Les limites stratégiques d un rapport administratif : le rapport de J. Lesourne Education et Société - article ; n°1 ; vol.13, pg 107-132
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Les limites stratégiques d'un rapport administratif : le rapport de J. Lesourne Education et Société - article ; n°1 ; vol.13, pg 107-132

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Politiques et management public - Année 1995 - Volume 13 - Numéro 1 - Pages 107-132
Cet article est une analyse interne et externe du rapport administratif de J. Lesourne, Education et société. Les défis de l'an 2000, rédigé à la demande du ministre de l'Education nationale et paru en décembre 1987. Il décrit d'abord les raisons qui ont présidé au choix du sujet du rapport et de la personnalité chargée de le traiter, ainsi que les conditions difficiles de son élaboration. Il s'attache ensuite au contenu du rapport et plus particulièrement à la méthode employée par son auteur, à savoir de privilégier le cadre conceptuel de la systémique pour mieux comprendre l'interaction des multiples facteurs constitutifs du système éducatif français. Enfin, à travers la revue de presse et une série d'entretiens, il a cherché à saisir l'accueil décevant que le rapport a reçu et l'impact discret qu'il a pu avoir. Cette étude conduit à s'interroger sur le jeu subtil qui s'établit entre le pouvoir politique, la haute administration et l'opinion publique, à travers cette pratique du rapport administratif fréquemment employée à partir de la Vème République.
26 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1995
Nombre de lectures 109
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Andrée Walliser
Les limites stratégiques d'un rapport administratif : le rapport de
J. Lesourne "Education et Société"
In: Politiques et management public, vol. 13 n° 1, 1995. pp. 107-132.
Résumé
Cet article est une analyse interne et externe du rapport administratif de J. Lesourne, "Education et société. Les défis de l'an
2000", rédigé à la demande du ministre de l'Education nationale et paru en décembre 1987. Il décrit d'abord les raisons qui ont
présidé au choix du sujet du rapport et de la personnalité chargée de le traiter, ainsi que les conditions difficiles de son
élaboration. Il s'attache ensuite au contenu du rapport et plus particulièrement à la méthode employée par son auteur, à savoir
de privilégier le cadre conceptuel de la systémique pour mieux comprendre l'interaction des multiples facteurs constitutifs du
système éducatif français. Enfin, à travers la revue de presse et une série d'entretiens, il a cherché à saisir l'accueil décevant que
le rapport a reçu et l'impact discret qu'il a pu avoir. Cette étude conduit à s'interroger sur le jeu subtil qui s'établit entre le pouvoir
politique, la haute administration et l'opinion publique, à travers cette pratique du rapport administratif fréquemment employée à
partir de la Vème République.
Citer ce document / Cite this document :
Walliser Andrée. Les limites stratégiques d'un rapport administratif : le rapport de J. Lesourne "Education et Société". In:
Politiques et management public, vol. 13 n° 1, 1995. pp. 107-132.
doi : 10.3406/pomap.1995.2041
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/pomap_0758-1726_1995_num_13_1_2041LIMITES STRATEGIQUES D'UN RAPPORT ADMINISTRATIF LES
LE RAPPORT DE J. LESOURNE "EDUCATION ET SOCIETE"
Andrée WALLISER *
Résumé Cet article est une analyse interne et externe du rapport administratif de
J. Lesourne, "Education et société. Les défis de l'an 2000", rédigé à la
demande du ministre de l'Education nationale et paru en décembre 1987. Il
décrit d'abord les raisons qui ont présidé au choix du sujet du rapport et de la
personnalité chargée de le traiter, ainsi que les conditions difficiles de son
élaboration. Il s'attache ensuite au contenu du rapport et plus particulièrement
à la méthode employée par son auteur, à savoir de privilégier le cadre
conceptuel de la systémique pour mieux comprendre l'interaction des
multiples facteurs constitutifs du système éducatif français. Enfin, à travers
la revue de presse et une série d'entretiens, il a cherché à saisir l'accueil
décevant que le rapport a reçu et l'impact discret qu'il a pu avoir. Cette étude
conduit à s'interroger sur le jeu subtil qui s'établit entre le pouvoir politique, la
haute administration et l'opinion publique, à travers cette pratique du rapport
administratif fréquemment employée à partir de la Vème République.
* Professeur agrégé d'histoire.
Revue POLITIQUES ET MANAGEMENT PUBLIC, Volume 13, n° 1, mars 1995.
