur les civilisations, 1989. COMPTES RENDUS DE L'ACADÉMIE DES INSCRIPTIONS 558
ait vécu sensiblement plus tard que Ménippos, et nous restons en
tout cas dans la période des années 129-89, avant la très grave crise
que provoqua la première guerre de Mithridate. A vrai dire, nous
ne savons rien du statut de la cité après la réorganisation syllanienne
de 85, mais aucune des inscriptions découvertes à Claros ne prouve
qu'elle ait alors préservé sa liberté. Or les problèmes affrontés par
Colophon sont à peu près les mêmes dans l'un et l'autre décrets,
bien qu'il soit malheureusement impossible de prouver cette contempo-
ranéité par la participation de Ménippos et de Polémaios à une même
ambassade : ils ont représenté leur cité auprès des autorités romaines
dans des circonstances souvent fort semblables, mais il y a toujours
des différences de détails qui interdisent de conclure à leur collabora
tion dans telle ou telle affaire2. L'un des passages les plus intéres
sants, et les plus intriguants, du décret en l'honneur de Polémaios
(II, 31-51) fait état de pillages et d'attaques sur le territoire de la
cité, en un endroit appelé AouXcov TioXtç (« la Cité des Esclaves »),
de la part de personnes soumises à l'autorité romaine, puisque le
Sénat, à la demande de Polémaios, ordonne qu'il soit mis fin à ces
désordres et que les gouverneurs d'Asie veillent à l'application de
cette décision3. J. et L. Robert ont proposé de voir dans ces trou
bles une conséquence immédiate de la guerre entre Aristonicos et
les Romains (133-129), et ils ont rapproché l'étrange toponyme AouXoov
ttoXiç de la notice de Strabon (p. 646 C) selon laquelle
rassembla « une foule de miséreux et d'esclaves auxquels il donna
le nom d'Héliopolites » : « il est certain », écrivent-ils, « que c'est
après sa défaite navale qu' Aristonicos a réuni en masse les misérables
et les esclaves. Mais la menace contenue dans le décret de Pergame
OGI, 338, qui date de peu après la mort d'Attale III, contre ceux
qui quitteraient la cité et le territoire, peut indiquer qu'un certain
2. Une remarque fort intéressante sur la façon dont a été gravé le décret en l'honneur
de Ménippos ne permet malheureusement pas d'établir la chronologie relative des deux
textes (J. et L. Robert, Claros I, p. 103-104 : « il est difficile de dire si le monument de
Polémaios a donné l'idée à Ménippos de faire exécuter le sien à l'imitation de celui-ci
ou si la cité a copié l'idée de pour Polémaios »).
3. Polémaios, II, 31-51 : oroixoôaav 8è ttji rcepî aùxôv ûrcoaTàaei Xa^wv xaî x^v rcapà ttjç
ouyxX^xou fjiapTupiav, yivofiévT)ç àprcaYTJç xat èçoSou [ie0' otiXcov xaî àSocfinaTOùv inl t(t))ç
àirapxoua(Ti)ç (i\)[itïv x^PaÇ ^l AouXtov 7t6Xea>ç, où fiôvov ri\v ûrcèp ixeivwv olxovo[i.iav fieTà
toô <juvTCpEa(ki3ovTOç àvSpôç àrco8r|(XTi(jaç otxTJav xâ>v xaipwv ènoiTJaaTO, àXXà xat 86y(xaxi
StexcoXuae xàç àpuayàç tcôv arcepudcTtov xat tàç (îXa(ïàç ytveaOat, lmia.y\ia. ttjç <ju"pcXt]tou
TOHï)aa[iévTiç Toû; xaôxa 8ux7tpaaao(iévoiç ïva jXT)8èv e£ç tôv 8tj|xov àSixrifza aovteXâivrat, «ppovtfÇtoaiv
8è Tiepi toutcùv xai èviuxuwaiv oî SiaPatvovxeç etç ttjv è7iapx*V*v aTpaTTjYoi. J. et L. Robert
(p. 38) pensent que ces attaques étaient le fait de soldats romains se comportant en
« occupants », hors de toute discipline. Je n'exclurais pas d'autres possibilités : incursions
venues du territoire d'une cité appartenant à la province d'Asie, et que le gouverneur
aurait refusé ou négligé de réprimer, obligeant Colophon à solliciter une intervention du
Sénat ; voire même agressions causées par une de ces familiae de publicains romains dont
on connaît parfois les actes de violence (cf. l'inscription de Priène n° 117 citée par J. et
L. Robert, p. 37). LE STATUT DES CITÉS LIBRES DANS L'EMPIRE ROMAIN 559
nombre auraient pu se décider à le faire et à suivre Aristonicos. Pen
dant l'occupation de Colophon prise de force par Eumène III, il a
pu se former un groupement d'esclaves, d'allure politique et revend
icatrice, dans quelque coin du territoire, ou plutôt peut-être il a
pu gagner ce refuge lorsque Colophon fut perdue pour Aristo
nicos »4. Cette interprétation très séduisante est sans aucun doute
la plus vraisemblable dans l'état actuel de nos connaissances. On notera
toutefois que AouXwv rcoXtç est le nom de la partie du territoire de
Colophon qui subit pillages et attaques, non celui de la base où seraient
installés les auteurs de ces méfaits ; si ce toponyme, dès lors, fait
bien référence à un épisode de la guerre d' Aristonicos (et non à un
autre mouvement servile dont nous pourrions ne rien savoir par les
sources littéraires), il a, de toute façon, continué d'être utilisé pen-
' dant un certain temps, et, par lui-même, il ne fournit qu'un termin

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