© Institut de Management Public - 1995. Andrée WALUSER 108
Le rapport de J. Lesourne "Education et société. Les défis de l'an 2000",
rédigé à la demande de R. Monory, ministre de l'Education nationale du
gouvernement de J. Chirac, et publié en février 1988 aux éditions La
Découverte - Le Monde, permet d'approfondir la réflexion menée sur les
rapports administratifs qui traitent de l'évolution et des besoins de la société
française en cette fin de XXème siècle. Il offre un bel exemple de cette
pratique administrative, particulièrement prisée par les pouvoirs politiques de
la Vème République. Celle-ci consiste à solliciter une ou plusieurs
personnalités reconnues pour la qualité de leur réflexion, et non pas
forcément pour leur spécialisation, afin qu'elles établissent, sur un problème
précis, une synthèse des informations disponibles, dégagent les principales
interrogations et suggèrent des orientations possibles.
La présente étude monographique du rapport de J. Lesourne fut menée
essentiellement à partir de l'analyse du dossier de presse et d'entretiens. Elle
permet de dégager ses qualités et ses faiblesses intrinsèques, mais aussi
d'entrevoir l'état de l'opinion sur un sujet particulièrement sensible et brûlant
dans la mesure où l'éducation touche l'ensemble de la société française,
qu'elle a marqué fortement son histoire et détermine son avenir. Enfin, cette
étude permet de s'interroger sur l'ambiguïté du rôle et l'influence imprévisible
des rapports officiels qui traitent des problèmes de société.
L'origine et L'origine du rapport s'inscrit dans le prolongement de la victoire de
l'élaboration l'opposition aux élections législatives de mai 1986. Le gouvernement de
du rapport J. Chirac ne pouvait négliger l'Education nationale, thème privilégié de la
gauche. Enjeu politique ancien, particulièrement chargé d'histoire,
d'idéologie, de réussites, mais aussi d'utopies et d'échecs, le problème de
l'enseignement en France est devenu un véritable phénomène de société, un
des rares qui touche, à des titres divers, autant de personnes et dont
l'évolution constitue un des défis véritablement cruciaux pour l'avenir de la
société française, comme le souligne J. Lesourne dès les premières lignes
de son rapport.
En devenant ministre de l'Education nationale, R. Monory ne semblait pas
désirer faire une réforme de plus, or il y fut poussé par le Cabinet du Premier
ministre. Cela aboutit à la réforme Devaquet sur les universités qui devait être
suivie d'une réforme sur les lycées. La rue fit échouer la première, ajourner la
seconde ; le désaveu de l'opinion publique atteignit le ministre lui-même. Une
nouvelle fois, après l'échec de la politique d'un service public unifié, en juin
1984, l'opinion publique, en s'exprimant directement et massivement dans la
rue, avait prouvé sa force en obtenant l'abrogation de décisions qui, pourtant,
avaient été votées par ses représentants élus. Le pouvoir politique, exécutif
et législatif, avait cédé sous la pression d'une opinion publique qui ne lui était
jusqu'alors parvenue qu'atténuée, orientée, voire déformée, par l'intermédiaire
de la presse, des sondages et des organisations traditionnelles de médiation,
syndicats et fédérations de parents d'élèves essentiellement. Ce n'était plus
dans un cadre de luttes idéologiques que les problèmes étaient ressentis et
vécus, mais dans celui d'une logique de consommation et d'investissement
pour l'avenir des enfants : pouvoir choisir l'école ou l'université de son choix. Les limites stratégiques d'un rapport administratif : 1 09
le rapport de J. Lesourne "Education et société"
R. Monory se montra d'une part conscient de la gravité de la situation et de
l'évolution des mentalités, d'autre part soucieux de ne pas se laisser enfermer
dans son rôle de ministre de l'Education nationale, au détriment de son image
politique nationale. En effet la fonction de ministre de l'Education nationale ne
profite guère, d'habitude, à la carrière politique de celui qui doit assumer de
gérer l'ingérable, et pourtant indispensable, service éducatif à un moment où
celui-ci apparaît plus vital et plus malade que jamais. R. Monory devait par
ailleurs endosser les déclarations irréversibles de son prédécesseur
J.P. Chevènement qui avait lancé le slogan des 80 % de bacheliers tout en
prônant l'élitisme républicain.
Face à cette situation particulièrement délicate, R. Monory, de sa propre
initiative, et malgré la méfiance du gouvernement de J. Chirac qui ne
souhaitait surtout pas se trouver engagé, avant les élections présidentielles
du printemps 1988, par des propositions concrètes et des déclarations
officielles, annonce dès le 14 janvier 1987, dans une interview à l'A.F.P., sa
décision de lancer un plan d'action &#

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